Notes en classes, prisons surchargées : dissolvons les variables

Aujourd’hui, dans le cadre de notre étude continue sur les ravages de la pensée altercomprenante des socialistes, nous allons aborder la résolution de problème par dissolution de variables. Il s’agit d’une méthode extrêmement efficace pour analyser de travers une difficulté de la société, d’en produire un diagnostic erroné,
d’y apporter une solution inappropriée, et de se réjouir d’un échec misérable.

L’actualité nous propose deux cas récents d’application forcenée de cette méthode.

Toute la subtilité de son application résidera dans l’absolue nécessité de dissoudre efficacement dans un bain de moraline concentrée le plus possible de paramètres qui se rapportent au problème considéré.

Pour notre premier exemple, nous allons étudier la proposition du député Dominique Raimbourg, du parti officiellement socialiste, cela va de soi, qui s’est inquiété du taux d’occupation des prisons françaises.

Le problème est donc le suivant : il y a trop de détenus pour la capacité actuelle des prisons.

En réalité, on comprendra bien que le problème est un chouilla plus compliqué puisqu’il s’agirait en fait de poser plutôt le constat qu’il y a beaucoup trop de détenus pour la capacité actuelle des prisons salubres. Ce dernier mot à son importance puisqu’oublié, on en vient – patatras – à se lancer dans la remarque suivante : ah bien donc construisons de nouvelles prisons.

Mais proposer cette solution, c’est lamentablement échouer à utiliser la dissolution de paramètres que la méthode préconise. Pour bien dissoudre, il faut d’abord élaborer un écran de fumée. Ce à quoi s’attache avec brio Martine Erzog-Evans qui nous explique alors ceci :

« construire des prisons n’a jamais amélioré durablement la situation des détenus. C’est, en premier lieu, parce que nombre de ces nouvelles prisons remplacent des établissements trop vieux, dans un état de délabrement avancé, qu’il faut alors supprimer purement et simplement. C’est, en deuxième lieu, parce que les politiques pénales étant à l’origine de la surpopulation (…), d’aggravation en aggravation de la réponse répressive, les prisons se remplissent encore et encore, en sorte que les constructions ne suffisent pas à répondre à cette demande croissante ».

Voyez ? Non ? C’est pourtant simple.

Comme les abrutis de politiciens n’ont pas utilisé le mot « salubres » dans l’énoncé du problème, ils ne font que remplacer les prisons insalubres par des prisons neuves, sans globalement changer le nombre de places. Sont-ils bêtes !

Et en plus, dès qu’on sait qu’il y a des nouvelles prisons toutes neuves, on veut les étrenner, et pouf, on accroît le rythme de mises en détention. Sont-ils niais !

Au lieu de quoi, le député Raimbourg a trouvé la parade : on ne touche à rien, et on relâche les condamnés plus tôt. Et là, c’est le bingo assuré ! La méthode a correctement dissolu le paramètre « détenus » : comme il y a tout de suite moins de détenus, il y a nettement moins besoin de prisons ! Et oui.

Ici, je vous propose de faire une pause. Faites des bisous à vos plus proches voisins.

On se rappellera utilement que le budget de la Justice pour 2011 est de 7.128 milliards d’euros. Pour la même année, le budget de la Culture est de 7.5 milliards d’euros. Les armées de Clowns-Pacificateurs et de Mimes-Ninjas compenseront la baisse d’occupation des prisons et le retour à la liberté de toute une faune interlope, je présume.

Bisounours de combat

Vous trouvez l’exemple un peu court pour bien comprendre la méthode de résolution de problème par dissolution de variables ? Qu’à cela ne tienne, voyons-en un autre.

Il est maintenant de notoriété publique que les notes des élèves sont globalement de moins en moins bonnes, ou, dit autrement, qu’il est de plus en plus pénible de trouver des points dans les travaux rendus par nos chères têtes blondes dont la créativité en matière d’orthographe, de grammaire et de calcul ne compense plus l’éloignement avec le bagage minimum pour faire chômeur plus tard dans la vie.

Le problème est donc constaté en ces termes, qui constituent justement la phase 1 de la méthode, l’écran de fumée : les notes sont accusées d’accentuer l’échec scolaire en décourageant au lieu de mettre en confiance et valoriser l’élève qui les reçoit.

Certes, cela faisait des années et des années que le système fonctionnait ainsi et a permis à de multiples générations d’accéder à l’ascenseur social. Mais depuis que les boutons de cet ascenseur sont devenus des hiéroglyphes impénétrables pour une proportion croissante d’élèves, les appuis frénétiques sur tous les étages et toutes les positions de porte ont coincé cette saloperie d’appareil entre la cave et le rez-de-chaussée, palier auquel seuls les plus fins parviennent à sortir en se faufilant entre des portes à peines entrouvertes, pour aller vite fait prendre l’autre ascenseur, privé celui-là, qui marche encore un peu moyennant de l’huile de coude.

Mais il ne faut pas perdre de vue l’écran de fumée. Ce qui se cache derrière (des armées d’analphabètes dont tout indique qu’ils pourront faire d’excellents mimes et des clowns redoutables) n’intéresse personne. La vérité, c’est que les notes froissent nos gentils ouistitis créatifs. On constate d’ailleurs, de nos jours, des millions d’êtres psychologiquement détruits par les Mme Grinderche et leurs 6/20 en dictée en 6ème des années 80.

Vite, dissolvons les paramètres ! Annihilons les notes !

« Plus de notes » entraîne « plus de mauvaises notes » entraîne « bonheur familial et dessert assuré » (car à l’inverse, tout le monde sait que, de nos jours, la mauvaise note provoque gifle et au dodo sans dessert).

Ici, je vous propose de faire une pause. Faites des bisous à vos plus proches voisins. Au point où nous en sommes, vous pouvez mettre la langue.


La méthode me semble donc ici relativement claire :
a/ on déforme le problème en le plaçant derrière un écran de fumée, composé de gémissements et d’un amoncellement de faits pas toujours en rapport visant à orienter la réflexion sur ce qu’il va falloir dissoudre en phase b.
b/ on fait disparaître la partie gênante du problème en éliminant rapidement le fondement même du problème, comme pour une nappe blanche retirée vivement d’une table : les couverts restent en place et la tablée applaudit.

Simple, non ?

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Commentaires29

  1. Flak

    en plus, si jamais tu oublies des mots dans le discours et qu’il a toujours une logique, un journaliss de libe ou du monde s’empressera de rendre l’affaire libre de tout sens en y ajoutant ou en en retranchant des mots au hasard.

  2. vincent

    Comme les familles modestes ne peuvent acheter tout ce qu’elles veulent, elles sont malheureuses. En effet, les marchandises ont un prix, et les marchands font rien qu’à exiger que les familles modestes paient le prix demandé pour les marchandises, ce qui est une vraie discrimination contre les pauvres.

    Les prix accentuent la détresse des familles modestes. Dissolvons les prix et accordons la gratuité généralisée de tout. Comme ça, il n’y aura plus de scandaleuses discriminations à l’accès aux marchandises par le prix.

    Ai-je bien appliqué la méthode de dissolution des variables dans la moraline, là ?

  3. Cultilandes

    Petites notes…

    En plus des 7.5 Mds du Ministère de la culture il y a toutes les dépenses des collectivités locales à ce sujet!

    On pourrait supprimer les peines de prison, mais il y aurait trop de suppressions d’emploi de gardiens. Agh!

    Pour ceux qui ne savent pas déchiffrer les boutons de l’ascenseur social (bonne trouvaille H16), il y a l’ascenseur privé en forme d’escalier, mais il faut la forme car c’est trop fatiguant!

    1. Kornic

      « On pourrait supprimer les peines de prison, mais il y aurait trop de suppressions d’emploi de gardiens. Agh! »
      Pas de problème, il suffit de les réaffecter dans des fabriques à bisous.
      En lieu est place du système actuel où certains sont punis (bouh ! c’est méchant !), il faudrait instaurer un système où les plus gentils obtiennent des bisous.

      1. Cultilandes

        Mea culpa. Je n’arrive pas à positiver… J’ai dû être trop brimé, bridé par mes parents. C’est l’imagination qui me manque!
        Il faut po – si – ti ver!

  4. daredevil2009

    Excellentissime une fois de plus, Hash!
    Je ne peux que confirmer cette tendance puisqu’ayant eu un échange assez vif en début de semaine avec un tenant de cette pensée de bisounours… Et puis, d’abord n’est-ce pas de la faute de tous ces méchants prof si les pauuuuvres apprenants n’ont que des mauvaises notes ? Mais si, voyons! C’est eux, rien qu’eux les responsables : il faut donc leur ôter toute capacité de « nuire » et ainsi le tour sera joué ! Et puis en cassant le thermomètre, on n’a plus jamais de problème de fièvre, c’est bien connu…
    Il ne nous reste plus qu’à attendre enfin l’effondrement de ce système pour espérer (peut-être) sortir de ce marasme…

  5. Mathieu L.

    Tiens, pour une fois, je suis d’accord.

    Sur l’éducation, un autre exemple. On n’arrive pas à dépasser le seuil de 65% d’une classe d’âge au bac. Le ministère a trouvé le problème. Les profs, lorsqu’ils ne sont pas en grève, sont trop sévères. Dans ce cas, baissons les exigences, imposons des corrigés très cadrés et simplistes, et les résultats vont augmenter. Simple, non ?

    1. GM

      C’est emmerdant n’est-ce pas, cette administration centrale qui décide de tout à la place du terrain au mépris des réalités! Si on libéralisait? 🙂

      Ah c’est sûr, c’est pas avec une vraie EdNat socialiste qu’on aurait ce genre de problème. Oh wait…

      1. Mathieu L.

        Encore une réflexion idéologique qui est à côté du sujet.

        Sur ce point-là, la libéralisation ne changerait rien. Chaque établissement en zone difficile baisserait ses exigences pour avoir de bons résultats et attirer les gamins, comme ils le font déjà maintenant sur ordre du centre. Les établissements en zone aisée pourraient hausser les leurs, comme ils le font déjà maintenant parce que le centre exige que les établissements où il met ses enfants aient un haut-niveau. On aurait donc le même résultat que maintenant. C’est justement ce bon vieux cadre national qui nous permet de maintenir un haut-niveau d’exigence sans avoir à rendre de compte à un cheffaillon sur place qui exigerait des bonnes notes pour que les familles paient. Tout au long de l’année, je fais ce que je veux au niveau de mes notes et j’énerve ainsi les pédagogos. Le proviseur ne maîtrise rien là-dessus et l’inspecteur ne vient qu’une fois tous les quatre ans, sans pouvoir réellement faire grand-chose si je ne fais pas de véritable faute. Je suis donc libre d’exiger beaucoup de mes élèves. Et globalement, cela n’a pas l’air de les gêner tant que cela, au contraire même.

        1. GM

          Pardonnez-moi, c’était trop tentant ce petit troll. Nulle intention de ma part de rentrer dans un débat idéologique. Votre conclusion rejoint l’idée : des profs libres de leurs méthodes et libres d’être exigeants avec leurs élèves qui ainsi apprennent à le devenir eux-mêmes et à l’apprécier. Du bon sens, quoi…

        2. Alex6

          « Mathieu L. dit,
          Encore une réflexion idéologique qui est à côté du sujet »
          Et monsieur s’y connait en « acotedelaplaquisme », cf tous ses commentaires sur ce blog.

  6. henriparisien

    Je tente ma chance :

    « construire des HLM n’a jamais amélioré durablement la situation des locataires. C’est, en premier lieu, parce que nombre de ces nouveaux HLMs remplacent des immeubles trop vieux, dans un état de délabrement avancé, qu’il faut alors supprimer purement et simplement. C’est, en deuxième lieu, parce que les logements subventionnés sont à l’origine de l’éviction de l’offre privée. »

    J’ai bon ?

  7. kelevra

    le bac devrait etre donne a tous les eleves des leur entree en 6ieme, en effet cet examen stressant est bien sur discriminatoire pour ceux qui ne l obtiennent pas. il en va de meme pour tous les autres diplomes. moi je veux etre gynecologue plombier, c est possible?

  8. Yaums

    Mardi 27 avril 2010, S&P dégrade la note de la dette souveraine grecque de BBB+ à BB+ en catégorie spéculative. S’ensuit la crise que l’on sait. Lundi 3 mai, Christine Lagarde sur Europe 1, veut tirer les enseignements de la crise grecque : il faut contrôler plus les agences de notation, responsables de cette crise.

    Bah oui, quand vous avez de la fièvre, il faut changer de thermomètre !!

  9. deres

    Un autre exemple magistrale : la proposition de Ségo pour les élections de remplacer la mesure du PIB par un indicateur du bonheur calculé par des fonctionnaires assermentés. Au lieu d’avoir une croissance molle lamentable, on aurait sur simple demande des croissances à deux chiffres tous les ans. C’est-y-pas beau !

  10. alpharuper

    H16, tu as oublié le terme, le mot, le qualifiant qui justifie tout, à commencer par l’élimination des notes (entendu ce matin sur RTL)

    Tu vois pas ?

    Tu brules pas ??

    STIGMATISATION ! et, oui, les mauvaises notes STIGMATISENT (je le déclame, je le hurle) les élèves qui les recoivent (RTL, ce matin vers 8h10 j’etais pas encore très bien réveillé.)

    Fermez le ban, la discussion est close.

  11. Théo31

    « les politiques pénales étant à l’origine de la surpopulation »

    Enorme. Une fois de plus la culture de l’excuse à l’oeuvre.

    Le coupable est donc le juge qui fait trop bien son boulot. Faut donc supprimer les règles et les procédures qu’il applique avec zèle, à défaut de le supprimer carrément.

    1. Laetitia

      Ça me fait doucement rire parce que ce sont justement les socialistes qui ont réformé le code pénal il y a 15 ans.

      Et ils y ont ajouté plein de bisous et de câlins.

  12. gnarf

    Tiens, j’apprends que les socialistes viennent de prouver que le plombier Polonais est soluble dans l’acide sulfurique. Ahhh la science quand tu nous fais rever!

  13. Yul

    De toute façon le gouvernement fera tout plutôt que de supprimer la méthode globale, de la même manière que les politiciens français ont tenté tout, notamment contre le chômage comme le dit une phrase célèbre, sauf la solution libérale.

    L’incompétence en France, au niveau de l’Etat, est plus qu’un accident, ou une capacité de nuisance structurelle, c’est une culture: quand quelque chose a des résultats catastrophiques avérés et incontournables, on s’efforce au maximum de le nier et on le laisse en place sans en bouger un iota, au besoin on créé des lois et règlementations encore pires basés sur des prédicats philosophiques aussi tordus que suicidaires, et quand autre chose pourrait apporter une solution avec des effets positifs immédiats et implique une gestion saine sur le long terme, on fait l’exact inverse, de peur que la situation s’améliore et que le déclin, voire la faillite, soit enrayé.

    C’est beau l’altercompréhension.

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