Un dimanche à regarder les nuages

Aujourd’hui, j’ai pas mal hésité entre me moquer de cet imbécile pontifiant de Onfray qui, tout à son marxisme mal digéré, nous a gratifié d’un article ridicule sur Hollande et son libéralisme débridé, ou commenter une nouvelle fois l’économie catastrophique du pays que des ânes bâtés s’emploient avec un certain succès à décaniller complètement…

Et comme j’ai hésité, je vous gratifie donc d’un bref passage en revue de ces deux sujets. C’est décousu, mais c’est dimanche.

Et Onfray qui écrit des choses, c’est toujours l’occasion de pouffer, après un moment de stupeur en se demandant comment ce type a réussi à se faire connaître. Il appartient à cette clique de faux-penseurs dont la France est maintenant férue et première pourvoyeuse dans le monde, avec de frétillants BHL, Lordon, Attali et autres sociologues / philosophes / vendeurs de tapis, qui ont cette capacité assez peu commune d’énoncer des platitudes assoupissantes dans un déluge de vocabulaire inutilement complexe, ou bien, à l’opposé, de balancer des absurdité affolantes camouflées dans un raisonnement extrêmement pointilleux et alambiqué dont les aspects les plus ambigus serviront pour montrer tout et son contraire aux contradicteurs qui ne manqueront pas de se pointer une fois la polémique lancée.

Ici, on ne déroge pas à la règle. Le philosophe / indigné / libertaire / auteurassuccès nous livre sa petite analyse du triste résultat de la primaire socialiste. Jusque là, soyons bien clair, l’avis d’Onfray, n’ayant jamais eu de valeur en tant que tel, ne pouvait pas émouvoir grand monde. Et le voir pleurnicher sur le fait qu’Hollande et Aubry incarnent à eux deux une gauche qu’il qualifie de molle (là où je l’aurai affublée de « poussiéreuse ») me laissait de marbre, surtout lorsqu’on sait qu’il adoubait Montebourg de son soutien. Soutien qui n’étonne pas lorsqu’on comprend que les deux loustics ont tous les deux la même propension à raconter n’importe quoi en agitant leurs improbables coiffures sur un ton grandiloquent dès lors qu’il s’agit d’obtenir l’attention des médias.

Onfray, Montebourg, coiffures destructurées

Cependant, l’Onfray ne se contente pas de se lamenter sur l’absence d’une bonne grosse gauche dure, avec des bouts d’anticléricalisme primaire dedans. Non. Il nous assène quelques bouffonneries typique du cuistre lambda : pour lui, s’il faut couiner sur la victoire de Hollande, c’est parce qu’il serait la simple continuation du libéralisme. On mesure ici le degré de n’importe quoi vibrant dont sont pétris nos penseurs pour en arriver à ce genre de conclusions.

Et tout comme moi qui utilise la coiffure déstructurée d’Onfray pour le moquer, ce dernier utilise par exemple la diction de Hollande pour le rapprocher de De Gaulle. Oui. La différence étant que je ne prétends pas au sérieux, et qu’Onfray, n’ayant jamais été capable du moindre humour et du moindre recul, lui, l’est. On frise le pathétique au fer chaud, surtout lorsqu’enfin, il croit deviner dans le frétillant gentleman farmer le digne successeur de Mitterrand, seul capable d’unifier la gauche antilibérale pour gagner les élections.

Une fois l’article lu, le lecteur habituel comprendra pourquoi je ne m’étendrai pas plus : c’est à la fois trop facile et sans grand intérêt. Onfray mérite de rester là où il est, à mi-chemin de l’oubli total. Trop remuant pour ne pas passer totalement inaperçu, trop creux pour mériter plus qu’un demi-billet, un dimanche, avant d’aller faire un tour au parc et profiter de l’air pur.

Ce qui nous amène aux déclarations gênées de Baroin sur les prévisions de croissance. Cela n’a qu’un lointain rapport avec Onfray et ses misères sur la gauche antilibérale, mais comme ça venait dans l’actualité, difficile de ne pas y trouver un écho avec les agacements du philosophe officiel du Balto républicain : manifestement, la droite molle turbo-libérale ne se sort pas de cette crise.

Pauvre Baroin. Il était tout content lorsqu’il a accédé au poste laissé libre par Lagarde. Il doit déchanter maintenant : courant d’un photocopieur ou d’une machine à café à l’autre, un dossier plein de papiers écrits tout petit de symboles qu’il ne capte pas, même en rêve, on le sent totalement débordé.

Baroin s'amuse avec la Xerox

Il ne faut pas oublier que le stagiaire qui nous sert de Ministre de l’Economie n’a jamais été un économiste. Il n’a d’ailleurs connu le monde de l’entreprise et l’économie privée, celle qui génère des richesses, qu’au travers du prisme discutable du journalisme, sur Europe 1, et seulement pendant quatre courtes années, avant de s’accrocher aux jambes de la République et y sucer les finances comme tant d’autres élus. En terme de formation, la micro- et la macro-économie n’ont pas que des secrets pour lui ; on sent, à sa solide formation de géopipeaulitique, que la bourse, la finance, les CDS nus, les PIB, les PNB, les taux d’inflations et tout le bazar, ça lui parle terriblement façon Alka-Seltzer.

Bilan : un coup, on annonce en fanfare un bon gros 1.75% de croissance (ce sont ses fifres et ses sous-fifres qui lui ont dit qu’il pouvait raconter une telle sornette). Un coup, on fait un sourire gêné et on annonce que hem bon en fait non, si on fait 0.9%, ce sera déjà bien les petits amis, hi hi hi. Selon toutes vraisemblances, si on dépasse les 0.5% en 2012, on pourra s’estimer très heureux, encore qu’avec les catastrophes qui pointent à l’horizon, tout le monde se fichera de la croissance française…

Et pendant que Baroin trottine de couloir en couloir, son gros dossier de chiffres abscons sous le bras, le vrai patron, Sarkozy, continue de fusiller tranquillement l’Euro en attaquant Merkel par la face Nord et les euro-bonds. Ce qui se traduit, pour le moment, par une recapitalisation de 108 milliards pour les banques européennes. On ne se rappellera pas les remarques de Christine Lagarde, fin août de cette année, qui disait … qu’il faudra recapitaliser les banques.

Bref : tout le monde est sur le pont pour résoudre la situation, corriger le problème, comme Baroin, et émettre des avis pertinents, comme Onfray. On est vraiment aidé, et cela donne envie de s’impliquer dans tout ce bazar, vous ne trouvez pas ?

Moi, je vais aller regarder les petits nuages.

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Commentaires20

  1. Camille Lienhard

    Il n’y a pas que les raisonnements d’Onfray qui sont consternants, il y a aussi l’ignorance sur laquelle il les fonde. A-t-il lu sérieusement une ligne de Hayek, par exemple ? Au vu des idées sur l’Europe qu’il prête au libéralisme, on peut en douter. Et dire que le Monde est LE journal de référence en France, celui qu’on donne à lire dans les universités… Il y a des jours, un peu décourageants, où l’on se sent tout petit devant tant de bêtise.

  2. Pere Collateur

    Ce petit billet dominical rafraîchissant m’a fait prendre conscience que parmi tous vos précédentes saillies, il ne me semble pas avoir un jour lu autre chose que es critiques acerbes sur les uns ou les autres.
    N’y a t-il personne parmi nos contemporains qui trouve grâce à vos yeux?

    Si un jour le cœur vous en dit, faites nous un article sur ces gens, qui pour vous, vont actuellement dans la bonne direction.

    Dans un même ordre d’idée, que reprochez vous à Lordon exactement?
    Parce qu’à titre personnel, même si je suis rarement d’accord avec lui, objectivement, ces interventions sont toujours très fun et bien foutue. Un peu comme les vôtres d’ailleurs ^^

    1. Lordon : http://h16free.com/2009/03/25/531-les-economistes-pour-les-nuls

      Les gens pour lesquels je n’ai pas de « critiques acerbes » ne font pas de politique. Et il y a des articles qui ne sont pas des critiques. Tiens, quelques uns :
      http://h16free.com/2011/10/09/10522-retraites-plombees
      http://h16free.com/2011/06/05/8718-foreclosuregate-les-gangs-de-wall-street-contre-letat-us
      etc…

      Et si on regarde plus loin, j’ai un avis moins tranché pour des gens comme De Gaulle, Thatcher, Churchill. Mais actuellement, je ne vois rien qui poudroie dans le bon sens.

      1. Théo31

        +1000

        Les hommes politiques ont ceci de commun avec les rats : ils adorent fréquenter les égouts. En revanche, ce qui les différencie, c’est que lorsque le navire coule, les politiciens deviennent des huîtres alors que les rats se font la malle.

  3. Li Po

    « François Hollande, donc. Avec lui, le cap libéral sera bien gardé. Maastricht, l’Europe du père de Martine Aubry, l’euro, le mépris du peuple souverain qui a dit non à la réforme du traité constitutionnel et auquel on a fait l’affront d’envoyer les professionnels de la politique politicienne du Congrès contre lui  »

    incroyable, dans la même phrase il assimile Hollande et la bureaucratie bruxelloise comme appartenant au courant libéral .Malgré ma passion pour le trolling et la free-fight politique sur les réseaux sociaux, je n’avais jamais lu ça ! et pourtant j’ai visité des groupes fb qui vous feraient frémir ….

    1. Glam

      c’est ca qui est fort! on peut en fRance, etre un ‘intellectuel’ en vue, publier dans le Monde, et etre un imbecile inculte! c’est possible!

  4. Dolokhov

    Les commentaires sous la tribune d’Onfray sont pas mal 😀

    « Zelia
    19/10/11 – 17h41
    Tout comme Mélanchon Onfray n’aime personne d’autre que lui même. Il aurait pu paraphraser Mélanchon « qu’il s’en aille tous », pourvu que je puisse occuper la une des médias en tirant sur tout ce qui bouge surtout à gauche. Philosophe d’opérette, il n’aime personne d’autre que lui, il adore faire parler de lui. En d’autres temps, on appelait cela le culte de la personnalité. C’est sans doute ce que dirait Freud »

  5. Théo31

    Onfray. Premier paragraphe : au moins quatre grosses conneries. Les veaux débiles et ignorants de l’EdNat seront bien gardés.

  6. Franck Boizard

    Chaque intervention d’Onfray m’est une douleur particulière. Pour deux raisons :

    1) il est, avec Natacha Polony, l’élève le plus connu de Lucien Jerphagnon, récemment décédé. Au point que des cuistres présentaient Jerphagnon comme le maître d’Onfray. La subtilité de la pensée de l’un ayant pour symétrique la grossièreté de l’absence de pensée de l’autre, cette association malheureuse était fort navrante.

    2) Il arrive que, par le plus grand des hasards, Onfray ne dise pas que des conneries, sur Freud par exemple. Mais son style très imitable et sa méthode très peu rigoureuse pourrissent toutes les causes qu’il défend.

    Nota : me précédant, Lin a laissé un lien vers La société de défiance. Comme lui, je vous en conseille la lecture. Le test du portefeuille est édifiant.

  7. Franck Boizard

    J’ai oublié une note sur Onfray : comme beaucoup d’intellectuels français, il pratique à doses d’éléphant l’usurpation de réputation.

    Il s’est fait une réputation en philosophie. Pourquoi pas ? Je ne suis pas apte à en juger.

    Mais, en quoi cela lui procure-t-il une compétence particulière en économie ou en politique ? En sait-il plus que vous et moi ? Certainement pas.

    C’est ainsi qu’en France des démographes, des sociologues, des physiciens, des historiens, des philosophes nous tympanisent à longueur de journées de leurs avis politico-économiques, comme si une compétence étroite dans n’importe quel champ du domaine universitaire donnait, par on ne sait quel miracle, peut-être par une transmutation mystérieuse qui eût épaté les alchimistes, une compétence automatique et étendue dans le domaine de la politique et de l’économie.

    Et que dire des zartistes zengagés ? Certains, qui savent à peine distinguer leur pied gauche de leur pied droit, ont un avis arrêté sur le conflit israelo-palestinien, sur l’immigration ou sur la politique à mener après 2012.

    Suivant le mot de Pierre Dac, si ceux qui ferment leur gueule après l’avoir ouverte, la fermait avant de l’ouvrir, nous serions infiniment plus tranquilles.

  8. Maleypart

    Et pourtant, ses analyses purement cantonnées à l’histoire de la philosophie sont d’excellente qualité.
    Mais dès qu’il fait de la politique, ou parle de libéralisme, il part en vrille et ne fait plus un boulot honnête d’analyse, mais de la pure descente en flamme sans intérêt.

    Dommage, c’est quelqu’un qui semble plus brillant que quelques autres médiatiques philosophes.

  9. Philippe R

    Un « libertaire » qui soutient un protectionniste, pfff…
    Si Onfray est un usurpateur, Montebourg en est un autre. C’est l’archétype du politicien sans aucune conviction qui surfe sur les modes. Sa démondialisaton c’est du marketing politique et rien d’autre. Ils font la paire ces 2 là.

  10. Alex6

    Onfray, c’est le type qui s’etait fendu d’un bouquin sur l’atheisme avec des analogies visant a faire croire que Pie XII etait de meche avec Hitler et quelques guignoleries sur St Jean du meme style.
    Depuis, je n’ai plus jamais prete attention aux ecrits / dires de cet inculte de premiere classe. Tout le monde devrait en faire autant.

  11. hagakure23

    A la limite, je m’en contente. Plus les penseurs de gauche seront nuls, plus une révolution libérale sera possible. Sans trop rêver non plus, bien sûr.

    1. wpe

      Le problème c’est que pour se rendre compte de leur nullité, il faut quand même avoir un minimum de culture. Mais avec l’ednat c’est loin d’être gagné. Ils ont vraiment pensé à tout.

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