Pour maigrir : Sarkozypan 500, une fois par an

L’oisiveté est mère de tous les vices. Et quand on est Président, il arrive parfois qu’on n’ait rien d’autre à faire que se curer le nez, faire des crêpes (au sucre), ou proposer un truc-machin pour lutter contre les bidules-chouettes. Cette fois-ci, le truc-machin, c’est une “grande cause nationale”, et le bidule-chouette, c’est l’obésité.

Et c’est par l’Express que nous apprenons donc que Sarkozy va lancer une opération d’effervescence nationale sur le thème : Comment manger moins joli, moins gras, moins piquant, moins salé, moins sucré, moins rigolo ?

Il est vrai que le bourrelet, le président, ça le connait : il le combat, régulièrement, en vrai et en photoshop, avec plus ou moins de succès. On comprend dès lors qu’il s’investisse pour que le reste des Français partage son âpre combat à trouver un corps sculpté digne des hautes fonctions qu’il occupe.

De petits problèmes de poids

Et voilà donc le pays qui, non content de se cogner les pénibles polémiques politiciennes de campagne électorale, non content de devoir s’introspecter le nombril pour y découvrir une identité parfois nationale, doit maintenant se lancer dans l’analyse alimentaire histoire de combattre le gras superflu.

L’article de l’Express attaque directement dans le vif du (corpulent) sujet : “Les dirigeants politiques semblent enfin prendre la mesure de la progression de l’obésité en France.” Ils sont un peu lent à la détente, ces bedonnants énarques et rondouillards politiciens, mais finalement, l’information a réussi à parvenir aux couches supérieures de leur bulbe cervical : des obèses se seraient glissés au sein de la population française.

Car à lire l’article, on a l’impression d’une menace fantôme dans laquelle des ninjas-obèses (mais très discrets, donc fort souples) se sont introduits dans toutes les couches de la population, prêts à frapper comme jadis les proverbiaux communistes de la 5ème colonne.

Et bien que le rapport n’ait pas été rendu public, vite vite, on se précipite de fournir 19 passionnantes propositions pour lutter contre ce fléau qui va, à n’en pas douter, frapper impitoyablement les Français dans les mois ou les années à venir.

19 propositions, ça en fait, mine de rien, un paquet. Pour la forme, je vais en commenter quelques-unes. Où l’on va découvrir que finalement, en France, rien ne change vraiment et c’est bien ce qui rend à la fois ce pays si spécial, si extraordinaire (dans son sens premier, loin de l’ordinaire) et si délicieusement foutu…

Ainsi, on trouve dans cette liste quatre grands types de propositions, tout à fait dans l’esprit habituel de l’action publique dès qu’il s’agit de se mêler de la vie des autres: l’état sait mieux que vous ce qui est bon pour vous car vous êtes une moule de canapé méprisable qui bouffez des chips gras en laissant des miettes dans le tapis et sous les coussins. L’Etat vous prendra donc votre argent parce que se vautrer comme ça, ça devrait être interdit, merde.

Pour en revenir aux quatre grands types de propositions, nous avons le célébrissime “Claquons l’argent des autres“, suivi de près par “Interdisons des trucs“, grand frère du “Obligeons d’autres trucs“, et enfin, “Faisons du vent pour avoir l’air d’exister“.

Claquons l’argent des autres

Catégorie sociologiquement proche du Vent Pour Épater la Galerie, on retrouve des propositions qui oscillent généralement entre le jetage d’argent par les fenêtres et l’esbroufe citoyenne.

Citons par exemple la proposition qui vise à mettre des paniers de basket ou des buts dans toutes les cours de récré. On notera que la densité d’infrastructures sportives importante dans les quartiers aux populations les plus modestes n’empêche en rien cette même population d’être la plus touchée par l’obésité. Eh oui : la vue d’un panier de basket ne déclenche pas toujours l’irrésistible envie d’y mettre un ballon.

Plus proche de la simple dépense financière qui soulage un peu la conscience et pas mal le portefeuille sans réellement amener de solution, on trouvera les propositions de distribution de coupons pour fruits & légumes frais, ou l’approvisionnement des structures caritatives en aliments bons pour la santé. Sans parler du fait qu’ainsi tournée, cette dernière proposition revient à supposer que les Restaus du Coeur filent des trucs louches voire dangereux à ses protégés, ce qui n’est pas très politiquement correct. Quant aux coupons, ils sont adaptés comme une bicyclette à un poisson : pour rendre les fruits et les légumes réellement abordable, le plus simple est tout de même de baisser les p-tains de taxes diverses qui touchent les producteurs, importateurs, vendeurs et consommateurs sur toute la chaîne, non ?

Miraculeusement, une proposition surnage dans ce niagara de dépenses ridicules : améliorer la prise en charge de l’obésité dans le système de soins, aussi bien pour les enfants que pour les adultes. C’est suffisamment vague pour offrir une vague planche de salut dans cette tempête de caramel bien pensant.

Interdisons des trucs

Là, c’est le côté Etat-Papa qui parle, avec son gros gourdin (pas celui qu’il enduit de vaseline pour la sodomie fiscale, l’autre, celui qui lui sert à cogner). Il s’agit donc ici d’interdire toute publicité de produits alimentaires à l’école car les enfants sont des êtres faibles, chétifs et impressionnables qui, lorsqu’on leur propose de la purée Mousline, se jettent dessus de toute leur force dans des petits couinement de gorets excités.

Accessoirement, un simple règlement intérieur et deux sous de bon sens suffisent ici à comprendre que c’est relativement inutile : les enfants ont rarement de l’argent de poche avec eux (racket oblige) et sont généralement très tentés par les “bidouilles” plus ou moins violentes sur les machines automatiques, ce qui fait qu’en moyenne, les sociétés rechignent à les installer… Mais bon, interdisons toujours un truc qui n’est pas installé, ça ne mange pas de pain.

Plus rigolo, l’interdiction des publicités pour la bouffe aux heures d’écoute des gamins : c’est sûr que ça va marcher ! Dès qu’on aura supprimé la pub, paf, les gamins n’iront plus fouiller dans les étagères et les frigos pour s’enfiler qui des pépitos, qui un cassoulet Faucart et Huet William Saurin. Ils regarderont les dessins animés en … tricotant, mettons.

Comme quoi, finalement, la psychologie tient à peu de chose. Et les horaires fixes pour les repas, les habitudes alimentaires montrées par les parents, tout ça, c’est du flan. Dans les familles modernes, lorsqu’un spot sur du chocolat passe, les lardons se précipitent sur la maîtresse de maison en criant “BriIing Moar ChocolaAate !” et lui arrachent des bouts tant que la gâterie n’est pas fournie.

Obligeons d’autres trucs

Pendant qu’on interdit des bidules, on va en imposer d’autres. C’est ça, la balance de la loi, pour l’état :  il suffit simplement de charger la barque des deux côtés ! Par exemple en imposant l’équilibre des repas dans les cantines scolaires. Sans ça, ces cons de cuistots vont faire pâtes au jambon sur pâtes au jambon. Non stop.

Mais bon, soit, obligeons à faire du diététique dans les cantoches. Ca en occupera plus d’un et tout ça, à périmètre financier constant, ça promet des petits jeux de jambes amusants en ces temps de budgets grassouillets.

Plus rigolo, le projet de rendre obligatoire les fontaines à eau, partout, de tous les côtés. Pourtant, le principe de précaution est formel : comme il y a régulièrement des douzaines de personnes qui meurent d’avoir eu trop d’eau (notamment dans les poumons), on devrait y réfléchir à deux fois.

A part ça, pour lutter contre l’obésité, on ne voit pas trop le rapport. Voudrait-on noyer les obèses avec des petits gobelets pleins d’eau ?

Faisons du vent pour avoir l’air d’exister

Ici, on s’est dit qu’après les catégories précédentes, déjà discutables, il fallait à présent occuper le terrain. C’est le bouquet final, en quelque sorte.

Spots agressivement niais et messages de prévention sur le mode “La Raclette Après Une Bonne Choucroute, C’est Pas Automatique !”, cours de cuisine à l’école (avec la poterie et le macramé, c’est la totale : les petits lardons reviendront avec des colliers de nouilles et des biscuits douteux qu’il faudra ingurgiter – oui oui, les deux – en disant “Mmmh, c’est délicieux !”) , petits logos acidulés et bondissants sur les Zaliments Santés qui donnent instantanément envie de filer des tartes (pas trop sucrées ni trop salées mais bien poivrées) à ceux qui les ont conçus, et bien sûr, last but not least et dans la parfaite rectitude sarkostique de l’action politique à frétillement ventral, inscrire l’actuel Plan national nutrition santé (PNNS) comme priorité de santé publique, lancez la Marseillaise et envoyez le Charles de Gaule !

Tout ceci n’est pas vraiment novateur, dans le fond.

Encore une fois, on se débrouille pour répondre à un problème par des rustines sans intérêt et des mesurettes à la limite du drolatique dans l’aspect dérisoire et décalé d’avec le problème.

Enfin, on pourra trouver révélateur que l’état s’occupe de l’obésité de ses citoyens alors qu’il a, lui-même, un énorme problème de poids, qu’il devrait être mis à la diète de toute urgence et semble pourtant parti pour continuer au même rythme ses gargantuesques orgies.

Un ogre obèse, pervers et goinfre est-il le plus à même de donner des conseils en nutrition ?

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Commentaires19

  1. Higgins

    Le 4ème paragraphe a retenu toute mon attention. Il est en parfaite cohérence avec le Grenelle de l’environnement: il suffit qu’il soit couplé avec une éolienne et le tour est joué.

    Par ailleurs, tu devrais breveter ton post et le faire acheter par l’ENA. Tu y résumes parfaitement le rôle indispensable de l’état et son mode de fonctionnement si efficace.

  2. Flo

    Enorme :-)!
    Tiens dans la série des trucs dingues ma boîte a reçu il y a quelques jours les imprimés pour la taxe d’apprentissage.
    Avec il y a un petit flyer format A5 tout joli où la CCI se félicite d’avoir créé un site pour “simplifier la gestion de notre taxe d’apprentissage”.
    Je vous laisse apprécier le dessin qui illustre cette “simplification”:

    http://www.taxes-formation.ccip.fr/CCIP/

    (le petit cartouche en haut à droite)

    Dans la série des “trous qu’on creuse pour les reboucher et qui donnent du travail à la population qui retombe en pluie bénéfique sur tout le monde”…

    1. josick d’esprit agricole

      Pour répondre à cette demande, en modèle la réponse d’un entrepreneur :

      Monsieur,

      Vous vous targuez d’un 100% comme taux d’insertion. Cela n’a rien à voir avec votre action (je ne dis pas votre travail). Ce n’est pas tant la qualité de la formation dispensée qui explique ce score, mais bien plutôt un criant besoin du marché en main d’œuvre œuvrant dans le bâtiment. Et ce marché, qui n’a donc vraiment pas le choix, se trouve en demeure de prendre ce qu’il trouve, c’est-à-dire ce que vous faites: des jeunes gâchés qui ont perdu leur temps avec vous. Car là se joue le drame: celui de l’extrême faiblesse de la qualité, par exemple des CAP de couvreur, que la filière BTP FORMATION a à offrir.

      L’employeur embauchant le titulaire d’un CAP pense s’assurer d’un certain niveau de qualification. Or, d’après mon expérience de jeune entrepreneur en couverture ayant embauché un jeune cette année, ce n’est pas du tout le cas. Méconnaissance des fondamentaux comme la soudure de gouttière, …. Et d’après mon autre employé ayant connu également cette année l’embauche d’un jeune CAP alors qu’il était dans une autre entreprise, mêmes observations…

      Le taux de réussite de plus de 86% que vous affichez ne correspond pas à des notes méritées. Le CAP est donné bien trop facilement à des personnes qui ne le méritent pas. De ce fait, sont pénalisés tant les bons éléments que les entrepreneurs se faisant échauder par du personnel soi-disant diplômé mais loin d’être à la hauteur minimale que l’on aurait dû exiger avant de donner le diplôme.

      Dans ces conditions, il faut être vraiment inconscient ou cynique pour s’exprimer de la façon dont vous le faites : “Pour continuer d’offrir une formation de qualité aux jeunes et assurer une main d’œuvre qualifiée….” Si la formation était de qualité, comment expliquez-vous que les formés soient si mauvais. Vos propos sont boursoufflés, bouffis, gonflés à l’air, comme une baudruche, car il n’y a quasiment rien de valable derrière cette façade affichée.

      Dans ces conditions, il apparait beaucoup plus responsable de verser ma taxe professionnelle à de véritables organismes de formation, organismes qui font autre chose que de la garderie de jeunes désœuvrés, et pourquoi-pas, organismes autres qu’œuvrant dans le BTP.

      Veuillez recevoir Monsieur l’expression de ma désapprobation distinguée,

  3. Pierre

    L’obésité sera bientôt vaincue grâce aux métros et RER à pédales, que la SNCRATPF prévoit de généraliser à l’horizon 2012 suite à une grève générale des cheminots, dont chacun sait que la pénibilité du travail est due au poussage de trains (et même parfois au tenage de murs).

  4. Flak

    l’obesite va de pair avec une extremement mauvaise education aux repas.L’obesite est un probleme chez les societes americaines parce que les gens mangent debout, dans le stress, n’importe quoi, et que dans les familles c’est la meme chose, le repas n’est pas structure, on ne s’assied pas a table, on ne mange pas de salade.
    Les enfants quittent la table quand ils veulent, ne sont pas obliges de finir leur viande et resultat, a l’adolescence ils bouffent n’importe quoi et ceux qui compensent autre chose deviennent vite obeses.

    Les politiques francais, dans leur habituelle inculture crasse de ce qui n’est pas francais (a l’image du reste de leur population), ratent magnifiquement le fond de la question ( qui est la degradation de l’education des enfants a tous les niveaux, donc y compris les repas), et font de tout ca une ‘prevention’ qui n’a comme d’habitude rien a voir avec les vrais processus.

    On peut comprendre la terreur des Francais a voir leur population devenir grosse, et a devoir interagir au quotidien avec ces sous-etres laids, faibles et detestables que sont les gros, qui sont encore relativement peu nombreux: les Francais sont en majorite tous maigres.
    C’est d’ailleurs ce qui rend toute cette question savoureuse par la dose de fascisme proactif qu’elle contient:
    en france, il y a si peu de gros, et la population est si majoritairement maigrasse que lancer une campagne contre l’obesite est insultant et absolument inutile, a l’image du reste de l’action gouvernementale.

  5. Flak

    Tiens ca me rappelle cet endroit d’Afrique (ou une ile, je sais pu) ou il est super bien vu d’etre grosse, depuis quelques temps des associations debiles d’aide a la connerie se sont mis dans la tete de ‘liberer les femmes locales’ du joug machiste de l’obesite forcee.
    no comment…

  6. adnstep

    Et bien je pense qu’un four à pizza est indispensable dans un aéronef digne de ce nom (sans doute mes origines italiennes).

    Si on pouvait avoir ça sur ls appareils d’Air France…

  7. Mincir

    ouh là là, je le croyais pas si gros!
    La miss devrait le mettre au régime minceur immédiatement…

    pas sûre que ça ait un bon effet sur son caractère de c..

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