Les allocations familiales et leurs 808 petits millions d’euros

Il semble qu’avec la crise, les Madoffs, les Kerviels, les contrats Demaerd™ vendus par Goldman Sachs, l’unité de mesure des dérapages financiers ne soit plus le dollar ou son presque alter-égo, l’euro, mais le milliard. Pour intéresser la presse en dessous du milliard, il faut montrer un cul, des seins ou un iPhone (et évidemment, ce billet contiendra au moins l’une de ces choses – ami lecteur, sauras-tu la retrouver ?). Alors, quand la CAF annonce qu’elle a trouvé qu’il y avait un peu de fraude sur les bords et tombe sur un chiffre exprimé en millions, il fait rire tout le monde et on passe vite à autre chose.

Je ne sais pas si l’affaire de polygamie est un déclencheur dans l’Opération Vérité Fini Les Bidouilles lancée par la Caisse Nationale d’Allocations Familiales, mais en tout cas, l’information est maintenant officielle : tous calculs faits, la fraude aux allocations représenterait un petit 2.15% des allocataires.

En fait, et pour faire encore plus percutant, j’aurais été le patron de l’édifice social (cette pensée me fait un peu froid dans le dos, mais baste, c’est un pur exercice de pensée), j’aurais plutôt annoncé que 97.85% des dossiers d’allocataires étaient taillés au cordeau.

97.85% de dossiers en béton armé, ça fait solide. On dirait une pub pour un alicament, tiens : « Plus de 95% de nos allocataires ont réussi à faire perdre du poids au compte en banque de nos contribuables ! Vous aussi, tentez dès aujourd’hui les petites pilules d’Allocatéol Bio Plus des laboratoires CNAF ! »

Bon. Ceci posé, on se dira que 2.15%, finalement, ce n’est pas beaucoup.

Et d’ailleurs, le président de la CNAF, Jean-Louis Deroussen, le concède très facilement : les montants impliqués par la fraude oscillent entre 0,91% et 1,36% des montants distribués, ce qui en fait un phénomène « relativement modéré« . Évidemment, lorsqu’on parle montant, ça fait tout de même entre 540 et 808 millions d’euros. Une modération que j’aimerai bien avoir en poche, soit dit en passant.

On appréciera aussi la « modération » de la marge d’erreur (49%) qui donne une bonne idée de la précision des instruments disponibles pour piloter les engins étatiques.

Sur une voiture, cela donnerait des fiches techniques amusantes :
– moteur 4 à 6 cylindres (environ) et cylindrée probablement comprise entre 1100 et 1700 cm³,
– boîte de vitesse oscillant entre 4 et 6 vitesses, avec une forte probabilité pour 5, surtout le mercredi,
– intérieur passablement cuir ou nylon et ronce de noyer en polyuréthane.

La conduite serait plus créative, la consommation et les angles de braquages évoluant dans des marges assez larges. On comprend dès lors qu’il n’est pas facile de piloter les administrations publiques : à l’instar d’un Titanic au gouvernail trop court auquel on aurait mis des vitres fumées (et un spoiler arrière, hein, important, le spoiler arrière), on sent que le Capitaine à bord de la CNAF doit parfois mâchouiller fébrilement sa barbe en se demandant, de temps en temps, si le gros « bonk » entendu il y a une heure ne serait pas un gros iceberg…

Une fois le rapport épluché, on découvre ensuite qu’en fait, tut tut, ne vous inquiétez donc pas tant, la plupart des sommes fraudées sont récupérées (90%) et qu’il reste en réalité 80 petits millions qui s’évaporent donc, ce qui est très modeste au regard des 66 milliards d’euros dilapidés distribués tous les ans. Modestie que, on le comprendra la encore, j’aimerais beaucoup retrouver dans ma popoche, mais bref.

Un iphone, de la fesse et du téton

Non, en fait, ce qui me scie en quatre, finalement, n’est même pas cette fraude, l’imprécision générale et la désinvolture relativement sereine avec laquelle elle est publiée.

Tout ceci est parfaitement dans les normes auxquelles nous sommes habitués dans ce pays. Ca en chagrine certains, mais le fait est que la fraude, l’imprécision et la désinvolture sont devenues des marques de fabriques de la république Française.

Ce qui est particulièrement sciant, ce sont les montants collectés avant redistribution, qu’on peut subodorer strictement supérieurs à 66 milliards d’euros.

Pour donner un ordre de grandeur, le coût en dollars actualisé d’un programme comme Apollo, qui a envoyé quelques humains tripoter des cailloux sur la Lune, est de l’ordre de 17 milliards d’euros. Avec toutes les aides gérées par les CAF, la France peut donc gérer trois projets comme Apollo. Par an.

Attention, il ne s’agit pas ici de dire qu’on devrait le faire. Il s’agit ici simplement de donner un ordre de grandeur. Et puis en plus, il n’y a pas des masses de choses à faire sur la Lune, actuellement. Pire : on risquerait d’y envoyer Sarkozy, ce qui rendrait immédiatement le lieu à la fois kitsch et has-been.

Cependant, cela permet de bien comprendre une chose essentielle : 66 milliards, c’est une somme Kolossale. Or, cette somme est prélevée avant d’être redistribuée. Que se passerait-il si elle restait dans la poche des salariés qui la payent actuellement ? Et quels seraient les effets induits par la disparition de ce système ?

En gros et pour faire simple, cela voudrait dire tout simplement que chaque salarié recevrait un peu plus de 2400 euros supplémentaires par an (ce qui équivaut à un beau treizième mois). Il y aurait aussi quelques économies : l’administration qui ponctionne, celle qui calcule la distribution, et celle qui distribue effectivement pourrait disparaître. Certes, cela provoquerait probablement la ruine du fournisseurs d’attaches-trombone ou celui de papier, mais en compensation, il est probable qu’on économiserait des milliers de salaires correspondants, ce qui ajouterait encore pas mal d’euros dans la poche des salariés en question.

Il y a un autre effet non négligeable à la suppression des allocations : l’argumentaire de certains partis sur les raisons qui poussent des étrangers à s’installer sur notre sol deviendrait immédiatement caduc. Plus d’allocations, plus d’immigration directement imputable à l’appel d’air provoqué ou soit-disant provoqué par celles-ci.Et, bonus non négligeable à mon sens, la « polygamie » serait alors sans douleur pour la collectivité, chaque individu devant alors assumer pleinement le résultat de ses choix maritaux, en toute responsabilité.

Je vois d’ici les âmes chagrines pleurer sur le sort d’une institution instituée dans les joyeux élans communistes de l’après-guerre, avec la Sécurité Sociale dont le sort financier ne lasse pas de faire bien rire le reste du monde, et je me prépare donc à lire dans les commentaires les habituels cris d’orfraie et les hurlements attendus sur le mode « les pauvres vont mourir dans la rue dans d’atroces souffrance« .

Mais bon : c’est la fin du mois, j’ai le droit à un bon gros billet polémique. Et il n’en reste pas moins vrai que :

  • Une administration qui collecte autant d’argent ne peut pas prétendre sérieusement faire une redistribution juste, légitime et bien pensée avec une gestion aussi opaque, et des processus aussi complexes. Il est évident que beaucoup touchent des sommes qui, sans être frauduleuses, ne leur sont pas nécessaires, quand d’autres manquent cruellement de moyens. Le maquis législatif pour obtenir une aide ou une autre donne d’ailleurs régulièrement des histoires croustillantes…
  • La fraude avérée présente déjà des montants alarmants, ce qui laisse supposer, compte-tenu de la gestion de l’État en général et des institutions sociales en particulier que les sommes fraudées réelles sont bien supérieures.
  • Avec la crise qui se fait de plus en plus pressante, il est plus que temps de donner à chacun, en France, la maîtrise de l’argent qu’il produit. Après tout, chacun sait un peu mieux ce dont il a besoin qu’un état-nounou de plus en plus invasif. De surcroît, l’État a prouvé, dernièrement, sa totale incompétence à gérer les crises environnementales, sanitaires et économiques, à grand frais. Parier sur le même cheval pour gérer d’aussi grosses sommes devrait faire réfléchir. D’ailleurs, quand on voit la tronche de la dette, on a un historique glorieux pour soutenir cette impression.

Mais, tout comme la gestion de la crise, les deniers publics n’intéressent finalement que ceux qui les donnent sous la contrainte.

Les médias, obnubilés par les voiles, les cagoules, les polygames et les footballeurs infidèles, se font essentiellement le relai des turpitudes des grands petits de ce monde, et font tout ce qu’ils peuvent pour oublier bien vite les sujets qui fâchent

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Commentaires41

  1. Winston the only (other) one

    « les pauvres vont mourir dans la rue dans d’atroces souffrances »

    c’est pas déjà un peu le cas ? il me semble qu’il n’y a jamais eu autant de pauvres, de laissés pour comptes, et autres parias et qu’en plus ça ne semble pas vouloir s’arranger…

    1. pythéas

      C’est marrant, mais j’ai pas l’impression. Du tout. Je pense au contraire qu’il n’y a jamais eu aussi peu de pauvres en France (je ne me base évidement pas sur le seuil de pauvreté : j’ai vécu 7ans en dessous tout en jouant au golf le week-end, sans financement parental of course – on peut être un salaud de libéral et avoir un peu d’honneur aussi).
      En plus, je suis persuadé qu’il vaut mieux être pauvre aujourd’hui qu’il a 50, 100, 150, 200 ans et ainsi de suite jusqu’à ce qu’un singe ait l’idée de se mettre debout.

      Arrêtons le misérabilisme, les enfants ne se font plus arrachés les cheveux dans les usines textiles de Roubaix pour manger un morceau de pain dur le soir et voir crever 1 petit frère sur 2.

      1. Mr T

        Avec la hausse de certaines dépenses incompressibles (logement, essence…), je ne serais pas surpris que le bas de l’échelle des revenus soit à plusieurs égards moins bien loti qu’hier.

        1. Flo

          C’est vrai pour le logement et c’est déjà beaucoup mais pas pour tout le reste ou presque (sauf un verre au bar du Lido je crois mais c’est assez marginal comme besoin).

      2. Flo

        Qui peut soutenir sérieusement qu’il y a plus de pauvres qu’avant (dans l’absolu)?
        Regardez un film des années 80 et voyez comment les gens étaient logés, habillés, quelles bagnoles ils condusaient.
        Bien souvent même les reportages misérabilistes montent des personnes en difficulté avec écran plat, ordinateurs avec Internet, etc etc
        Signe patent d’inégalité mon écran plat est plus petit que celui du voisin

        1. Winston the only (other) one

          je voulais dire que je ne suis pas sûr qu’il y aura plus de pauvres dans les rues si le système fait faillite… ou inversement que le système ultra-social qui est le nôtre soit une réponse efficace à la pauvreté.

        2. Africa

          Je suis assez d’accord sur le fait qu’on ne puisse pas dire que les pauvres sont plus nombreux aujourd’hui (encore qu’on puisse en discuter et notamment sur la notion de précarité qui a changée). Mais attention à vos références! Ce n’est pas parce que dans les années 80 les gens avaient des 4L, R9 ou pantalons velours que cela était un signe de pauvreté ou de précarité…et concernant les logements, ils étaient sûrement de bien meilleure qualité durant ces années-là 😉

  2. Flo

    « mais le fait est que la fraude, l’imprécision et la désinvolture sont devenues des marques de fabriques de la république Française »

    Voilà c’est exactement ça, les quatre mamelles de l’utilisation des fonds publics sont :

    – Utilisation aux fins pour lequelles ils ont prélevés
    – Gâchis (incompétence, erreurs, redondances…)
    – Corruption
    – Fraude

    Il est possible (probable?) que le système ne soit pas viable en soi mais pour en être sûr ne conviendrait-il pas de débarasser autant que possible (je sais, je rêve) la vache à lait des trois derniers pis de la liste?

    Si avec ça on ne trouve pas 10 % d’économies (ordre de grandeur de tous les déficits actuels, la CAF étant le moins pire de tous), au moins théoriques, la démonstarion sera faite que le système n’est pas viable financièrement.

  3. Higgins

    Billet roboratif en cette veille de week-end festif et citoyen. J’ai moi-même sursauté, ensuite j’ai ri (un peu jaune vu les sommes) lorsque j’ai entendu cette info….
    C’est triste à mourir et montre bien, si besoin en était, l’état de déliquescence de notre pays.

  4. Mr T

    Le plus drôle à mon sens, c’est quand on vous explique doctement que c’est grâce à sa politique familiale que la France peut se targuer d’avoir un taux de natalité parmi les plus élevés. Et que si on veut avoir une chance sur un million de maintenir encore un peu le magnifique système de retraites par répartition que le monde nous envie, alors continuez à baiser comme des lapins et à faire des gosses sans moyens d’assurer leur avenir, c’est la République qui régale. Enfin, plus pour longtemps j’en ai peur.

  5. Bof

    Mais z’enfin, vous n’avez pas compris que la France avec ses allocations familiales, entretenait un projet grandiose ?
    Toute la politique nataliste française a commencé après 1870, quand on s’est rendu compte que sans Napoléon (le 1er…), et face à des Allemands 2x plus nombreux que nous, on allait pas rigoler souvent.
    Malgré tous les efforts de nos aïeux, en 1914 les allemands alignaient encore 4 millions de soldats de plus que les Français (d’après P.Miquel, personnellement j’ai pas compté). Heureusement, il y avait les russes, et on gagné la Marne, puis les ricains ont remplacé les russes, pour compenser le déséquilibre et on gagné la 2e bataille de la Marne.
    Mais en 40, ni russe, ni ricain, et c’est encore la branlée.

    Donc en 45, on met les bouchées doubles, bordel !!

    Et grâce à ça, nous sommes sur la bonne pente: en 2040, pour les 100 ans de la dernière défaite, nous serons plus nombreux que les allemands. Et zou! On leur déclare la guerre, on annexe la Ruhr, la Sarre et la Bavière
    Et à nous BMW, Porsche et VW, la BCE, la fête de la Bière et Claudia Shiffer !

    A nous les produits qui s’exportent !! A nous le contrôle de l’Euro !! Fini la Crise !!!

    Ca vaut pas quelques missions appolo ? Mmmmh ?

      1. Winston the only (other) one

        On aurait p’tet ben mieux fait de se diversifier avec les Germains, tiens… Ach cholies Teutonnes, grosses Kokines ! 😀

  6. Kilminster

    On nous les brise menu avec le bouclier fiscal (500 millions) et on sourit tendrement devant 800 millions de vols annuels…WTF?!

  7. bruno

    c est la 1ere fois que j ecris un petit mot sur votre blog que je trouves tres pertinent et amusant heureusement au vu des sujets parfois desesperants, mais aujourdhui je vous trouves mesquins, oui mesquin de parler de la CAF et de son malheureux budget de 66 milliards. mais enfin parler de la secu et de son budget de 435 milliards oui 435!!! 7 fois plus que la CAF et de son deficit pour 2010 : attention on accroche on s emerveille on fremit on s extasie on erectue et en 2009 24.6 milliards de deficit et previsionnel de 2010 32.2 milliards
    en voila de la navette spatiale pas pour aller sur la lune, non sur mars sur jupiter sur pluton meme, j appelle de suite le capitaine Kirk, je declare la guerre a toute la galaxie

    http://www.securite-sociale.fr/chiffres/lfss/lfss2010/plfss2010_chiffres_cles.pdf

    1. Effectivement, mais en réalité, la CAF est une des branches de la Sécu 😉 Ce qui veut dire que ce billet parle bel et bien d’un des pans de la sécu, et de celui qui est probablement le moins explosif, tout simplement.

    1. Cultilandes

      Dans le premier document(intéressant), il n’est question que d’absentéisme, mais il est notable que dans son adresse il est question de « présentéisme »!

  8. Flo

    L’article du Monde sur ce sujet est particulièrement confus :

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/04/29/le-cout-des-fraudes-sociales-estime-entre-540-et-808-millions-d-euros-en-2009_1344271_3224.html

    Vers la fin il est écrit :

    « Pour cette première opération d’évaluation d’envergure, la CNAF a procédé à des « vérifications systématiques » menées « auprès de 10 500 allocataires choisis de façon aléatoire » et dont les résultats ont été extrapolés au niveau national. »

    Du coup, vu comme c’est tourné on pourrait presque penser que tout ce qui est écrit est déduit d’une étude sur un échantillon de 10500 allocataires. Cela rendrait tout à fait incompréhensible la récupération de 90 % des sommes fraudées à moins qu’on ait eu le bol incroyable que 226 personnes (2.15 % de 10500 choisies au hasard) sur 200000 (chiffre extrapolé lui aussi?) se soient rendues coupables de 90 % du total des fraudes.

    Bref on y comprend rien.

    P.S.: lu dans la version papier du Point un encart rigoljaune sur Mme Dati lors de sa décoration par l’ambassadeur du Maroc de l’insigne de grand officier du Wissam Al-Alaoui mais c’est hors sujet.

  9. douar

    Je ne pense pas que sont comptabilisées comme fraude, les astuces style, alloc parents isolés pour toucher des sous. c’est parfaitement légal mais ça doit couter bonbon à la collectivité.

  10. JG2433

    … si elle[s] restai[en]t dans la poche des salariés qui l[es] payent actuellement ?

    Ah bon… ce serait nouveau, ça : les salariés assujettis au paiement des cotisations ‘Allocations familiales’ !

    Eh non ! Les AF sont des charges payées uniquement par les employeurs et les travailleurs indépendants – même si ces derniers ne sont pas employeurs, comme ce fut mon cas en tant que professionnel libéral pendant 32 ans.

    1. Mateo

      Ah, le coup des charges « payées par l’employeur »… Y’en a encore qui y croient???

      Ben non, les charges dites « patronales » sont payés par le travail du SALARIÉ. L’employeur se contente de poser sa signature sur le chèque, mais in fine, c’est bien l’employé qui les payent.

      @h16

      C’est vrai que tu aurais dû rappeler cette évidence, nombreux sont ceux qui croient que « c’est le patron qui paye »…

      1. JG2433

        Je maintiens : pour ce qui concerne mon assujettissement personnel aux AF, comme tous les autres professionnels non salariés, comme je le fus, qui sont « assimilés » à des « patrons » : pas de salarié mais j’ai payé (et cher) durant toute la durée de ma vie professionnelle.

        1. Ben oui : vous étiez certes votre patron, mais aussi votre propre employé / propre salarié. Tortillez la réalité comme vous voulez, mais ne payent les allocs que les employés. Les distinctions introduites par les CAF pour flouter un tantinet le raisonnement avec la notion de charges patronales n’ont qu’un seul et unique but : faire passer l’amère pilule.

          Les seules charges autres que salariales payées directement par l’entreprise sont celles qui concourent à la production (fournisseurs, services). Le reste (impôts, taxes, charges dites patronales) sont des poids morts qui sont directement reportés, in fine, sur le prix du produit final ou sur les salaires. Leur coût est donc supporté en amont par le salarié (allocs, sécu, chômage) ou en aval par le consommateur (tva, par exemple).

          Si tous les Français voyaient combien dépense réellement une entreprise pour les avoir en tant que salarié, beaucoup d’entre eux comprendraient rapidement l’arnaque : on paye énormément pour un service de merde.

          En général, le discours passe d’autant mieux chez les professions libérales qu’elles voient, justement, les charges patronales (qui sont retirées de leur salaire) et qui se disent « benmerdalor ».

    2. Elle est bonne celle-là (mais je l’attendais).

      Payé par les employeurs ? Sur leur feuille de paye, c’est ça ? Non ? Aaaah oui, c’est la partie « patronale ».

      Oui, mais la partie patronale, … c’est le salarié qui ne la touche pas, hein. C’est le salarié qui la paie, en réalité.

      Désolé.

      1. Théo31

        Si c’est l’employeur qui paie, on se demande pourquoi ces charges figurent sur les fiche de paie des salariés.

        J’ai été choqué de découvrir que quand on fait un gosse, il n’y a aucune condition de ressources pour toucher des allocs.

  11. Totsaki

    Merci pour le blog.

    Pas du tout ma conception de l’economie mais faut bien s’ouvrir l’esprit.

    Par contre, vous vitupérez sans cesse sur les dettes publiques mais mortecouille, qui dit dette, dit créancier: ils sont vraiment ras du plafond tous ces créanciers qui prêtent à des états insolvables.

    Ils sont pas conseilles?

    Le boulot des banquiers/financiers, avant de prêter/investir, c’est quand même de s’assurer un minimum de ce qu’ils font : ça me viendrait jamais à l’esprit de préter à quelqu’un que je sais insolvable, encore moins si c’est mon boulot.

    Personne les oblige à préter : si les débiteurs ne peuvent plus rembourser, les créanciers n’ont qu’à les suivre dans la « tombe », pour le prix de leur stupidité.

    1. Un peu court, ce « personne ne les oblige à prêter ». Par exemple, si vous avez un PEL ou une assurance vie, vous prêtez à l’état. Et les Français sont nombreux dans ce cas là. Dans les autres pays, c’est la même chose. Les sommes prêtées par les contribuables à leur propre état ou aux états étrangers sont considérables. Et de façon très générale, ce prêt correspond
      – soit à une contrainte (pas le choix)
      – soit à une forte incitation, au travers de produits défiscalisés ou d’assurances de retour sur investissement (parce que « c’est un placement de bon père de famille, les obligations d’état, mon bon môssieu »)…

      Et reste surtout la remarque générale : « voyons, un état comme la Fraônce ne peut pas faire faillite ». Ce qui veut dire que les primes d’assurances sur un prêt étatique sont extrêmement faibles (d’où l’importance du AAA des agences de notations).

      Vitupérer contre les prêteurs, c’est vitupérer contre a/ ceux qui ont la charité de prêter de l’argent à l’indigente qui, incontinente, pisse du fric par tous les pores, et b/ ceux qui n’ont pas le choix de toute façon.

      Ce n’est pas très classe.

      1. Laetitia

        En fait je crois qu’il parlait des banques, et je suis assez d’accord dans l’idée. Seulement le truc c’est que l’Etat les tient pas le col, et qu’il me semble également que l’Etat a des parts dans la plupart des banques Francaises.

        En plus de ca, il y a un copinage écœurant entre eux: « tu me prêtes du fric, je ponctionne les pigeons si tu as des soucis »

        Et au final c’est évidemment nous qui trinquons parce qu’on fout notre argent dans des placements pourris (au hasard, en Grèce^^) sans notre consentement libre et éclairé.

      2. Totsaki

        Rien ne les empêche d’investir dans une économie, comment dire, de plus long terme ou le profit n’est pas assuré à 100% mais ou le projet (je pense à la recherche médicale en particulier), s’il aboutit, peut être rentable/apporter un vrai progrés.

        Vous chargez sans retenue les « aidés » mais ne trouvez vous pas contre-productif de garantir une rémunération des prêteurs quelle que soit la conjoncture, à l’image d’un commerçant/artisan/médecin qui aurait ses revenues garantis même s’il n’est pas doué dans son travail. Pour ma part, je trouve ça assez scandaleux.

        1. Laetitia

          « ne trouvez vous pas contre-productif de garantir une rémunération des prêteurs quelle que soit la conjoncture »

          Ben si, et justement, sans l’Etat tout se passerait normalement. Les investisseurs irresponsables seraient sanctionnés et du coup ils seraient beaucoup plus prudent.

          C’est un cercle vertueux.

  12. Laetitia

    « Que se passerait-il si elle restait dans la poche des salariés qui la payent actuellement ? […] En gros et pour faire simple, cela voudrait dire tout simplement que chaque salarié recevrait un peu plus de 2400 euros supplémentaires par an (ce qui équivaut à un beau treizième mois). Il y aurait aussi quelques économies : l’administration qui ponctionne, celle qui calcule la distribution, et celle qui distribue effectivement pourrait disparaître. »

    => ce n’est qu’un doux rêve. Sauf faillite réelle de l’Etat (mais ils vont tenter de le sauver à n’importe quel prix hein), il est impossible d’avoir un tel système en France.

    Si certaines aides venaient à être supprimées, il ne faut pas croire qu’elles seront données aux salariées. Ce qui se passera c’est qu’elles seront affectées différemment (à la dette par exemple). On peut suivre la même logique pour toutes les dépenses publiques.

    Bien sur ca ne veut pas dire qu’on doit s’y accrocher, mais simplement que ce n’est pas parce qu’un service ou qu’une aide ne sera plus dispensé que le contribuable cessera de payer.

    D’où l’intérêt de la faillite de l’Etat pour un changement radical.

  13. Cultilandes

    * C’est un rapport pour dire, en gros: « La CNAF est très bien gérée ». Mission accomplie!
    * L’histoire de l’aide aux mères seules met en évidence la distinction à faire entre légalité (respect du droit positif) et légitimité.
    * Frédéric Bastiat, en 1850, a écrit un texte prémonitoire sur les abus et dérives du système de « Sécurité Sociale »: http://bastiat.org/fr/secusoc.html

  14. Almuixe

    « Chaque salarié recevrait un peu plus de 2400 euros supplémentaires par an (ce qui équivaut à un beau treizième mois). »

    Croire que 2400 euros c’est un treizième mois standard, c’est méconnaître la réalité et prendre sa situation personnelle comme étalon. En 2006, pas plus de 20% des français avaient un salaire de 2000 euros (et encore le chiffre est minoré par la notion d’unité de consommation).

    Cela ferait un beau treizième mois, de l’argent de poche pour ceux qui ont des revenus. Mais 200 euros/mois pour les autres, les allocataires CAF. Vous conviendrez que cette somme génereuse permet de vivre tout à fait honnêtement et
    je ne doute pas que l’auteur de ce billet, si il devait recevoir des subsides de la CAF plutôt que le bon salaire que son appartenance à la classe moyenne supérieure lui confère, défendrait exactement la même politique.

    Ce n’est pas le billet pêche par excès de polémique, foutre non, il s’embarrasse encore trop de délicatesses et de précautions. Peut-être que la vérité crue est un peu difficile à formuler, qu’il faut y mettre les formes quand l’on prêche pour sa paroisse, surtout quand l’évangile est de cesser de prendre aux riches pour donner aux pauvres.

    « Donnez moi mon treizième mois, plutôt que de le filer à ces fainéants qui touchent des aides pour proliférer » cela sent un peu trop son café du commerce. Et comme nous sommes entre gens bien…
    Cordialement 😉

    1. a/ je ne prends pas ma réalité personnelle comme étalon, croyez-moi.
      b/ le salaire moyen est plutôt autour de 1500€, mais c’est aussi pour cela que j’ai parlé d’un « beau » 13ème mois. Un 13eme et un 14eme, si vous voulez.
      c/ je ne reçois pas du tout les subsides de la CAF pour la bonne raison que je n’habite pas en France.
      d/ pour ce qui est de « prendre aux riches pour donner aux pauvres », c’est très amusant d’arriver à cette conclusion dans la mesure où, actuellement, c’est exactement l’inverse qui se produit. Ce sont les pauvres (nombreux, surtaxés de tous les côtés) qui donnent aux riches. Qui va dans les meilleures écoles publiques de la République, par exemple ? Les riches sont, en France et comme vous le soulignez avec votre « 20% des français avaient un salaire de 2000 euros », très peu nombreux. Quoi qu’on leur prenne, cela ne représente qu’une part infime de ce qu’on prend aux autres, les plus pauvres. Et qui connaît bien les arcanes de la bureaucratie, les niches fiscales, les exemptions et les subsides disponibles ? Les riches.

      Ce sont les pauvres qui payent pour les riches. La CAF est un de ces nombreux exemples où, par le lobbying actif des collectivistes dont la plupart ne paie pas d’impôts (regardez le Centurion Rolex, par exemple) on a réussi à faire croire aux paquets de gentils naïfs que ce sont les riches qui paient pour les pauvres.

      Je ris.

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    13 milliard pour expédier Sarko sur la Lune sans billet retour? On signe où??? Combien pour un charter gouvernemental? Et avec la compagnie du Grand Guignol (appelé aussi Assemblée Nationale) et les pensionnaires de la maison de retraite « Les Volets Dorés » (le Sénat), ça tiendrait dans les 66 milliard? Si il reste un peu d’argent, on pourrait éventuellement les expédier un peu plus loin… Mars, Jupiter…

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    Petite réflexion:
    Il y a un milliard de seconde, nous étions en 1974.
    Il y a un milliard de minutes, Jésus était vivant.
    Il y a un milliard d’heures, nos ancêtres vivaient dans de caves à l’âge de pierre.
    Il y a un milliard de jours, il n’y avait personne à la surface de la Terre.
    Pour engloutir un milliard d’euro, le gouvernement français n’a besoin que de 21 heures… Même pas une journée, et tout le monde s’en fout.

    1. Il y a un milliard de jours, il y avait quelques centaines de milliers de nos ancêtres, tout de même.

  17. Menuiserie Nice

    Pas de surprise, en ce qui concerne l’avis générale et merci pour ces précisions. La société s’en va de plus en plus vers un décadente à tendance pro américaine et ça fai peur 🙂
    Les artisans et je parle en connaissance de cause vu que je connais des proches artisan menuisier sont encore plus touché.

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