Petit précis de résistance contre les abrutis de l’Etat

L’abruti niche partout, bien malheureusement. Mais donnez-lui du pouvoir, mieux, accompagnez-le de celui de l’Etat, et l’abruti peut devenir une nuisance telle qu’à moins de disposer d’une force de frappe conséquente, on ne pourra en venir à bout. L’actualité illustre fort à propos cette triste constatation.

Plaçons-nous dans une société comme la France en connaît, heureusement, des douzaines : une entreprise en plein essor, dont le chiffre d’affaire augmente régulièrement ainsi que le nombre d’employés.

Dans cette entreprise, le patron n’est (bizarrement) pas un de ces personnages en haut de forme, ventripotent et malsain, qui surcharge ses salariés sous une masse de travail frôlant l’esclavagisme et qui profite de la moindre incartade des cours de bourse pour virer un chapelet de prolétaires : en fait, c’est même un type plutôt bien, aimé de ses employés.

Tous ? Presque tous : l’un d’entre eux, habilement délégué du personnel, aime tellement son entreprise qu’il y vole jusqu’à 50.000 euros de matériaux divers, pour refaire un peu la décoration intérieure de son modeste foyer ainsi que l’aménagement de son jardin.

Le vol est constaté. Le dépôt de plainte acté, la gendarmerie prévenue, le suspect appréhendé, les aveux enregistrés. L’étape suivante consiste, avant la prison, en un licenciement, parfaitement logique.

Mais patatras : l’Inspection du Travail décide que voler n’est pas jouer, et qu’en conséquence, ce n’est pas un motif suffisant de renvoi. Oui, vous avez bien lu : l’Inspection du Travail casse la procédure de licenciement pour motif insuffisant. Et non, ce n’est pas une erreur de procédure qui aboutit à cette décision ubuesque, c’est bien la nature de la faute qui est jugée insuffisante :

C’est ici que la leçon de résistance contre les abrutis de l’état commence.

Car en effet, pour pouvoir effectivement se rebeller contre l’Inspection du Travail et obtenir gain de cause, il est absolument et rédhibitoirement utopique de croire que lancer une procédure en référé au tribunal administratif servira à quelque chose.

Il faut du lourd, du costaud : comme le patron, si vous devez faire valoir votre bon droit, vous devrez passer par la case « grève de la faim ».

Evidemment, ça ne suffira pas. Il vous faudra ensuite trouver le support de plusieurs centaines de personnes. Heureusement pour lui, ce patron a eu le bon goût de ne pas trop fouetter ses salariés qui ont (probablement sous la menace, n’en doutons pas) accepté de mener des actions pour montrer leur sympathie avec leur employeur.

Très concrètement, cela se traduit par des opérations escargots, ce qui revient à emmerder des centaines de personnes supplémentaires aux accès de Rouen un mercredi midi histoire de faire connaître l’iniquité de la situation.

A la suite du gentil bordel obtenu, presque mécaniquement, les journalistes vont s’en mêler ; la prise en sauce étant assurée, la suite est presque naturelle : l’Inspection du Travail – qui a poliment refusé de commenter toute l’affaire dès qu’on est venu la chercher – s’est bien vite rétractée. Le salarié indélicat pourra bien être licencié, le patron va pouvoir recommencer à se nourrir.

Cette affaire est consternante sur une multitude de niveau et illustre très bien l’état de pourrissement grandiose des relations sociales dans ce pays.

Il semble ainsi manifeste que la notion de « salarié protégé » donne des privilèges exorbitants. On peut toujours imaginer un monde magique où ce privilège n’est pas employé bien au-delà de ce qu’il permet, mais la réalité force à constater que bien nombreux sont les abus.

Il semble que l’Inspection du Travail ne fasse pas preuve ou bien de toute la rigueur ou bien de toute la lucidité nécessaire au traitement des cas qui lui sont soumis. Ou alors, le quotient intellectuel moyen des gens qui y travaillent est notoirement trop bas (un mélange de ces différentes options est plus que possible : il est probable tant le nombre de cas hallucinants à l’instar de celui de ce patron sont nombreux tous les ans). On ne peut pas écarter aussi une vision assez idéologique dans la décision initialement prise de refuser le licenciement, puisqu’après tout – et tout le monde le sait – les patrons sont naturellement des menteurs et des exploiteurs : toute demande de licenciement sur un motif de vol ne peut être que suspecte.

Mais au-delà même du droit du travail et de sa vision de combat prônée par l’Inspection du Travail, on peut noter que la seule action qui ait permis une résolution rapide du problème aura consisté en une opération escargot et en une intervention des médias ; autrement dit, pour faire bouger quelque chose en France, il semble qu’il faille emmerder le maximum de personnes et donner à cet emmerdement le retentissement le plus grand possible.

Enfin, on notera la rapidité de réponse de l’administration quand, justement, des milliers de personnes se retrouvent coincées. On aimerait tant que les problèmes rencontrés avec le fisc, les assistantes sociales, les administrations de la sécu, les opérations farfelues sur les lignes France Télécom, les plaintes pour colis délicatement écrabouillés par la Poste, ou les milliers de bureaucrates dé-bor-dés se résolvent avec la même rapidité !

Finalement, c’est peut-être ça, le secret du bonheur en France : savoir organiser des flash-mobs massives dans les locaux des administrations fautives dès qu’on est emmerdé ou pouvoir mobiliser des centaines de fans sur un thème fédérateur comme « Faire Comprendre A La Sécu Qu’on N’Est Pas Mort » ou « Mon Homonyme Vous Entube, Moi Pas, Merci De Faire Les Corrections Nécessaires ».

Pas de doute : la France va devenir un vaste espace de jeux où, pour échapper aux abrutis de l’Etat, l’amusement principal consistera à emmerder le plus de monde possible.

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Commentaires22

  1. Yul

    J’ai connu le cas, dans une entreprise de sécurité assez importante, d’un délégué syndical qui ne s’était pas pointé dans l’entreprise depuis quatre ans, et à qui on envoyait son chèque chaque mois à l’adresse de ses parents, parce qu’on ne savait plus où il habitait.

    Puis un jour, son syndicat perd les élections. Et là, il repasse en vitesse pour emporter l’écran plasma du CE.

  2. Manassas

    Je propose aussi de rajouter officiellement dans le droit du travail : l’employé a le droit et le devoir de séquestrer son patron contre sa volonté si il est en désaccord avec lui.

    C’est quand même consternant. Chapeau (haut-de-forme) pour cet article.

  3. Théo31

    A l’étranger, ils doivent se marrer avec les débilités de nos syndicalistes/fonctionnaires/branleurs à vie.

    Il ne faut pas oublier que le coût des vols (qui sont majoritairement le fait du personnel, non des clients) et des destructions est répercuté sur le prix de vente pour le compenser, et qu’en conséquence ce sont les personnes/clients les plus modestes qui trinquent au bout de la chaîne. Un truc que les abrutis de gauchistes sont incapables de comprendre.

    1. Winston (l’autre)

      Si si, ils comprennent très bien mais quand ça ne colle pas à l’idéologie ce sont les faits qui se trompent. « L’enfer est pavé de bonnes intentions » dit l’adage mais un autre adage dit que « c’est l’intention qui compte », alors si en plus les intentions sont bonnes…

      1. JG2433

        « c’est l’intention qui compte »

        En France, par exemple, c’est ce genre d’excuse que se sont permis d’avancer certains intellectuels communistes purs et durs (tout comme d’autres, simples apologistes) pour ne pas avoir à reconnaître leurs immenses erreurs vis-à-vis du communisme mondial.

        1. JG2433

          Je complète ce que j’ai écrit ci-dessus (19:25) :

          L’intention était de réaliser le « paradis » sur terre.

        2. Winston (l’autre)

          Un autre sophisme assez courant consiste à affirmer que Staline, Mao, Pol Pot et les autres ont perverti l’idéal communiste du début, donc qu’ils n’étaient pas de bons communistes, donc pas des communistes, et donc les communistes (les vrais, les gentils) ne sont pas coupables et n’ont pas à se remettre en question. L’auto-critique c’est pour les autres, eux font dans l’auto-absolution.
          J’ai entendu le même discours à propos des attentats de New York (pas des bons musulmans, donc pas musulmans, donc cépanou). Ca marche avec tout : Vichy, nazisme, etc… Pratique et imparable.

      2. gnarf

        Ah excellent. Je suis toujours oblige d’utiliser « l’enfer est pave de bonnes intentions » quand je discute avec un Francais type.
        Mais oui, il faut rajouter « c’est l’intention qui compte » qui devient tres vite « la fin justifie les moyens ».

        1. Sébastien CERISE

          @Winston.
          Je dirai que votre théorie fonctionne particulièrement à gauche…
          Car je ne vois pas un parti en France qui se nomme officiellement « parti nazi ».
          Il est d’ailleurs assez étonnant de trouver que le communisme est acceptable, mais le nazisme, non…
          Il est utile de rappeler qu’un Mao ou un Staline font passer tous les Hilter, Mussolini et autres Franco de la planète pour des gentils socialistes…
          Sait-on pourquoi massacrer à gauche est plus acceptable que massacrer à droite ?

        2. Winston (l’autre)

          Bonjour Sébastien,
          à propos du nazisme je voulais dire qu’il serait facile à des personnes malhonnêtes (ou bornées ou les deux) d’affirmer que les nazis n’étaient pas de « bons » allemands et que donc l’Allemagne n’a pas à rougir de ce qui ne la concerne pas et c’est ce que font les communistes. Ils n’assument pas et ne voient aucune raison de le faire.
          Pour votre second point (massacrer à gauche ou à droite) :
          – les soviétiques n’ont pas déclenché de guerre mondiale
          – n’ont pas exprimé explicitement la nécessité d’éliminer tel ou tel sur des critères ethniques (je crois)
          – font partie du club des vainqueurs
          – et -last but not least- ont été le rouleau compresseur qui à partir de 1942 ont commencé à repousser les allemands vers l’Ouest au prix de pertes vertigineuses.

          Et comme le soulignait Michel de Poncins (je crois) sur le site de Claude Reichman (excellent) à propos du procès « Doutch » au Cambodge, il y a eu Nürnberg mais le procès du communisme n’a jamais eu lieu. à Phnom Penh ou Moscou, les assassins courent toujours et n’ont probablement pas besoin de se cacher. C’est dégueulasse mais c’est comme ça.

          PS : je ne suis pas spécialiste et ma culture est modeste donc merci d’être indulgents si j’ai fait des erreurs ou des oublis. 😉

        3. Laetitia

          Sebastien: Winston a déjà répondu, mais je me permets un petit ajout 🙂
          Effectivement, les nazis et les fascistes ont perdu la WW2, contrairement a Staline.
          Il en découle que pour le droit international, le fait de massacrer , torturer, déporter, réduire en esclavage etc, des individus
          pour des motifs sociaux n est PAS considéré comme un crime contre l humanité….

          Ajoutons que dans notre beau pays ainsi que dans les pays voisins, nos chers cocos ont eu pignon sur rue et on connu un franc succès, alors qu’ils étaient directement affiliés à Moscou.

  4. Yul

    un gauchiste dirait que ce courageux syndicaliste n’a fait que compenser le vol fondamental que constitue l’activité capitaliste de son patron.

  5. Franck Boizard

    Il faut bien comprendre. Pour l’Etat français, tel qu’il est aujourd’hui, la racaille de toutes sortes est l’équivalent des kapos dans les camps nazis ou des socialement proches au goulag : des délinquants qui, par leur violence orientée contre les résistants, ceux qui veulent l’ordre et la liberté, et non l’Etat–mamma, aident à contrôler ceux-ci.

    Peut-être que l’inspecteur du travail n’en est pas conscient. En revanche, l’idéologie à laquelle il adhère de son plein gré aboutit à cette conséquence là.

    Heureusement, l’Etat français n’a pas toujours trahi ainsi ses devoirs et j’espère que, sous la pression de la crise économique qui tue le pseudo-modèle social français, il reviendra à sa mission première.

  6. daredevil2009

    Tout ceci me parait être l’exemple caractéristique du blocage qui règne dans notre pays et qui risque de nous précipiter dans le chaos – dans la lutte de chacun contre tous…
    Nous risquons de finir par en crever, malheureusement!

  7. Higgins

    Comme nous avait dit une personne qui avait été très fortement impliquée dans une réforme touchant l’inspection du travail lors d’une session de formation au changement: « Le concours pour devenir inspecteur du travail est très difficile – puis gourmand – si vous êtes de droite, vous devenez commissaire de police, si vous êtes de gauche, par contre, l’inspection du travail vous tend les bras!!! ». J’en ris encore.

  8. Le libéralisme pour les débutants

    Sur l’inspection du travail, c’est une catastrophe. Déjà le droit du travail est tellement complexe que dans certaines situations, il n’est pas possible de suivre la procédure correctement : il n’y en pas une mais plusieurs ou aucune, personne ne sait trop, y compris les gens pointus. Et l’entreprise aura forcement choisi la mauvaise en cas de litige.
    Et une partie des inspecteurs du travail font peur.. Un ami, gentil, est sociologue. (35 ans, Doctorat en sociologie + 3 ans de chomage) a réussi le concours. Jamais foutu les pieds dans une entreprise de sa vie, mais il est gonflé à bloc par sa nouvelle mission : être une police de gauche.. Ca va donner.

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