Ce soir, le suspens insoutenable d’une campagne haletante s’achèvera et nous saurons, nous, pauvres citoyens ballotés d’une crise à l’autre, à quels saints et hommes providentiels nous vouer enfin. Mais avant de nous réjouir d’un résultat qu’on sait déjà bouleversant, je voudrais profiter des quelques heures qui nous séparent de ce moment d’extase pour quelques remarques décousues au sujet du scrutin…
Comme vous le savez, il s’agit d’un scrutin majoritaire à deux tours. Les règles, qu’on croit simples, se résument à ceci : un paquet de polichinelles candidats colorés se présente devant les électeurs hagards. Sortant à peine de leur torpeur, ils vont voter un premier dimanche pour désigner qui, dans ces clowns bariolés prétendants à la législature aura plus de 12,5% des suffrages. Ceux qui, grâce au jury populaire, au joker 50/50 et aux appels téléphoniques à des proches, dépassent ce score reviennent en seconde semaine. Les autres sont éliminés.
Bien sûr, si aucun bouffon candidat ne parvient à embobiner convaincre 12,5% de gogos d’électeurs, on prendra les deux premiers par nombre des suffrages exprimés. À contrario, il suffit que l’un d’eux décroche plus de 50% pour être élu dès le premier tour. La deuxième semaine, les électeurs remettent ça. Celui des candidats qui chope le plus de bulletin décroche la timbale et peut aller réclamer son kit-député au bureau de l’Assemblée.
Tout ceci est bel et bien bon, mais comme on peut le constater, ce mécanisme a l’énorme avantage et inconvénient de permettre l’émergence de gros partis bien joufflus et bien monolithiques en éliminant les petits candidats : en effet, il faut, pour le candidat moyen, rassembler d’abord suffisamment pour atteindre le second tour, puis rassembler encore un peu plus au-delà de ses électeurs traditionnels pour espérer l’emporter au second tour. Cela favorise indubitablement les politiciens les plus habiles dans le consensus, traduit mécaniquement par compromis, voire compromission ou mollesse qui ratisse large.
Ce mécanisme est un avantage indéniable pour un régime politique qui ne fonctionne qu’avec une majorité claire au parlement, mais c’est un inconvénient certain pour la vie démocratique et l’émergence d’idées alternatives. De même, la prime aux vieux briscards de la politique est évidente, et le renouvellement des générations est particulièrement lent (plus que celui de la société).
On en arrive à un bipartisme qui ne veut pas dire son nom, avec en plus une calcification des parlementaires et des idées qu’ils véhiculent (il n’est qu’à voir le décalage entre la société française et sa représentation, ainsi que la maîtrise des sujets un peu technologiques de nos politiciens moyens pour comprendre qu’ils ont plusieurs trains et générations de retard).
Ce décalage est d’autant plus gênant que la France aurait actuellement besoin d’un peu de renouvellement tant sur le plan des idées que sur celui des croûtons hommes qui les portent. La démocratie, pour autant qu’on puisse croire en elle, mérite au final mieux que la parodie approximative qu’on observe actuellement : depuis la première assemblée nationale, il y a deux cent ans, jusqu’à celle qui nous occupe maintenant, le peuple n’a jamais été représenté par autre chose que sa classe la plus favorisée, la plus éduquée, et la plus à l’abri des vicissitudes du monde qui l’entoure…
Cependant, d’autres types d’élections sont possibles, nos voix valent plus que leurs profits, no pasaran et tout ça !
Par exemple, on peut facilement parler du mode d’élection proportionnel, déjà un peu connu en France, ou du scrutin majoritaire uninominal à un seul tour. Ces deux modes de scrutins sont intéressants parce qu’ils donneraient, appliqués aux élections actuelles, une assemblée un peu différente de celle qu’on va connaître.
Pour l’uninominal majoritaire, dans lequel est élu celui qui a le plus de voix dans la circonscription, on aurait ainsi, en utilisant les chiffres fournis par le Ministère de l’Intérieur pour le premier tour, une répartition des forces en présence comme suit :
Ceci, très concrètement, se traduirait par l’Assemblée Nationale suivante :
Notez ici que j’ai regroupé dans un même ensemble les différentes colorations du socialisme officiel de gauche et j’ai procédé pareillement pour le corporatisme social de droite; le bloc rose et le bloc bleu sont donc des conglomérats comprenant le PS et ses affidés d’un côté, et l’UMP et ses suiveurs de l’autre. En pratique, la représentation nationale ne serait pas fondamentalement bouleversée, mais les partis politiques seraient moins monolithiques.
Ce mode de scrutin, actuellement utilisé en Grande-Bretagne, permet à la fois d’obtenir une majorité assez claire (elle est ici absolue pour tous les socialistes assumés), et de représenter un peu plus fidèlement les différents partis en présence. On notera l’évaporation du Modem, et en compensation, l’écologie en bonne place avec 9 sièges.
Évidemment, si l’on n’aime pas trop l’aspect expéditif de ce scrutin et si l’on veut encore plus de représentativité du peuple, on choisira le scrutin proportionnel, qui, en un tour, donnerait ces chiffres :
Et là, cela devient vraiment rigolo démocratiquement parlant puisque l’Assemblée devient un patchwork d’écologistes, de centristes, et de gros partis traditionnels qui n’ont pas la majorité et qui doivent impérativement composer pour obtenir un consensus :
Au final, ce même consensus qui, actuellement, pousse les barons du PS ou de l’UMP à ratisser plus large, serait éliminé au moment du vote citoyen, pour être réintroduit à l’Assemblée, pour assurer la formation d’un gouvernement à peu près stable.
Très concrètement, le citoyen se retrouve donc à devoir choisir entre l’entourloupe vague et le consensus mou au second tour des législatives, ou pouvoir choisir un candidat pour ses vraies convictions, qui seront proprement étouffées ensuite pour assurer au pays une certaine « gouvernabilité »… Oui, pas de doute, le processus démocratique est, par nature, un enfumage de moutontribuable.
J’introduirais cependant un bémol : là où le scrutin actuel oblige l’individu politicien au compromis de ses propres idées, lui impose en quelque sorte de taire ses propres opinions pour décrocher l’élection, le scrutin proportionnel, s’il rend le pays plus difficile à gouverner, épargne aux politiciens le besoin de taire leurs dissensions avec un programme politique par trop éloigné du leur. Autrement dit, en offrant aux politiciens une vraie opportunité de voter pour des causes qu’ils défendent, ou de s’opposer vraiment lorsque les propositions ne leur plaisent pas, la proportionnelle autorise des positions bien plus tranchées que le galimatias qu’on nous sert actuellement.
En outre, un pays peu ou pas gouverné parce que les partis n’arrivent pas à s’entendre est un pays dont l’assemblée ne vote pas de nouvelles lois. Or, pratiquement, ce dont la France souffre actuellement au niveau législatif, c’est d’un trop-plein de lois et certainement pas d’un manque.
Très concrètement, la proportionnelle rendrait vraisemblablement la Vème République instable, mais ramènerait les prétentions législogènes des politiciens à leur portion congrue. Or ça, ce serait déjà un énorme progrès !
(Note : les chiffres bruts des élections sont disponibles ici, si vous désirez faire vos calculs vous-même)
Le system allemand est interessant : le parti en tête est assuré d’avoir 50% même si ce n’est pas le cas en terme d’electeurs. Ce parti peut donc agir. Pour le reste c’est la proportionnelle stricte. Ainsi meme les petits partis sont représentés. De plus la pratique fait que le premier parti, qui manque un peu de légitimité, cherche a obtenir une adhesion au dela de son propre camp (alors qu’il pourrait mathematiquement s’en dispenser) et a obtenir un relatif consensus, au prix bien sûr de quelques concessions. Ainsi les lois sont souvent votées avec une majorité de 80%.
Ce n’est bien sur pas parfait, mais c’est pas idiot.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bundestag
Oui, les exemples (étrangers) de modes de scrutins meilleurs que le français ne manquent pas.
C’est ce qu’on fait pour les municipales…
et un peu ce qu’on faisait pour les régionales… avec un bonus à la liste arrivée en tête… ce qui se résume à faire une alliance entre les 2 tours et faire l’accord avant le vote de l’entente…
Donc c’est pas mieux que le système actuelles…
La proportionnelle reste le système le plus démocratique, mais surement le moins stable…
C’est intéressant de comparer les résultats des divers modes de scrutin. Cela dit, nous avons en Belgique un système proportionnel. Le résultat, à terme, n’est pas un renforcement des convictions (?) des hommes politiques, mais plutôt une absence de responsabilité (disons une absence de responsabilité encore renforcée): il n’y a plus de vote sanction possible, puisque c’est toujours possible de rejeter la faute sur les autres partis de la majorité.
La Belgique souffre aussi d’une conformation politique particulièrement gratinée (millefeuille administratif, barrières linguistiques, régionalisation, …) qui expliquent en partie le constat que vous faites.
La Belgique souffre effectivement de nombreux maux. Mais je maintiens que le scrutin proportionnel, dans ce cas précis, favorise la médiocrité. Il n’est pas possible pour un parti (même le P.S. majoritaire en Wallonie à mon grand désespoir) de recevoir un blanc-seing pour réaliser un programme.
Dans ces conditions, un échec n’est jamais clair, et une réussite (si tant est qu’une réussite d’un programme d’état soit possible) non plus.
« nous saurons, nous, pauvres citoyens ballotés d’une crise à l’autre, à quels saints et hommes providentiels nous vouer enfin »
Sainte Rita me semble tout à fait appropriée.
En Belgique avec le système proportionnelle, le PS belge dirige la Wallonie depuis 40 ans, la corruption est omniprésente, le parti de droite MR pour grapiller qq miettes de pouvoirse place plus à gauche que le PS français, le ministre de l’énergie est un ex directeur de greenpeace et nous payons 50% d’impôt sur le revenu du travail.
J’ajoute qu’au niveau féderal le parti de la droite flamande qui a gagné les élections haut la main refuse tout compromis, conclusion les autres partis dont le plus puissant récolte 13% des sufrages forment un gouvernement dont la majorité est exclue. Vive la proportionnelle!!
Comme je le mentionne à un autre intervenant, le cas belge n’est pas directement transposable en France ; la Belgique cumule un mille-feuille administratif pléthorique (pire qu’en France, pourtant déjà métastasée) avec les deux blocs linguistiques. Il y a des pays où la proportionnelle marche bien.
Du reste, n’étant pas démocrate, la proportionnelle ne m’apparaît intéressante que parce qu’elle permet une baisse substantielle de la législorrhée, ce qui semble confirmé par le fait que la production législative belge reste très en retrait de la française.
Rien que du bon sens !
Petite précision cependant, laquelle va hélas encore plus dans le sens du bipartisme forcené: ce n’est pas 12,5% des suffrages qu’il faut pour être qualifié pour le 2ème tour, mais un nombre de voix équivalant 12,5% des électeurs inscrits. Ce qui, en cas d’abstention plus ou moins forte, relève encore plus la barrière des suffrages exprimés nécessaires à la qualification…
Ah oui, c’est exact.
Et pour être élu au premier tour il faut que la participation soit supérieure à 50%.
On a quand même la déplorable sensation que, malgré les nuances introduites par l’usage de différents modes de scrutins, le mouton-tribuable ne s’en sortira pas, de la kleptocratie définitivement ancrée dans le paysage politique.
Et le seul mode de scrutin qui lui permettrai un espoir ne pourrait être instauré que par un moderne Solon mis en position de Premier Consul par un soubresaut de l’Histoire. Je m’explique: actuellement, avec le suffrage universel, on fait voter le chien, et on fait voter les parasites et les tiques qui le dévorent.
Les kleptocrates disposent d’un réservoir de clients, complices, en gros le secteur public et assimilés, et d’un plus gros encore d’assistés et parasites associatifs qui prospèrent sur ce terreau, bien plus importants que le nombre de productifs.
Ces derniers, lassés d’être pigeonnés, se réfugient dans l’abstention, où les rejoignent paradoxalement les plus paresseux des parasites, qui savent que de toute façon, au point où on en est, ils sont d’office les gagnants et n’ont même plus besoin de se déplacer pour percevoir prébendes et allocs.
Je rappelle de mémoire les critères électoraux fort simples de Solon: le père de famille, Athénien ou de la campagne autour, responsable, qui gagne sa vie en produisant un bien ou un service et paye des impôts.
Point final.
S’en rapprochaient, ici ou là à l’époque moderne, les suffrages censitaires.
Tout le reste, c’est du pipeau joué par les candidats à la kleptocratie pour endormir le public.
Allez donc proposer ça. . .
Comme le disait encore récemment quelqu’un par ici, ce pays est foutu.
Pas faux.
Quelques bémols à suivre…
Un retraité dont l’épargne fait progresser le pays devrait pouvoir voter, même s’il n’est plus lui-même productif.
Qu’un fonctionnaire vote ne me dérange pas. Qu’il soit élu, oui. On ne peut être « juge et partie » sans dévoyer complètement la démocratie.
Un fonctionnaire pourrait être élu si il devait démissionner.
S’il est battu à la prochaine, il pointe à pôle emploi.
Je pense que ça en refroidirait quelques uns.
Actuellement, il est simplement mis en disponibilité : s’il se fait virer à la prochaine élection, il réintègre quasi automatiquement son corps d’origine ; le risque est donc nul.
(Liberté sans responsabilité)
Les fonctionnaires ne devraient pas avoir le droit de voter ni de faire grève ni de l’ouvrir comme les pseudo économistes qui ont apporté leur soutien à Guimauve le Con qui erre.
Ceux qui veulent être élus devraient démissionner avant sans possibilité de réintégrer leur poste s’ils sont battus.
C’est ce que j’entendais par « un fonctionnaire ne devrait pas être élu ».
Je ne suis pas Théo31 sur l’interdiction du vote des fonctionnaires (même si ,comme lui, ça me démangerai d’aller jusque-là : le problème étant qu’ils votent comme un seul homme pour plus de dettes, plus de dépenses, plus de gabegies), et je réaffirme qu’aucun élu ne devrait être fonctionnaire.
D’ailleurs, je précise ma pensée : démissionner pour se présenter ne me convient pas trop. Les accointances risquent d’être trop proches. Je crois qu’il faudrait en plus une période de non-éligibilité quand on vient de démissionner d’un poste de fonctionnaire.
Vous oubliez que la politique (et le vote) est la forme civile de la guerre, le principe un homme-une voix n’étant que la stricte déclinaison de l’arithmétique des batailles [ce qui explique son apparition et sa disparition au gré des évolution technique qui font que sur le champ de bataille chaque homme se vaut effectivement … ou pas]. Vouloir exclure les fonctionnaires, ou tout autre catégorie très nombreuse (les immigrés par exemple), c’est donc courir le risque de voir apparaitre une divergence entre les rapports de force réels et les rapports de force politique apparents , ce qui est très mauvais.
Qu’il soit élu en gardant tous les avantages de la FOnction Publique est quelque chose de profondément anormal.
C’est avoir une assurance tous risques garde fou des chutes électorales et entraîne inévitablement une sur-représentation des fonctionnaires parmi les députés.
Comment donc obtenir une diminution du périmètre de l’Etat après cela !…
Vous semblez oublier qu’au nom de la Justice Sociale, tout ceci va être, enfin, corrigé. Un peu de patience, donc…
Oui, corrigé. À grand coup de pompes cloutés dans la gueule. Miam.
Réflexions pertinentes. Il ne faut pas oublier que le Grand Charles a mis en place le mode de scrutin actuel pour remédier aux dérives constatées sous la IVème et la IIIème République. On connait l’instabilité chronique de la première et on sait comment la précédente a terminé. A chaque fois que dans ce pays on a laissé libre cour au personnel politique, ce dernier en a rapidement profité pour conchier le système et la pays qu’il était censé défendre. C’est la même chose aujourd’hui. Bon an, mal an, la chienlit politique a détourné le système mis en place en 1958, le plus bel exemple de ce détournement délétère étant l’homme de 1981 qui, après avoir mangé à tous les râteliers possibles qui lui étaient offerts, s’est jeté sur le plus malléable et le plus sensible aux sirènes de la démagogie la plus crasse. On voit aujourd’hui où on en est.
Un peu HS, quoique, mais 120 milliards, ça fait petit (ou normal, c’est selon). Moi, j’aurai au moins tapé à 180 milliards mini: « Le Journal du dimanche affirme que le Président a proposé aux chefs d’Etat européens une série de mesures de croissance « à effet immédiat » nécessitant 120 milliards d’euros. » (http://www.atlantico.fr/pepites/francois-hollande-vise-pacte-croissance-120-milliards-euros-392848.html.)
Il est certain que le système actuel donne le monopole de la création d’impôts à ceux qui en jouissent.
Pour casser cette logique, soit on en revient à un système de vote où seuls les contribuables ont le droit de vote, soit à la démocratie semi-directe à la suisse, qui a le mérite de mieux respecter la représentation du contribuable, ou autre.
Après tout, ce que gère le gouvernement, c’est bien l’argent du contribuable. Pourquoi les personnes concernées n’y auraient aucun droit ?
De plus, le principe de suffrage universel ne signifie pas démocratie. Malheureusement, les gens confondent la démocratie avec ses règles et les élections alors qu’il s’agit d’un ensemble de principes afin que l’état soit géré par la société civile, afin qu’il ne soit pas prédateur, mais soumis à la population.
« ce que gère le gouvernement, c’est bien l’argent du contribuable. »
Le gouvernement ne gère pas l’argent des contribuables, il le claque. S’il le gérait, les caisses seraient pleines et il n’y aurait pas de dettes. Le con qui marche sur l’eau n’est même pas capable de gérer ses femelles, comment voulez-vous qu’il gère un pays ?
Excellente étude d’h16 et excellent commentaire de Bruno qui propose en substance un retour au suffrage censitaire qui… n’adviendra plus jamais. La métaphore du chien et des parasites est parfaitement claire.
Merci d’avoir présenté les résultats du premier tour différemment, ce qui appelle, effectivement, à la réflexion.
En revanche, il y a un fait qu’il ne faut pas sous-estimer, c’est que la proportionnelle, en France, permet(trait) néanmoins aux barons, aux politiques utiles à leur parti (mais inutiles à la nation) de s’immiscer dans une liste, et de profiter de l’élan de son parti pour être recyclé, enfin, élu.
Le scrutin proportionnel devrait autoriser les électeurs à rayer certains noms de la liste, ce qui qualifierait d’autres candidats d’autres listes (ou du suivant sur la liste).
Enfin, cerise sur le gâteau, le nombre d’élus à la proportionnelle pourrait être fixé selon le % de votants, donc déduire les suffrages non exprimés (blancs et nuls) qui deviendraient un véritable choix politique.
Ceux qui aiment théoriser les choses, les élections dans le cas présent, pourront s’intéresser aux travaux de théorie de la décision/des choix. La page wikipedia sur le théorème d’impossibilité d’Arrow est bien faite, à mon avis. Il faut retenir qu’il est impossible d’agréger des choix personnels en choix collectifs de manière satisfaisante. Pour l’élection présidentielle, le système français à deux tours est très mauvais, en particulier le candidat de Condorcet, quand il existe (et c’était Bayrou en 2007), n’est pas nécessairement élu. Le vote par valeurs est bien meilleur. Pour les législatives, on ne peut se satisfaire que de la proportionnelle pure. Bref, il n’est pas difficile d’argumenter contre nos détracteurs quand on prône et pratique l’abstention.
Par ailleurs, la constitution de majorités successives dans le cadre de la proportionnelle resterait contrainte par les différents outils de gestion de l’assemblée : vote bloqué, maitrise de l’ordre du jour, etc, etc.
Donc la proportionnelle pour l’assemblée pourrait être une expérimentation intéressante.
Mais je ne suis pas démocrate et tous ces artifices ne changeront rien à la nature des peuples latins, qui aiment les coups de pied au cul, sinon, ils s’occupent exclusivement de leur jardins en se foutant totalement de la chose publique. C’est la raison pour laquelle les théories constitutionnelles et la philosophie du libéralisme sont d’essence romaine pour les unes et française pour l’autre : parce que ces deux mondes n’ont jamais fonctionné de manière empirique, ni « abusé » de la liberté. Nous sommes créateur de deux domaines de la pensée par réaction à nos impuissances …
J’aime bien le scrutin aléatoire
http://www.slate.fr/story/57301/tirage-sort-elus-assemblee
comme ça on supprime le métier de politique !
Donc en fait nous sommes bien lotis ici en Suisse, puisque peu trop nous importe nos politiciens, nous le peuple suisse pouvons mettre le veto à n’importe quelle nouvelle loi proposée ou forcer l’acceptation d’une nouvelle loi par initiative ou référendum populaire…
Lesquels ne seront pas forcément contournés par nos politiciens. Ils ne feront que revenir à la charge tous les 10 ans ou presque, comme le fut l’entrée à l’Onu, refusée 2 fois par le peuple avant que la troisième fois ne soit la bonne.
Perso
le meilleur système c’est un système où les politiques sont faibles donc des députés élus à la proportionnelle sans cumuls avec limitations des mandats (2 max local ou national dans sa vie), pas de président.
Il faut surtout une constitution stable difficilement amendable avec des contre pouvoir puissant.
« Ce soir, le suspens insoutenable d’une campagne haletante s’achèvera et nous saurons, nous, pauvres citoyens ballotés d’une crise à l’autre, à quels saints et hommes providentiels nous vouer enfin. »
Ah mais il est clair qu’en France, le suspens est toujours de taille…. quand on se passionne pour la droite ou la gauche socialiste. Car pour les autres, ça se résume à un tic-tac monotone qui se répète mandat après mandat.
Les Français testent d’abord une couleur politique. Si jamais ça ne marche pas, ils tentent l’autre bord à l’élection suivante. Comme ça ne marche toujours pas ils recommencent comme au début et ainsi de suite jusqu’à la fin des temps. Aucune cohérence, aucun réflexion de fond, aucune originalité consistant par exemple à tester d’autres voies possible (par ex libéraux, centre…). Bref, ça vote comme ça joue au PMU.
Et combien ça coute tout ce cirque ?
Pour quels résultats ?
Le meilleur système serait donc le tirage au sort avec procès obligatoire en fin de mandat non renouvelable.
Cela ne changerait rien au fond les nouveaux représentants seraient ni meilleurs, ni pires, mais permettrait de faire des éconocrocs !
Bah, la Suisse fonctionne selon la proportionnelle intégrale (deuxième camembert) et ma foi elle ne se porte pas si mal.
En réalité, du fait des possibilités de référendum dont dispose la population, toute représentation « magouillée » du peuple au Parlement (à la Française ou à l’Anglaise) serait condamnée à échouer, les politiciens artificiellement exclus ne se gênant pas pour obtenir par voie de référendum l’effet politique qu’ils n’auraient pu avoir dans une assemblée verrouillée.
Mais disons que la proportionnelle intégrale découle des possibilités de référendum – et c’est ce point-là en particulier qui assure un meilleur système politique.
Bien qu’une juste représentation des forces politiques ne gâche rien, elle donne également plus de légitimité à l’assemblée. Elle est nécessaire mais pas suffisante.
On pourrait s’économiser les législatives en suivant le modèle allemand à partir des résultats de la présidentielle.
Le président élu se retrouve avec une majorité en fonction de son score du 2e tour. Les autres partis se répartissent proportionnellement le restant des sièges en fonction de leur résultat du premier tour.
Dans le même temps on passe à 300 députés et on tire les circonscriptions à la loterie, avec paris en ligne organisés par la FdJ etc… On réduit les dépenses et on augmente les recettes quoi.
Très bon article. Bien sûr qu’il faut éviter qu’un parlement soit trop atomisé, mais l’intérêt c’est surtout que tout le monde soit enfin représenté, que les programmes soient clairs et que les citoyens puissent donc juger de leur application, et que le personnel politique soit renouvelé.
La politique est aux mains de l’UMPS depuis 40 ans avec quelques miettes aux écolos, au centre et aux communistes. LEs pouvoirs sont concentrés au sein de ces deux partis qui présentent des programmes susceptibles de plaire à tout le monde et édulcorés, ce qui ne permet pas de juger sur pièce leur application.Avec des majorités absolus il n’y a aucun espoir de faire fléchir les mauvaises politiques, et surtout la nécessité que divers partis aux programmes politiques différents doivent s’entendre donne peu de chance à une loi d’être votée ce qui est déjà un progrès, comme c’est le cas en Suisse ou en Belgique.
J’ajouterais qu’en plus, au moment de voter pour un parti, on vote pour un ou deux noms parmi une liste, pour éviter que les caciques d’un parti se taillent la part belle à coup sûr, et permettre plus de démocratie interne en leur sein.
Mon scrutin préféré pour les assemblées ça reste … l’absence de scrutin.
Tirage au sort.
Pas de promesses, pas de campagne de clowns, pas de démagogie. Pas de sur-représentation massive d’une catégorie spéciale de citoyens (homme fonctionnaire blanc), à moins de le vouloir explicitement par l’imposition de conditions. Pas de frais, donc pas de besoins de financement, donc pas de corruption ni de lobbying préalable (mais il faut toujours rester vigilant sur les tentations subis par le désigné après son tirage au sort).
Certes pas de spécialistes ou de gens très originaux non plus, mais l’expérience prouve que le système électif n’en fournit pas plus, alors …
Bien sûr on conserve le vote pour les votations (mode suisse) pour ou contre les lois existantes, votées ou déjà en vigueur.
Sur la proportionelle en Suisse, a noter que tout un chacun est libre d’alterer la liste recueuillant son suffrage, voire de la composer librement.
Sur l’acces au suffrage, on oublie bien volontiers en parlant de la Cité antique, que le droit de cité était conditionné à l’origine à la capacité économique de littéralement mettre sa vie au service de la Cité, et cela concernait encore plus ceux qui cultivaient quelques aspirations politiques.
Quand aux fonctionnaires, ceux-ci étaient bien souvent des esclaves, affranchis, étrangers voire eunuques en certains endroits, ce que certains trouveront peut-être amusant.
Ne pas oublier qu’avec le mode full proportionnelle, on aurait eu du côté du PS Ségolène Royal élue et du côté de l’UMP, Morano, Guéant et Dosso-Dobort élus.
Alors, quel est le mieux ?
Pourquoi les écolos se retrouvent-ils au centre du tableau ? Sous-entendu, au Centre ?
Eux-mêmes s’estiment de gôche. L’un d’entre eux, dont j’ai oublié le nom (comme la plupart de celui de ses collègues, d’ailleurs) voyait le parti écolo comme une pastèque : vert dehors, rouge dedans.
Il serait plus judicieux de les placer à l’extrême-centre, après la vrai gôche melanchonesque, afin de protéger celle-ci des tentations de l’extrême-droite.
Merci H16 pour ces données brutes! Histoire de rire encore, as tu le même tableau « données brutes » pour le second tour?
On en trouve ici : http://www.regardscitoyens.org/live-opendata-elections-episode-iv-legislatives-2012-2nd-tour/