C’est maintenant officiel. Entre la réélection de Dassault (ou de son sous-fifre Bechter) dans un mouchoir de poche, et les expérimentations consternantes de rémunération des classes collégiennes en fonction de l’absentéisme, il n’y a plus de doute : Demaerd Corp. a bel et bien pris possession de la France et lance son offensive marketing tous azimuts. La guerre totale à l’intelligence est lancée.
Je ne m’appesantirai pas sur le nouvel échec pitoyable (et louche) d’un large front de gauche face au clan Dassault à Corbeil-Essonne. Il suffira de dire que la tristesse de voir perdurer un système de gestion catastrophique typiquement corporatiste et magouillard est compensée par les mines déconfites des saltimbanques collectivistes qui, il faut bien le dire, m’amusent énormément. Mais bon, Demaerd a, une fois encore, réussi son pari de montrer toute la puissance de la démocrassie pour asseoir ses produits et ses méthodes.
En revanche, il me faudra plus d’un paragraphe pour analyser toute l’étendue de la misère intellectuelle © Demaerd Corp. qui s’est emparée de l’Edulcoration Nationale dans l’Académie de Créteil.
Il est vrai que l’instruction, dans ce pays, depuis trop longtemps aux mains étatiques totalement dépourvues de tout bon sens, descendait en pente douce depuis un moment la Rivière de la Médiocrité pour déboucher sur la Mer de la Bêtise Institutionnelle.
Les travaux acharnés d’une clique d’inspecteurs formés aux méthodes alternatives et novatrices, vomis tous les ans par des IUFM gauchisés à l’extrême, avaient déjà donné un élan considérable à la formation de petits singes apprenants.
Les efforts entrepris pour abaisser le niveau du bac suffisamment pour que 80% d’une classe d’âge puisse l’avoir ont, eux aussi, permis ce merveilleux voyage en territoire humide dans le domaine du Mauvais.
Le dogme bâti sur le collège unique, la carte scolaire et l’obligation d’éducation jusqu’à 16 ans aura ajouté au tableau et donné un coup de fouet vigoureux aux discours stigmatisant la formation professionnelle courte, faisant hardiment passer des générations de manuels pour des abrutis finis et autorisant, de façon subtile, une véritable pénurie de plombiers (par exemple), au profit de cohortes chevelues d’historiens de l’art devenus guichetiers ou de sociologues / magasiniers aux ponchos colorés.
Et là, c’est le pompon, l’estocade finale et la mise à mort du mammouth : Demaerd à tous les étages et bon sens nulle part. L’idée, qui viendrait de Hirsch, le sémillant Haut Commissaire Aux Papouilles Collectives et A l’Amour Durable, est la suivante : une classe d’élèves est doté au départ d’une cagnotte de 2000 euros ; lorsque les élèves y sont bien assidus, assistent au cours et se comportent convenablement, la cagnotte augmente progressivement au cours de l’année pour atteindre un maximum de 10.000 euros en fin d’année. La cagnotte est utilisée pour réaliser un projet collectif comme un voyage ou le passage du permis de conduire (qui, comme chacun sait, peut se passer en groupe). Et si l’un des élèves manque de façon inopinée et répétée, la cagnotte diminue.
Comme on peut le voir, c’est à la fois moral, responsabilisant, plein de promesses sur le long terme, valorisant ! Youpi !
Moral ?
Evidemment ! Puisqu’ainsi, ceux qui viennent sans effort n’y gagnent rien et ceux qui ne venaient pas se sentent directement concernés pour venir roupiller en classe plutôt que chez eux. Le bruit des ronflements permet ainsi de rappeler le vrai goût de l’abnégation à ceux qui ont compris ce qu’Etudes Gratuites peut recouvrir de frustrations. Moral aussi puisque tous les enfants du monde qui n’ont pas la chance d’avoir une éducation gratuite comprendront, par ce message, qu’en France, c’est gratuit pour ceux qui veulent et qu’on paye même les branleurs !
Responsabilisant ?
Logiquement, les petits camarades qui ne viendraient pas parce qu’ils ne se sentiraient pas concernés vont se faire tabasser par les autres qui tiennent, eux, absolument, à passer leur permis au frais de la princesse. Et il est vrai que conduire quand on a les rotules pétées, c’est plus dur. Habile, Hirsch aura certainement pensé à ce rétro-effet !
Plein de promesses ?
Cette année, c’est 10.000 euros, mais on est absolument certain que l’inflation aidera le montant à grossir. Et, si par malheur, ce montant venait à diminuer, on peut être sûr que la République assistera à une belle démonstration de force citoyenne, festive et revendicatrice dans la veine « Si vous n’augmentez pas, on ne vient plus aux cours, zarma kikoolol ! »
Valorisant ?
Il est clair que payer des figurants, c’est valorisant pour le professeur qui se transforme petit à petit en garde-chiourmes. C’est valorisant pour ceux qui travaillent et n’attendent pas de carotte pour édifier leurs savoirs et préparer leur avenir. C’est valorisant aussi pour les élèves qui ne viennent pas qu’on considère de cette façon comme assez demeurés pour avoir besoin d’une incitation pareille pour venir. Imaginer un seul instant que l’éducation est nécessaire pour elle-même, simplement parce qu’un être fruste et inculte n’a guère de chances dans notre société, c’est trop vieille France, sans doute, pour ne pas y ajouter un petit kick-back monétaire…
Il est symptomatique qu’il se trouvera toujours des guignols et des bouffons imperturbables de crétinerie pour aduler ce genre de mesures, qui aboutissent finalement à accroître encore un peu plus la dépendance des gens à l’Etat. Car c’est exactement ce que vise, consciemment ou pas, les thuriféraires d’une solution financière à un problème général, organisationnel.
Encore une fois, on retombe dans le schéma typiquement et paradoxalement gauchiste où l’argent, qui est haineusement méprisé par ces intellectuels de foire, est utilisé cependant par paquets dodus dès qu’il s’agit de régler un problème. Les hôpitaux sont désorganisés ? Filons-leur de l’argent ! Pas d’intégration, problème dans les cités, misère des populations immigrées ? Cramez des milliards (et / ou des voitures) ! Contre le chômage ? Des thunes, plein ! Les gamins ne savent ni lire ni écrire ? Allez, zou, des moyens, de la maille et des hausses de salaire ! Ils ne viennent plus en cours ? De la cagnotte, de la fraîche, vite !
Bref : le capitalisme pour les socialauds, c’est l’argent pour les nuls. L’argent, c’est mal. Mais l’argent des autres, c’est génial : il suffit d’aller le chercher de force (impôts, taxes, accises, ponctions, amendes), et pouf, on le jette par ici, et on le crame par là. Facile.
Il est tout aussi prévisible qu’on n’entende guère de discours incluant, dans ce tableau, les parents de ces élèves qu’on entend motiver. Parce que bon, comprenez-vous, il ne faudrait surtout pas stigmatiser les géniteurs et les responsables des jeunes glandeurs qui refusent une éducation offerte généreusement par la république : ces personnes sont pauvres, en difficultés, en détresse sociale, en patati ou en patata, et qu’ils n’ont donc plus toute leur tête pour gérer leurs moutards. Alors, on va continuer à bien les aider (du flouze, de la fraîche !) avec tous les systèmes d’allocations diverses, et on va maintenant aider aussi leurs rejetons (des thunes, du pognon !) avec ces « motivations » financières !
Cependant, soyons clairs : ces gamins ne veulent pas venir en classe ?
MAIS QU’IL N’Y AILLENT PLUS, BORDEL !
Ils vomissent la république, n’aiment pas l’éducation nationale gratuite ? Qu’on ne les force pas à ingérer ce brouet ! Qu’ils laissent donc les autres bosser tranquillement ! Qu’on en arrête avec cette idiotie de système obligatoire égalitariste et niveleur par le bas qui force les jeunes jean-foutres à rester scotchés à des bancs usés d’établissements dépassés !
Ce n’est pas en payant les abrutis qu’on les fera devenir intelligents ! Si telle méthode marchait, les députés et les sénateurs, au vu de leurs émoluments, brilleraient depuis longtemps au firmament des Nobels et autres médailles Fields !
Pour redonner de la valeur au gratuit, la seule méthode consiste à le rendre facultatif, voire élitiste. C’est toujours dur à lire, encore plus dur à comprendre, presque insurmontable à mettre en œuvre, et pourtant, ça marche.
Pour terminer cet article, je signalerai deux billets, celui de SOS Education et de l’Hérétique, qui ajoutent quelques réflexions pertinentes à un sujet déjà vaste.
> Entre la réélection de Dassault (ou de son sous-fifre >Bechter) dans un mouchoir de poche,
Peut-être, mais c’est une nouvelle fois,un succès pour l’UMP (dans une circonscription pourtant très difficile.
En attendant les éléctions régionales, nous avons conservé à notre permanence UMP locale,l’affichage des résultats de la précédente consultation nationale (européennes) où il apparait que la candidate ultra-liberale et anti-sarkozyste Sabine Herold a engrangé 3 voix (oui… 2+1) dans une ville de 50 000 habitants.
C’est bien. A part ça ? Vous soutenez Dassault, c’est ça ?
Il faut effectivement insister sur le fait que le droit à l’éducation implique un devoir d’assiduité. Si des lycéens – qui, pour la plupart, ne sont plus concernés par l’obligation de scolarisation jusqu’à 16 ans – ne remplissent pas leur devoir d’assiduité, ils perdent leur droit à l’éducation.
Merci H16 pour ce billet salvateur. Par contre, le commentaire de ran tan plan ne l’est pas du tout, lui. Et en plus, il est hors sujet. Il est vrai que s’il est un pur produit du mammouth, ce que la qualité de son argumentaire laisse à penser, tout s’explique y compris les dérives du PS de droite.
Très bon article, et conclusion parfaite.
Rien à redire.
La mesure risque fort de réduire le niveau moyen de la classe, car les élèves pratiquant l’absentéisme sont typiquement ceux qui s’ils viennent mettent le bazar et empêchent les profs de faire cours.
Je serai curieux de voir l’impact de l’expérimentation sur les résultats des élèves. Mais j’imagine que l’on aurait jamais accès aux données…
Tiens, revoici l’inénarrable Maurice ! (@ Higgins : je crois que le hors sujet n’est plus considéré comme éliminatoire aux examens, au nom de la libre expression.) On aimerait aussi connaître l’opinion de M. b. sur la cagnotte éducative.
Les lycées non concernés par la prime à l’assiduité vont-ils se mettre en grève pour réclamer une super prime ? Dans les classes concernées, ceux qui venaient de toutes façons auront-ils droit à une plus grosse part du projet collectif ? Ceux qui casseront la figure aux absentéistes seront-ils décorés ? La rentrée scolaire est pleine de suspense cette année…
« Ils vomissent la république, n’aiment pas l’éducation nationale gratuite ? Qu’on ne les force pas à ingérer ce brouet ! »
Ah, je suis tout à fait d’accord. N’ayant aucune estime ni pour l’Inéducation anti-nationale, ni pour la ‘épublique qui l’a fait naître, je crois que je ne vais pas non plus forcer les (futurs) miens à ingérer cette chose-là. 😀
Bonsoir,
N’ayant pas trouvé votre adresse mail sur le site, je passe par les commentaires. Je me suis en effet permis de citer très largement ce billet que j’ai trouvé excellent, et mettant bien évidemment un lien vers ce blog et ce billet.
Si nécessaire, je peux élaguer les extraits diffusés, n’hésitez pas à me le dire, je comprendrais.
bloguequipeut.wordpress.com
merci.
Pour mon mail, c’est h16 arobas free point fr, tout simplement. Pour le reste, très heureux que le texte vous plaise, et oui, vous pouvez citer sans retenue 🙂 !
L’idée n’est pas nouvelle, loin s’en faut. Elle est née outre-atlantique et portait le nom de Quantum Project et a été mise en place dans plusieurs grandes villes US.
Pour bien comprendre les différences, il faut se rappeler que chez nos amis américains ces initiatives sont d’ordre municipal et impliquent tant les établissements scolaires que les services sociaux des villes en question ainsi que les forces de police dont l’expertise est souvent utile.
Il faut se rappeler que ce projet ne vise que les élèves en difficulté, en situation de décrochage mais dont le potentiel a été détecté par les enseignants, il s’agit donc de sauver ceux qui peuvent l’être et non pas d’une connerie collective et le fric, les gamins finiront par le palper, en vrai au lieu de le voir disparaître dans une fantaisie de groupe.
L’initiative française capotera, c’est écrit et c’est normal. Lorsqu’on copie, on met de côté le volet méthodologie lié à la naissance d’un projet. On ne voit pas toutes les questions qui ont pu être posées, la logique à la base de l’idée. Et si encore ça se limitait à cela, le mal serait moindre. Lorsqu’on copie une idée et qu’en plus on y injecte ses présupposés collectivistes, on ne peut qu’aller dans le mur.
Quant à Corbeil-Essonne, mon cher Momo, il n’y a pas de quoi flamber. Je connais bien la ville, et l’état désastreux de ses finances. Je ne dis pas que les cocos auraient fait mieux, mais je reste toujours interdit lorsque je vois l’électeur de base, pléonasme, réélire ceux qui vident les caisses et tendent ensuite la sébile pour faire rentrer encore plus de pognon histoire que le bateau sombre un peu plus tard.
Pan sur le bec : « frustre »
Relevé dans un article portant sur l’éducation, voilà qui est cocasse !
-> bon, vous avez trouvé une faute de frappe, bravo. Et à part ça ?
Votre site est très bien,h16,quoiqu’un peu casseur de moral.Mais les com. de Momo le morbaque lui donnent une touche d’irréel tès appréciable.
Pourtant les solutions sont simples et bien connues :
1. augmenter le nombre d’enseignants,
2. augmenter le nombre d’enseignants,
3. augmenter le nombre d’enseignants,
[à répéter ad libitum, comme un mantra ségolarien]
« il s’agit donc de sauver ceux qui peuvent l’être et non pas d’une connerie collective et le fric, les gamins finiront par le palper, en vrai » : ils vont surtout se faire racketter à la sortie.
« Je ne dis pas que les cocos auraient fait mieux, mais je reste toujours interdit lorsque je vois… » : entre deux maux, que vouliez-vous qu’ils fissent, ces pauvres électeurs ?
Non, car il est destiné à financer la suite de leurs études, une petite partie seulement étant distraite pour leurs menus plaisirs.
Quant aux électeurs, tant qu’ils n’auront pas compris qu’on leur demande à chaque fois de choisir entre la peste et le choléra, un grand pas aura été fait. S’abstenir, c’est le seul moyen qui reste pour retirer toute légitimité à ces clowns. 80% des suffrages exprimés lorsqu’il y a 250 cons qui sont allés aux urnes sur 20.000 votants, ça flambe nettement moins. Allez donc au charbon, lorsque vous avez été élu ainsi.
L’Ecole devrait être un « sanctuaire », un lieu préservé des idoles et des tentations de ce monde ( vices, argent, …). Un endroit où l’on vient s’instruire, où la seule « richesse » que l’on vient chercher c’est la Connaissance. Non, l’argent n’a définitivement pas sa place au sein d’un établissement scolaire.