Billet initialement paru le 05.05.2016
Les bonnes recettes ne vieillissent pas : il y a deux ans, je vous en proposais une qui vous permettait de réaliser une belle politique bien pourrie. Force est de constater que cette recette est encore valable et qu’elle est même couramment appliquée, à la lettre, alors que le président a changé sans que la direction du pays ou ses habitudes n’aient été réellement modifiées…
Parce que, quoi qu’en disent certains, la campagne électorale pour la présidentielle de 2017 a bel et bien commencé, parce que, sans vergogne, je n’hésite pas, de temps en temps, à m’aventurer sur les terres gluantes de la titraille putassière et du sujet bassement clicogène, parce qu’enfin, il faut toujours rappeler les évidences pour que personne, à force d’habitude, ne les perde de vue, voici ma liste de quelques unes des façons les plus pourries de faire de la politique, telle qu’actuellement pratiquée en France.
1. Faire monter le FN
C’est une vieille méthode, mais ne dit-on pas que c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes ? Dans les années 80 et à force de SOS Racisme, Mitterrand avait remarquablement réussi a éparpiller la droite en faisant monter le Front National. Il n’est pas dit que Hollande, avec la maestria qui le caractérise jusqu’à présent (Remember Syria ?), obtienne finalement, avec des procédés similaires, le même résultat… à gauche : à mesure que le Front National grimpe en se positionnant de plus en plus comme la seule alternative électorale crédible, le Parti Socialiste apparaît de plus en plus loin des aspirations des classes moyennes et ouvrières, et ses dissensions internes se font plus fortes. Tiraillé entre le désir de renouer avec la moindre victoire électorale (qui nécessite donc un discours assez différent de celui actuellement tenu) et la nécessité de ratisser aussi large que possible pour ne pas disparaître complètement, le parti du Secrétaire devenu Président est en état de mort cérébrale et de décomposition avancée.
Dans ce cadre, la montée du FN ressemble à un jeu dangereux où le président sortant, pour être réélu, semble prêt à sacrifier son cavalier, son fou et ses pions.
2. Pratiquer le déni
Lorsque rien ne se passe comme prévu, ou, plus exactement, que les scénarios outrageusement optimistes et roses bonbon s’envolent en fumée et que tout ce qui était prévu de pire advient inexorablement, politiquement la première des choses à faire est de nier le problème. Ce dernier n’existant plus par décret, les choses vont immanquablement mieux : le chômage, qui n’a jamais été aussi haut, se résorbe moyennant quelques torsions aisées des chiffres ; le déficit budgétaire n’est qu’une péripétie amusante, une passade sans lendemain qu’on nous pardonnera facilement (ou presque).
Et comme l’a largement montré l’école de pensée soviétique, un bobard suffisamment répété finit toujours par devenir une vérité. La courbe du chômage s’inversera donc, soyez-en absolument certains, ce qui donnera toute latitude au Président François de redevenir le Candidat Hollande.
3. Être dur avec les mous et mous avec les durs
En France, pour durer en politique, il faut savoir se ménager des voies de compromis et des parachutes dorés. Il faudra donc faire preuve de la plus grande souplesse avec les puissants ou ceux qui, médias aidant, font et défont les réputations. Inversement, il faudra se montrer intraitable avec les petits, les sans-grades. D’une part parce qu’ils le méritent, ils sont sans-grades, voire sans-dents, et d’autre part parce qu’ils sont si nombreux que leur montrer des égards serait bien trop coûteux et interprété comme une faiblesse. Surtout pas !
Alors, même en plein état d’urgence, on fera très attention lors de l’emploi de la force. Surtout, surtout pas de bavures et tant pis si cela ressemble, de loin, à une faillite complète de l’État républicain.
4. Utiliser les trucs et astuces de la constitution
Si les méthodes précédentes ne donnent pas toujours les meilleurs résultats, on peut toujours se réfugier dans la procédure et la Constitution. C’est du solide, ça, la constitution ! Pensez donc, elle n’a pas changé plus d’une dizaine de fois en deux cents ans, et son texte est respecté dans sa lettre et son esprit depuis des lustres. Utilisons-la donc dès que l’occasion se présente. Bon, certes, il faudra faire preuve d’un peu de doigté pour que, par exemple, une révision qu’on envisageait pour elle ne se termine pas en jus de boudin. Mais prenez son article 49.3, il est très intéressant : il permet par exemple d’offrir une vraie bouée de sauvetage à nos députés actuellement malmenés par une politique désastreuse en matière d’emploi.
Ainsi, la loi El Khomri qui, selon tous les analystes un peu lucides, est vraiment inoffensive, génère pas mal de pressions de la part de certains électeurs vis-à-vis de leurs députés en les menaçant de les abandonner aux prochaines élections s’ils leur prenait la fantaisie d’adouber le gouvernement de leur vote. Évidemment, avec un 49.3, ces mêmes députés pourront arguer de ne vouloir faire tomber le gouvernement, et d’être donc obligés de voter pour cette loi, la mort dans l’âme.
Il ne restera que la ministre-stagiaire à convaincre, mais cela n’est pas la chose la plus délicate…
5. Ne pas tenir compte de son casier judiciaire
Et si des méthodes existent pour ceux qui sont au pouvoir, il en reste quelques unes pour ceux qui aspirent à les remplacer, à condition bien sûr que ces derniers ne tiennent absolument pas compte de leur passé, à commencer par celui dans lequel ils se font condamner et n’ont donc pas un casier vierge, normalement indispensable pour exercer des fonctions dans le service public.
Et à bien y réfléchir, à quoi diable peut bien servir un casier vierge ? Ne faut-il pas en être passé par le Justice de son pays pour pouvoir ensuite crâner qu’on est confiant en elle ? Est-on vraiment un homme politique si on n’a jamais été inquiété pour ses actions ou ses omissions ? Un politicien au casier vierge, c’est au mieux qu’il a trop corrompu autour de lui, juge compris, au pire qu’il est incorruptible et qu’alors, l’enfer sur Terre nous est promis s’il parvient aux plus hautes marches de l’État ! Non, décidément, un petit repris de justice a toutes ses chances pour exercer la plus haute magistrature du pays.
Bonus supplémentaire : au moins, le candidat ne pourra pas nous refaire le coup de la République irréprochable, dont on a tous vu ce qu’il signifie en pratique.
6. Distribuer les cadeaux avant les élections, même quand on n’a pas un rond pour les payer
Bien évidemment, ce n’est pas parce que tout va de mieux en mieux ou que vous pouvez toujours utiliser les astuces constitutionnelles qu’il faut se passer de huiler un peu les rouages.
De nos jours, quoi de mieux qu’un peu d’argent (celui des autres — ce n’est pas cher, c’est l’État qui paye) pour justement huiler ces nombreux rouages ? Quoi de mieux que distribuer 1,6 milliards d’euros pour un plan pour l’emploi et la formation, 825 millions pour un plan de soutien aux agriculteurs, 2,4 milliards pour augmenter l’indice des fonctionnaires, 200 millions pour « les jeunes », 265 millions pour « les instituteurs » ? Quoi de mieux que prolonger d’un an pour 400 millions d’euros le dispositif de suramortissement des investissements en entreprises ?
Là encore, pourquoi se priver puisque tout ceci sera payé grâce à de la bonne dette fraîche, elle-même noyée tôt ou tard dans une injection massive de monnaie neuve imprimée à la demande ?
7. Revenir encore et encore, même après s’être fait jeter
Et de toute façon, quoi qu’il arrive, quoi qu’on puisse vous dire ou vous faire, toujours, restez persuadé que le peuple veut de vous, qu’il vous aime et que vous, seul, saurez le sauver en dépit des immenses dangers dans lesquels les autres, tous les autres, l’y auront conduit. Et même si vous vous êtes fait jeter comme un malpropre lors de votre précédente tentative, retentez le coup, sans abandonner.
« Distribuer les cadeaux avant les élections, même quand on n’a pas un rond pour les payer »
Avec les promesses de cadeaux, cela fonctionne encore mieux puisqu’elles engagent ceux qui y croient (à bien voter)….
Il y a quand même quelques changements, le FN marinesque est mort, mais il ne le sait pas encore.
Revenir encore et encore est moins pratiqué, il n’y a plus que Mimolette pour y croire.
La justice est à géométrie variable, Fillon a été exécuté en quinze jours, Ferrand est tranquille comme Basile. Il est préférable d’avoir des amis au pôle financier.
Le reste ne change pas, Dieu merci.
Reichman a été condamné mais quedalle pour Schiappa qui expliquait comment frauder la sécu,
Oui et c’est pas avec Macron que ça v changer. Le pire c’est qu’il est perçu comme « libéral » alors qu’il ne se contente de mener la politique pour tenter d’étendre la pérennité du modèle social anti-capitaliste et étatiste français.
Plus les jours passent et plus je me dis qu’Henri Dumas avait raison avant tout le monde, et pas un journaliste évidemment pour venir inspecter l’acte fondateur, la « réforme » du RSI…
http://www.temoignagefiscal.com/macron-est-le-gorbatchev-du-communisme-a-la-francaise/
Ce n’est pas comme s’il était tranquille comme Baptiste !
« 5. Ne pas tenir compte de son casier judiciaire »
Vu sa (relative) jeunesse politique passée sans le moindre mandat électoral préalable, Flop Joene n’en est pas pourvu d’un « répréhensible »…
Cela finira bien par venir, post immunité…
Mélusine, au taf!!!… 😉
sans que la direction (genre 1 au singulier) du pays ou ses habitudes (genre 1 au pluriel) n’aient été réellement modifié E s…
Désolée, mais je n’interviens pas sur les charabias.
Vous n’êtes pas la vraie Mélusine de ce blog…
Si le patronyme de Mildred est « Enfaillite », ça le fait…
Croyez bien que je le regrette.
Mildred, ne vous découragez pas, il y a de la place pour d’autres fées … je laisse mes petits camarades vous en énoncer la liste, dont une , en particulier semble faire l’unanimité (enfin chez les genre 2 😉 )
Je vois comme une re-lation ….
Si des mentions portées au bulletin n° 2 de votre casier judiciaire vous empêche de rejoindre la fonction publique, fort heureusement pour nos politichiens une fois entré cette condition n’a plus lieu de citer.
Si vous êtes fonctionnaire et condamné à une peine qui vous empêche de postuler dans la fonction publique, vous n’en êtes pas radié d’office comme la logique le voudrait, car seule une procédure disciplinaire peut aboutir à la révocation d’un fonctionnaire.
Et bien sûr Juppé l’énarque haut landais malgré une condamnation l’empêchant de postuler à un emploi public, personne n’a trouvé bon d’ouvrir une procédure disciplinaire à son encontre, procédure qui aurait du aboutir à sa radiation de la fonction publique accompagné d’une perte de l’ensemble de ses droits à pensions.
Au lieu de ça ce tocard continue à palper ses indemnités de maires (5 500€), et ses retraites de député (6 200€), d’inspecteur des finances(3 600€) et bénéficie en tant qu’ancien premier ministre d’une voiture avec chauffeur à vie, et peut tranquillement poursuivre son œuvre de démolition de la ville de Bordeaux (que l’on peut maintenant officiellement renommer BOBOrdeaux), et d’endetter les bobordelais sur plusieurs générations.
Il a fait allégeance au Kamdubien.
Les conséquences en sont logiques…
Mode Theo31 ON :
suceur un jour, suceur toujours !
Mode Mode Theo31 OFF :
Intéressant.
(juste un bémol pour droit de CITÉ, et sans doute pas « lieu de citer »)
Ne pas avoir droit de cité, dans le sens de n’être pas admis.
Un bémol ? respecte un peu la musique STP, RPS ! un zéro pointé, parce que c’est un contresens, qui n’a même pas l’excuse du jeu de mot involontaire !
Et bibi, je dis « zéro pointé », pas « double zéro », c’est pas free-pass pour méfu un tarpé 😉
Pourquoi donc je ne peux pas écrire lieu de citer?
Pouvez-vous m’expliquer en quoi cette formulation est inexacte?
Cette condition n’a plus lieu de quelque manière que ce soit.
Et pourquoi je ne puis utiliser citer dans ce sens là dans ma phrase?
Elle est inexacte parce que, prise au pied de vos écrits tels quels, cela ne veut rien dire.
Il manque des éléments.
Par exemple, vous auriez pu écrire :
cette condition n’a plus lieu d’être citée
cette condition est devenue inutile à citer
cette condition n’a plus lieu d’exister pour eux
cette condition n’a plus droit de cité (la suggestion de RPS)…
Voilà ! Oh, pardon !
Je suis assez d’accord avec toi bibi, « droit de citer » ça a du sens (au sens d’exister) et certainement beaucoup plus que son sens (cité) remontant aux romains…
… même si les littéraires ne sont pas d’accord… mais ce ne sont pas les littéraires qui font évoluer la langue…
T’es bizarre, toi, lieu de citer … citer quoi d’abord ? Il manque un complément d’objet direct, on ne peut pas prendre la forme active pour la forme passive, Môssieur le comptable 😉 +1 pour René, mon bon Maître et le Papet.
Je dis juste que je comprends cette tournure… je ne dis pas que j’ai raison…
Un robot, vous dis-je, un robot…
https://www.youtube.com/watch?v=MspVCc0_R3g
sam, ce sont les professionnelles qui font évoluer la langue … 😉
C’est pas droit de cité c’est avoir lieu de citer.
Ne plus être fondée de quelque manière que ce soit.
Ah en plus… bien évidemment encore plus alors…
@ sam 20 h 40 : Tu vas avoir des plaintes de la part de Budget et de Hertz, à promouvoir le droit de Citer …
Ça sent la grosse fatigue…
La marque n’existe pratiquement plus… sauf dans les territoires perdus de la république (dont les DOM hi hi, la Corse)… ayant été vendue par Peugeot à Rent-a-car en 2011
Visiblement, tu ne te laisses pas embarquer facilement…
… dont les DOM, tu l’as dit ! excuse nous de ne pas être à la page. L’égalité réelle à Flamby, elle est pas encore là 😉
+ président de la communauté urbaine de Bordeaux. 5000euros au bas mot.
C’est Bordeaux métropole maintenant, et le pauvre choupinet ne peut pas cumuler intégralement son indemnité de maire et son indemnité de président de Bordeaux Métropole car le plafond de rémunération des élus est de 1.5 fois l’indemnité parlementaire dite de base soit 8400€ brut.
Et on continuera à payer après sa mort :
https://www.contribuables.org/2018/05/nos-impots-financent-les-obseques-des-deputes-et-senateurs/
« Cette allocation funéraire destinée aux députés, aux anciens députés et leur famille est passée en mars dernier de 18 255 euros maximum à un forfait de 2 350 euros sous réserve de justificatifs. »
Ne jamais oublier ses petits justificatifs, nous sommes en France…
Entre les repris de justice et les franc-maçons, la France est entre de bonnes mains…
Sans oublier la consanguinité propre à ce milieu : les enfants qui succèdent à leurs parents (Aubry, Bachelot, etc…), les femmes, maîtresses et autres qui « obtiennent » des postes, les gens de différents bords politiques qui passent leur vie à parler de leurs valeurs puis qui épousent et font un gosse avec quelqu’un du camp adverse, etc…
Ah, vous oubliez les échangistes (Toubon et Seguin …) bon d’accord, c’est pas encore du Jacquie & Miche; mais … l 😉
Pour la 5ème, qui n’est pas celle de Beethoven, mais celle du repris de justesse (dixit Coluche), le problème, est que personne ne lui a expliqué, au repris de justesse, ce que voulait dire un casier vierge ! …
Dans un premier temps, en passant vite, il a vu casier (?), Il a cru que c’était celui pour les homards (?) … puis vierge (?), … il a pensé que ça pouvait signifier que la pêche avait été mauvaise (?) … Mais il ne voyait toujours pas le rapport d’une mauvaise pêche, avec l’élection …
Du coup, le repris de justesse n’a pas hésité à se présenter de nouveau …
Après avoir eu le « toujours pareil, c’est maintenant » de l’inimitable François, nous avons l’extraordinaire « toujours plus pareil, c’est définitivement maintenant » d’Emmanuel.
Et ça change tout.
Merci, Hache Seize.