La pignole parlementaire passe maintenant en mode turbo

On pourrait en douter et il faut le rappeler de temps en temps : une République, ça ne s’improvise pas. Pondre de la législation, écrire des petits articles et broder finement du texte de loi, c’est un métier, que dis-je, un sacerdoce de tous les jours qui demande du courage voire de l’abnégation et une solide dose de persévérance…

… Pour ne pas dire d’obstination, voire d’entêtement ou même de folie lorsqu’on commence à éplucher ce qui se passe vraiment, en coulisse.

Le citoyen lambda, pressé dans sa vie de tous les jours, remarque à peine les agitations d’avant-plan, les 49.3 qui se multiplient dangereusement au point de dépasser la Borne, celle qui signifiera la fin du mandat de l’actuel Premier Ministre et le renvoi de Babeth vers une retraite nécessaire. La presse, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, se contente de rapporter l’opinion vaseuse que se font les journalistes de ces agitations sur les grands principes et les grosses lois joufflues qui occupent la scène.

Mais l’observateur aguerri sait que, derrière ces gesticulations gouvernementables (non, ce n’est pas une typo) se cachent des nuées de petits bricolages parlementaires, ces micro-lois, ces nano-articles qui viennent s’ajouter comme autant de grains de sable dans la monstrueuse machine bureaucratique française pour en gripper un peu plus les rouages. Petites bidouilles des uns et des autres, à tous les niveaux de pouvoir (départemental, régional, national et même européen), ces particules fines de loi viennent silencieusement polluer la vie des citoyens français qui découvrent ensuite, éberlués, à quoi servent les copieux émoluments qu’ils versent à toute la troupe de clowns colorés qui occupent les deux chambres.

Laissée plus ou moins en roue libre pendant que les ténors gouvernementaux occupent la galerie, la députaillerie se laisse aller.

Si la presse se penchait vraiment sur ce qui se passe ensuite, elle pourrait multiplier les titres commençant par “Ivre,”

Ainsi, ivre, le Parlement européen tente de légiférer sur les emballages et leur capacité de recyclage, condamnant – dans sa précipitation et un solide de-quoi-jmemêlise – les boîtes en bois qui protègent nos camemberts.

Heureusement, notre représentation nationale a volé au secours de ce patrimoine ancestral et la voilà qui se bat pied-à-pied pour défendre une version particulière de tyrosémiophilie, acte plein de bravoure qui, au passage, n’aurait jamais été nécessaire si la pignole qui s’est emparée des institutions législatives sur tout le continent n’avait pas passé la surmultipliée.

Et pendant qu’on occupe nos députés européens sur ces questions véritablement capitales, la représentation nationale n’est pas en reste : le premier janvier, l’usage des tickets restaurant change : fini l’achat inconsidéré de pâtes, de riz ou de viande avec votre ticket restaurant qui ne pourra plus servir que pour les sandwichs et les plats préparés, avant que tout ceci ne soit encore restreint à une catégorie précise de ces mets délicats (par exemple, ceux marqué A, B ou C dans le nutriscore ou on-ne-sait quel autre indice que nos fiers députés nous concocteront certainement).

Pour un outil (le chèque restaurant) qui n’apporte absolument aucun avantage, qui représente une ponction sur le salaire et un fléchage direct d’une partie de votre pouvoir d’achat dans des biens et services spécifiques, vous en rendant captifs, on avouera que l’État et ses parlementaires se donnent beaucoup de mal.

Ah, qu’elle est agréable, cette sensation de savoir qu’à n’importe quel moment de votre vie, n’importe quel moment du jour ou de la nuit, une grappe de députés pense à vous et raffine une petite loi ou un petit décret pour contraindre un peu plus ce que vous pouvez faire de votre temps libre, de votre argent ou de ce que vous mettez dans votre ventre.

Et puisqu’on parle de ventre, comment imaginer que la situation alimentaire parfois alarmante de certains Français ne soit pas venue aux oreilles de nos hémicyclowns parlementaires ?

C’est donc sans surprise qu’on découvre la dernière proposition d’un député du Loiret qui envisage sans rire de créer une sécurité sociale alimentaire. Le numéro vert, le Grenelle de la bouffe ou le chèque alimentaire étant passés de mode, les tickets resto ne suffisant pas, la proposition semble avoir poussé dans l’esprit fertile du législateur dont on déduira surtout qu’il a beaucoup trop de temps libre : par le truchement d’une indispensable “carte”, voilà nos Français dépouillés d’une belle brassée de milliards d’euros qui seront amplement gaspillés dans une nouvelle usine-à-gaz invraisemblable.

Petit-à-petit, on se rapproche de l’étape ultime d’une fonctionnarisation des boulangers-pâtissiers dans le pays par la mise en place d’une Sécurité sociale alimentaire dantesque, avec distribution d’une carte “Biencuite” (ou un nom niais genre Belmiche, Glucidea ou Baguetta) pour obtenir le remboursement en ligne de son pain quotidien, un tarif officiel de la consultation boulangère et évidemment un parcours pâtissier officiel avec son boulanger traitant.

En réalité, il n’y a aucune limite à l’inventivité législative de nos députés en roue libre ; par exemple, au début du mois , la classe politique nous expliquait le retour de la reprise (des chaussettes, pas de l’économie) avec la mise en place, tambours battants, d’un chèque gouvernemental pour réparer habits et chaussures troués par les vicissitudes de la vie moderne.

Et pour compléter le tableau (consternant) de ces gesticulations d’arrière-plan de plus en plus lunaires, entre deux criailleries de semi-folle lâchée dans un hémicycle auquel il ne manque plus guère que la sciure au sol pour coller parfaitement à l’image d’un cirque, signalons la proposition de loi d’un autre clown visant à reconnaître et sanctionner la discrimination capillaire. Ce n’est pas une blague.

Il faut se rendre à l’évidence : au-delà de ces contorsions qu’on peut assimiler à des spasmes, les parlementaires ne servent plus à rien. Évitant soigneusement toute remise en question du gouvernement par peur d’élections anticipées qui remettraient en cause leur gamelle, ils en sont réduits à frétiller du museau à l’idée de distribuer des petits chèques ou bricoler du sociétal.

Englués dans les sables mouvants des affaires courantes et d’une pignole législative indécente, ils s’enfoncent mollement.

Ce pays est foutu.

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Commentaires604

      1. breizh

        certes, mais au final toutes ces idées progressent chez ceux qui nous gouvernent/représentent (ou prétendent le faire).
        Et puis faire une loi en exposant un cas particulier…

    1. laurent a LA

      Un projet de loi, mais par ma foi une bien belle loi.
      Un an de prison pour dire qu’on n’a pas confiance dans un medicament ou vaccin “sur et efficace” (donc dire quelque chose susceptible de convaincre une personne d’arreter de prendre un le medicament ou vaccin).
      C’est bien, c’est le bon chemin.

      Du meme tonneau, on pourrait dire que critiquer la doxa sur le rechauffement antropogenique est susceptible de convaincre quelqu’un d’arreter de sauver la planete; par la de mettre tout le monde en danger, et ainsi etre assimile a une tentative de meurtre en complot.
      Et hop au gnouf.

  1. CPB33

    il s’en passe de belles à l’île d’Oléron : https:/ /www.sudouest.fr/charente-maritime/ile-d-oleron/ile-d-oleron-plus-de-20-kilos-de-cocaine-s-echouent-sur-une-plage-17534920.php?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=MaNewsletter&utm_term=20231121

    1. breizh

      il y a la même chose régulièrement à l’Ile de Ré et c’est promptement évacué des gendarmeries avant que les truands viennent récupérer en force la came.

    2. Aristarkke

      Ça me parait assurer les moyens (pour rester dans le ton de l’évaluation en piscine olympique) pour le wagon personnel de TGV, un négoce comme celui là.

          1. Higgins

            Pour ceux qui connaissent Oléron, il existe à l’entrée de l’île des fragments d’une petite ligne à écartement métrique. On peut comprendre que certains voient plus grand.

  2. breizh

    https:/ /lecourrierdesstrateges.fr/2023/11/21/est-ce-la-fin-du-gouvernement-scholz-par-ulrike-reisner/
    la deuxième partie sur les finances européennes est la plus intéressante.

  3. sam player

    Si des fois vous aviez pas compris :

    « Élection de Javier Milei : selon le correspondant du journal “La Croix” en Argentine, “les Argentins et les Argentines ont voté pour leur propre bourreau” »

    (France Info la radio qu’il vous faut : d’ailleurs ce n’est pas de l’info, ça devrait s’appeler France Opinions… FO)

      1. durru

        Il a été soutenu au deuxième tour par les conservateurs. Son alliance libérale a 38 sièges et les conservateurs 94, sur un total de 257. Ils ont donc la majorité, mais ça sera pas facile.
        Après, il paraît que le système fédéral est très fort en Argentine aussi, donc pas clair quels sont les vrais pouvoirs du gouvernement central.

    1. Higgins

      J’ai mis en lien un peu plus haut un billet de Lupus sur le sujet où il est bien expliqué qui sont ses soutiens. Et puis, n’oublions pas que le péronisme est hélas très enkysté dans la société Argentine. S’il veut réussir, il a tout intérêt à tout casser d’entrée de jeu.

      1. Higgins

        Le voici : https:/ /leblogalupus.com/2023/11/21/javier-milei-elu-president-dargentine-un-homme-libre-de-la-trempe-de-bolsonaro-et-de-trump/

      2. Aristarkke

        Comme Margaret T. Où Ronald R. avec les contrôleurs aériens => 40 ans sans la moindre grève des fonctionnaires qui s’en donnaient à coeur joie sous Carter…

        1. Higgins

          Pour le contrôle aérien civil en France, il y a un vrai challenge. Un texte vient d’être voté qui oblige cette corporation à déposer ses déclarations d’arrêt de travail avec un préavis de 48h00. Bilan, grève lundi dernier. Pour ceux qui ont des enfants pas trop bêtes et qui parlent anglais (primordial), il faut faire contrôleur aérien. Probablement le meilleur rapport qualité/prix sur le marché du travail. Boulot très paisible (un jour de travail pour deux jours de repos), salaire et statut mirobolant (plus de 3000 euros en début de carrière). Ah oui, il ne faut pas avoir d’amour-propre.

  4. Creation Rebel

    En zappant ce matin sur la TNT ( je voulais dormir ) il niant avait que pour un fait d’hiver, des hots-âges, du contre-emploi de statistiques et peu voir pas d’information , utile ou crédible…
    J’ai coupé la TV, raté la météo mais certaines prévisions de sites complotistes comme .woweather ou meteociel voient ou prédisent de la neige le 01/12
    Préparez les pops corns, cela va être comique

  5. René-Pierre Alié

    HS mais pour alimenter une future journée de la morue. La sardine, racontant ce qu’elle affirme être une tentative de viol par un élu : “Le Champagne n’avait pas le même goût que d’habitude”.
    Que d’habitude…

    1. Vieux rat

      Hélas, trois fois hélas, le patron ne semble plus du tout respectueux des traditions du vendredi !

      Anne Hidalgo a tout fait pour mériter son article ici !

      Promesses bidon concernant la non-hausse des impôts, taxe foncière augmentée de 60%, campagne présidentielle pathétique, aides aux victimes d’explosions (rue de Trévise, rue St-Jacques) jamais versées, mensonges divers et variés, caisses consciencieusement vidées au profit des copains, notes de frais remises avec des années de retard et incluant des collants Monoprix à 5€, idées débiles en bataille, persécution des automobilistes, voyage chez la famille à Tahiti payée par le contribuable…

      Mais absolument rien n’y fait ! 🙁

  6. Bracam

    Il semble qu’il faille vraiment les enfermer. Un quart-de-cycle y suffirait, au vu du taux de présence habituel de ces gens, mais il faudrait agir vite et avec la plus grande discrétion, avec uns stratégie bien particulière pour en attirer le plus grand nombre possible le même. Peut-être en annonçant un rab de frittes à la cantoche un jour de black ouike ? Et hop, on referme les portes, on touille, on filtre, et s’il en reste, on s’en remet une fois encore au suffrage universelisant.
    Concernant babeth, la seule idée qu’elle puisse jouir (!) d’une retraite, qu’on aime à désigner comme méritée (re !) me donne des coliques. Mébon, j’me mêle de ce qui ne me regarde pas, c’est rien que de la criaillerie post-pubère, ma foi. A part quoi, j’ai vraiment espéré la France, dans le temps d’avant.

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