Radio Paris – La France d’en haut parle à la France d’en bas – Il n’y a pas de pénuries. Je répète : il n’y a pas de pénuries. Tout va bien. Message de service : le petit Jean-Louis B. est attendu à la pompe centrale.
Ce vendredi, la France hésite.
D’un côté, il y a celle qui aimerait bien aller travailler, mais qui est quelque peu gênée : sauf à pédaler de longues heures, l’essence vient à manquer.
De l’autre, il y a celle qui aimerait bien aller faire grève, manifester et secouer des petits fanions colorés, mais elle aussi semble empêchée.
D’un côté, on sent une exaspération monter, palpable jusque dans les papiers mal bigornés d’une presse qui cherche vraiment sur quel pied danser.
De l’autre, de merveilleux sondages nous annoncent pourtant que la population continue de soutenir les grèves l’inaction sociale les émeutes la mobilisation.
Il faut se rendre à l’évidence : la grille d’analyse traditionnelle, qui permet de mettre d’habitude deux blocs de France dos à dos, l’une tournée vers le patronat, le travail et le conservatisme, et l’autre tournée vers la classe ouvrière, les jackys acquis sociaux et le progressisme, cette grille binaire ne semble pas fonctionner.
En réalité, l’actuel mouvement saucial sur ragoût de réforme (délicieux si servi très chaud) semble bel et bien mélanger les genres, les ambiguïtés, les contre-évidences. Le nécessaire recul pour toute analyse provoque un moment de perplexité : l’homme honnête ne peut plus prendre parti.
D’un côté, il est difficile de supporter les petits mouvements de bras du gouvernement : enfilant les maladresses politiques, médiatiques voire constitutionnelles, il montre chaque minute qui passe son incroyable fébrilité dans la gestion des affaires du pays, avec ce petit parfum de panique assumée que seule la naïveté ou la désinvolture autorise avec aussi peu de conséquence.
Si la télé transmettait les odeurs, ce serait celle, âcre, de sueur et de gêne un peu rance qu’elle offrirait lorsqu’on irait interviewer le chef de l’état ou ses sbires. On sentirait le résultat des dures besognes pesantes des soudards républicains bricolant de vieilles machines poussives auxquelles ils ne comprennent absolument rien. Que ce soit la réforme des retraites ou, plus largement, le reste des montages législatifs improbables qui s’étalent sur les trois dernières années, la majorité et son gouvernement montrent une constance dans l’effervescence ridicule qui confine à l’obstination malgré les échecs patents qu’elle entraîne.
De l’autre côté, il est au moins aussi compliqué d’encaisser les abrutissantes stupidités dégoisées avec un aplomb formidable par l’opposition, dont les propositions ne sont plus qu’un distillat grossier des fruits absurdes d’une absence compacte de toute remise en question depuis les seventies. Stupidités auxquelles s’ajoutent d’ailleurs le chœur des pleureuses syndicales, qui traînent leur ventre, enflé des privilèges multiples de ceux qui s’y affilient, de manifestations bigarrées en blocages festifs, ayant pour seul horizon la déclaration officielle d’ouverture des jeux olympiques de la révolution prolétarienne, avec le succès mitigé (et quasi-comique) qu’on sait.
Il est en effet bien difficile de s’identifier tant aux bouffons qui tentent de pousser ou de tirer de leurs petits bras malingre l’énorme wagon France, qu’aux clowns grotesques qui le poussent et le tirent exactement dans le sens opposé.
Mais il y a peut-être une autre raison plus profonde : en pratique, cette contestation, aussi bruyante soit-elle, la majorité des Français s’en fout. Tout comme cette même majorité se contrefout des tentatives de Sarkozy et sa clique. C’est d’ailleurs parfaitement visible dans le taux d’abstention des dix dernières années d’élections. Cette majorité de Français aspire, très simplement, à faire sa petite vie dans son coin, sans trop se poser de question ; tout juste tente-t-elle d’éviter les ponctions, taxations et vexations fiscales des monarques en place ; tout juste essaie-t-elle de passer entre les gouttes des montées d’urticaire de telle ou telle catégorie revendiquant bruyamment ses privilèges.
Mieux : on sent, diffusément, que tous ces mouvements sont le résultat d’un profond emmerdement. Les syndicalistes s’emmerdent et veulent s’occuper : dans la vie de tous les jours, personne ne s’occupe d’eux, réellement. Ils sont la dernière roue du carrosse avec leur 5% de représentativité les jours de pluie, moins quand il fait beau. Ils sont caricaturés à souhait par les autres salariés, et font presque tout pour être caricaturaux.
Les fonctionnaires, dans leur grande majorité, s’ennuient : travail dévalorisé parce que n’ayant, en réalité, qu’une valeur très moyenne, trop nombreux pour être rares, trop peu rare pour être chers, ils sont eux aussi régulièrement caricaturaux et caricaturés. Les récents témoignages poignants de certains d’entre eux, maltraités à la rentrée, n’ayant pas assez reçus de petits bisous, montrent que l’idée même qu’il puisse exister un travail pénible s’est évaporée il y a bien longtemps.
Suivant en cela l’exemple de leurs aînés ou de leurs mentors, les lycéens s’ennuient en cours. Prodigieusement. D’ailleurs, il est piquant de constater que plus les pédagogos font absolument tout pour qu’il n’en soit rien, plus les élèves se morfondent. De fil en aiguille, ils en viennent à ne souhaiter qu’une chose : une bonne fête du slip revigorante et totalement futile.
Pas étonnant ensuite que les Jeunes Déçus, dont l’ennui, la morosité et l’absence d’occupation sont bien connus, emboîtent rapidement le pas.
Il ne reste plus aux frétillants bobos, dont une partie de la vie frétillante consiste à s’emmerder en frétillant un peu ici ou là, qu’à aller frétiller avec plein d’autres frétillants spécimens de gens qui s’emmerdent. Défiler dans la fraternité et la citoyenneté, c’est finalement encore plus frétillant que frétiller tout seul dans son coin, sur son Vélib’ ou dans sa Smart électrique.
En fait, c’est assez étonnant au final que cette foule de gens qui s’ennuient arrive à se fédérer suffisamment pour faire quoi que ce soit. L’oisiveté est mère de tous les vices, dit-on. Mais en réalité, il n’y a rien de pire que travailler à des choses parfaitement futiles et ridicules pour produire des catastrophes : qu’on soit au pouvoir ou dans la rue, le résultat est le même : le chaos. Car en réalité, que va-t-il ressortir de tout ce bordel incommensurable ?
Absolument rien.
D’un côté, la réforme est si timide, si mal boutiquée, si péniblement passée qu’elle n’apportera au mieux qu’un soulagement microscopique des finances pour un temps bien court. Reculer pour mieux sauter. Dans le gouffre.
De l’autre, les manifestations n’ont rien changé, ni à l’équilibre budgétaire, ni aux formidables performances françaises en matière de croissance, d’emploi ou même d’acquis sociaux. Aucune proposition concrète, au delà du mantra enfantin et niaiseux du « taxons les riches », n’a été formulée.
Le néant total.
Le constat est sans appel : il n’y a plus d’envie en France. Aux avenirs minuscules ont fait correspondre des passions étriquées. On se drape de grandiloquence et d’objectifs intenables. On se réjouit de victoires minables.
Ce pays s’ennuierait-il au point d’être foutu ?
Constat terrible mais oh combien juste. Le discours tenu par les syndicalistes est proprement ahurissant et, il faut bien le dire stupéfiant de bêtise. Exemple trouvé dans un grand quotidien de la PQR à propos des qualités de gestionnaire du maire d’une métropole régionale: « « Il y a d’un côté le député socialiste qui défend la retraite à 60 ans et, de l’autre, le président de l’agglo qui refuse de mettre en place un système de retraite progressive au sein de l’entreprise, explique un représentant de la CFDT. » Socialiste depuis plus de trente ans, l’agglomération (l’entreprise) est devenu au fil du temps un vrai palais de la sueur, tout le monde sait ça.
Tout aussi amusante, mais hélas plus tragique car c’est l’avenir qui est en cause, est ta réflexion sur les lycéens et les démagologues qui président à leurs destinées. A force de compromissions, de lâcheté (ah, ce proviseur qui déclare aux parents d’élève que sa responsabilité s’arrête aux grilles de son lycée) et de politisation, l’école de la républque n’est plus qu’une coquille vide de sens et de contenu. En son sein, les seconds descendent courageusement dans la rue pour « protéger », curieuse inversion des valeurs emblématique du mal qui les ronge, les premiers contre la gente policière lors des déblocages de lycées.
Bien moins qu’une classique et rassurante opposition gauche-droite, c’est au combat entre conservatisme et progressisme (oserai-je dire entre socialisme et libéralisme libertarien) auquel nous assistons. De l’issue de ce combat dépendra notre sort commun. Mais les con-servateurs ne sont pas là où on croit.
Tu as raison: CPEF.
Ce pays est atteinte de villepinite aigüe, maladie mortelle s’il en est.
Le principal symptôme est comportemental et consiste à se poser en défenseur des opprimés, à faire un maximum de bruit et à tenir de grands discours de manière à se faire remarquer par un maximum de personnes de par le monde pour ensuite…bah rien. Ah, si, passer pour une truffe dans la presse du monde entier…
Vous avez oublié quelque chose: brailler mais ne jamais proposer de solution, d’initiative, des choses concrètes…
« Cette majorité de Français aspire, très simplement, à faire sa petite vie dans son coin, sans trop se poser de question ; tout juste tente-t-elle d’éviter les ponctions, taxations et vexations fiscales des monarques en place ; tout juste essaie-t-elle de passer entre les gouttes des montées d’urticaire de telle ou telle catégorie revendiquant bruyamment ses privilèges. »
La majorité des français aspire, en réalité, à faire sa petite vie en grappillant tous les petits privilèges à sa portée!
Au marché politique, il est plus facile d’acquérir des privilèges que d’échapper aux taxations.
Oui et non. Si on leur explique le procédé « Ok pour te donner un privilège que les autres payent, mais alors, les autres en face auront un privilège aussi, que tu vas payer », en général, ils comprennent vite.
« en général, ils comprennent vite. »
Vraiment? Je vous trouve bien optimiste.
Si si. Mais il faut que ce soit immédiat : tu veux 10 ? Pas de pépin, je vais prendre chez les autres. Oooh, ils veulent 10 aussi. Je te les reprends.
QUI leur explique les choses ainsi? Seuls quelques illuminés perdus dans la réaco… – pardon, la blogosphère. 🙂
Le discours des politiciens c’est « Vous, vous, là, que je regarde dans les yeux! Vous allez toucher de nouvelles subventions, ça va être trop kewl! La fête au slip! Chouette la vie, hein? Ah, aussi (regardant ailleurs) on va devoir remonter un peu le barême des impôts, c’est bien malheureux, mais la criiiiise, la spéculation des banques, les anglo-saxons, tout ça… »
Les gens ne comprennent RIEN. Ils sont si peu à comprendre et comprennent si peu. C’est aussi fort compréhensible: ils sont dans un spectacle de prestidigitation fiscale. Ca tuerait la magie si on leur expliquait le truc. Notons enfin qu’une bonne partie d’entre eux se démène non pour vivre sa petite vie tranquille, mais simplement pour survivre. Je doute qu’ils aient même le temps de se poser beaucoup de questions.
A contrario, je dirai que les casseurs représentent quelque part l’évolution ultime de « l’homme nouveau » propre au socialisme:
1. Violence maximum, mais en bande: le plaisir est un acte communautaire.
2. Pas de remords, de scrupules, d’honneur, de principe. Opportunisme et opportunité, voilà les seules lois.
3. On applique littéralement le principe « prendre l’argent où il est. » Notez que l’argent est une vaste notion: fringues, ipods, bijoux…
4. Si on se retrouve devant une caméra, on explique que c’est la lutte sociale (ou ce qu’on arrive à formuler d’équivalent compte tenu du vocabulaire dont on dispose)
5. Si quoi que ce soit tourne mal on est une victime.
6. On produit selon ses envie et on consomme selon ses besoins.
Bien sûr leur apparence est très banlieue franchouille, mais niveau combat politique, ils sont quand même à l’avant-garde. Personne ne sait au juste de quoi, mais on va savoir assez vite.
Je ne suis pas loin de considérer qu’on touche là au cœur du problème, et pas seulement le français, celui du monde occidental. Peut-être que c’est davantage visible ici en France où la notion de responsabilité individuelle a été plus sérieusement endommagée qu’ailleurs, ce qui conduit les gens à être toujours plus dans une position d’attente.
Les explications sont multiples mais d’une façon générale leur dénominateur commun est la réduction de l’esprit à sa portion congrue. La laïcité moderne, qui n’est souvent qu’une forme pervertie de l’héritage du discours chrétien, sert surtout de prétexte à une esquive commode de questions essentielles que la religion elle, oblige à affronter. L’éducation ayant peu à peu banni l’exigence et la discipline n’est plus en mesure de solliciter les ressources de poupons drogués au divertissement dès leur plus jeune âge. Le divertissement lui-même semble s’être assez largement développé ces dernières décennies sur le modèle du tittytainment cher à Brzezinski, dont le statut de marotte pour gauchiste (le tittytainment, pas Brzezinski) ne doit pas pour autant occulter l’influence de ce concept dans la production de masse de divertissements bien plus destinés à abrutir qu’à stimuler, avec un succès visible. Il y a aussi effectivement ce problème du grand nombre d’emplois à valeur ajoutée réelle faible ou nulle qui favorisent l’ennui chez leurs titulaires.
Et puis au-delà de tout ça, cette conviction toujours plus solidement ancrée, véhiculée comme l’aboutissement de la civilisation, que l’État-providence assumera à la place des individus les responsabilités qui les emmerdent, est clairement le plus puissant frein à la réflexion qu’on puisse imaginer.
Tout cela contribue à nous offrir une société d’unbrained qui se rasent sévère, et réclament toujours plus de temps à consacrer à leur recherche des meilleures façons de tromper l’ennui. Comme disait Bastiat, il y a là un foyer de révolutions, mais de révolutions sans issue…
Frédéric Bastiat »Les Harmonies Économiques » – 1850
[…] J’ai vu surgir spontanément des sociétés de secours mutuel, il y a plus de vingt-cinq ans, parmi les ouvriers et les artisans les plus dénués, dans les villages les plus pauvres du département des Landes […] Dans toutes les localités où elles existent, elles ont fait un bien immense […]
Leur écueil naturel est dans le déplacement de la Responsabilité. Ce n’est jamais sans créer pour l’avenir de grands dangers et de grandes difficultés qu’on soustrait l’individu aux conséquences de ses propres actes. Le jour où tous les citoyens diraient : « Nous nous cotisons pour venir en aide à ceux qui ne peuvent travailler ou ne trouvent pas d’ouvrages », il serait à craindre […] que bientôt les laborieux ne fussent réduits à être les dupes des paresseux. Les secours mutuels impliquent donc une mutuelle surveillance, sans laquelle le fonds des secours serait bientôt épuisé. Cette surveillance réciproque […] fait la vraie moralité de l’institution. C’est cette surveillance qui rétablit la Responsabilité […]
Or, pour que cette surveillance ait lieu et porte ses fruits, il faut que les sociétés de secours soient libres, circonscrites, maîtresses de leurs statuts comme de leurs fonds. […]
Supposez que le gouvernement intervienne. Il est aisé de deviner le rôle qu’il s’attribuera. Son premier soin sera de s’emparer de toutes ces caisses sous prétexte de les centraliser ; et pour colorer cette entreprise, il promettra de les grossir avec des ressources prises sur le contribuable […] Ensuite, sous prétexte d’unité, de solidarité (que sais-je ?), il s’avisera de fondre toutes les associations en une seule soumise à un règlement uniforme.
Mais, je le demande, que sera devenue la moralité de l’institution quand sa caisse sera alimentée par l’impôt ; quand nul, si ce n’est quelque bureaucrate, n’aura intérêt à défendre le fonds commun ; quand chacun, au lieu de se faire un devoir de prévenir les abus, se fera un plaisir de les favoriser ; quand aura cessé toute surveillance mutuelle, et que feindre une maladie ne sera autre chose que jouer un bon tour au gouvernement ?
Le gouvernement, il faut lui rendre cette justice, est enclin à se défendre ; mais, ne pouvant plus compter sur l’action privée, il faudra bien qu’il y substitue l’action officielle. Il nommera des vérificateurs, des contrôleurs, des inspecteurs. On verra des formalités sans nombre s’interposer entre le besoin et le secours […]
[…] Les ouvriers ne verront plus dans la caisse commune une propriété qu’ils administrent, qu’ils alimentent et dont les limites bornent leurs droits. Peu à peu, ils s’accoutumeront à regarder le secours en cas de maladie ou de chômage, non comme provenant d’un fond limité, préparé par leur propre prévoyance, mais comme une dette de la Société. Ils n’admettront pas pour elle l’impossibilité de payer, et ne seront jamais contents des répartitions. L’État se verra contraint de demander sans cesse des subventions au budget. Là, rencontrant l’opposition des commissions de finances, il se trouvera engagé dans des difficultés inextricables. Les abus iront toujours croissants et on en recalculera le redressement d’année en année, comme c’est l’usage jusqu’à ce que vienne le jour d’une explosion. Mais alors, on s’apercevra qu’on est réduit à compter avec une population qui ne sait plus agir par elle-même, qui attend tout d’un ministre ou d’un préfet, même la subsistance, et dont les idées sont perverties au point d’avoir perdu jusqu’à la notion du Droit, de la Propriété, de la Liberté et de la Justice.
Oui ou encore dans le chapître juste après « Services privés, services publics » (j’ai demandé à ma fille qui est en 2nd de lire bien attentivement ce paragraphe même si elle regarde les zozos grévistes avec une incrédulité amusée):
« Ce n’est donc pas parce qu’il y a peu de lois et de fonctionnaires, autrement dit, peu de services publics, que les révolutions sont à craindre. C’est, au contraire, parce qu’il y a beaucoup de lois, beaucoup de fonctionnaires, beaucoup de services publics. Car, par leur nature, les services publics, la loi qui les règle, la force qui les fait prévaloir, ne sont jamais neutres. Ils peuvent, ils doivent s’étendre sans danger, avec avantage, autant qu’il est nécessaire pour faire régner entre tous la justice rigoureuse: au-delà, ce sont autant d’instruments d’oppression et de spoliation légales, autant de causes de désordre, autant de ferments révolutionnaires. »
Merci pour cet extrait des « Harmonies Economiques » dont je ne connaissais qu’un résumé des deux derniers paragraphes. J’ai lu avec une immense délectation les « Pamphlets », il va falloir que je lise ces fameuses « Harmonies ».
Bon, une petite histoire d’enfer pour détendre l’atmosphère:
Un homme meurt exactement sur le frontière franco-allemande. Comme il a eu une vie un peu dissolue (PS de droite ou UMP de gauche, l’histoire ne le précise pas), Saint Pierre décide de l’affecter en Enfer. Mais le cas lui pose un problème et il déclare au futur damné: « Comme vous êtes mort sur la frontière et que vous êtes plus bête que méchant (voir remarque sur la vie dissolue du sujet), je vous donne le choix entre l’enfer allemand ou l’enfer français. » L’intéressé répond alors: « Mais, Saint Pierre, je ne connais ni l’un ni l’autre? Pourriez vous m’en dire un peu plus, SVP? ». Saint Pierre acquiesce: « Eh bien, dans l’enfer ALLEMAND, on vous met dans une grande marmite pleine de purin. Des petits gnomes très très vilains qui sentent mauvais mettent des bûches sous la marmite… un dragon vient allumer les bûches et vous cuisez toute la journée. Et c’est tous les jours pareil! » – « Et l’enfer français, c’est quoi? (en dehors des éléments précisés en début) ». Saint Pierre poursuit: « Eh bien, dans l’enfer français, on vous met dans une grande marmite pleine de purin. Des petits gnomes très très vilains qui sentent mauvais mettent des bûches sous la marmite. Un dragon vient allumer les bûches et vous cuisez toute la journée. Et c’est tous les jours pareil! ». Un ange passe (c’est normal, vu le lieu). « Mais… si vous voulez un bon conseil, si j’étais vous, je choisirais l’enfer français. » ajoute Saint Pierre. « Mais… Saint Pierre! c’est exactement la même chose!!!!!!! » – « Mmmmh,ce n’est pas tout à fait vrai! Car dans l’enfer français, un jour, et même souvent,certains gnomes sont en arrêt maladie, d’autres en RTT, d’autres encore en grève ou alors ils ont un régime spécial, ou bien on n’a pas livré le purin, on n’a pas commandé les bûches, ceux qui ont cinquante cinq ans arrêtent de bosser, le dragon fait valoir son droit de retrait et parfois, on ne retrouve pas la marmite!!! ».
Oui lisez cet ouvrage. Plus « théorique » que les pamphlets ça reste un véritable régal.
Le chapitre sur la théorie de la valeur, un peu long, est fondamental et les chapitres « Des salaires », « Services privés, sevices publics » (très court), « Responsabilité » et « Capital » sont essentiels (liste non-exhaustive car tout ou presque est remarquable).
Vue la situation, il n’est pas étonnant qu’il soit si peu connu en France. Quand on reprend ses arguments (qui n’ont presque pas pris une ride en 160 ans) lors de conversations avec des « socialistes », ils sont rapidement si agacés par les vérités simples qui en surgissent qu’ils rompent la discussion ou campent sur des positions assises sur la plus honteuse mauvaise foi.
quel texte, hein …
je connais le nom de l’auteur régulièrement cité dans les blogs intéressants, mais c’est la première fois que je le lis …
du bon sens, à l’état pur …
ah … le bon sens … où est il passé celui là ?
pour rejoindre H16 et son excellent billet, les gens de bon sens observent les manifestants et les gouvernants, et secouent la tête en disant ‘tss tss, quelle tristesse ! »
Comme toujours, ça se solde par un emmerdement collectif et une forte odeur de vaseline, de sueur et de sodomie…
Une réforme bancale proposée par des clowns, des grèves générales organisées par des bouffons syndicalistes, quelques jeunes déçus qui foutent le bordel, des crétins qui appellent à bloquer les lycées et les collèges… Quoi de plus efficace?
Mais… Y’a comme une odeur de sous-sous balancés par la fenêtre aussi…
» l’homme honnête ne peut plus prendre parti. » Clap clap clap !
C’est marrant parce que ça devrait conduire plus facilement au débat qu’il n’y ait pas une limite aussi tranchée entre les deux camps, pourtant le débat n’a pas l’air d’être là…
Il n’y a pas débat parce que comme je le dis … la majorité invisible s’en fout : comment veux-tu passionner des foules pour cette histoire alors qu’elle est déjà ric-rac pour terminer les fins de mois, qu’elle se fait tondre par les taxes et qu’elle se fait emmerder par les syndicats ?
il n’y a pas debat non plus parce qu’on a pas affaire a des gens qui echangent des idees mais plutot a une bande de perroquets qui repete de chaque cote ce que la tele a martele pendant les 20 dernieres annees.
Ca renvoie vers votre billet d’il y a quelques jours sur les différentes manières de compter.
Les syndicats disent 1000, la police (ministère) dit 300, les gens qui comptent vraiment disent 280.
Là on se dit : bon les syndicats n’impotre quoi, mais les autres? Se pourrait-il que les chiffres de la police soient gonflés eux aussi? Mais pourquoi? Présence des syndicalistes dans leur rang ou plus simplement service rendu par le ministre de l’intérieur à son collègue du travail?
En effet, s’il y a véritablement très (trop) peu de monde dans la rue pour protester contre cette horrible réforme injuste et inéfficace, c’est à dire que tout le monde ou presque s’en fout, le misnistre en charge, plutôt que de passer pour l’homme providentiel qui malgré la rue a sauvé le sacro-saint système par répartition etc etc, rique un peu de passer pour un c.. non?
La France une cocotte minute mais sans la vapeur.
Mmmh. Je dirai une cocotte pleine de vapeur, mais sans aucune chaleur. Beaucoup d’air tiède.
Ce billet est magnifique. A mon avis, tu touche VRAIMENT le coeur du problème. Le discours lycéen est – pour moi – symptomatique : a 15 ans normalement, on pense qu’a baiser et créer. Le reste , on s’en fout.
Eux non, ils pensent à combien de m2 il va leur rester pour planter leurs petites tomates dans 50 ans. Une vision d’un futur déjà tracé, préconçu, archivé, fini.
A 15 ans, si tu n’as plus la moindre petite lueur d’etincelle qui te fais dire que tu PEUX prendre ta vie en main et CREER des trucs, te fier à personne, être maître de ton destin, de ton emploi, de ta vie, c’est flippant. Mais c’est aussi surement parce que l’individualisme, c’est MAL.
Dans le même ordre d’idée on entendait des lycéens dire au début des manifs :
« Là on étudie, c’est dur »
« Après on va travailler, c’est encore plus dur »
« Notre récompense c’est la retraite, si on nous l’enlève il ne nous reste plus rien »
Misère. Une récompense? Qu’elle idée fausse et désatreuse! Bien géré, ça n’est qu’un écahnge de services rien de plus.
Leur ambition est d’être à la retraite, donc leur accomplissement est le cercueil.
Dire que presque toute personne normalement constituée (et on ne parle pas de ceux qui souffrent de maladies) de 60 ans et plus donnerait tout ce qu’elle a et peut-être tout ce qu’elle a eu de matériel dans sa vie pour échanger sa situation, et son âge, avec un lycéen!
J’adore le passage sur les bobos frétillants. Collector !
Ce pays est vraiment foutu. Quelle est la meilleure destination à l’étranger (aller simple) ?
Canada, Australie, NZ, HK, …
Tiens Hong Kong j’y avais jamais pensé. Mais bon, c’est à côté de la Chine normale populaire, je suis pas fan.
Australie c’est bien mais leur filtrage de l’Internet me fait douter, N-Z c’est cool mais trop isolé. Il reste donc Canada, avec un climat cool.
C’est vraiment dommage d’en arriver à la. T’es parti en Suisse toi non ?
non le canada il faut pas y aller, j’y suis.
allez ailleurs.on n’aime pas les froncais ici, allez ouste 🙂
« au delà du mantra enfantin et niaiseux du « taxons les riches », n’a été formulée. »
Si niaiseux et enfantin que c’est celui qui a été appliqué en occident entre la fin de la seconde guerre mondiale et celle des années 70 (jusqu’à 90% d’impôt sur la fortune à la fin des années 40 aux USA, vous avez bien lu). Bon, il y avait l’URSS en face, c’était peut être ce qui les rendait niaiseux et enfantins.
Parce que « taxons les riches » n’est pas répété comme un mantra depuis les années 70 ? Et n’est pas, dans les faits, mis en place ? Allons.