Par Edmond Dantès
Depuis plusieurs années, les discussions de fin de soirée ont pris des allures de débriefing médical dans un centre de soins palliatifs. On ne refait plus le monde, on regarde comment il meurt. Parfois, ça ressemble à une discussion entre experts analysant une malfaçon de charpente industrielle. L’un soutient que c’est telle charnière (dette, masse monétaire, Euro, pénuries, inflation, déliquescence occidentale, écolo-talibanisme, etc.) qui va céder avec effet domino garanti, l’autre que c’est telle poutre maîtresse qui va tout faire péter, le dernier (qui a un rapport affectif avec le bois) voyant, lui, un travail de termites avec grand final façon tas de sciure.
Entre libéraux, c’est encore plus sportif car si chacun est d’accord sur l’essentiel, tout le monde s’engueule sur le reste (c’est pourquoi il est recommandé d’inviter un socialiste bon teint ou un bobo crispé pour entrelarder les débats de séquences agréablement farfelues).
Lors de ma dernière soirée fin du monde, nous nous sommes quand même félicités du vote à l’Assemblée nationale contre le passe sanitaire (ou vaccinal, on ne sait plus). Mais ça rechignait. Les temps présents demandent beaucoup de travail sur soi : se réjouir d’un vote auquel les députés LFI ont contribué est grisant mais équivoque, comme un match de foot que vous gagnez grâce à un but de la main. Je ne me connaissais aucun point commun avec Clémentine Autain ou le député rouquemoute du Nord dont je ne retiens jamais le nom, eh bien en voilà donc un.
Cela m’amène à une première conclusion. Entre le bonheur pour chacun (la voie libérale) et le bonheur pour tous (la voie du goulag), il y a en ce moment une sorte d’alliance objective dont il faudrait qu’elle ne durât pas trop longtemps pour l’équilibre psychique du quidam et pour la clarté des débats. On n’en est pas là. Naviguer à l’estime sur une mer oublieuse fait donc partie du charme de l’époque (on mélange tout ; je parie que dans six mois, l’affaire Dupont de Ligonnès fusionnera avec la disparition de Manuel Valls).
La discussion a ensuite dérivé sur l’affaire Uber et sur les motivations du mouchard ex- lobbyiste de la compagnie américaine (pas mouchard, a objecté le bobo : « lanceur d’alerte » ; on a rigolé). Je ne vais pas en faire des tartines sur nos spéculations, mais ça ne sent pas bon pour notre président ça-m’en-touche-une 2.0, dont le pouvoir vacille. Il est possible que le coup, en forme d’avertissement, vienne des Etats-Unis. Je verrais bien les néocons à la manœuvre pour punir notre jacto-président de sa mollesse Ukrainienne (reconnaissons ici qu’il est globalement moins taré que Bruno Le Maire et Olaf Scholz réunis, mais ça n’est pas non plus un exploit). Sur cette hypothèse, j’étais isolé, alors j’ai sorti une bouteille de Mirabelle de tonton Robbie et j’ai servi tout le monde.
On verra si notre ego-président a fait d’une pierre libérale (l’ouverture du marché des taxis à la concurrence) deux coups (financement de sa campagne), mais le fait est que sa capacité à encaisser commence à bien faire. Gilets jaunes, rebuffades régulières à l’étranger (il est vrai amorties en chansons de geste par nos médias), législatives foirées (je regretterai Richard Mutuelles-de-Bretagne Ferrand, je le trouvais délicieusement méphitique) : ça sent la fin, mais le cuistre est toujours debout.
C’est à ce moment de la soirée que la seule question valable a été posée (par mon ami théoricien de l’attaque de termites) : mais que fait Obélix ?
Ça nous a tous donné à réfléchir et un travail de mémoire a été entrepris. Avec le résultat suivant : oui, Obélix arrive. A sa manière, erratique, mais il arrive. Il s’est d’ailleurs annoncé une première fois voilà trois ou quatre ans. On s’en souvient, le président des Français (sic) avait reçu une taloche en public accompagnée du cri « Montjoie et saint Denis ! ».
La beigne était fugitive, mais le « Montjoie et saint Denis ! » bien envoyé. « Montjoie et saint Denis ! » vient en effet de loin (et même au-delà). C’est la thèse (écrite bien avant la baffe susmentionnée) d’une éminente historienne aujourd’hui disparue, Anne Lombard-Jourdan. Selon elle, les sources profondes du cri « Montjoie et saint Denis ! » sont à chercher du côté des… Gaulois. « Montjoie et saint Denis ! », selon l’historienne (formée à l’Ecole des chartes, le pédigrée est solide), trouverait ses racines dans une tradition celte qui signifiait « protège-pays ».
Alors, c’est vrai, le cri de ralliement n’a encore pas tout à fait pris. Il y a bien eu, quelques temps après, un jet d’œuf sur la tête de l’entité élyséenne, mais c’était médiocrement exécuté, brouillon et, bien sûr, sans le cri immémorial. De toute évidence, ce lancer d’œuf était le fait d’un individu n’ayant bénéficié d’aucune formation initiale (je crois même me souvenir que l’œuf était dur, ce qui, dans la discipline, vaut sûrement élimination directe). Plus proche de nous, juste après l’élection présidentielle (ce moment-zombie où, tous les cinq ans, nous sommes appelés faire barrage au peuple des vivants et au 4e Reich), il y a eu ce jet de tomates à Cergy-Pontoise sur le crâne de l’ego-président.
Ces signes ne trompent pas. Obélix arrive. Le problème, avec les baffes d’Obélix, c’est qu’elles emportent tout sur leur passage. Comme dans un roman de Julien Gracq, quelque chose vient, de radicalement inattendu, espéré et redouté.
Une affaire de vivants, quoi. Qui vive.
J’espère que vous avez passé malgré tout une bonne soirée.
Tout ceci valant certainement cela :
https://www.youtube.com/watch?v=YBpfClfbf0Y
Ca me rappelle le dessin de Caran d’Ache au moment de l’affaire Dreyfus où toute la famille se bagarre à qui mieux mieux avec cette légende « Ils en ont parlé ».
C’est toujours d’une actualité troublante. Il y a des sujets comme le traitement du COVID 19, le vaccin, le terrible réchauffement climatique ou bien encore la guerre du méchant Poutine, forcément fou, qu’il est préférable d’éviter avec certaines compagnies.
Si je peux ( et je peux souvent) j’évite ces compagnies là ( très majoritaire hélas.
Au coin du bois ou du chaume, je suis tranquille.
Ma seule compagnie intermittente mais espérée est une compagnie de sanglier.
Hier soir une petite femelle de 55 kg a bien voulue venir me voir.
Nous nous sommes quitté à 1 h du matin…enfin presque.
Elle dans mon frigo.
Ouf !
j’avais anticipé la lecture avec « elle est dans mon lit »… 😆
Buffet froid donc !
Mettre des femelles, quel que soit leur poids, dans un frigo en état de marche (ou non) n’est point manière de seigneur. Que trépasse si je refroidi…
Ce n’est que transitoire, Keko, je parie que la femelle finira chaude comme la braise, en une tournante mémorable de plus, au banquet final de Nemrod…
Très bon 🙂
Rencontre au clair de lune…
J’ ai bien rigolé merci
Votre femelle sanglier sera t’elle plus appétissante qu’une truie une fois dans l’assiette ?
Les laies surtout petites sont plus grasses, la chair est plus persillée.
Et aucun risque que les hormones mâles donnent une odeur forte a la chair.
Moi ça ne me dérange pas mais mes contemporains sont devenus délicats.
Quelquefois comme ce matin, a 5 h 00 en maraude au milieu des brocards en rut et des solitaires en maraude je me demande ce que je fais là, égaré dans une époque qui n’est pas la mienne.
Le Guetteur d’ Ombres est passé de mode.
Quelques uns résistent comme la jeune fille que je guidait aujourd’hui ou le jeune homme d’il y a deux jours.
Celui là a échappé à la Camarde qui lui a dévoré une jambe ( ostéosarcome) et sait le prix de la vie.
A l’ orée du bois , vibrant et attentif aux grognements lointains du sanglier ; il ne s’est jamais senti aussi vivant.
Bien sûr il claudique mais il etait là avec moi Nemrod …homme du début des temps , heureux et epanoui.
Comme alors je lui montre, il faut qu’il sache quand je ne pourrais plus, notre clan peut en dépendre…qui peut savoir ?
La Faucheuse attendra et je le crois plus longtemps pour lui que pour moi.
Nemrod, le fils de la forêt 😀
S’agissant du » méchant Poutine, forcément fou « , Major, il y a en quelques uns, au plus haut niveau chez lui, qui n’en doutent pas un instant, ou ne sont pas loin de le penser … Et même qu’ils évitent de le crier sur les toits … Ou alors, très prudents, de loin …
A ce sujet, il y a quelques temps j’avais enregistré un article plutôt cocasse de l’interview d’un de ses PM, que j’avais oublié.
Article que je viens de retrouver. C’est l’interview de son PM de 2000 à 2004 … depuis passé à l’opposition …
Là ou ça devient un peu plus savoureux, c’est que depuis … « Il dirige aujourd’hui le Parti de la liberté du peuple (PARNAS), un petit parti libéral. » !
Eh oui, un parti libéral …
Comme quoi, tout est possible ….
https://www.20minutes.fr/monde/3307547-20220613-ex-premier-ministre-russe-reconnait-plus-vladimir-poutine
Hum …
Je me demande si ce n’est pas notre Keko qui se cache derrière cette prose parfaitement complémentaire à celle de H.
Dans tous les cas, c’est fort plaisant à lire.
Pour de belles claquades il faut s’enquérir de solides doses de potions magiques de tonton mirabelle ou autre fruit distillable. Ainsi donc nous pourrons déchausser les vilains dans le camp de Petibonum tenu par Darmanain. Dans la foulée pourquoi ne pas en profiter pour envoyer l’empereur des cons dans les champs Elysium puisqu’il a l’air d’y gouter le séjour sur cette terre. https:/ /youtu.be/TbVrsxfwpEY
Notre frétillant poulain prétend avoir des couilles mais nulle preuve de leur bon fonctionnement. Certes le réceptacle à semence de sa femelle ressemble à une oued durement frappée par le réchauffage climatique, mais il s’agit tout au plus d’un indice.
Car il faut bien se l’avouer, les noisettes de l’avorton ne semblent pas de taille face aux ovaires de Ventdairlahyenne ou aux prunes fripées de Jobinette.
Mouais, c’est comme celles du pape, on en parle beaucoup mais on ne sait à quoi ça sert.
Manu a des c*uilles au fondement, mais ce ne sont pas les siennes
Et le malheureux Ari, toujours si prompt de bon matin (bon, 3 jours par semaine) s’est royalement fait coiffer sur le poteau!! Je sens que ce samedi lui restera un peu un travers de la gorge…
J’espère qu’il n’est rien arrivé d’affreux maintenant. Peut être s’est-il rompu un os en glissant sur la graisse antique !
Les canons de César partis sous d’autres latitudes, le champs est libre pour la mêlée gauloise.
Le coq ne fera pas le poids contre l’ours et la basse cour connaitra des temps intéressants. On pourra espérer que le prunier au centre de la ferme sera secoué vigoureusement par les vents d’est tempétueux, lâchant de juteux fruits qui régaleront ceux qui jusque là attendaient dans une torpeur moite que les prunes tombent d’elles mêmes à moitié pourries. Ou alors l’arbre fragile s’écrasera sur le cranes des attentistes…
« notre…. »
Pas le mien en tout cas.
Quand on vote pour un homosexuel, il arrive toujours un moment où il essaie de vous enculer. Je ne vais pas plaindre les boomeurs qui visiblement adorent suer du cul et en ont demandé une seconde salve.
Sauver sa peau et celle des rares proches (aucun de la famille en ce qui me concerne) qui en valent la peine et faire des réserves de pop corn pour le feu d’artifices final.
https:/ /leblogalupus.com/2022/07/23/ottawa-va-integrer-de-facon-permanente-lideologie-woke-dans-son-ministere-les-verts-effacent-les-blancs-des-publicites-sur-l-avenir-de-lallemagne/
En même temps, créer un système politique et économique qui aboutit certes au confort, mais aussi à l’idiotie et la stérilité, ça finit par se payer.
LCOEF
Bravo pour le style, comme pour le fond, j’adore.
Pour la cochonne de Nemrod, je suggère une daube. Y a des recettes à la provençale formidables. Dans le Var ou je crèche, les vignerons ont fait d’énormes progrès, y a d’excellents rouges…
Les piquettes d’antan sont bien oubliées croyez-moi.
ou un civet …
Je vous imagine plutôt nous faire une gibelotte de cochonne, Célestin !
désolé Mildred, mais ayant une profonde aversion pour le vin, j’aurais du mal avec ce type de recette … Après je comprends votre suggestion pleine de sous entendus, vue la réputation malsaine que m’ont collée certains malveillants sévissant jaloux ici, dont je tairai une fois de plus les noms, par charité 😉
Pheldge, civet ou daube, il faut du vin !!!
oui, alors Major, on touche là, un domaine délicat : le vin me dégoûte, particulièrement le rouge, MAIS, j’adore le civet ou la daube ! 😉 quand j’étais gamin, ma mère me racontait qu’elle préparait ces plats avec du cognac …
Je n’ai pas osé en parler.
Ah! j’ai entendu le mot « cognac »?
Un rougail marcassin ??????
non, traditionnellement, le rougail c’est pour les saucisses ou la morue, parce qu’il y a toujours de la tomate dedans. Après, il y a les accompagnements pimentés, rougail tomate, rougail mangue, rougail bringelle …
Pour le porc, on le consomme en carry, en civet, ou en rôti, avec de multiples déclinaisons. j’ai goûté du civet de sanglier, et j’en garde un souvenir ému … 😉
Allez, histoire de vous remonter le moral pour cet hiver :
https://www.youtube.com/watch?v=C0oAUeFR8hg&t=7s
Coercition et taxes à gogo…. un libéral de plus…
Oui mais c’est pour notre bien, diront-ils, parce que « savent »…
Oui et surtout pour le bien du porte-monnaie de ce monsieur, ancien de France « stratégie » ce qui doit expliquer son penchant ultra-libéral (ironie).
https://www.strategie.gouv.fr/membres/nicolas-meilhan
HS mais quelqu’un a des infos sur ça ?
https://www.leslignesbougent.org/petitions/scandale-covid-19-encore-250-millions-gaspilles-par-letat-9072/
J’en avais effectivement vaguement entendu parlé, mais je ne savais pas que les tas, je veux dire l’état, en avait commandés ?
Oui, je l’ai vu passer il y a 6 mois. Ce n’était pas cet article que j’avais vu mais je retrouve ce lien en cherchant aujourd’hui. C’était pour moi bien commandé il y a 6 mois et quand on m’en avait parlé je m’étais insurgée du coût exhorbitant que cela devait représenté !
https://www.lefigaro.fr/sciences/covid-19-la-haute-autorite-de-sante-autorise-le-traitement-antiviral-paxlovid-de-pfizer-20220121
Avec le lien c’est mieux…
Ben voilà l’addition il semble 🙂
Le trio UE (dont la France en tête) / Pfizer / McKinsey est une affaire qui marche terriblement bien.
Je sais que je ne devrais pas être surpris, ce n’est que la dernière casserole d’une batterie longue comme la muraille de Chine, mais j’avoue qu’ils arrivent encore à m’étonner quelques fois.
Pour revenir aux débats de familles où il vaut mieux éviter certains sujets: ils témoignent d’une profonde fracture de la société. Savoir si elle se comblera ou pas et en combien de temps, je ne sais pas…
Personnellement, je n’ai aucune envie d’aplanir les choses.
Du lourd merci !!
« Comme dans un roman de Julien Gracq, quelque chose vient, de radicalement inattendu, espéré et redouté. »
La découverte des romans de Julien Gracq est intimement liée à l’effort qu’il fallait pour accéder au texte édité par la maison José Corti, il fallait alors découper avec un coupe-papier les pages dans le sens de la longueur qui étaient liées entre elles..comme si on devait ouvrir l’enveloppe contenant la lettre toutes les 2 pages…j’ai appris par la suite que c’était l’impression et le papier qui donnaient cette particularité!!
Le plus grand styliste de la langue française?
Ce n’est pas le style que je préfère, pour aller vite il y a deux styles: Proust et Céline et je suis clairement plus attiré par le style célinien et je dirai que Gracq est plus du côté de Proust, phrases assez longues, mots recherchés…virgules…je préfère quand c’est plus direct. Voilà pour mon analyse toute personnelle!! Modiano je ne suis pas fan non plus…question style alors qu’il est reconnu passer pour un styliste!!