En France, en plus d’un népotisme de plus en plus voyant, on aime bien le « deux poids / deux mesures » (2P2M) : d’un côté, le gouvernement et le chef de l’État auront fait absolument tout ce qui était possible et imaginable pour faire adopter la loi dite HADOPI, de l’autre, les services de communication de l’Elysée piratent sans complexe des vidéos et des DVD pour la promotion urbi et orbi de notre président décidément de plus en plus encombrant. Mais tout ceci est, tout de même, de la gnognotte à côté de la récente « Affaire Mitterranski »…
Sans détailler inutilement, rappelons simplement que le cinéaste Polanski a été arrêté en Suisse pour avoir fui la justice américaine, à la suite d’un viol sur mineure de 13 ans il y a 30 ans de ça.
A la suite de quoi, Frédéric Mitterrand, avec un entregent douteux, s’était fendu d’une remarque élégante jugeant « absolument épouvantable » l’arrestation du cinéaste « pour une histoire ancienne qui n’a pas vraiment de sens » – on supposera qu’ici, une histoire qui a du sens comporte au moins un meurtre, une ascendance royale ou les deux.
Soutien de la part du ministre de la Culture qui a déclenché une première vague d’indignation : comment peut-on souhaiter d’un côté une égale justice pour tous, chose que la France par ses porte-paroles ne cesse de réclamer partout dans le monde avec la décence et la discrétion qu’on lui connaît, et réclamer de l’autre côté une clémence franchement large, assortie d’une pétition frisant le ridicule, au prétexte que le criminel (qui a avoué, d’ailleurs) est connu et talentueux ?
La blogosphère a donc réagi au quart de tour en expliquant en long, en large et en travers que sortir ça, c’était pour le moins maladroit. En clair : quelques petites paires de baffes se sont perdues lorsqu’on a laissé Mitterrand et sa clique d’aââââartistes soutenir Polanski dans ses histoires.
Jusque là, l’affaire ne sentait déjà pas très bon. La petite odeur rance de connivences et de clémences pratiques pour les peoples entre eux s’était déjà bien répandue dans les médias lorsque soudain, par surprise et alors que personne ne s’y attendait, quatre ans après la parution du livre du ministre de la Culture, Marine Le Pen en ressort avec tact et délicatesse un passage dans lequel ce dernier décrit en détail ses expériences de touriste sexuel.
Avouez que quatre ans de réflexion, ça donne une envergure particulière à l’intervention…
Immédiatement, c’est le tombereau de commentaires outrés.
De la part de la gauche, Hamon y voit un boulevard pour cogner sur un membre du gouvernement. Un petit bout de PS qui sort de sa léthargie pour rugir de déplaisir, ça fait toujours un peu bizarre alors qu’on sentait le parti enfoncé dans une hibernation profonde suite à l’ingestion probablement trop rapide d’une plâtrée conséquente de petites affaires internes bien grasses.
A droite, c’est le concert de pleureuses, avec mention spéciale pour Xav le grave dont l’ébouriffante saillie donne le fol espoir d’une politique moins morose si jamais il venait à Sarkozy la lubie de le coller à Matignon. On admirera la retenue de Brice le boute-en-train : ses orifices inférieurs se souviennent encore très bien du précédent emballement médiatique dont il fit les frais et on comprend qu’il souhaite panser ses plaies dans le calme.
Côté blogosphère, c’est l’indignation plus qu’une pourtant salutaire prise de recul (ou de la goguenardise) qui domine. Il est vrai que la « contre-attaque » de Mitterrand est … un peu molasse : le bougre ne nie rien, laisse planer l’ambiguïté, et, pire, s’enfonce en considérant que les attaques formulées sont d’autant moins valables qu’elles proviennent du Front-National, au lieu de sagement répondre sur le fond. Noyer le poisson n’est valable que lorsque c’est bien mené et qu’on ne termine pas plus noyé que l’animal.
Bref : tout le monde y va de son petit couplet, les uns plus ou moins réellement outrés, les autres tentant de périlleux louvoiement entre les chicanes improbables qu’offrent ces affaires-gigognes dont on se demande de plus en plus, en observateur extérieur, ce qui va bien pouvoir en ressortir.
Histoire de touiller le brouet qui nous est offert, et pour continuer dans le constat bien triste que cette France persiste à partir en couilles gluantes, je voudrais cependant noter quelques éléments.
Je trouve tout d’abord fort étrange que personne n’ait réagi lorsque le livre est paru.
Il était où, le superbe Benoît, à ce moment là ? Et la flamboyante Marine, que n’a-t-elle fait son numéro de poissonnière en 2005 ?
Mieux vaut tard que jamais, et certes, le ministre de la Culture a bel et bien des choses à se reprocher ; mais je trouve ici fort commode le timing de ces beaux parleurs dans le réveil de leurs consciences. D’autant qu’à tout prendre, ils auraient aussi pu s’ébrouer de leur apathie à la nomination de Mitterrand : le timing aurait semblé moins artificiel.
Et puis tant qu’à dégommer du Mitterrand pour tourisme sexuel, autant le faire aussi avec Cohn-Bendit pour pédophilie, non ? Ah mais non, le frétillant écolo, on ne le dégomme pas : il représente un gros réservoir d’électeurs et s’est amendé, jadis, en trouvant ses précédentes aventures scandaleuses… Encore un 2P2M ?
En outre, je trouve pathétique le soutien des uns et des autres à des expériences pour le moins douteuses, voire criminelles. Je sais que nos élites se font une spécialité de pratiques sexuelles épicées, déviantes et alternatives, apanages d’une vie trépidante passée entre la sodomise de contribuables, la pignole électorale et l’enculage de mouche législatif, éventuellement assorties de rebondissantes nuitées à escort sous les ors de la république payés par les moutontribuables fraîchement ramonés, mais il arrive un moment où le reflux de saloperies politiques diverses est tel qu’en comparaison, les écuries d’Augias paraissent salubres.
Le tout, pendant que le chômage explose, les entreprises déposent le bilan à un rythme effrayant et où les finances publiques ont depuis longtemps passé le point du coma végétatif.
Si l’on y ajoute les tentatives grossières d’étouffement de l’affaire (merci à Falconhill pour avoir relayé cette pépite), on se rend compte que les prochains jours vont occuper beaucoup de monde sur ces affolantes dépravations.
Oui, Fred Mitterrand n’aurait jamais dû arriver à ce poste avec un tel passé : le tourisme sexuel, c’est mal.
Non, la classe politique ne devrait offrir aucun soutien à cet homme, de même qu’elle ne devrait en fournir aucun à Polanski.
Et tant par l’attitude profondément inégalitaire face à la justice que par les méthodes lamentables de récupération et d’hypocrisie qu’on voit déroulées devant nos yeux, toute cette classe politique, ratissée largement des excités du Front National aux bouffons pathétiques des gauches multicolores, montre sa petitesse, son incompétence, le délitement des institutions et la pourriture avancée des élites.
Les prochaines élections seront fétides.
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Et puis tient, un petit lien sur ECPAT.
Fétide, l’adjectif est tristement bien trouvé… Bonne fin de journée
Cet article mériterait bien un petit « Ce pays est foutu ».
La Marine de guerre est lancée et elle frappe juste et fort. C’est, en somme, un spectacle assez réjouissant à regarder. Ces politiciens soi-disant de droite que l’on taxe même de conservatisme à l’occasion qui se bousculent pour soutenir ce ministre de la culture qui selon les propres mots de notre bon Prez incarnerait l’ouverture. Sûr qu’il a dû la pratiquer à Phuket ou Manille. Oubliée la pose conservatrice, on frétille comme tous les bons progs de gauche en trouvant que le passé c’est le passé, que c’est du privé même si ça a été mis sur la place publique via un bouquin et puis comme le Roman, il a du talent le bougre (sans jeu de mots !). Comme c’est jouissif de voir le big band socialiste se frontnationaliser, oubliant le retour de la bête immonde pour étaler son indignation comme d’autres montrent leur cul.
ce deuxième et prognate fm n’est là ou ailleurs que par volonté du monarque qui veut faire la nique et son malin.
ce qu’il dit, ne dit pas, ce qu’il écrit ou n’écrit pas dans un reste de pudeur, est finalement si prévisible et insignifiant. c’est un larbin, pas plus, pas moins, qui a des vapeurs de vieux bourgeois obcène. le mépris, rien d’autre.
Allez, pour les gourmands, la suite des quelques lignes lues par Marine : http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-823448,50-1251310,0.html
Autant c’est clair que le vent de soutien autour de Polansky est inadmissible (mais on s’y attend de ceux qui pensent que le droit est relatif), autant je ne vois pas le souci avec la sexualité de Mitterrand. Tu es contre la prostitution maintenant ? Ce n’est pas une posture très libérale.
@Essepe : le problème étant que, libéral ou pas, le tourisme sexuel est, tout simplement, un crime actuellement punissable en France. FM n’a donc pas à être ministre. Et d’une. D’autre part, même en imaginant que les « éphèbes » de FM aient tous été majeurs, la remarque d’Harald tient : il s’agit de réseaux où, généralement, la notion d' »adultes consentants » est complètement absente. FM était très consentant, l’autre, en face, il ne devait pas avoir des masses de choix (et je parle bien ici de coercition directe, pas de choix financier, hein).
Et je n’aborderai même pas le problème d’image pour un représentant officiel de la France. Un ministre touriste sexuel qui va délivrer des légions d’honneur, ça en jette, non ?
Oh le beau souci de la nuance et du détail ! Infoutu de faire la différence entre la prostitution faite par des adultes et celle imposée à des mineurs par des réseaux, violents la plupart du temps le tout pour satisfaire la libido de loques humaines. Si je vous lis, le fait de forcer des gamins à se faire enfiler c’est libéral compatible.
Beati pauperes et tutti quanti.
Pignouferie ministérielle : monsieur Mitterand qui annonce qu’il a toujours considéré la pédophilie comme quelque chose de mal.
Putain mais donnez de vrais journalistes à la place des présentateurs de journaux télévisés histoire d’enchaîner sur ces paroles avec celles qu’il tenait la semaine dernière pour défendre Polanski.
J’attends avec impatience le prochain texte de loi sur les violences sexuelles sur mineur, le tourisme sexuel, et la prostitution, si Mitterrand est dans l’hémicycle, on risque de bien rigoler.
J’ai lu l’extrait du livre posté par Harald, ben dis donc, je découvre une facette des humains qui m’était jusqu’alors inconnue….
On vit vraiment une époque formidable. Le microcosme poilitico-artistico-affairisto-sportifdehaunivo vit lui dans un monde véritablement parallèle au notre.
MAM ce matin, ministre de la Justice après avoir été celle de la Défense puis de l’Intérieur (rien de moins que les trois ministères régaliens) déclare :
« Je connais un peu Jean S, c’est un jeune homme très talentueux et très mature, et puis TOUS les membres de l’organisme qui gère le quartier d’affaires de la Défense ont demandé que le poste lui revienne ». Alice in Wonderland!
Puis sur l’affaire Mitterand, au présentateur qui lui demande si elle est choquée par quelques lignes écrites par le ministre de la culture il y a quelques années, elle élude par des circonvolutions oratoires habituelles pour conclure un point c’est tout que Frédéric « l’a émue ».
Au delà de tout jugement moral sur cette famille qui aura marqué l’histoire de Fraônce depuis 60 ans (francisque, faux attentat, soutient à l’OAS, Mazarine, Gilbert, Frédéric etc…) on peut se demander si tous ces politiques ne vivent pas dans un monde bien à eux qui n’a que de lointains rapports avec le monde réel.
Imaginez vous arriver au boulot et à la première pause café raconter coolos devant vos collègues les vacances que vous venez de passer à enfiler des jeunes éphèbes à l’autre bout du monde et que ce qui vous excitait par dessus tout c’est de savoir que tout cela fonctionnait comme un marché aux escalves tenu par des mafias de pourris?
Puis comme cela semble se passer dans notre gouvernement, vos collègues vous disent : « OK très émouvant ta confession, c’est bien que tu aies pris conscience que c’était pas très propre tout ce système » et tout le monde retourne bosser comme si de rien n’était : aucun impact sur vos rapports avec vos collègues, sur votre carrière, mieux aux yeux de certains vous en sortez grandi…
Bah, tout cela est mineur : http://www.marianne2.fr/Mitterrand-temoin-de-moralite-de-deux-violeurs_a182392.html
Merci pour cet article, cher collègue kiwisien, dont je partage entièrement l’analyse et les conclusions.
Le concept du 2P2M est décidément très efficace…
Polanski est défendu par le lobby juif international auquel il est lié.
Le prostitution est légale en Allemagne : pas besoin d’aller en Thaïlande, même si on préfère les garçons plutôt que les filles…
Le marché pèse près de 15 milliards d’euros. Un bon « service à la personne » pour relancer l’économie française, de même que la libéralisation du cannabis.
D’ailleurs elle était légale en France avant qu’une mère-la-pudeur MRP s’en mêle.
Hamon, Richard, même combat.
PS : la bio de Marthe Richar sur Wikipedia vaut son pesant de cacahuètes !
Et puis comme le disait Jean-Marie – qui n’était pas le dernier au BMC – à l’enterrement de son ami Jean-Claude Poulet-Dachary, « si tous les homosexuels étaient assassinés en France, ce serait un désert, en particulier dans le monde des médias, de la politique et des artistes »…
La prostitution est toujours légale en France, malgré toutes les légendes urbaines qui circulent. Ce qui ne l’est pas, c’est le proxénétisme et le racolage actif. Ce qui vous en conviendrez est très différent.
Quant à Marthe Richard, qu’on appelait à l’époque la veuve qui clôt, elle a voulu fermer les maisons closes, pensant ainsi porter un coup fatal au plus vieux métier du monde.
Il ne m’a pas semblé que Polanski avait avoué le viol. Il a au contraire prétendu que la gamine était consentante.
C’est plus nuancé que cela. Il a plaidé coupable, le deal avec le procureur étant que s’il plaidait coupable les faits étaient requalifiés de viol sur mineur en rapports sexuels illicites avec mineure. Seulement voilà, en liberté sur parole, il s’est fait la cerise avant de passer en jugement.