Il y a deux types de Français : ceux qui ont fui l’enfer fiscal, et ceux qui règlent encore leurs impôts mais qui regardent discrètement le prix des appartements à l’étranger. Ces derniers, en nombre croissant, sont fatigués :; à en croire les parlementaires, l’État français aurait avant tout un problème de recettes qu’il convient de traiter par un nouveau tabassage fiscal plus solide.
Pour ces Français, l’envie de partir n’a jamais été aussi forte. C’est en tout cas ce que laisse entendre un récent article du Figaro qui décrit ces Français épuisés par un pays dont les politiciens sont maintenant complètement déconnectés du réel – ils vivent sur la Lune mais on leur paye l’aller-retour – dans lequel vivre de son travail devient de plus en plus difficile voire ingrat, et pour lequel on peine de plus en plus à voir un avenir serein.
La tendance n’est pas nouvelle, mais elle est de plus en plus visible, de plus en plus facilement exprimée sur tous types de médias : il y a quelques jours, à l’occasion des débats – aussi fiévreux que débiles – sur la taxe Zucman, une chaîne télé proposait un reportage sur un patron d’entreprise qui envisage très calmement de s’en aller si la pression fiscale continue d’augmenter ainsi.
Pour certains, le pas est déjà franchi : la société Criteo a ainsi déjà décidé de sa relocalisation aux États-Unis pour fuir ce qui est devenu l’enfer fiscal français. On ne s’amusera qu’un moment du fait que le patron de cette société, toute hypocrisie bue, soit un soutien affiché pour la taxe Zucman qu’il semble gourmand de voir appliquée… Aux autres.
Et lorsque l’on regarde du côté des gérants de fonds et de fortune, ils confirment sans barguigner : c’est un véritable tsunami de familles – pas toutes fortunées, mais toutes lucides – qui vient les voir pour commencer les démarches d’expatriation et les mesures concrètes pour sortir les capitaux d’un pays dont la taxophilie est devenue folle.
En bref, à l’heure où les politiciens de tout bord cherchent à ponctionner comme jamais les populations par tout les moyens, ceux qui ont de l’argent, ou des compétences, ou les deux sont déjà en train de quitter le pays voire le continent pour aller vers des cieux plus cléments.
Cet exode silencieux s’accélère.
Les plus visibles, les millionnaires, quittent la France : selon le cabinet de conseil britannique Henley & Partners, la France est ainsi dans le top 10 des pays que les millionnaires fuient. En 2025, 800 devraient quitter le pays.
On peut certes se consoler en comparant ce faible nombre à celui affiché par le Royaume-Uni, actuellement en première place avec 16.500 millionnaires (un véritable Brexit fiscal) choisissant d’autres cieux. Mais ces deux pays européens se retrouvent à coté de la Chine (-7800) ou de la Russie (-1500) dans le classement, ce qui permet de bien comprendre la dynamique en place.
Inversement, les pays qui attirent le plus ces millionnaires sont souvent des petits pays comme les Émirats Arabes Unis, qui domine la liste des pays accueillant le plus de millionnaires avec 9800 en 2025. On trouve aussi la Suisse avec +3000 ou Singapour avec +1600. Les pays anglo-saxon (hors Royaume-Uni) continuent d’attirer à eux les patrimoines et les créateurs, l’Australie et le Canada attirant chacun 1000 millionnaires.
Parmi les grandes puissances, seuls les États-Unis restent une valeur sure en occupant la deuxième place avec +7500. En Europe, et probablement en raison des arrangements fiscaux proposés par le gouvernement Meloni, l’Italie est aussi devenue une place attractive avec +3600 millionnaire.
Il n’est pas difficile de voir les points communs entre les pays repoussoirs d’un coté et les pays attractifs de l’autre : les premiers s’enfoncent dans une bureaucratie plus ou moins délirante, des réglementations à foison, une fiscalité de plus en plus prohibitive et à la fin, l’autoritarisme. De l’autre, les seconds favorisent les entreprises et leurs créateurs et les gens fortunés, ces derniers étant généralement des chefs d’entreprise.
Cependant, les riches ne sont pas les seuls à quitter la France, les jeunes – et maintenant, les moins jeunes – qui ont des compétences émigrent eux aussi.
On l’a vu récemment, 10% des diplômés des grandes écoles quittent la France et ce taux monte par exemple à 20% pour Polytechnique. Les raisons invoquées sont, sans surprise, la fiscalité et, plus récemment, la perception d’une France en déclin. Selon les statistiques du Ministère des Affaires Étrangères sur les Français à l’étranger, « 171 884 sont inscrits pour la Suisse, 159 357 inscrits pour les États-Unis, 141 065 inscrits pour le Royaume-Uni, 123 226 inscrits pour la Belgique et enfin 118 772 inscrits pour le Canada ». Eh oui, les destinations étrangères favorites des Français pour leur installation sont principalement les pays anglosaxons (et si possible nord-américains où la croissance des Français ces dernières années est la plus importante) ou des pays voisins avec plus d’opportunités (et une meilleure fiscalité pour la Suisse).
Il faut être aveugle (ou élu) pour ne pas voir le ras-le-bol omniprésent dans toutes les strates de la société française et, en particulier, chez les populations les plus essentielles, celles qui créent de la richesse et fournissent les capitaux et qui décident à présent de voter avec leurs pieds.
Enfin, notons que si la situation est particulièrement aigüe en France, on retrouve le même phénomène au niveau européen : beaucoup en Europe ne se retrouvent plus dans la situation actuelle du continent et méprisent ses dirigeants, comme le prouve par exemple la proportion qui serait prête à se battre pour son pays. Selon un sondage Gallup de 2024, seulement 29% des Européens de l’Ouest seraient ainsi prêt à prendre les armes pour leur pays en cas de guerre.
Les modèles de société et de gouvernance que proposent les dirigeants en France ou au Royaume-Uni ont perdu toute attractivité et sont devenus de véritables repoussoirs. Comme les dictatures du tiers-monde, l’Europe subit actuellement un exode des cerveaux et des capitaux, pour le plus grand profit de pays comme les États-Unis dont l’actuelle administration a déjà compris tout le parti qu’elle pouvait tirer de cette tendance.
Est-ce un hasard si Trump envisage d’accepter les réfugiés européens persécutés pour leurs idées ‘populistes’ ?





Pas moi mais je pense que mon avis ne sera guère écouté !
ah, aujourd’hui tu as quand même lu le titre de l’article avant de commenter, c’est un progrès inespéré … 😉
mais elle EST de plus en plus visible…
Melusîîîînnneue ! Il manque ce qui est en majuscule ! Vite !
« un patron d’entreprise qui envisage très calmement de s’en aller si la pression fiscale continue d’augmenter ainsi. »
Comme prévu ici depuis longtemps, TotalEnergies commence à envisager sérieusement un transfert à l’étranger dont sa cotation pleine et entière placée désormais en binôme de Paris, à New York.
Pas besoin, vue avant analyse plus profonde qu’il aille aussi loin pour le siège social. Rien que de se placer en Irlande ou aux Pays Bas lui permettrait d’économiser sérieusement des pépettes…
au lieu d’aller dans le Delaware ou à St-Martin par exemple (ils veulent quand même payer des impôts du coup ?!)
Sur un îlot, c’est un peu compliqué tout de même pour une multinationale. Il n’y a pas que l’impôt. Il y a des besoins de logistique etc… et par exemple aux Pays bas, il y a tout ce qu’il faut pour être connecté avec le monde entier (St Martin en est pour 50%, d’accord !) ainsi qu’un minimum de place physique. Et une population besogneuse.
Je remets ce titre du Figaro ici, il y a plus sa place : lefigaro.fr/conjoncture/budget-les-deputes-ont-vote-plus-de-40-milliards-d-euros-d-impots-supplementaires-20251104
Je crois de moins en moins que ce budget sera voté et Lecornu peut préparer son déménagement. Personne ne le regrettera. Un ersatz de moins pour nous polluer la vie. J’en reviens à la vidéo d’Édouard Husson que j’ai posté hier. Je partage sa vision des choses : le problème de la France est avant tout politique et la traduction économique de ce problème, les débats ubuesques à la chambre d’enregistrement, illustre parfaitement ce dernier. Nous sommes sous la coupe de crétins qui n’en finissent plus de se regarder le nombril en l’admirant. Sauf à imaginer un départ du Mignon, il ne faut pas être grand clerc pour deviner comment ça va se terminer. C’est surtout à cette aune qu’il faut écouter ce qu’en dit le général commandant les forces de Gendarmerie.
La France est un pays communiste. On recrute les élites non sur des compétences mais sur la capacité a lécher des culs sous cocaïne.
Le communisme s’achève toujours avec la mort de son hôte. Il a fallu une génération aux Russes pour sortir de ses conséquences. Je crains que ce soit plus long en France.
CPEF.
À propos de règlementation à foison : je viens d’avoir les diagnostics pour la mise en location d’une maison que j’ai en indivision avec ma mère. 72 pages pour les diagnostics obligatoires 72 !
Juste pour dire qu’il s’y trouve des traces de peinture au plomb, localisées uniquement sur les vieilles menuiseries d’origine comme la porte d’entrée principale et celle d’accès à la cave. Noyées sous des peintures modernes…
Toutes les autres menuiseries ayant été changées il y a trente ans en sont exemptes…
Et que le tuyau de gaz de la plaque de cuisson n’est que partiellement visible bien que ce soit un modèle sans date de péremption.
Ouf, l’indivision reste dispensée d’y pourvoir en modifications, le plomb restant en dessous du seuil et aucune fuite de gaz n’ayant pu être constatée…
Comparé à sa version de 2018, il n’y a jamais que 27 pages de plus …
Ça évolue comme l’épaisseur du Code Civil, finalement…
72 pages…
Moi, j’ai eu droit à un diagnostic sur le risque d’inondation dans une ville qui, comme je le dit en plaisantant, « s’étale insolemment aux flancs des collines » (en l’occurrence, ici, une colline du bocage vendéen qui culmine à 250 mètres !!!). Ubu roi, ça et le reste. Mais je crois que le pire concerne la terrible amiante… Du très grand n’importe quoi.
Les soirs d’insomnie, ça peut avoir son utilité…
Quand j’etais a Cannes des ex- agents immobiliers ont acheté un 3 pièces. 45 pages de documents ….
Quand ils regardent dans leurs archives d’il y a 30 ans, c’était 5 pages …
Tout ça c’est pour notre bien, bien sûr …
Et c’est sans compter ceux qui pratiquent l’exode de l’intérieur.
Et j’en connais, généralement ceux qui n’ont pas pu fuir l’enfer fiscal. Pour certain ce fut long à comprendre qu’il n’y avait aucun avenir, mais c’est fait. Ils travaillent moins que le minimum, voir quasi plus et ont une activité personnel débordante dans ce que l’état ne peut pas atteindre.
On pourrait comparer celà à la démission interne dans une entreprise. Le salarié est toujours là, il coûte à l’entreprise, il fait en sorte d’être blindé et invirable, mais il ne produit plus rien en faisant croire qu’il travaille.
Pour ceux qui comprennt l’électricité, j’avais une image : On mesure, ici il y a de la tension, une forte tension, on mesure là il y a du courant, un fort courant, mais en sortie il n’y a pas de puissance, rien ?! La tension et le courant sont dephasés de 90° ; P = U x I x cos(+/-90°) = 0
Ce matin, il y a plusieurs billets de Charles Sannat intéressants. Je privilégie celui-ci : insolentiae.com/usa-et-pays-du-golfe-refusent-de-livrer-du-gnl-a-leurope-lobjectif-net-0-de-lue-est-une-folie/
Et l’excellent billet de Nathalie MP est bien à sa place ici : leblogdenathaliemp.com/2025/11/05/et-lon-parle-dunion-des-droites-avec-le-rn-au-secours/
« Tout cela me conforte une fois de plus dans l’idée que les libéraux doivent impérativement fuir la droite. Tel est le prix, s’ils veulent être compris, et non pas devenir l’objet de tous les malentendus par rapprochement hasardeux avec des mouvements politiques essentiellement illibéraux – et là, le RN nous pousse vers les sommets.
Construire leur offre politique à côté, patiemment, à partir d’une vraie compréhension des bienfaits de la liberté de tous pour la prospérité de tous, État de droit compris, sans chercher à promettre l’impossible ni tenter de finasser par excès de « stratégie » politique. Dresser le constat, dire ce qu’on va faire, expliquer pourquoi, dire qu’au début ce sera dur car il va falloir redescendre de quelques marches, le faire. Voilà. »
L’espoir fait vivre….
je l’avais mis sur le billet précédent mais perdu dans la masse…
Il y a une question que j’aimerais clarifier : le libéralisme prône-t’il la libre circulation des personnes sans restrictions ?
le meme avec VanDamme correspond bien à l’expatriation car le gars a fait une belle carrière aux USA en partant de rien (et en partant de Belgique une fois !)
bon, depuis il est revenu en Europe….
Nobody’s perfect !
Jean-Claude a grave merdé à Hollywood dans les années 90.
Il pouvait avoir son 1er big blockbuster… payé plusieurs dizaine de millions de dollars. Il a été trop gourmand et a refusé.
Lourde erreur, il a par la suite été cantonné aux series B.
Avec 1 (ou 2 ?) divorce plus tard , il a aussi merdé et n’est pas aussi riche qu’il aurait pu l’être
Bah, tant que les vrais problèmes sont efficacement traités :
boursorama.com/actualite-economique/actualites/ue-les-vingt-sept-s-entendent-sur-leur-objectif-climatique-a-l-horizon-2040-9ee2de50d3d44b0f5337fd15dc4819f6