C’est le mois d’août et, comme on peut s’y attendre, le farniente a gagné les esprits. La population, majoritairement en vacances, ne lit plus les blogs et pas plus la presse. C’est dommage, parce qu’on y trouve des pépites : comme les journalistes sont partis, les hommes politiques se déchaînent et pondent de truculents articles de « réflexion ». Et fin juillet, c’était Papy Rocard qui se lançait, une fois de plus, dans l’exercice périlleux. Analyse d’un désastre.
Pour l’occasion, Papy nous a gratifié d’un billet alarmiste : il nous avertit sans ambages que la tempête financière est pour bientôt et qu’on va morfler. À force de le dire, il finira par avoir raison.
Bon, pour le coup, je ne peux pas lui donner tort, puisque je partage son pronostic.
Cependant, ce que je partage avec lui s’arrête là. Si l’on oublie le titre et cette prédiction, le reste de l’article, lui, permet de s’en payer une bonne tranche.
Un Keynésien qui explique pourquoi les recettes keynésiennes ont lamentablement foiré, sans comprendre pourquoi et en collant le délit sur le mauvais coupable, ça ressemble à un épisode de Columbo qu’un auteur talentueux a déjà écrit.
En fait, Papy Rocard, la crise, il l’a toute comprise, alors il récidive et prend son petit clavier pour nous expliquer comment il aurait résolu tout le bazar et pourquoi le marché et le capitalisme, c’est mal et les états, c’est chouette.
Pour arriver à cette conclusion, Michel va faire son autiste. C’est facile, il a pratiqué pendant 40 ans. Certains soupçonnent une origine génétique, mais je penche plutôt pour un caractère acquis pendant sa carrière politique.
Ainsi, il nous déclare tout pensif qu’on n’a rien fait pour empêcher …
« (les) grandes banques, surtout la FED américaine, (d’)inonder le monde d’un volume hallucinant de liquidités créées pour la spéculation et totalement étrangères à toute orientation vers l’investissement. »
Hum. Un peu de vérification factuelle s’impose : oui, effectivement, la FED imprime des petits billets verts comme une folle, et Ben Bernanke, son actuel patron, a même filé la méthode à Jean-Claude et Mario, l’actuel et le prochain président de la BCE, qui ont pris un peu d’avance sur le planning et ressorti les Xerox et les ramettes de papier fort.
Mais qui, au fait, dit à la FED de lancer les rotatives ? Eh oui, ce sont les politiciens. Certes, vous me ferez valoir que ces politiciens le font pour sauver des banques. Avec, donc, l’argent du contribuable qui, si on lui avait demandé son avis, aurait certainement trouvé mieux à faire de ses richesses.
Michel, en parfait politicien, s’exonère donc un peu vite de sa responsabilité. Et d’ailleurs, il continue un peu plus loin, sans vergogne :
Depuis plus de vingt ans en effet la dominance nouvelle du capitalisme financier sur les économies contemporaines a mis les états en situation de devoir emprunter massivement.
Déjà, on appréciera la notion de dominance nouvelle alors que cela fait 20 ans qu’elle existe d’après Papy. Mais ensuite, on se demandera comment ce capitalisme a pu obliger les hommes d’état à endetter le pays pendant 40 ans (soit le double de la nouvelle dominance de Michel) ; les budgets systématiquement, pathologiquement et automatiquement en déficit depuis les années 70 pointent absolument tous dans la même direction : les pignoufs, branleurs, crétins et démagogues qui nous gouvernent n’ont jamais eu l’once de courage pour expliquer aux Français qu’on ne pouvait pas endetter l’état, tous autant qu’ils furent et qu’ils sont encore maintenant.
Or — et c’est tout de même étonnant, ces coïncidences, non ? — dans ces branle-musards de première, on retrouve, accrochez-vous bien, notre ami Michel qui cajole sa dissonance cognitive à grands coups de phrases péremptoires :
Cette idée dangereuse avait pour objet de limiter la propension des économies capitalistes à pratiquer l’inflation dès qu’elles étaient en plein emploi. Mais elle eut surtout ce résultat terrifiant d’obliger les états à emprunter aux taux du marché de la monnaie émise par les banques privées pour assurer leur trésorerie.
Voilà mes petits amis, tout s’éclaire : comme les états ne se sont plus autorisés la possibilité de déféquer des billets de Monopoly par palettes entières afin d’éviter l’inflation, ils ont été forcés d’emprunter au taux du (vilain) marché.
Oui. Je vais vous l’illustrer, pour bien comprendre.
Tout commence par une séance de brainstorming de folye.
Comme on peut le constater, on est à la fois hype et fashion, au gouvernement et on aime les camaïeux de teints marrons et bistres. Les politiciens se mettent autour d’une table et réfléchissent :
Après, chacun présente son idée. Fulgurante parfois …
Et puis pourrie, parfois aussi. Ou trop avant-gardiste, peut-être :
Mais au final, on tombe toujours sur la bonne solution, celle qui satisfait tout le monde autour de la table.
Et les autres ? On leur pète la gueule.
Et voilà le travail.
Merci de vos explication, Papy Rocard, qui ont le mérite d’éclaircir votre position et vous permettre de botter en touche : encore une fois, responsable mais certainement pas coupable. Cela devient une habitude.
Et bien évidemment, vous vous surpassez lorsqu’il s’agit d’énoncer quelques solutions. Pour vous, comme aucune société d’économie de marché n’a défini la part d’un Etat dans son PIB, c’est open bar : une bonne grosse gouvernance monétaire au niveau européen, pour donner encore plus de pouvoir aux institutions lointaintes, ce serait … de la bombe atomique politique ! Enfin une vraie « solidarité » européenne où, lorsque la Grèce s’endette à mort, les autres pays payent sans broncher (exactement comme lorsque les Bretons doivent éponger les ardoises des Provençaux ou l’inverse).
On se demande où est la logique de ce propos alors que, quelques paragraphes plus haut, la collectivisation des pertes entraînait des pleurnichements de notre thuriféraire étatique.
Encore une fois, on se surprend à constater qu’en renvoyant systématiquement les politiciens à leurs responsabilités, les citoyens aux leurs, et le marché aux siennes, les libéraux ont au moins la décence de proposer un discours bien plus cohérent que la purée proutogène de Rocard : si l’état était resté minimal, il ne serait pas intervenu dans les déconfitures des banques qui n’auraient de toute façon pas pris des risques aussi inconsidérés sachant que personne n’irait les repêcher en cas d’erreur.
Heureusement, Papy termine en apothéose avec du vrai, du solide, de l’opérationnel :
Les Etats-Unis devront renoncer à l’impérialisme du dollar, l’Allemagne doit renoncer au rêve de voir l’Euro géré comme si les 16 autres pays de la zone avaient la même histoire et la même culture qu’elle.
Voilà : comme c’est la fautoricains, ils vont devoir « renoncer à l’impérialisme du dollar » (dont on se demande ce que ça veut dire très concrètement) et comme les zallemands ne sont pas solidaires, ils vont prendre cher aussi, bien fait pour eux. Notez l’absence flagrante dans le tableau de la France, vertueuse et riche.
Bref : au concours de l’hypocrisie et de la lâcheté, les politiciens keynésiens auront toujours la victoire.
La vieillesse est un naufrage.Dans le cas précis, il y a longtemps que Papy prend l’eau.
Mmh, là, ce n’est plus un naufrage, c’est un feu d’artifices avec saltimbanques, cracheurs de feu, clowns, et magiciens.
Oui, mais ce sont des clowns diplômés, ça change tout, non?
je plussoie!! Quand va-t-on enfin être débarrassé de tous ces croulants incompétents?
oh, heu… vu qui
* l’incompétence est quasiment un prérequis pour devenir ou rester politicien
* le politicien de base est un croulant, adepte d’idées zombies, quelque soit son âge
* on manque de tas de choses, mais pas de politiciens
On ne sera JAMAIS débarrassé de cette engeance.
On ne sera jamais débarrassé de l’incompétence, c’est le Principe de Peter.
Les commentaires sur son billet sur le site des échos sont rassurants !
Au sujet de la rigueur budgétaire des hélènes, pas spartiates pour un sou: http://www.lepoint.fr/insolite/en-grece-une-ile-ou-les-aveugles-sont-rois-02-08-2011-1358885_48.php
Sinon, sur la situation aux US: http://chevallier.biz/2011/07/amerique-vieille-europe-et-reaganomics/
Comme l’auteur le précise bien: « la politique monétaire menée par la Fed ne crée pas un seul dollar : la fameuse planche à billets est au point mort ».
Lire également sur le sujet de la dette, l’article (qui résume très bien la situation) que Franck Boizard lui consacre: http://fboizard.blogspot.com/2011/08/la-dette-cest-pas-complique.html
Il serait peut-être temps de lui mettre des couches à papy Rocard, il vient encore de faire sous lui.
quand on pense que la retraite est a 62 ans maintenant et que ce baltringue a 78 ans est toujours avec son copain juppe (encore une fleche celui la) copresident de la commission chargée de réfléchir aux priorités» du futur emprunt national.
il sert a quoi au fait ce grand emprunt national? heu a jeter l argent qu on a pas par les fenetres?
a ce sacre mimi, toujours la pour faire des blagues
Il a quand même raison lorsqu’il dit : « Et surtout les gouvernements ont refusé de rétablir la séparation absolue entre banques de dépôts et banques gérant des risques ». Supprimer dans les années 1980, c’est une cause significative de la fragilité des banques et de l’instabilité des marchés. Les états ont du y trouver leur compte, sans doute que cela leur permettait d’emprunter un peu plus.
Cameron essaye en ce moment de rétablir cette séparation en GB mais pour l’instant il n’y ait pas encore arrivé totalement.
mouais… vu la quantité de keynésiens débiles qui affirment solennellement que cette séparation est nécessaire, je trouve ça suspect. C’est typiquement le genre de fausse séparation qui ne fait qu’entraver la concurrence en limitant les entrées nouvelles, mais que les gens déjà dans la place n’ont aucun mal à contourner avec quelques montages relativement basiques. Au mieux, donc, ça ne sert absolument à rien.
Sauf, évidemment, à faire du bruit avec la bouche pour paralyser la réflexion en la saturant d’idées idiotes « c’est la faute à la dérégulation ultra-néo-libérale »
En pratique, ça ne sert effectivement à rien. Lehman n’était pas une banque de dépôt et c’est elle qui a déclenché les hostilités en clabotant.
Bref, l’argument ne vaut pas tripette devant l’Histoire.
ça évite quand meme d’etre ponctionné par sa banque pour couvrir les pertes de leurs opérations de trading(ça se passe aussi au niveau des assurances).mais c’est vrai que ça n’empeche pas les bilans truqués
Mercredi 3 août 2011 :
Le ministre italien des Finances Giulio Tremonti a commencé mercredi un entretien avec le chef de file de la zone euro, Jean-Claude Juncker, à Luxembourg, alors que son pays est soumis à de fortes pressions des marchés.
M. Tremonti n’a fait aucune déclaration lors de son arrivée, vers 08H00 GMT, à la résidence du Premier ministre et ministre des Finances luxembourgeois.
L’Italie, troisième économie de la zone euro, est sous la pression des marchés, comme les autres pays fragiles de la zone euro, et le but de cette rencontre est notamment d’endiguer la panique, même si Bruxelles a exclu toute discussion sur un plan de sauvetage pour l’Italie ou l’Espagne.
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=034236591f64ea1df18b5e21049a273e
Sympa ce roman photo.
Mais ca fait quand même deux billets en deux jours qui tapent sur nos glorieux anciens.
Attention. Attention. La HALDE n’est pas loin!
Force est de constater que la France croule sous les « idées » de ces vieux débris. Regardez la classe politicienne : pas un type de trente ans qui soit capable de proposer quelques idées réellement neuves. On trouve quelques frétillants quadras (rares) et des quinquas frisottant à l’idée de leur propre importance (comme Montebourg, le gentleman farmer du PS), qui réchauffent des lubies vieilles de trente ou quarante ans avec un peu de sauce marketing 2010 histoire de masquer le goût de faisandé, mais à part ça, nib.
A qui le dites vous! Vous prêchez un converti 😉
Fonds Européen de Stabilisation Financière (FESF) : quels sont les Etats qui apportent le plus de garanties ?
Réponse :
1- L’Allemagne apporte une garantie de 119,39 milliards d’euros, soit 27,13 % du FESF.
2- La France apporte une garantie de 89,66 milliards d’euros, soit 20,37 % du FESF.
3- L’Italie apporte une garantie de 78,78 milliards d’euros, soit 17,90 % du FESF.
4- L’Espagne apporte une garantie de 52,35 milliards d’euros, soit 11,89 % du FESF.
5- Les Pays-Bas apportent une garantie de 25,14 milliards d’euros, soit 5,71 % du FESF.
6- La Belgique apporte une garantie de 15,29 milliards d’euros, soit 3,47 % du FESF.
7- La Grèce apporte une garantie de 12,39 milliards d’euros, soit 2,81 % du FESF.
Autrement dit :
Pour sauver les Etats européens surendettés, les Etats européens ont décidé de créer un Fonds de sauvetage, mais ce sont les Etats européens surendettés qui apportent des dizaines de milliards d’euros de garanties !
Exemple : pour sauver l’Italie surendettée, l’Italie surendettée apporte 78,78 milliards d’euros de garanties au FESF !
J’éclate de rire !
C’est du pipeau, ce FESF !
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0201534442871-les-quatre-questions-sur-les-nouvelles-fonctions-du-fonds-europeen-de-stabilite-financiere-199279.php
Le problème de Papy Rocard n’est pas génétique : son père, Yves Rocard, était une vraie tête, un physicien de grand talent.
Il enseignait à l’ENS. On m’a raconté une anecdote à son propos.
Il était un peu misogyne. Pénétrant en amphi, il voit sur les bancs un normalien et cinq normaliennes, déclare « Non, je ne vais tout de même pas faire cours pour une personne » et s’en va.
Quelqu’un qui pense aussi sainement ne mérite pas d’avoir un tel fils !
Apocalypse moins le quart,
Les gars, c’est l’heure du Rocard.
Michel le politRocard.
L’Espagne réussit à emprunter 3,3 milliards d’euros, mais à un prix plus élevé.
Le Trésor espagnol a émis jeudi pour 3,311 milliards d’euros d’obligations à 3 et 4 ans, à des taux d’intérêt en forte hausse par rapport aux dernières émissions similaires, souffrant de la crise de défiance des investisseurs envers l’Espagne et l’Italie.
La demande a cependant a été importante, atteignant 7,4 milliards d’euros, soit le double de l’objectif fixé qui était de lever 2,5 à 3,5 milliards, a annoncé la Banque d’Espagne.
Les taux ont particulièrement bondi sur l’émission à 4 ans, à 4,984 %, contre 2,862 % lors de la dernière émission comparable. Mais il faut noter que celle-ci avait eu lieu le 15 octobre 2009.
Sur celle à trois ans, le taux a aussi augmenté, à 4,813 %, contre 4,037 % lors de la dernière émission de cette échéance, le 2 juin 2011. Il est toutefois inférieur au taux du marché, les obligations espagnoles à trois ans ayant clôturé mercredi à 5,090 %.
http://www.romandie.com/news/n/_L_Espagne_reussit_a_emprunter_33_mds_EUR_mais_a_un_prix_plus_eleve040820111108.asp
Jeudi 4 août 2011 :
Dette : Barroso prône une « réévaluation » des capacités du fonds de soutien.
Le président de la Commission européenne a prôné une réévaluation des capacités du Fonds de soutien européen, déclarant que la crise de la dette s’étend au-delà des pays fragiles de la zone euro, dans un courrier adressé aux dirigeants de l’Union européenne, obtenu jeudi.
« Je saisis l’occasion pour inviter à une rapide réévaluation des éléments relatifs au Fonds européen de stabilité financière (FESF) et au mécanisme appelé à lui succéder (le MES), afin de s’assurer qu’ils sont proprement équipés pour gérer des risques de contagion », a écrit José Manuel Barroso, dans une lettre datée de mercredi 3 août.
Interrogée pour savoir si cela signifiait une augmentation du fonds, une porte-parole de la Commission européenne a répondu que la taille « faisait partie des éléments » appelés à être réévalués.
Ce fonds créé en 2010 pour venir en aide à l’Irlande puis au Portugal a une taille de 750 milliards d’euros, avec une capacité effective de prêts de 440 milliards d’euros, jugée insuffisante pour sauver un pays comme l’Italie.
Or, la crise de la dette « ne touche plus uniquement la périphérie de la zone euro » (pays les plus fragiles, ndlr), a estimé M. Barroso.
Des risques de contagion ont touché cette semaine l’Italie et l’Espagne, mais des pays moins endettés ou mieux notés par les agences de notation ont également été sous pression par les marchés, et ont vu la prime de risque qu’ils paient pour se financer sur les marchés atteindre des niveaux record, comme la Belgique.
http://www.romandie.com/news/n/DETTEBarroso_prone_une_reevaluation_des_capacites_du_fonds_de_soutien040820111408.asp
En clair : le FESF était prévu à 750 milliards d’euros, puis ensuite le MES devait prendre le relais. Le MES était prévu à 700 milliards d’euros.
Malheureusement, ce total de 1450 milliards d’euros sera insuffisant pour sauver tous les Etats européens surendettés.
Les Etats européens riches vont être obligés d’emprunter sur les marchés internationaux des centaines de milliards d’euros supplémentaires pour sauver de la faillite :
– la Grèce
– l’Irlande
– le Portugal
– l’Italie
– l’Espagne
– Chypre
– la Belgique
– etc.
Il faudrait que les Etats européens riches acceptent d’emprunter environ 145 000 milliards d’euros, et après on serait peinards.
petit rappel au sujet de rocard,fossoyeur du travail privé en france:instauration de la csg et du crds c’est a dire une hausse de 10 pour cent des charges sociales d’un coup(qui a fait mieux?)rocard le grand cummulard qui vit aux gr
(suite)rocard le grand cummulard qui vit aux gras crochets de l’etat depuis toujours