Crise : un contraste franco-anglais

Pendant qu’en France, on s’occupe des bords de Seine, des histoires de fesses élyséennes, ou qu’on se tâtouille violemment pour savoir comment faire durer un peu plus longtemps le système des retraites, les Anglais se préparent à voter. Le contraste des discours est étonnant…

Ainsi, pour les élections régionales, on aura eu droit, en France, à du réchauffé de sécuritarisme, du bilan Sarkozy vu par la droite, du bilan Sarkozy vu par la gauche, et bien sûr, du verdisme de tous les côtés.

Pour ce qui est de la crise, chacun des deux camps faisait dans la surenchère de propositions plus ou moins novatrices, sur le thème usé du “Claquons l’argent des autres”.

C’est lorsqu’on tombe sur ce genre d’articles qu’on se dit que la France a pris une mauvaise pente il y a quelques années et n’en est plus sortie depuis : en quelques lignes, l’article présente le programme des Tories aux prochaines élections législatives du Royaume-Uni, en mai.

Oh, bien sûr, il y est aussi question d’aller claquer de l’argent qu’on ira puiser dans les poches des contribuables. Il y est, tout comme en France, question de dépenser beaucoup de Livres Sterling dans la Santé ou d’autres domaines. Jusqu’ici, rien de nouveau et la différence avec un programme qu’on pourrait lire en France ne serait pas flagrante.

Mais à côté de ça, on trouve aussi, dans les points les plus importants mis en avant par les Tories, la promesse de sauvegarder la notation économique “AAA” de la Grande-Bretagne, de réduire son déficit structurel et d’appliquer une politique fiscale permettant de conserver les taux d’intérêts au plus bas.

En somme, les Tories, par leur programme, s’engagent à tout faire pour que l’Angleterre honore ses dettes, et à agir de façon à ce qu’elles diminuent.

Les promesses, on le sait, ne sont surtout faites que pour ceux qui y croient. Cependant, en France, on n’en est même pas là : aucun gouvernement, aucun parti politique en période pré-électorale n’aura eu le courage, récemment, de s’engager à une réduction des déficits et de la dette, ou la conservation du triple A français.

Autrement dit, le minimum syndical en matière de propreté budgétaire n’est même pas proposé par les partis franchouilles là où, au moins, il est clairement évoqué dans les programmes outre-Atlantique.

Mieux : les Anglais montrent ici clairement qu’ils ont pris la mesure de l’importance que revêt une saine gestion des comptes publics. En France, on en est encore à se demander comment claquer les 30 milliards d’un emprunt mal boutiqué, ou, mieux encore, à demander à quelqu’un qui a déjà, en matière budgétaire, un track-record franchement calamiteux d’en remettre une couche.

Et pour ce qui est d’une obligation de budget à l’équilibre, on se souviendra par exemple du sieur Copé, qui envisageait sans rire de l’inscrire dans la constitution pour dans plus tard quand la crise sera vraiment passée, dans longtemps, un jour promis juré craché mais ne me le rappelez pas trop tôt merci.

Quand on se rappelle que la plupart de nos dirigeants se sont tous succédés, qui aux villes, qui aux départements, qui aux régions, qui aux ministères, pour, à chaque fois, établir des budgets déficitaires et/ou en constante augmentation, on comprendra que la question du triple-A de la France leur passe au-dessus de la tête ; la dette ? Ranafout ! Les déficits ? M’en fiche, c’est mon successeur qui trinquera. Etc…

Roast beef

Bilan : non seulement, ce n’est plus dans leurs préoccupations, mais ils ont réussi à faire évacuer complètement le sujet des médias.

Franchement, honorer ses dettes, diminuer le poids de l’état, gérer ses dépenses correctement, c’est bien une préoccupation de Rosbifs, hein !

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Commentaires24

  1. Laetitia

    C’est d’autant plus préoccupant que je ne vois vraiment pas comment ils vont faire pour remonter la pente.

    Augmenter (une fois encore!) les impôts reviendrait à faire fuir le peu de gens aisés qui restent (ceux qui font tourner l’économie quoi), mais en même temps continuer à dépenser de l’argent qu’on a pas alors qu’on est dans la bouse jusqu’au cou ne va pas arranger les choses.
    Ceci dit ils sont capables de faire les deux à la fois, histoire d’être bien certains que tout va foirer.

    Franchement on ne tiendra même pas jusqu’en 2012 à ce train là….

  2. GM

    C’est parce qu’on ne va pas tout de même pas perdre du temps et du papier à évoquer les problèmes déjà résolus. Les Anglais gèrent le sujet comme ils le souhaitent ; en France la dette, à l’instar des autres manques à gagner économiques, est d’ores et déjà virtuellement comblée par l’augmentation des prélèvements à des taux confiscatoires pour les tranches supérieures de revenu, vous comprenez.

    Et puis y en a marre de la dictature des chiffres et de l’économie, c’est vrai quoi.

  3. Higgins

    Alors que le COR conclue, dans son rapport, à ce que ses projections financières, pour le moins lointaines, évaluent le besoin de financement annuel du système de retraite entre 72 et 115 milliards d’euros à l’horizon 2050, Martine Aubry déclare sans rire: “Etre responsable politique, ce n’est pas jouer la politique de l’autruche, c’est prendre ses responsabilités même si c’est difficile” alors que “ces chiffres font bondir une partie de la gauche et les syndicats qui craignent que le gouvernement ne se serve de ces scénarios catastrophes pour durcir le ton”.
    D’ailleurs, les représentants de ce “courant de pensée” (sic) s’accordent tous pour “s’inquiéter d’un pronostic «alarmant»” (Fabius), dire que “la prévision économique à 2050 est grotesque !” (le nouveau petit père du peuple de gauche, celui qui engueule les journalistes), alors que Jean-Claude Mailly, FO, déclare: “Deux ans avant la crise, on ne savait pas qu’il allait y avoir la crise, il va y avoir huit présidentielles d’ici là, on se calme, on peut régler le problème” tandis que Roc et Gravillon pensent que “En partie de la science-fiction” (Jean-Louis Malys, CFDT) et “les projections du COR aléatoires” (Bernard Thibaul CGT). Gravillon en rajoute en déclarant que “Tout y est pour donner lieu à «une querelle sur l’interprétration des chiffres”. Je propose qu’on les envoie tous se soigner (http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5g2KqgzV5rSfmm8zumYnP_SO_Fm_Q), ils semblent en avoir rudement besoin (en face également, exemple: http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/03/24/roselyne-bachelot-defend-sa-gestion-de-la-grippe-a_1323713_3244.html).
    Seul Manuel Valls apparaît encore avoir toute sa tête, il “évalue les projections financières pour 2050 «sans doute proches de la réalité». Du coup, «dire qu’on ne pourra pas allonger la durée de cotisation, ça n’est pas crédible, c’est mentir aux Français»”.
    source: (http://www.liberation.fr/politiques/0101630215-retraites-des-previsions-pour-2050-grotesques-qui-irritent-la-gauche-et-les-syndicats)

    CPEF

  4. Winston the only (other) one

    ouais le problème c’est que la réalité elle est encore plus méchante que ce qu’ils pensaient et qu’elle va nous revenir en pleine tronche à la vitesse d’un astéroïde… bientôt sur vos écrans : La Réalité II, le retour.

  5. Marco33

    Ooups?: “Outre-Atlantique -> Outre-Manche” non?
    Sinon, concernant le fond : je ne puis qu’être malheureusement en accord avec ces constats….
    Vous n’avez pas parlé des retraites! Il y a quelques jours oui, mais depuis, on a droit aux chiffrages du “COR”…avec des fourchettes dont la plus pessimiste contient des données (taux de chômage, etc…)qui correspondent à notre “réalité”.
    Et même en étant fou, c’est à dire atteindre 4,5% de chômage dans une poignée d’année (dixit scénario COR), on serait au mini à 70 milliards de déficit…..
    Même Christophe Barbier, dans sa chronique sur LCI, s’aperçoit qu’il y a un GROS, GROS, GROS problème…
    Sinon, j’ai de la vaseline en stock pour les entubages King Size qui arrivent par paquet de 12+1 (offre spéciale ENA).

  6. adnstep

    De toute façon, on sait bien que les chiffres annoncés ne sont destinés qu’à nous faire peur. En fait, tout va bien. La France est le pays du bonheur, le pays le mieux géré du Monde, mais ce sont les méchants libéraux mondialistes qui veulent nous prendre notre argent et détruire notre système social et nos services publics.

  7. Serge Cheminade

    En France le problème de la dette a été évoqué par Nicolas Sarkozy qui promettait la rupture.

    Si je me souviens bien il a dit a peu près ceci : “Vous vous rendez compte cela fait trente ans que la France est en déficit”.

    Et il a effectivement fait une rupture : un grand emprunt de 35 milliards. Avant on empruntait parce qu’il manquait de l’argent. Avec Sarkozy on emprunte aussi pour d’autres raisons. On a d’abord décidé de faire un grand emprunt et après il a été cherché ce qu’il pouvait être fait du grand emprunt. N’est-ce pas une rupture?

    1. La seule rupture que Sarko ait jamais frôlé, sans d’ailleurs l’atteindre tout à fait, est celle d’un anévrisme. Probablement en plein exercice de chambre, d’ailleurs (oh, encore une rumeur !) …

  8. alex6

    Le probleme des retraites n’est pas que structurel. Tous les scenarios ne prennent pas en compte la forte probabilite pour l’etat de ne plus pouvoir emprunter sur les marches pour se financer. Et inutile d’attendre 2050, ca viendra bien avant.
    Donc le risque n’est pas un allongement de la duree de cotisation mais une simple impossibilite technique de les payer au mois par mois. Avec un chomage des jeunes fleurtant les 30% aujourd’hui et ne pouvant donc pas se preparer une retraite complementaire, c’est un veritable desastre qui attend la France a l’horizon 2040-2050 si l’on ne bascule des aujourd’hui sur un systeme de capitalisation. Tant qu’a creer du deficit, au moins celui-la servirait a quelque chose…

    1. Laglute

      De plus, je ne vois pas trop l’interet de connaitre les problèmes de financement de 2050, car nous avons déjà a financer les départs en retraite d’aujourd’hui, car c’est maintenant que les papys boomers se cassent. En 2040-2050, on sera en queue de comète du baby boom ( dont moi ) avec des effectifs de départ bien moins nombreux et moins couteux que ceux de maintenant. C’est un peu comme lorsque l’on se gargarise du taux de natalité actuel, sensé justement, assurer les retraites : les petits n’enfants pondus aujourd’hui ne seront actifs que dans deux décennies au moins. La cavalerie arrivera un peu trop tard à ce moment là…

      On va bien rigoler comme vous dites quand l’état ne trouvera plus de créditeur, tout s’effondrera du jour au lendemain…

      A côté, la Grèce fera office d’enfant de choeur.

      Préparez vos kilos de plomb et le fusil qui va avec !

    1. Mmh ce n’est pas tant de savoir si les promesses des conservateurs sont tenables ou pas qui m’intéressait mais plutôt de constater que ceux-là ont, au moins, mis le sujet du AAA et de la dette britannique sur le tapis. En France, c’est LE tabou actuel, l’éléphant au milieu du salon que tout le monde s’empresse d’ignorer…

  9. Before

    Pour être honnête, Bayrou aussi parlait et s’inquiétait de la dette avant la présidentielle. Dans son programme, il proposait de réduire le déficit de l’état.
    Bon, d’accord, Bayrou…
    Mais faut au moins lui reconnaître ça.

      1. C’est marrant, je connais pas mal de Roumains (plus d’une dizaine) qui ne chantent pas vraiment les louanges du communisme et Ceausescu. Ils sont probablement totalement acquis à la cause libérale et de véritables suppôts du capitalisme, je suppose…

  10. peuples

    41 ans hier, et un peu trop de champagne ont eu raison de mon foie, bref me revoilou. Après le million, le million.., il y’a eu le milliard, le milliard. Et puis les milliards…..

    Bref, ce n’est encore qu’une histoire de 0

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