Renouvelables, biogaz, tout-électrique : série d’échecs

Un article de Henry Bonner

Les constructeurs de voitures rencontrent à présent des problèmes avec les ventes de voitures à batteries. En réalité, le secteur dépend des subventions, et pas d’une préférence des consommateurs pour l’électrique. Les livraisons en France restent pour l’instant en hausse en raison des commandes du gouvernement pour le leasing social (le programme de subventions à la location). En revanche, ces livraisons chutent en Allemagne avec la fin des subventions depuis décembre.

Selon Les Echos :

“…la réduction ou la suppression des aides à l’achat de voitures 100 % électriques décidées ces derniers mois dans plusieurs pays, se traduit par un gros coup de frein sur les immatriculations de « wattures » (-11,3 % sur un an). Leur part de marché se replie à 13 % du total des ventes, contre 13,7 % en mars 2023.

“…Cette baisse est largement due à la dégringolade du marché de l’électrique en Allemagne (-28,9 %), suite à la suppression brutale mi-décembre du bonus destiné à encourager les motorisations vertes.”

Le graphique ci-dessous montre les immatriculations de voitures (de tout type) par mois. Les livraisons baissent de 5,2 % en mars, par rapport à 2023. De plus, les chiffres bénéficient encore des 50.000 commandes pour la location de voitures à 100 euros par mois – les subventions du leasing social – en France. En l’absence de nouvelles mesures, les ventes de voitures – en particulier dans l’électrique – entrent sans doute dans un déclin sur la durée.

Ce ralentissement entraîne des licenciements chez Tesla, comme le note Le Monde :

“Moins de deux mois après avoir fait état de ventes décevantes pour le premier trimestre, Tesla a annoncé une vague de licenciements de grande envergure. Dans un courriel adressé au personnel, le PDG, Elon Musk, a prévenu que la compagnie automobile allait se séparer de « plus de 10 % » de ses effectifs, soit plus de 10 000 personnes … [Les] chiffres des livraisons entre janvier et mars ont marqué le premier recul trimestriel de Tesla en quatre ans.”

Face aux déceptions sur la demande, les constructeurs veulent encore plus de normes et de subventions. Les groupes comme Renault et Stellantis veulent plus de protection contre la concurrence. La part de marché des Chinois grimpe en effet en vitesse. Ci-dessous, vous voyez la part de marché d’importations de Chine, dans l’électrique :

La tableau montre la part de marché des Chinois jusqu’en 2022. Selon Schmidt Automotive Research, les importations depuis la Chine atteignent plus de 8 % de part du marché de l’électrique en 2023 ! Le constructeur BYD vise par exemple 5 % de part de marché pour l’électrique sur le continent, contre 1,1 % à présent. Il a un projet d’usine en Hongrie, pour ouverture en 2026.

Le PDG de Renault, Luca de Meo, cherche des solutions au manque de demande, et pour contrer les succès de la concurrence. En substance, il propose le modèle de contrôle de l’économie du Parti communiste chinois ! Ainsi, dans une tribune pour Les Echos, il écrit :

“Après une vie professionnelle consacrée à l’industrie automobile, la question posée apparaît très simple : l’Europe a-t-elle la volonté de s’armer enfin d’une vraie politique industrielle pour notre secteur, avec une ambition globale et pas seulement un empilement d’échéances et d’amendes ? Ce devrait pour moi être notre priorité absolue.”

Selon lui, la solution repose non dans un abaissement des règles, mais dans le gouvernement, écrit-il :

“Face à la Chine et aux Etats-Unis, l’Europe doit inventer un modèle hybride, entre l’initiative privée et le dirigisme public, d’abord pour nous renforcer, ensuite pour repartir à l’offensive dans le monde, toujours dans des conditions de juste réciprocité.”

Engie : débâcles et demande d’aides

Comme les constructeurs de voitures, les groupes de renouvelables gâchent des milliards sur des projets sans rentabilité, puis demandent plus de mesures de la part du gouvernement.

Engie, le distributeur d’énergies, rapporte ainsi dans une présentation récente aux actionnaires :

“Engie entre dans la deuxième phase de son plan stratégique … avec 22 à 25 milliards d’euros d’investissements dans des projets entre 2023 et 2025, soit 50 % de plus que sur la période de 2021 à 2023.”

Les projets comprennent des renouvelables, des capacités de batteries, et la production de biogaz et d’hydrogène. En raison des dépenses, le groupe émet des obligations “vertes” à hauteur de 17,65 milliards d’euros, entre 2014 à février 2023, comme vous le voyez ci-dessous.

Là encore, on voit qu’Engie a beaucoup mis en jeu et en conséquence, la société veut le maintien des aides et des quotas. En effet, en l’absence d’aides, les sociétés comme Engie ont des problèmes de rentabilité en vue.

Tout d’abord, les coûts de construction pour les projets d’éolien et de solaire stagnent autour des niveaux de 2020. Or, les prévisions pour les renouvelables prennent en général en compte une baisse de coûts d’installation au fil du temps.

Pas de baisses de coûts des renouvelables

L’optimisme pour les renouvelables provient en partie du mythe des baisses de coûts – pour les panneaux, éoliennes, et batteries – d’année en année. Or, les prix stagnent en réalité depuis environ 2020.

Cependant, comme le rapporte l’Agence internationale de l’énergie :

“Bien que les prix des transports et des matériaux aient baissé depuis 2022, ils restent élevés. En même temps, les coûts de financement pour les constructeurs de projets ont grimpé avec les taux d’intérêt. En résultat, le coût … des photovoltaïques et de l’éolien terrestre restent 10 à 15 % plus hauts en 2024, qu’en 2020.”

Le graphique ci-dessous montre l’évolution des coûts d’installation (sans compter les coûts de fonctionnement) pour le solaire. Les prix restent autour des niveaux de 2019 et 2020.

Il en va de même avec l’éolien terrestre, comme vous le voyez ci-dessous : la baisse des coûts n’a pas eu lieu depuis 5 ans.

Pour les batteries, aussi, comme vous le voyez ci-dessous, la hausse de la production a de moins en moins d’effet sur les prix au fil du temps. Or, la stagnation des coûts remet en cause l’usage de batteries comme source de stockage de l’électricité en masse.

En somme, les projets de renouvelables et de batteries cumulent les ennuis. Dès lors, leur dépendance aux subventions n’a pas de fin en vue.

Biogaz : pas de chances face au gaz naturel

Engie investit aussi dans des usines de biogaz. La société prévoit des investissements de 3 milliards d’euros sur le reste de la décennie, pour la mise en place de 10 TWh de production. Or, comme les batteries, le “tout électrique” et les renouvelables, les projets dépendent d’aides et de rachats au-dessus des prix de marché. En effet, le coût de production du biogaz dépasse de loin le coût du gaz naturel. Sans normes, quotas ou prix garantis, le biogaz n’a aucune chance face à la concurrence.

Le graphique ci-dessous de l’Agence internationale de l’énergie montre la situation ; il donne la quantité de production de biométhane (forme concentrée du biogaz) des projets en vue, selon le coût au MBtu (une unité d’énergie).

Comme vous le voyez, une minorité de projets en vue (avec le moins de coûts d’installation et de chauffage) arrive à un coût du biogaz entre 0 et 5 dollars le MBtu. Le reste des projets en vue produit du biogaz à plus de 5 dollars le MBtu. Or, le coût du gaz naturel arrive, à l’indice américain, à moins de 2 dollars le MBtu. En somme, les projets de biogaz à plus de 5 dollars par MBtu, soit 97 % des projets en vue, dépassent largement le coût de production du gaz naturel…

En bref, sans les subventions et garanties de rachat (via l’imposition de quotas aux acheteurs de gaz naturel), l’industrie du biogaz n’a pas de chances de succès.

C’est donc assez logique que le groupe Engie désire ardemment un renforcement des mesures de soutien aux renouvelables, et aux projets comme le biogaz.

Ils publient, en partenariat avec l’Institut Jean Jaurès, une liste de propositions pour l’Union européenne, avant les élections du parlement européen.

La directrice du groupe, Catherine MacGregor, écrit en introduction :

“En complément des investissements nécessaires au développement massif des énergies renouvelables électriques et gazières, plusieurs dizaines de milliards d’euros d’investissement devront être mobilisés chaque année pour le déploiement des réseaux électriques et les solutions de flexibilité essentiels au système décarboné.”

Après une montagne d’investissements sur des gâchis – comme les renouvelables, installations de batteries, et le biogaz – les sociétés veulent des garanties de rentabilité. Cela tombe bien : en plus des dépenses des gouvernements, l’Union européenne a un budget de 600 milliards – via des subventions et prêts – pour la lutte contre les émissions de carbone, sur la période à 2027.

Des entreprises comme Engie ou Renault, en quête de rentes et de garanties, veulent encore plus de soutiens aux projets sans rentabilité… C’est véritablement une source de gâchis et de déficits à l’avenir.


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Commentaires12

  1. Aristarkke

    Les milliards valsent dans des projets sans rentabilité à brève échéance. Tout doit être subventionné à donf pour que l’équation économique soit à peu près juste équilibrée, ce qui rend fragiles ces investissements importants.

    1. bibi

      Ni même à longue échéance, pour produire de l’électricité on ne sait pas mieux faire que faire tomber de l’eau, ou faire bouillir de l’eau pour entrainer une turbine couplée à un alternateur.
      Et pour avoir des combustibles, on se sait toujours pas mieux faire que de les extraires du sol.

      Mais heureusement, on sait que le coupable de ce foirage monumental qu’est la décarbonation sont Poutine, Trump et Xi.

      1. Gachno

        En corollaire mon proverbe personnel :
        S’il y a une chance sur mille que ça marche,
        ce sera forcément la dernière. Donc autant commencer par la fin !

        1. MadeInCH

          Le chef à son employé:
          “Pour régler le problème, vous avez fait pleins de truc qui ne marchaient pas avant de faire ce qu’il fallait!
          Pourquoi n’avez vous pas commencé par ce qu’il fallait au perdre du temps?”

  2. Mo.

    Y a pourtant une alternative aux subventions. Le tabassage de gueule.
    Soit tu achètes ma merde à pile, soit je te casse les dents et tu achètes ma merde à pile.
    Selon l’institut « minerve », cela fonctionne également en mettant des coups de pelle dans la nuque.

  3. Theo31

    Tu oublies les Indiens qui vont extraire cette année un milliard de tonnes de charbon et tenter d’atteindre 1,4 milliards dans 3 ans.

    On rappellera aux écolodébiles que l’absence d’énergie dans les foyers fait exploser la mortalité infantile.

    1. Aristarkke

      Peu leur chaut. Ils envisagent froidement la décroissance tant économique que démographique, enfin surtout pour les Autres, comme d’hab’…

  4. asterix

    Le secteur de l’énergie est pris dans une spirale infernale technologiquement, économiquement et politiquement non viable. Spirale qui mène droit au chaos, c’est l’objectif.
    Les BRICS émancipés trouveront les bonnes solutions et les mettront en oeuvre. Spirale vertueuse technologiquement, économiquement et politiquement viable. Mais alors plus de chaos et la vérité révélée !
    C’est alors que les missiles nucléaires décolleront.
    Maintenant examinez avec attention les secteurs médical, militaire, migratoire, éducatif, économique…
    Préparez-vous au pire !

  5. Aleph

    Hors-sujet (mais pas tant que ça, il s’agit 1) d’un échec ; 2) d’un monstre qui a contribué à détruire la filière nucléaire, donné un essor aux escrolos, tout saccagé avec les 35h, et finalement semé la discorde et l’abolition des compétences avec sa parité communautariste ignoble).

    Comme chaque année, célébrons l’anniversaire :

    https:/ /www.dailymotion.com/video/xogrn

    Et par ailleurs, regardez ce reportage de la télévision d’Etat d’où le résultat réel du scrutin du premier tour, et le candidat retenu sont escamotés, ainsi que les réactions réelles (cris de stupeur et d’effroi présents sur d’autres vidéos) :

    https:/ /www.youtube.com/watch?v=f3JHc642ln0

    Et pour une fois, merci à Christiane Taubira.

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