L’actualité sociale bat son plein : alors que la vénérable poussière de l’Assemblée se remet à peine des bourrasques que les grévistes retraitophiles ont provoquées, le sémillant secrétaire général des Socialistes de Drouâte, Xavier Bertrand, se lance à l’assaut d’une bien lointaine campagne électorale par l’angle de l’éducation. Le résultat est à la mesure des gesticulations habituelles du patron.
Et c’est donc dix-huit mois avant le scrutin présidentiel que l’UMP se secoue la coquille pour trouver des idées nouvelles, des pulsions et des élancements pour bondir de l’avant.
Quand on est animal souple et puissant — pensez « tigre » ou « panthère », ici — cela ne pose pas de problème ; le paysage politique français étant ce qu’il est, on a plutôt tendance à imaginer une bernique comme totem de l’UMP, accroché au rocher des bonnes planques institutionnelles.
Ceci posé, examinons un peu les pulsions du gastéropode, relatées dans un petit article sur Libération et en détails dans le Figaro.
En fait de pulsions, nous découvrons des pistes de réflexion. Pour rappel, une piste, c’est un chemin rudimentaire et sommairement aménagé, aux bords mal définis, et c’est exactement ce dont il s’agit ici : Xavier Bertrand nous vante, comme un produit d’assurance-vie qu’il aurait jadis placé chez Mamie Boulette à la faveur d’un sonotone mal réglé, les bienfaits d’un programme d’éducation taillé à l’emporte-pièce pour aider les folliculaires du Figaro à titrer d’ennuyeux articles superficiels.
Ainsi on chapeautera le papier par un rutilant « 100% des élèves doivent savoir lire en fin de CE1« , qui s’obtient comme suit :
…nous souhaitons une meilleure responsabilisation de tous les acteurs, par le biais d’une signature d’un « contrat d’objectifs » signé entre les recteurs et les directeurs d’école primaire. Nous proposons également d’initier des expériences pilotes avec les méthodes nouvelles d’apprentissage qui produisent les meilleurs résultats.
En gros, pour s’assurer que des mouflets savent lire en fin de CE1, on va faire signer par des tierces parties un papelard ronflant. Oui oui, le bernique, ici, vient de faire un brusque mouvement pulsatoire. Revoyons la scène au ralenti : la coque se soulève d’un quart de millimètre, voyez, ici, et là, une petite bulle d’eau de mer se forme, et pop, fini la bulle, et la coque se remet en place.
Ce prout de bernique nous permet d’apprécier toute la force avec laquelle le parti majoritaire s’enfonce dans le terreau fertile de la réalité citoyenne. Apparemment, le bon Xavier ne sait pas que cette p$£*ain de méthode globale de m*$£de sévit encore et qu’il faudrait en revenir, une bonne fois pour toutes, à celle qui fonctionne depuis plusieurs millénaires, qu’il faudrait foutre sur trajectoire d’échappement du système solaire la plupart des bonimenteurs mal azimutés des IUFM (à commencer par Mérieu, tiens, par exemple), et arrêter avec l’encombrante et inutile paperasse d’apparat et les lois étouffantes dans lesquelles on noie tous les jours les directeurs d’établissements.
Cependant, on pourrait voir, dans les ébauches de propositions concernant l’abandon du collège unique, un espoir de lucidité de la part du politicien ; espoir assez vite douché lorsqu’on lit avec attention le petit paragraphe qui y est consacré :
il faut mieux accompagner le passage de la fin du primaire au début du collège. Les élèves de 6e et 5e doivent avoir moins d’enseignants différents mais qui doivent passer plus de temps avec leurs élèves et être plus polyvalents. Par ailleurs, la deuxième partie du collège doit être moins monolithique. On pourrait notamment instituer dès la 4e une « prépa-pro » pour les élèves tentés par la filière professionnelle, c’est-à-dire une extension du module de découverte professionnelle dès la classe de 4e.
Monsieur Bertrand, je suis désolé de vous le dire : c’est du charabia, là, votre machin-truc. Ce qui caractérise le collège unique, c’est essentiellement l’unicité des programmes, l’unicité des méthodes et l’unicité des objectifs dans toute la France, pas le nombre d’enseignants ou leur polyvalence. Encore une fois, on s’attaque à la cosmétique et à l’intendance plutôt qu’au fond. Accroché au pinceau, Xavier repeint le plafond pendant que la réalité se charge, lentement mais sûrement, de retirer l’échelle.
Et ça se précise aux paragraphes suivants : pour s’assurer que les parents s’occuperont bien de leurs moutards, on va leur faire faire quoi, je vous le demande ?
Il me paraît aussi important d’établir une charte de la scolarité entre l’école et la famille : chaque année, les parents pourraient signer ce document lors d’un entretien.
Signer une jolie charte, bien évidemment ! Le syndrome du papelard ronflant a encore frappé !
On imagine tout de suite les parents, pénétrés de leur nouveau devoir à la suite de cette signature à la plume d’oie, sur vélin parcheminé et scellé à la cire rouge, s’assurer ensuite que le fruit de leurs entrailles s’adonne passionnément à son instruction pendant qu’ils se chargeront, fermes et droits, de son éducation. Fichtre, diantre, palsambleu, … ça sent la foutaise olympique.
Cette odeur est d’ailleurs confirmée dans la dernière ligne droite, où l’on apprend que l’idée même de chèque-éducation, qui permettrait pourtant de redonner une certaine latitude aux parents et aux établissements, est vivement repoussée par le bernique qui ressent à son égard le même réflexe terrorisé que lorsqu’une lame de couteau vient se glisser sous son pied pour le décrocher du caillou sur lequel il s’est fixé.
Le constat est sans appel : encore une fois, tant du côté droit que du côté gauche de nos socialistes enkystés sur les rochers républicains, rien n’a bougé en matière d’éducation. Ce sont les mêmes poncifs affolants, les mêmes phrases creuses et les mêmes méthodes pathologiquement foireuses qui nous sont proposées, encore et encore, pour tenter d’endiguer le raz-de-marée de médiocrité qui envahit l’Education Nationale.
Exactement comme l’Etat qui s’est éparpillé en missions diverses, aussi variées qu’inutiles, et qui s’est lamentablement planté pendant des décennies en creusant trous budgétaires sur déficits abyssaux, l’Education Nationale suit un chemin équivalent en se dispersant toujours un peu plus dans les verts pâturage du n’importe quoi dont le lien avec l’instruction de base est toujours plus ténu, produisant une armée de crétins analphabètes.
Armée d’êtres frustes dont une partie non négligeable percole lentement vers la classe politique, avec le résultat qu’on constate…
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Je ne peux que conseiller, parallèlement à ce billet, la lecture sur le même sujet, de celui de l’Hérétique et du Privilégié.
La decription du pet de bernique est un sommet! Bravo.
La photo, elle est d’origine? Si oui, affolant.
La photo est sans retouche, oui.
« Ce prout de bernique ».
Là, j’ai ri. Bravo et merci (parce que pour le reste, j’ai moins ri).
la photo est excellente, on croirait la jaquette du dvd d un mauvais porno, quant a l article encore une fois excellent, et le prout de gasteropode est desopilant. quant au fond, de mon temps comme dirait papy grincheux, il y a 40 ans quand je suis rentre au CP, on apprenait a lire au cp, maintenant on voit des eleves de 6ieme sachant a peine decrypter 2 lignes. pour lire libe ou le monde, ca suffit bien il est vrai.
l educ nat est a l image du reste de l etat et de ses fonctionnaires, quelques millions de gauchos abrutis qui ne foutent rien comme les bernics comme quoi l ump est un parti socialiste.
Pareil, d’ailleurs je viens de tilter. Savoir lire à la fin du CE1 ? Sévèrement burné ça comme ambition. Il y a encore pas si longtemps, tu savais lire à la fin du CP ou tu repartais pour un tour de manège gratuit.
… à cause du fond, hein, pas de la forme.
« …est vivement repoussée par le bernique qui ressent à son égard le même réflexe terrorisé que lorsqu’une lame de couteau vient se glisser sous son pied pour le décrocher du caillou sur lequel il s’est fixé »
Là, je dis tout simplement : bravo!
Il est clair que tous ces politocars n’ont absolument aucune intention de changer quoi que ce soit sur le fond car ils auraient trop à perdre… Le bateau coule et tout ce monde s’en fout tout en faisant croire le contraire 😉
Le Figaro, qu’est un organe robuste, y dit que M. Bertrand, il aurait dit comme ça : « Tout d’abord, il faut mieux accompagner… ». Quand j’étais un tout petit nenfant bien gentil, on m’avait appris qu’on disait (logiquement) : « il vaut mieux » (X vaut mieux que Y). Oh, c’est pas bien méchant, allez, M’sieu Bertrand, on va pas vous faire des misères pour si peu. Mais, pour donner l’exemple aux petits nenfants, vous êtes prêt à signer la charte comme quoi que vous allez causer comme y faut, hein ? Je signe la charte, tu signes la charte, il/elle/on signe la charte…
L’état de cette chose excrémentielle que l’on nomme l’EdNat ne doit rien au hasard, ni à la nullité des enseignants actuels (pas tous d’ailleurs, mais les meilleurs sont terrorisés par l’Académie et la police de la pensée syndicale). Il s’agit d’un programme de connification de la nation qui a pu démarrer suite à l’accord entre le gouvernement de l’époque et l’enseignement catholique (ou plutôt les évêques Français), les autres ayant suivi par la force des choses. La première agression d’importance contre l’intelligence sera la « réforme » des mathématiques (préparée par le groupe Bourbaki) à la fin des années 60. Un syndicaliste dira à l’époque que cette réforme était faite pour « bloquer l’ascension de nouvelles classes sociales ».
» sémillant » … » percole « ….eh bien oui ..je suis jalouse ….meme pas honte …outre à etre au moins aussi navrée par les » projets » gouvernementaux en ce domaine ….qui ont tout d’un foutage de gueule et absolument rien de constructif …d’ailleurs , depuis quand auraient – ils l’intention d’améliorer les choses ???…en admettant que ce soit encore possible …
mais rah c’est quoi ce style tu peux pas faire une phrase claire qui developpe une idee avec un debut et une fin berdel de morde
cacahuetes en plastique…il me faut des laitues- tant va Allah cruchalo qu’a la fin il y a un probleme…le mardi? – j’ai un chat bleu, enfin….paquerettes!
ah pardon je viens de voir ton blog.
quelques commentaires:
ca n’est pas ecrit assez gros.La couleur standard pour le texte est le rose fluo.
pas assez de ponctuation:;’
aussi les points de suspention vont traditionnellement par douze………….
juste mes deux mobylettes………….helicoptere, poireau triangle;/’@3
Le mardi, ya manif. Le jeudi aussi. Et le samedi également.
Et pourquoi pas les autres jours me diras-tu ? Et parce que faut se reposer de la manif. Brailler des conneries insondables, tenir des panneaux avec des slogans débiles, bouffer des merguez et boire de la bière, et bien vois-tu, c’est crevant.
J’ai explosé de rire en lisant vos 2 commentaires flak xD il fallait que je le dise.
en tous cas sur le droit aux armes à feu : pas de mollesse (déja réservé par castrations législatives successives a 2000 000 de personnes ) dorénavant- sauf mobilisation citoyenne- ça sera un privilège le droit bisounours ne reconnaissant plus – par principe- la possession comme un droit
« La suppression des articles 4 et 6 était déjà comprise dans les amendements CL56 et CL74 respectivement, inscrits par C Bodin. Pas de scoop de ce côté.
Ce qui est plus important c’est un éventuel revirement sur les amendements plus litigieux comme le CL54, l’abandon de la notion de privilège et la remise en cause du droit à acquérir qui est inscrit dans l’Amendement CL61 parce que « par principe, le droit français ne reconnaît aucun droit à l’acquisition et à la détention d’armes. » !…. »
http://www.tirmaillyforum.com/mildot/viewtopic.php?t=112731&start=165
ce droit conditionne tous les autres
« Accroché au pinceau, Xavier repeint le plafond pendant que la réalité se charge, lentement mais sûrement, de retirer l’échelle. »
Génial, vous mériteriez un Gotlib Award !
Merci pour le lien.
Lui aussi a joué à « je te tiens ♫ tu me tiens ♫ par la barbicheeette » avec les frères Bogdanoff ?
Sale trans dixit :
> La première agression d’importance contre l’intelligence sera la « réforme » des mathématiques (préparée par le groupe Bourbaki) à la fin des années 60.
On se roule par terre de rire devant une telle preuve de bêtise. On voit bien que Monsieur « sale trans » est allé à l’école de l’ignorance dont parle la table de hachage dans son article. Confondre Bourbaki, groupe de mathématiciens souhaitant rédiger un traité à but exclusivement professionnel, avec les décideurs des programme de maths du collège ou du lycée, c’est … confondant !
Bourbaki, c’est l’école de la rigueur, de la pensée cohérente et sérieuse, de la culture, bref, de tout ce dont manque aujourd’hui l’enseignement des sciences dans le secondaire en France.
Quant à dernière phrase
>Un syndicaliste dira à l’époque que cette réforme était faite pour « bloquer l’ascension de nouvelles classes sociales ».
elle relève du pur délire. Je le prouve : citez vos sources. Voilà, je l’ai prouvé.
Superbe article, Signer une charte ? ça me fait rire 🙂