Comme je l’évoquais dans un précédent billet, Internet a ceci de particulier que, par nature, il est très difficile à censurer. Le léviathan se débat, mais plus il referme son étreinte, plus le médium semble s’adapter et se dérober à lui…
Le dernier exemple en date fut celui de Google qui, pour s’installer sans trop de problèmes en Chine, a du se plier à la censure locale en filtrant massivement les résultats des requêtes passées sur son moteur par les internautes chinois.
Mais la dernière trouvaille de chercheurs canadiens pourrait bien remettre en cause cette censure. Dans une course à l’armement entre les censeurs et les internautes, il semblerait que les internautes ont, une nouvelle fois, pris l’avantage avec le Psiphon, qui, en substance, encrypte les données du web au travers du même protocole que les échanges bancaires.
Analyser ces flux est quasiment impossible (par construction du cryptage). Quant à les empêcher, c’est relativement douloureux : cela revient à se couper de la possibilité de faire du commerce avec le reste du monde par ce canal.
Or, si le « capitalisme d’état » tel qu’il est pratiqué veut perdurer en Chine, il lui faut continuer à utiliser les moyens que tout le reste de la planète emploie tous les jours.
Le choix des dirigeants deviendra alors cornélien : la censure qui veut dire moins d’internet, et moins de commerce en ligne. Ou le commerce en ligne, moins de censure, et à terme, l’effondrement du système communiste chinois.
Car à n’en pas douter, les dirigeants chinois savent que leur système ne pourra pas durer sans commercer, et qu’il ne pourra pas durer s’il commerce…
Si l’état, pour perdurer, doit être pervasif et doit s’insérer dans toutes les composantes de la société, dans la vie de tous les jours, au point qu’on ne peut plus s’en débarrasser, le libéralisme nous montre aussi qu’il partage cette caractéristique : le commerce et l’échange rendent les frontières poreuses, et la liberté, une fois qu’on y a goûté, est vite addictive.
"(…)et la liberté, une fois qu’on y a goûté, est vite addictive."
Malheureusement pas chez nous : les francais, eux, sont shootes au collectivisme, et seule une faible minorite semble disposee a subir une cure de desintoxication…
Mais les Français y ont-ils seulement goûté, vraiment ? Du berceau à la tombe, l’état veille sur eux, comme une marâtre vénale prête à empocher le fruit de leurs efforts en leur octroyant avarement tout juste de quoi vivre…
Les francais se sont laisses anesthesier petit a petit, tel un crabe qu’on a fait cuire en augmentant progressivement la temperature de l’eau pour eviter qu’il se debatte (la metaphore n’est pas de moi).
La liberte est addictive, malheureusement la de-responsabilisation aussi – pourvu qu’on augmente la dose progressivement.
Je vois qu’on rejoint un précédent billet : l’état pervasif…
En effet, merci; je n’arrivais pas a me souvenir de l’auteur du texte – c’etait donc bien vous!
En l’occurrence, d’autres avaient déjà fait une analogie utilisant par exemple le homard au lieu du crabe. Le crabe a ceci de particulier, quand il est plongé avec des congénères dans une casserolle, de leur monter dessus pour essayer de s’en sortir, ce qui ajoute encore à la pertinence de l’image…