L’enfoncement routinier
On s’imagine souvent que la route de la servitude est, pour reprendre une vieille raffarinade, une ligne droite à pente raide. Dans l’inconscient collectif ou l’imagination populaire, le totalitarisme ou la mise en place d’un état omniprésent sont des événements qui se produisent vite, une sorte de basculement rapide entre d’un côté une démocratie douillette et respectueuse des droits de l’homme, des citoyens, des enfants et des animaux (notamment à fourrure), et de l’autre une société de la délation, grise et perverse, où chaque fait et geste peut mener l’outre-libre au goulag.
En réalité, la route qui mène à l’aliénation des peuples est un petit chemin sinueux et champêtre, parsemé de bosquets fleuris et, parfois, de quelques cacas odorants, dont les lacets fonctionnent à merveille pour camoufler la triste destination finale…