À l’international, l’Europe continue de rapetisser

Avec ce qu’on présente comme des incursions de drones russes en Pologne et en Roumanie, les dirigeants européens paniquent de plus en plus.

Malheureusement pour eux, les États-Unis n’acceptent plus de les défendre sans contreparties importantes. Le président Trump a en effet déclaré dans un récent message qu’il serait prêt à mettre des sanctions importantes sur la Russie uniquement pour suivre d’éventuelles sanctions fermes posées par les pays européens, et si ces derniers finissent d’acheter du pétrole russe. Pour faire bonne mesure, le chef de l’Exécutif américain souhaite aussi que l’Europe ajuste ses tarifs douaniers (jusqu’à 100 %) contre la Chine.

On comprend la crispation des Européens à l’annonce de ces prérequis : la barre est haute, la trajectoire est raide et la pente glissante, et ce d’autant plus que ne plus acheter de gaz ou de pétrole russes implique aussi de ne pas en acheter au travers de pays intermédiaires comme l’Inde. En d’autres termes, l’administration américaine ne demande rien d’autre qu’une confrontation économique directe des Européens avec la Chine et l’Inde pour continuer de bénéficier d’un soutien américain en matière de défense, soutien qu’on comprend de toute façon limité.

Pour les Européens, c’est bien évidemment un dilemme impossible à résoudre dans la situation actuelle. Soit ces derniers acceptent les demandes américaines et, en opposition avec deux puissances de plus en plus massives que sont la Chine et l’Inde, se retrouvent assez rapidement complètement isolés de la scène internationale, au moment où l’avenir économique européen n’a jamais été aussi incertain… Soit les Européens, retrouvant une colonne vertébrale et un semblant de courage, décident de refuser mais doivent alors faire une croix sur la protection américaine, depuis la partie la plus visible (armes et contingents en Europe) jusqu’à la partie la plus utile (le renseignement).

Or, l’économie européenne est maintenant si dépendante du reste du monde que prétendre au courage peut rapidement coûter très cher. Ainsi, la Pologne, qui avait fermé sa frontière avec la Biélorussie, prétextant les exercices conjoints que cette dernière fait avec la Russie – interdisant dans la foulée la route ferroviaire pour les exportations chinoises venant en Europe (90 % du commerce ferroviaire entre la Chine et le l’UE passe en effet par la Pologne) – s’est vue contrainte de la rouvrir.

Cette situation est encore plus problématique alors qu’en face des pays occidentaux, les pays qui forment les BRICS sont en train de se rapprocher : dans ces rapprochements, le signal – bien que faible mais malgré tout visible – d’un réchauffement des relations entre l’Inde et la Chine ne peut être passé sous silence.

Ces deux pays étaient jusqu’à présent des rivaux autant économiques que politiques, et se disputaient jusqu’à récemment certaines de leurs frontières (avec des escarmouches régulières jusqu’en 2022 au Ladakh). Pourtant, le premier ministre indien Modi est allé à la fête de la victoire de la Chine début septembre, montrant clairement que les efforts faits par les deux pays portent leurs fruits puisqu’il a même pu échanger avec le président chinois.

Au-delà de ces relations bilatérales, il faut en outre rappeler que les relations des ces pays avec la Russie sont bonnes et le fait qu’ils soient désormais capables de mettre de côté leurs différends montre qu’une étape a été franchie.

Parallèlement à ces rapprochements et cette amélioration visible des relations internationales au sein des BRICS, l’Europe semble définitivement coincée en mode « gesticulations et discours fumigènes » et peine à trouver le moindre plan concret pour sortir de cette situation d’isolement croissant. À ce titre, les réactions de certains Européens à l’assassinat de Charlie Kirk démontrent une fois encore l’absence assez préoccupante de toute vision diplomatique de long terme et une compréhension de la géopolitique internationale actuelle qui serait déjà consternante si elle n’était pas aussi franchement dangereuse tant ce genre d’attitude ne risque pas d’améliorer les relations avec les États-Unis et l’administration Trump.

De surcroît, le président américain a largement critiqué l’ONU pointant son inefficacité. Là où les Européens restent très attachés à l’institution, les États-Unis veulent davantage s’orienter vers des relations bilatérales avec les pays sans passer par ce genre d’organisations internationales. Or sans les États-Unis, la voix des Européens ne peut être que fortement amoindrie face aux puissances émergentes ou plutôt réémergentes que sont l’Inde ou la Chine.

Le monde post Guerre Froide n’est plus d’actualité, mais l’Europe ne veut pas se résoudre à cette réalité.

Pour ne rien arranger, les trois pays (France, Allemagne, Royaume-Uni) qui sont médiatiquement placés à la tête d’une coalition de pays européens décidés à mettre en place une « défense européenne » aussi forte que possible face à la Russie sont actuellement en proie à des tensions sociales et politiques majeures : leurs dirigeants font actuellement face à des popularités catastrophiques et des mouvements sociaux se multiplient sur fond d’effondrement économique de plus en plus rapide.

Emmanuel Macron, ne reculant devant aucune contre-performance, est désormais le président le plus impopulaire de la Cinquième République. De même, les sondages montrent qu’au Royaume-Uni, Reform UK – le parti de Nigel Farage et farouchement opposé à cette tanche molle de Keir Starmer – pourrait devenir le parti avec le plus de sièges au Parlement, et pourrait même potentiellement sécuriser une majorité absolue sans avoir besoin de coalition. Enfin, en Allemagne, l’AfD continue de grimper comme en attestent les récents résultats des municipales.

Difficile, dans ce contexte, de prétendre à une crédibilité internationale solide lorsque ces mêmes dirigeants, peu pris au sérieux à l’étranger, sont plus que chahutés dans leurs propres pays…

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Commentaires17

  1. Higgins

    « Le monde post Guerre Froide n’est plus d’actualité, mais l’Europe ne veut pas se résoudre à cette réalité. » : c’est ce qui me frappe le plus actuellement au plan international. La cécité des états européens est absolument sidérante. La crise ukrainienne a ceci de bon qu’elle montre l’imbécilité profonde des dirigeants européens. Plus le temps passe, plus la glorieuse union européenne s’enfonce dans la médiocrité et un despotisme soft (pour combien de temps encore ?). Nous assistons à notre corps défendant à l’effondrement complet d’une civilisation payant ainsi la suffisance de l’oligarchie qui prétend diriger nos vies.
    Je viens de terminer un livre intitulé « Le siècle des chutes, abdications et déchéances en France 1814-1870 » écrit par Charles-Eloi Vial, archiviste et docteur en histoire, publié chez Perrin. Il y évoque les fins douloureuses de Napoléon, Charles X, Louis-Philippe et Napoléon 3. Dans sa conclusion, il écrit ceci auquel je souscris totalement : « Si la royauté incarne aujourd’hui une promesse de stabilité, la possibilité de voir renaître des abdications forcées, des révolutions et des chutes imprévues semble plutôt pencher du côté de la république, forme de royauté moderne qui, malgré son système électif n’offre plus que des présidents à la légitimité contestée, à la fois infiniment plus faibles et plus despotiques que les anciens rois, et dont le maintien en place semble davantage dépendre de l’abdication d’un peuple entier que d’une quelconque démocratie vidée de sa substance et transformée en oligarchie. « .

    1. durru

      Allez, je me lance en mode complotiste certifié 😉 (il s’agit d’ailleurs d’un point de vue partagé par quelques autres intervenants sur le canal Telegram)

      Les dirigeants actuels de la plupart des pays européens (pas seulement UE, car il y a au moins le RU et la Norvège dedans également) sont, de fait, des communistes honteux. Quelques arguments : la foi absolue dans les pouvoirs de la bureaucratie, de la centralisation et du contrôle de la société par des hautes instances non élues, mais « compétentes »; le mépris pour tout processus démocratique; la déshumanisation des opposants (l’avalanche de points Godwin & co)…
      Il faut lire et/ou écouter Boukovsky pour comprendre que tout ça n’est nullement un hasard, mais un résultat d’une politique menée patiemment depuis un bon siècle et qui a fini par porter ses fruits (un peu tard pour la structure qui l’a mise en place, certes).

      D’un autre côté, comme ils sont des « vrais » communistes (même s’ils ne peuvent pas l’avouer ouvertement – pas encore), ils en ont gros sur la patate de devoir accepter le fait que le modèle, le phare dans la nuit qu’était l’URSS a pu faillir lamentablement.
      Mais pour eux la cause de cet échec n’est pas la bureaucratie, la centralisation, le socialisme, les goulags, l’économie d’état planifiée ou que sais-je. Non, LA cause, la seule, c’est que le projet a été mené par ces incompétents, incapables, bons-à-rien de Russes, ces sous-hommes.
      D’où cette haine viscérale et inexplicable qu’on observe à peu près partout en Occident (pour les pays de l’est c’est différent, et c’est plus nuancé aussi).

      L’UE se veut la version de succès de l’URSS, ni plus ni moins.

      1. nemrod

        Oui…tout ça ne les empêche pas d’être des gros nullos…comme les apparatchiks d’hier.
        La seule qualité qu’on peut leur reconnaitre est la capacité à naviguer dans les arcanes du pouvoirs…comme leurs exemples soviétiques .

      1. nemrod

        J’ai un copain qui est à l’Ordre des Pharmaciens…
        Comme je lui suggère de faire pression sur les instances pour diminuer les cotisations…bien emmerdé, il me retorque tout ce que cet Ordre fait.
        Que des choses dispensables qui nous mettent d’ailleurs des bâtons dans les roues…personne leur a d’ailleurs rien demandé.
        Il me dit que si…nous !
        Ils sont nos « représentants » !
        …15 % de participation…
        30000 euros que ce truc m’ a coûté depuis mon installation…tout ça pour qu’ils m’enfoncent si j’ai un problème.

  2. du

    Paradoxalement , les dirigeants des « démocraties » font face à l’hostilité croissante de leurs populations qui deviennent leur plus grande menace tandis que les « dictatures » bénéficient d’un meilleur soutien populaire . J’en viens à considérer que l’intérêt bien compris des contestataires de « l’ordre mondial basé sur des règles  » est de maintenir en place ces dirigeants occidentaux , les mieux placés pour leur propre destruction .
    Je veux bien croire ( admettons ) que Trump tente de changer la donne , mais je doute que le Titanic dispose de l’erre suffisante pour éviter la collision .

  3. Gaston

    Sur la coopération France-Allemagne en matière militaire, le drame en cours sur le SCAF laisse aussi penser que l’alliance de défense européenne est loin d’être solide.

  4. Mitch

    HS mais pas tant que ca. Un pote m’a envoyé ce texte ce matin – c’est tiré d’une newsletter économique et ca met en scène une visite de Karl Marx en Ripoublique Démocratique Populaire de Grance. Ca fait froid dans le dos mais c’est si vrai. C’est parti:

    Karl Marx en visite en France
    Je me suis souvent posé la question suivante: Que penserait Karl Marx s’il débarquait en France et qu’il découvrait notre système social ?
    Mon feeling ? Il n’en reviendrait pas. Il hallucinerait !

    AU-DELÀ DES RÊVES
    Nous sommes allés bien au-delà de ce dont il rêvait. Sans dictature du prolétariat. Sans révolution féroce mais avec une révolution à bas bruit. C’est déjà un exploit.
    Et en plus, tout ça s’est fait en maintenant la fable selon laquelle nous aurions une économie libérale !
    Avec un personnel politique de gauche, mais aussi de droite qui est très largement égalitariste et étatiste et n’a rien de libéral.
    Quel exploit.

    DE QUOI RÊVAIT KARL MARX ?
    Si on se réfère au Capital et au Manifeste du Parti communiste de 1848, voici les grandes lignes du projet de Marx :
    1. Impôt fortement progressif
    On coche largement la case. Et on va encore faire mieux/pire.
    2. La santé pour tous
    On coche largement la case, j’imagine sa tête devant une carte Vitale !
    3. L’éducation gratuite pour tous
    C’est bon aussi. Gratuite, de plus en plus médiocre certes, mais gratuite quand même.
    4. Abolition du travail des enfants
    Un rappel des préoccupations de l’époque pour ceux qui pensaient que c’était mieux avant et qui souffrent des conditions de travail aujourd’hui ou du « burn out ».

    L’ÉTAT
    5. Centralisation des moyens de transport entre les mains de l’État
    C’est fait. No comment sur les jours de grève qui le feraient sûrement triper.
    6. Suppression partielle ou totale de l’héritage
    Avec une tranche maximum de 45% on est proche de la suppression totale, encore un petit effort…
    7 . Centralisation du crédit dans l’État
    C’est fait, au niveau de l’Europe même avec la Banque centrale européenne.

    8. REDISTRIBUTION
    On est au max mais on va encore faire mieux grâce à Zucman.
    Rajoutez à cela qu’il écrivait « Le royaume de la liberté ne peut s’épanouir qu’au-delà du royaume de la nécessité, et c’est la machine qui prépare ce dépassement » : imaginez s’il découvrait ChatGPT et l’impact de l’IA sur le travail dans les années à venir, une IA qui va libérer les salariés exploités de l’aliénation du travail…

    BREF, ON COCHE PRESQUE TOUTES LES CASES
    Presque car il reste encore la propriété individuelle. Mais avec le temps on va finir par tellement la saper qu’elle sera quasiment supprimée de fait.
    On coche les cases et on fait même largement plus que ce qu’il imaginait.

    VOILÀ KARL
    Si tu connaissais la France de 2025, tu pourrais te dire que nous avons fait encore mieux que ce que tu espérais. Et nous allons encore plus loin, fais confiance à nos camarades politiques… Tu peux dormir tranquille, le marxisme n’est pas mort avec l’URSS… Camarade.

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