La liberté conditionnelle

Etre libéral comporte un défaut majeur : une fois qu’on l’est devenu, on ne peut plus s’empêcher de réagir à l’actualité en l’analysant en terme de liberté et d’impact sur les responsabilités de chacun. L’utilisation de cette grille d’analyse sur les politiques menées dans l’Histoire (et jusqu’à récemment) provoque un véritable décillement, une prise de conscience d’une bien funeste réalité dans ce monde : chaque jour amène la constatation que des absurdités consternantes sont mises en place au nom de notre bien-être provoquant des catastrophes prévisibles à court, moyen ou long terme.

Par exemple, sur les quelques jours qui viennent de s’écouler, l’analyse libérale de l’actualité refroidit l’ardeur qu’on peut avoir à simplement travailler et construire son avenir en France.

Ainsi, on peut déjà poser les jalons de la prochaine prison mentale que nous construiront les collectivistes de tous crins sur leur vision du climat, de l’humanité dans la biosphère et des petits poissons colorés qu’on ne doit pas manger. Par une propagande habile, les zécolos zélés auront mobilisé nos députés pour leur projeter le documentaire clip qu’a commis Al Gore. Outre des qualités cinématographiques très discutables du film, celui-ci expose en substance les théories les plus courantes sur le réchauffement climatique, l’impact de l’homme dans ce dernier, et la catastrophe annoncée, évidente et inéluctable que nous réserve l’avenir.

On formatte ainsi sans vergogne les individus qui vont prendre des décisions bousculant notre vie quotidienne. Influencés tant par la peur de l’hypothétique armageddon que par la perte potentielle d’électeurs – qui est un animal farouche, rappelons-le – , le député moyen, choisissant la sauvegarde de ses fesses avant même celle de la planète, de l’humanité ou tout simplement du bon sens, prendra alors fait et cause pour l’écologisme à la petite semaine qu’Al Gore aura prémâché pour eux.

Bientôt, manger des flageolets – entraînant une production insupportable de méthane – ou laisser une ampoule allumée en pleine journée chez vous constituera un délit, une offense à la Nature, ou, pire, une atteinte au climat. Certains penseront ici que je vais trop loin. Bien sûrs sont-ils qu’il n’y aura jamais de Brigade d’Intervention Rapide Contre les Mangeurs de Cassoulet, et encore moins d’Amende Forfaitaire pour Entrave Individuelle au Protocole de Kyoto.

Cependant, je me permets de douter. Déjà, la pensée déviante, celle qui remet en question le Dogme Ecologiste du Réchauffement Climatique, est furieusement pourchassée. Si l’on choppe une sorcière qui breloque de la dissidence, si l’on attrape un dévôt sataniste qui ose douter que l’Homme n’est pas le responsable direct des caprices de la Nature, on le brûle en place publique.

De nos jours, évidemment, brûler sur un bûcher signifie en fait cramer dans la presse. Le dévôt sataniste, pour mon exemple, sera Allègre, qu’on s’empressera de désenvoûter par des aspersion d’eau bénite par le saint-CNRS, la Presse Mainstream Toute Puissante et l’Opinion Publique In Excelsis Deoôooo. Mais les prémisses du maccarthisme écologique sont là : qu’il existe d’autres théories est étouffé ; qu’il existe d’autres possibilités, d’autres scientifiques en accord avec les vues d’Allègre, tout ceci sera caché, oublié, pour que ne subsiste que la vision officielle.

Partant de là, il n’y a pas beaucoup d’efforts à faire pour imaginer, un beau matin, des lois interdisant clairement toute opinion délictueuse à ce sujet.

Idiot ? Caricatural ?

Pas tant que cela : déjà s’amoncellent dans un silence quasi-sépulcral les lois ouvertement liberticides. Caractéristiques des sociales-démocraties plus ou moins assumées, ces lois passent maintenant comme une lettre à la poste, sans protestation. Aussi triste que cela soit, l’Amérique, avec ses lois sur la sécurité intérieure et les mesures prétendument anti-terroristes, aura montré la voie. On utilisera toujours les mêmes mécanismes de la peur, du repliement sur soi et de la fermeté vis-à-vis de l’inconnu pour justifier n’importe quelle absurdité. On en vient même à ressortir des chefs d’inculpation pourtant d’un autre temps, la trahison, pour justifier, finalement, des démarches judiciaires contre des délits d’opinion. Se déclarer contre sa nation ne constitue plus un droit pourtant fondamental, mais bien un crime.

Ironiquement, il est étonnant de voir que se prononcer contre les Talibans dans un pays dirigés par ceux-là revient à signer son arrêt de mort, et que se prononcer contre le gouvernement d’une “démocratie” revient aussi à signer son arrêt de mort, ou son emprisonnement. La différence factuelle entre les deux régimes devient de plus en plus fine. Certes, on m’objectera que les degrés de magnitude dans les atteintes aux libertés ne sont pas les mêmes. Soit. Il n’en reste pas moins vrai que conceptuellement, on assiste de part et d’autre strictement aux mêmes mises en place de concepts foireux, aux mêmes démarches, et aux mêmes conséquences. On peut le craindre : les différences seront gommées par le temps.

Dans le même registre, il est maintenant en France légalement interdit de nier le génocide arménien. Sans même parler du caractère libertophage et liberticide de ce genre de mesure du plus haut stupide, je me contenterai d’attendre cyniquement la prochaine loi interdisant de nier la rotondité du globe. Après tout, on autorise la vente de drogue nicotinée d’un côté, et on empêche les gens d’en consommer de l’autre : on n’est plus à une absurdité près : c’est pour not’bien qu’on te dit !

En tant que libéral, chaque nouvelle de la sorte qui tombe dans le domaine public, et qui ronge notre petit espace de survie dans l’indifférence générale, démontre à l’évidence, jusqu’à la nausée, l’absolue vacuité du concept même de démocratie. Devenue croupion des institutions de la République Fraônçaise, l’Assemblée n’est plus guère qu’une chambre d’enregistrement, à la merci des lubies du président et cantonnée à bricoler dans son coin des lois sur l’Histoire, la Géographie ou … les légumes pour ratatouille.

On pourra me rétorquer que ce que nous observons là est une dérive du beau concept initial. Malheureusement, il n’existe plus guère de pays démocratiques qui puissent se targuer d’éviter ces surenchères législatives débiles, et à la faveur d’une économie, d’un marché, d’une information et d’un terrorisme mondialisés, chaque jour qui passe le démontre : la démocratie ne protège en rien de cette marche effreinée vers l’égalitarisme, la négation de toute responsabilité individuelle, et un monde cauchemardesque orwellien, ou chacun construit sa cellule de prison mentale sur la sueur des autres.

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Commentaires11

  1. Albert

    h16 Si je cherche la liberte c’est quand meme aux usa que je vais la trouver; certes comme dit ma concierge ‘rien n’est parfait’ ou bien Albert ‘tout est relatif’, mais je refuse de tomber dans le relativisme et encore moins dans celui culturel.

    Non tout ne se vaut pas!

    Ceci dit s’il est un systeme qui est fondamentalement branche a l’envers, c’est bien ici qu’il faut regarder. Le theme climatique se lit toutefois de facon differente depuis les usa et depuis ici.
    En fait au usa on peut faire du catastrophisme eclaire, et en ce sens arriver en une nouvelle vague de developpement economique. Par opposition (sic), en france, pays des risquophobes, la meme information provoquera l’interdiction de tout et l’aneantissement economique, la lecture attac (qui est le verlan de cata…), ceci tombe bien puisque en cette culture, l’economie est une horreur. Il est certain que cette perception (erronee) du fait economique est une horreur. Baudrillard a beaucoup oeuvre dans les esprits ici.

  2. Qu’on ne s’y méprenne pas : quand je cite les US, c’est pour noter leurs dérives. Pour ce qui est de la liberté, au moins économique, ce grand pays a encore de l’avance sur nous…

    (note : j’aime bien le “risquophobe”)

  3. Offset

    H16, je lis ce post avec un peu de déception. Vous faites de l’extremisme dans l’autre sens : "Non non, il ne se passe rien, tout le reste n’est que mensonge".
    Personnellement, j’ai trouvé le film d’AlGore très bien ficelé même si effectivement, il reprend des thèses connus, mais très bien expliqué.
    Après, on est d’accord ou on l’es pas. Mais vous n’allez quand même pas interdire un film de paraitre sous pretexte que ce ne sont pas vos idées (suivez mon regard à propos de l’Arménie).
    Chacun est libre (encore) d’aller voir ou non ce film.

    Je vous propose de créer un film qui explique que le réchauffement climatique est une abération créé de toutes pièces. Cela serais beaucoup plus contructif, et je suis sur que cela ferait un tabac.

  4. Albert

    @ h16 correction, vous allez aimer: … risquophobes et statolatres …

    Pour le reste en accord. Le film: une communication de collages de faits avec une orientation allant dans le sens d’une fin (l’homme etc…); MAIS association n’est pas causalite et cause n’est pas LA cause, ceci dit en habitue de la methode scientifique ET ces inferences sont faites dans l’esprit des gens ET c’est un mecanisme communicationnel connu (information amplifiante de… et minorante de … ; ce devait etre le fond de la pensee de Claude Allegre, du moins la partie scientifique. Ce genre de communication va, aux USA, entrainer une canalisation des propensions des gens, capable de muter la demande et ainsi l’offre et ainsi par appel en recherche finir par muter toute l’industrie impliquee. Ce sera efficace et bien plus que Kyoto! Donc ni pour ni contre ce film mais une expression du fonctionnement du capitalisme. A noter que cette nouvelle vague economique sera fortement a base technologique. Muter l’industrie de l’automobile depuis centree sur la mecanique vers trois poles: energie-electrique, informatique embarque et systemes de systemes, et nouveaux materiaux (alleger la voiture)… C’est ca l’enjeu. Mais il y a un cout (un gap) et une nouvelle croissance en avant (toujours la frontiere).
    En France que faudrait-il faire? Pas de solution vu le lobby attac, cegetix etc… Attendre d’avoir loupe un train de plus et courrir derriere dans vingt ans. Business as usual. L’histoire va encore faire une rime.

  5. @Offset : loin de moi l’idée de vouloir interdire le film de Gore, ou aux députés d’aller le voir. En fait, je critique le fait qu’ils aient été le voir “officiellement”, ce qui revient à donner un crédit à ce film supérieur aux autres films que les députés iront voir dans une démarche personnelle… D’autre part, je ne dis pas “il ne se passe rien, tout le reste est mensonge”, je dis simplement que les tenants de la thèse “il n’a pas été prouvé que l’homme soit responsable du réchauffement climatique” ne sont plus écoutés, et qu’on emploie des méthodes … discutables pour les étouffer.

  6. Jesrad

    Le film d’Al Gore est certainement très bien fait, mais c’est plus drôle quand on le regarde comme un film de propagande en faveur des efforts de la civilisation humaine pour combattre l’arrivée catastrophique d’un possible ère glaciaire: en.wikipedia.org/wiki/Lit…

    Une élévation de la température moyenne étendrait considérablement la biosphère terrestre.

  7. Albert

    Le debat strict ‘climat’ tourne en fait autour de notre ignorance avec des modeles incomplets; des collections de faits et des lectures cause effet simplistes alors que les mecanismes sont des equilibres dynamiques, une couche de divers fixisme, une couche d’agenda politique (avec logiques de pouvoir de qqs individus… ce n’est pas neuf) enfin une couche d’agenda economique (ceux qui trouvent un alibi interessant la propagation d’une solution, et l’exact inverse…).

    Mais une autre lecture peut etre faite. Comme dit plus haut, la variabilite climatique est un fait, connu, et nous en sommes les ‘produits evolutifs’ comme notre environnement actuel (‘on’ y a survecu’). Il n’y a donc rien d’autre a en comprendre (sauf pour avancer dans la comprehension de ces grands systemes complexes) que notre necessaire adaptation; qui est la source meme de l’economie de demain.

    La tentation de la ‘mise sous cloche’ et de l’idealisation d’un climat correspondant a la jeunesse d’une classe ‘aux affaires’ est la meilleure preuve de sa senescence. Ou la societe se met dans une perspective d’adaptation permanente et fonde son economie dessus cette realite ou bien elle veut dire l’optimal et tout regler a cet optimal de facon dogmatique et se sera l’echec d’une societe.

    Peu importe en fait ce qui fera basculer les propensions de shommes vers cette adaptation, la peur du rechauffement transforme en prophetie auto-invalidante, ou bien la foi en des solutions nouvelles transformee en prophetie auto-realisatrice.

    En ce domaine ce n’est ni simplement scientifique (factuel) ni simplement un fait humain (esperance vs peur, incertitude, doute), c’est la consolidation des deux avec deux populations d’hommes ceux qui ont peur et ceux qui osent.

    Enfin dernier point. Il y a bien longtemps ‘on’ mourrait avant que de developper des maladies associées au grand age. Ceci etait pourtant latent. Plus on evolue et plus on decouvre la complexite de la nature, sa diversite. Ce discours autour du climat s’inscrit bien dans ce cadre. Le climat dans un siecle: personne n’en sait rien! Mais le climat touchant tout le monde est un facteur neutre utile au mecanisme evoque plus haut. Une certaine gauche trouve utile de designer l’economie comme facteur actif sur le climat (premier point) et l’economie etant centree sur les USA (point deux) elle trouve assez utile cet amalgame pour sa fin. En France pays de Colbert et de l’administration partout (et anti-americaine et en mefiance de l’economie et de l’initiative privee) cela tombe a point, de plus l’Etat ayant investi dans le nucleaire trouve un moyen de pousser cet atout. Donc tout devient tres mitige dans ce qui n’est qu’une lutte de pouvoir planetaire pour les fondements du pouvoir de ce siecle : l’energie et le vivant (la connaissance necessaire a la maitrise de…)

  8. PingouinPissedOff

    je vais faire court:
    je viens de passer un wouikende avec des gens tres impliques qui travaillent pour de belles ONG qui aident le monde et ses enfants, comptent les petites bombes atomiques en circulation et reconfortent les petits animaux stresses dans les usines; conclusion ils sont tres moraux et cultives, connaissent parfaitement les problemes du monde,
    mais t’envoient chier quand tu taxes (poliment) une cigarette, ou se jettent sur le (delicieux) fromage que tu as apporte sans meme te remercier, t’empechent de dormir avec leur techno a donf alors que tout le monde est ecroule de fatigue et tente de dormir, etc etc
    en fait dans un groupe de personnes on remarque vite les amis de la terre, ce sont les gros cons insupportables, egoistes et anaux.
    pas tous je sais…

    Pp

  9. Laurent

    "en fait dans un groupe de personnes on remarque vite les amis de la terre, ce sont les gros cons insupportables, egoistes et anaux.
    pas tous je sais…"

    Si, si, tous. Et donneurs de lecons, en plus. Ca fait longtemps que j’ai appris a les flairer de loin, et on ne me prendra pas a passer un wouikende avec ces apotres de la bien pensance. Je vous invite a entrainer vos narines afin de passer de meilleures fins de semaine.

  10. PingouinCollectiviste

    bof, y avait aussi des gens que j’aime bien dans le tas alors ca rattrape.
    et puis on avait le meilleur lit 🙂
    (on l’avait reserve a l’avance discretement aupres du maitre de maison de facon totalement nepotique et anti socialiste.)
    les collectivistes ont dormi dans le salon, il n’avaient pas nepotise suffisamment au prealable :))
    ah ces collectivistes ils ont toujours un train de retard, ah non pardon, ils montrent l’exemple.
    hihi

    Pp

  11. PingouinHistoires

    Laurent,
    je sens que tu veux nous parler de ton experience avec les amis de la terre.

    lache toi, j’ai envie de lire de belles histoires, ou de penser que je ne fus pas le seul a souffrir de leurs exactions par le passe (avant de decouvrir que eux et moi on jouait pas dans la meme ligue )

    🙂

    mercii

    Pp

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