Eric Woerth devient auteur de science-fiction

Youpi ! Eric W., précédemment ministre du travail maintenant reconverti dans les romans palpitants et plein d’imagination, vient de sortir son nouveau roman de science-fiction. Intitulé “Document d’Orientation sur la Réforme des Retraites”, il narre l’aventure rocambolesque de tout un gouvernement qui, utilisant sans précautions une machine à voyager dans le temps, s’est perdu dans son passé, et tente, par des mesures à la fois comiques et inappropriées, de ramener les curseurs sur le temps présent…

Eric n’est pas un auteur comme les autres puisqu’il autorise, dès à présent, les internautes à lire son roman en ligne. Amazon n’a en effet pas été contacté et il semblerait que cette fois-ci, l’auteur ne souhaite pas engranger de droits sur sa production. A titre éducatif, je vous conseille la petite synthèse en fin de document, ou, en version journalistique, celle du Monde, ici.

D’un autre côté, son texte ne fait que 17 petites pages d’une prose pas vraiment réjouissante à parcourir. Il n’y a pas de femmes fatales, pas de fusillades au laser ou de moon-boots rétro. On y trouve des soucis de vieux, des tracas de politiciens étriqués et une odeur caractéristique, mélange de naphtaline pré-pompidolienne et de vielle urine rance. Je ne miserai pas trop sur un succès de librairie avec cet opus.

Premier constat : il faut sauver le Soldat Répartition.

Et tout, absolument tout, sera fait pour qu’il en soit ainsi, même si cela doit consister à bousculer mémé dans les orties depuis le cinquième étage de l’hospice, sans culotte et sans élastique : bien que le basculement, progressif ou pas, total ou pas, vers la capitalisation a été envisagé et réalisé dans d’autres pays, nombreux, avec des résultats notablement positifs pour qu’ils ne puissent être écartés, il n’en sera pas question ici. C’est une question de principes, de ceux qu’on trouve rangés dans la même boîte que la légalisation joyeuse de l’euthanasie des vieux et la mise sous chloroforme citoyen des jeunes.

Partant de ce principe fixé dans le bronze dont on fait les canons et dans la fonte dont on fait les boulets qui iront aux pieds des esclaves de la prochaine république, il n’y a plus guère de choix : il faut absolument faire revenir le bastringue à l’équilibre, sachant que depuis 2005, on sent le précipice approcher.

C’est le deuxième constat : ça fuit de tous les côtés, la plomberie des années 40.

Quant à lire les solutions proposées, c’est la déroute.

Le petit opuscule d’Eric W., anciennement ministre et nouveau fantaisiste, ne contient rien de concret. Une longue succession de trucs vagues et flous, de petites brises, de vents froids et chauds mais aucune décision claire, aucune base solide.

Pourtant, devant ce constat de déficit, on peut :

Partie recettes :

  • augmenter les cotisations
  • augmenter le nombre de cotisants

Partie dépenses :

  • diminuer le nombre de pensionnés
  • diminuer les pensions

Mais, c’est dit en toutes lettres, on ne veut pas baisser les pensions, ni en montant absolu, ni en pouvoir d’achat. Autrement dit, elles continueront de sucer la pente de l’inflation, qui promet d’être assez raide dans les prochaines années.

Bon. Soit. C’est un choix.

Comme celui d’un suicide par ingestion d’éponges sèches avant un grand bol de soupe.

D’autre part (et c’est, au milieu des 17 pages de prose du W.,  l’Engagement n°6) : on ne veut surtout pas augmenter les cotisations. Gasp. Cela complique singulièrement l’affaire. Certes, pour des raisons de démagogie crasse et de bêtise bulbaire, on ciblera certains revenus (les méchanriches) pour les ponctionner un peu histoire que tout ceci passe bien auprès des électeurs. Ça ne servira à rien : les riches, en France, ne sont pas nombreux et tendent à partir. Les trois pistulons récoltés resteront symboliques.

Va-t-on diminuer le nombre de pensionnés ?

L’une des méthodes consiste à buter du petit vieux dans ses moments perdus, mais elle n’a pas la faveur des votants (eux-mêmes de plus en plus vieux, coïncidence navrante, mais bon, c’est comme ça). L’autre méthode, plus douce, consiste à modifier l’âge du départ à la retraite, en le repoussant, ou en imposant un nombre d’annuités de cotisations plus grand, ce qui revient grosso-modo au même. Le panachage est possible.

Avantage de cette dernière méthode, elle augmente aussi mécaniquement le nombre de cotisants.

Oui mais voilà : toucher à la sacro-sainte Retraitasoissantan, c’est s’assurer de lendemains électoraux douloureux. Alors, on tortille du croupion en cherchant une échappatoire rhétorique. On camoufle donc la triste réalité par une pudique “augmentation de la durée d’activité“.

Bien joué, Eric W., mais ça s’est vu.

Certes certes, tu fais dans le velours (engagement n°8) : tout devra se faire sur des années, looooooooongues et caaaaaaaaalmes, pour lisser bien tout ça bien gentiment comme il faut et ne laisser aucune aspérité électoralement périlleuse.

Amazing Stories of Eric W.

Cependant, la réalité promet d’être un petit peu plus rock’n’roll.

D’une part, il y a cette méchante crise qui couve. Il y a fort à parier que le nombre de cotisants ne va pas violemment augmenter s’ils se multiplient au chômage. Ce qu’on récupèrera peut-être avec une augmentation des durées risque fort de se reperdre en prestations sociales chamarrées pour éponger les effets d’une crise totalement incontrôlable rendue encore pire par les efforts héroïquement stupides du gouvernement à foutre un boxon innommable dans l’ensemble du bousin auquel, soyons bien clair, plus personne n’y comprend rien.

D’autre part, j’ai comme le sentiment que les jeunes, les moins-jeunes, les plus âgés et les petits vieux ne vont pas trop se laisser faire : on leur a tellement seriné que cette retraitassoissantan, c’était du béton promis juré craché, et que le système social de la France, tout le monde nous l’enviait et tout le toutim, qu’à la fin, ils l’ont cru.

Eh oui. C’est benêt, tout ça, mais à force de menteries et de gros bobards, les gens qui payent vous ont cru : ils vont donc réclamer les prestations correspondantes.

Et quand ils se rendront compte que tout ça, c’est du vent, du Madoff puissance 50 …

… eh bien Monsieur W., et d’ailleurs vous aussi, messieurs du gouvernement, je ne souhaiterais pas être à votre place.

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Commentaires73

  1. Valuebreak

    manque un petit détail …

    le peu de jeunes qui travaille est payé au lance pierre … ça fait pas bézef de rentrées de cotisations sociales …

    1. Toni

      … et le mur de la réalité se rapproche de plus en plus ainsi que la faillite du pays. Des lendemains difficiles en perspective !

  2. Stéphane

    De ce point de vue, je crois que les “jeunes” pour une fois ne se font pas avoir. Un sondage montrait que deux-tiers des jeunes (< 30 ans, disons) pensaient qu'ils ne toucheraient pas de retraite selon le système actuel.

    Entre un jeune qui milite aujourd'hui et le même jeune qui pointe à la retraite, 40 ans – pardon, 55 ans – plus tard en 2065, il y a de la marge pour se tirer, faire une guerre, une révolution, ou les trois à la fois.

    Ca va être rock-n-roll en effet.

    Quitte à choisir la meilleure façon de faire perdurer son jeu pyramidal absurde, le gouvernement auraît du opter pour la baisse des rentes. Le petit vieux amaigri est plus facile à gérer dans les manifestations :/

  3. edgar

    il ne suffit pas d’écrire que la sécu c’est du madof puissance 50 pour que ce soit vrai.

    il me semble q’H16 avait un contenu intellectuel réel à un moment. là on est dans l’accumulation d’injures et de jeu de mots, tout ça ne fait pas une réflexion, encore moins une proposition.

    c’est quoi la solution ? tout confier au marché ? faire confiance à madoff parce que le public c’est madoff puissance 50 ?

    1. bibi33

      Dans 40 nous aurons la population active (15-64 ans) d’environ 30% (ce qui représentera 28,5 millions de personnes).
      Les personnes âgées représenteront environ 50% et les enfants environ 20%.

      Aujourd’hui la population active est d’environ 54% (soit 28,2 millions de personnes), les personnes âgées 23% et les enfants 23%.

      Si aujourd’hui le régime par répartition est déficitaire comment est-il possible de le financer à l’Horizon de 2050 même avec un retour au plein emplois.

      Edgar si vous trouvez la solution un poste au gouvernement vous attend.

    2. Sacré Edgar. Tu n’aimes pas, finalement, que ce que je dis depuis quelques années semble trouver, dans la réalité, un écho inconfortable. Tu peux, si tu le veux, dire que “non non, la sécu n’est pas un Madoff” et louanger à tout vent l’intérêt du pacte républicain. Ça reste une position de principe. Maintenant, les faits sont têtus : la retraite par répartition ne tiendra plus très longtemps et va s’effondrer d’un coup, comme un château de cartes, tant par l’incurie de l’état que par son assise instable dès le départ.

      Pour ma part, je n’essaie plus d’argumenter sur ce genre de sujet. Quand j’ai dit, il y a deux ans, que ce pays était foutu, j’avais raison trop tôt. Quand j’expliquais, comme d’autres, que le keynésianisme nous conduisait à notre perte, certains continuaient pourtant à ne parler que de relance étatique de la consommation. Régulièrement, je lis du “vite, faisons du protectionnisme”, “créons une taxe” et autres pleurnichements de même tonneau qui aboutissent tous et toujours aux mêmes fiascos pourris. Et quand jadis je donnais quelques arguments, j’avais toujours la même réaction équivalent à peu de chose près en “c’est pas vrai, z’êtes un gros pessimiste déclinologue”. A la fin, on se lasse et on se contente d’observer.

      1. Silent bob

        Je crois qu’Edgar n’a pas dû comprendre le principe de Madoff.
        Les entrant payent pour les sortants. Lorsqu’il y a plus de sortants que d’entrants le système est déficitaire. Ici, on vous oblige à cotiser pour les entrants, les sortants prennent ce qu’on leur donne, c’est un Madoff obligatoire. La différence c’est que lorsqu’il n’y a plus assez d’entrants on emprunte de l’argent pour payer les sortants.
        Le système n’est pas tenable à la longue…

      2. Higgins

        Je plussoie à tes propos, H16. La réalité, même si elle fait mal à Edgar, est que la retraite par répartition a vécu. Généreuse quant à son idéal, elle a été construite sur un mensonge et elle va finir dans une mascarade dont seule la France a le secret. Les travaux du COR (qui est tout sauf un repère de libéraux bouffeurs d’enfants) sont à cet égard sans équivoque : “Même les variantes les plus dures ne suffiraient pas. Le relèvement de l’âge légal du départ à 65 ans en 2035 couplé à une durée de cotisation de 43,5 ans (en 2050) boucherait la moitié du « trou » du régime de base du privé en 2020, 68 % en 2030 (soit 23,5 milliards d’euros), et encore 59 % en 2050. C’est le scénario à l’effet le plus fort. La combinaison d’une durée de cotisation à 45 ans en 2028 et d’un âge légal à 63 ans réglerait 62 % des besoins du privé en 2030 (53 % en 2050).” (http://www.lesechos.fr/patrimoine/retraite/020536564253-retraite-les-9-scenarios-d-allongement-de-la-duree-d-activite.htm)
        Il n’est jamais agréable d’apprendre qu’on s’est fait couillonner. Si nos concitoyens avaient un minimum de culture économique, on n’en serait pas là. La richesse ne se décrète pas et n’est pas le fruit d’une création magique. A force d’avancer vers l’avenir la tête tournée vers le passé (à propos, saviez-vous que nous devons ce régime de retraite au gouvernement du Mal Pétain?), il est logique de se faire s…. sèchement. On ne présente pas ainsi impunément son fondement.

        CPEF

  4. edgar

    pour le moment le système des retraites n’est pas en faillite, et l’état non plus.

    j’ai moi aussi des explications sur les causes de la crise actuelle, mais ce ne sont pas les mêmes.

    je n’ai rien contre une bonne satire bien envoyée de temps en temps mais c’est comme les religieuses, faut pas en abuser…

    1. Silent bob

      Génial Edgar!
      J’attends avec impatience de lire vos conclusions concernant les causes de la crise actuelle.
      L’état n’est pas en faillite parce qu’il peut encore emprunter mais cela ne peut pas durer indéfiniment. Une France avec 200% de déficit, allons ce n’est pas sérieux, personne ne prêtera plus!
      Les retraites pas en faillite? pas encore mais au train où vont les choses on y file tout droit.

      Monsieur Edgar, vivre dans un monde de chimères c’est très sympa, le vrai monde fait peur, il est plein de méchants. A la fin ceux qui survivent sont ceux qui ont prévu. La cigale et la fourmi, vous connaissez?

    2. bibi33

      Edgar comment 28,5 millions de personnes pourront payer une retraite à 47,5 millions de personnes?

      Pour verser une pension de 1000 euro/moi en moyenne il faudra prélever au bas mot 2000 euro/moi par travailleur.

      Conclusion la retraite par répartition est foutue.

    3. Soit. Dans ce cas, je ne peux que te recommander de ne passer qu’une fois de temps en temps sur ce blog (disons, une fois par semaine). On y parle aussi cuisine, premiers soins, et plein d’autres choses que les sujets qui te donnent des boutons 🙂

  5. edgar

    Les Etats-Unis sont plus endettés que la plupart des états européens sans avoir eu besoin de système de retraite par répartition.

    Par ailleurs, la dégradation du ratio actifs/cotisant joue également négativement dans le cadre de retraites par capitalisation.

    1. Joe

      Si vous intégrez dans la dette française les engagements de retraites de l’Etat vis-à-vis des fonctionnaires, la dette/PIB française est de loin très supérieure à celle des US.
      Quand au ration actifs/retraités (ce dont vous voulez parler j’imagine), il n’a strictement aucun impact dans le cadre d’une retraite par répartition.

      Face à des arguments d’autorité aussi faibles, je comprends qu’H16 n’ait plus envie de répondre.

    2. bibi33

      Joe vous avez oublié que les retraites du privés ce n’est pas “l’état” mais la sécu, si on rajoute les déficits actuels et futurs de la SS à ceux de l’état, ainsi que les dettes de la CADES, on va finir par faire peur à Edgar.

      1. Flak

        mais les etat-unis c’est le mal! en faisant l’inverse on fait necessairement le bien!

    3. La structure de la dette US et de celle de la France ne sont pas les mêmes du tout, au passage.

    4. Phantom

      Dans l’absolu dans le cadre de retraites par capitalisation la dépendance à ce ratio et à l’évolution démographique est quand même moindre car elles sont pensées de manière individuelle.

      Sinon il y a toujours la vieille méthode de retraite par capitalisation: vous épargnez tout au long de votre vie un peu d’argent pour votre retraite et à la fin de votre vie vous utilisez cet argent, comme ça vous n’êtes pas du tout dépendant de ce ratio. C’est ce qui se fait encore dans beaucoup d’endroits dans le monde et ça marche très bien, parfois les enfants peuvent aussi venir un peu en aide aux parents retraités et ça crée ainsi une société plus solidaire entre les générations tandis que le système par répartition qu’on connaît en France déresponsabilise et atomise la société!

      1. Démocrate

        “Sinon il y a toujours la vieille méthode de retraite par capitalisation: vous épargnez tout au long de votre vie un peu d’argent pour votre retraite ”

        Les gens comme Edgar sont sans nulle doute en faveur de l’inflation, donc quelque part il est logique qu’il trouve criminel de mettre de l’argent de côtés.

        Moi j’ai une question, on ne peut pas foutre en taule ces gens qui ont véritablement escroquer le citoyen lambda ?

  6. edgar

    Joe vous vouliez écrire dans le cadre d’une retraite par capitalisation j’imagine. Il se trouve que si ça a un impact.
    faire financer les retraites de 2 gusses par les bénéfices de 8 salariés ça marche, quand il y a 5 gusses à la retraite et 5 qui travaillent, voire moins, ça devient difficile. la problématique est exactement la même que dans le cadre d’une retraite par répartition.

    pour ce qui est d’ajouter les engagements de l’état à l’égard des fonctionnaires, il n’y a pas de raison de procéder ainsi. On ne peut pas préjuger des modalités de financement d’engagements à venir. Rien ne dit que les retraites de demain seront financés par la dette.

    1. Joe

      La capitalisation, c’est je mets un euro sur un fonds de pension, qui est ajouté à tous les euros de tous les actifs qui ont choisi ce fonds et cet argent est ensuite placé de manière plus ou moins risqué selon votre choix. A aucun moment, il y a un financement extérieur, c’est même l’inverse, les retraites de vos 5 gusses peuvent éventuellement servir à financer les projets et les entreprises des actifs (pour peu que ce soit attractif et dans le profil de risque des épargnants). Par contre, votre raisonnement se tient dans le cadre d’une retraite par répartition à point à cotisations définies et neutralité du calcul actuariel.
      Pour les engagements de retraites, la somme en question (2 000 mds€ de mémoire) n’est pas la somme que l’état doit, mais le résultat d’un calcul actuariel qui permet de connaitre la valeur présente de cet engagement. C’est le principe des engagements hors bilan. Inutile de savoir comment vous le financerez, la réalité objective, c’est qu’un jour vous devrez décaisser l’équivalent de ce montant. Et ne me dites pas que c’est du vent ou neutre, c’est tout sauf le cas. Si vous avez le choix entre acheter une entreprise avec pas d’engagements hors bilan et une avec, si c’est neutre pour vous, vous êtes mal barré.

    2. “Rien ne dit que les retraites de demain seront financés par la dette.”

      Effectivement. Tout tend à prouver que les retraites de demain ne seront pas financées. Du tout.

  7. edgar

    et le fonds de pension il rapporte de l’argent comment ?

    s’il n’accroît pas ses bénéfices à proportion des nouveaux entrants le bénéfice par entrant diminue. Sauf miracle vous ne réglez pas le problème.

    La réalité objective si l’on veut calculer la valeur actuelle nette des engagements de l’état c’est qu’il faut aussi ajouter les actifs et pas seulement le passif.

    1. Joe

      Visiblement, vous ne connaissez rien :
      – en finance : si le rendement d’un produit est de 4%, si vous placez plus de capital à ce taux, le rendement ne diminuera pas (c’est le principe du placement) ;
      – en comptabilité : le principe de prudence veut que l’on comptabilise que les moins values potentiels. Par ailleurs, en admettant que l’on comptabilise la valeur présente de l’actif de l’Etat, vous ne valorisez pas la valeur de l’actif mais la valeur des flux de trésorerie générés par l’actif (et autant vous dire qu’avec les frais d’entretien du parc de l’Etat, ça doit faire une dette de plus)
      – en logique : le principe d’estimer la dette d’un Etat, c’est justement de pouvoir la comparer à son actif (pour voir s’il pourra la rembourser en vendant les joyaux de la couronne), à son PIB et à sa population. Si vous intégrez des éléments de l’actif dans la dette, ça perd un peu de son sens.

      H16, comment on fait le smiley du mec qui se tape la tête contre le mur sur ton blog ?

  8. edgar

    pas beaucoup de temps à perdre à des bêtises, même assénées avec conviction.

    si le rendement d’un produit est de 4%, en tant que particulier vous pouvez apporter tout ce que vous voulez en espérant que le rendement ne changera pas. Ce raisonnement n’est pas applicable à un niveau macroéconomique.

    Mais j’arrête là, je pense que déjà cette distinction doit vous échapper.

    1. Joe

      Si vous pensez qu’un fonds de pension à la française sera confronté à une pénurie d’investissements suffisamment rentable, dans ce cas, vous faites preuve de beaucoup d’optimisme. Les fonds de pension US gérent plusieurs dizaines de milliers de dollars et réalisent des performances de 7 à 9% sur le long terme. Un fonds de pension français, dans le cadre improbable d’un passage à 100% capitalisation, serait estimé, à terme, entre 11k et 13kMd€. Bref, bien plus petit que les fonds US. En admettant une légère baisse marginale, vous resteriez, toujours dans ce cadre hypothétique, à des niveaux de rendement tout à fait acceptables.

  9. edgar

    vos performances de long terme sont assez impressionnantes. elles ne tiennent compte cependant que des fonds qui n’ont pas fait faillite. je pense qu’elles vont par ailleurs entrer dans une période de turbulences… nous verrons donc ce qu’il en reste dans quelques mois.

    par ailleurs ces performances sont obtenues aujourd’hui avec un ratio actifs/retraités donné. Ce ratio se dégradant il n’est pas du tout certain que les performances se maintiennent. il est même fort probable que les performances vont baisser. c’est tout ce que je dis.

    1. Flak

      non non. vous dites:’pour le moment le système des retraites n’est pas en faillite, et l’état non plus.

      j’ai moi aussi des explications sur les causes de la crise actuelle, mais ce ne sont pas les mêmes’

      j’aimerais vraiment en savoir plus…

      1. edgar

        oh ben c’est assez simple : manque de croissance. lié principalement à la rigidité imbécile du pacte de croissance. ensuite à la sous-évaluation du yuan, du dollar et des biens produits dans l’ancienne zone mark.

        on s’affole aujourd’hui de dettes qui sont nées d’une hausse des dépenses mais d’une baisse des recettes.

        1. Et pour payer ces dettes, tu procèdes comment ? Qu’elles soient liées à une dépense trop forte ou à une entrée trop faible, c’est pareil, il faudra bien trouver la richesse correspondante, non ? Et puis, même avec 5% de croissance, ça ne fait pas suffisamment de salariés pour payer les retraites. Même avec 0% de chômage, il n’y a toujours pas assez de salariés. Alors ?

        2. edgar

          avec 5% on est dans la course. oh pardon. avec 5% on paie les retraites sans probléme (cf note récente de patrick artus chez natixis cib).

          1. Bah non. Même avec 5%, on n’est plus dans la course. On avait déjà du mal dans les années 70 et 80 à ne pas faire de dette du tout avec 4% de croissance, alors maintenant, c’est pas 5% qui nous sauveront sachant qu’on traîne en plus un boulet de 2000 milliards d’euros.

        3. Mr T

          Ca fait depuis les années 60 que la France n’a pas connu des taux de croissance aussi élevés, et c’étaient des temps de keynésianisme joyeux où on pouvait claquer le pognon à tout va et où il y avait des tonnes de débouchés. Aucune chance de revoir ça.

          1. C’est mon propos. Et même avec une utopie pareille, on ne rembourse pas la dette et les retraites iront dans le lac.

  10. Flak

    commentaire dans libe ce matin, attention c’est du costaud:

    “La solution c’est l’INOPPRESSION ACTIVE ! What else ?

    Le choix d’Eric Woerst de taxer les hauts revenus et le capital pour financer les retraites est ridicule. Il s’inscrit dans l’idéologie libérale qui veut que le travail soit taxé, alors que le progrès, les computers et les robots « travaillant » à la place des employés ne sont pas taxés.

    Si l’on examine si l’on peut taxer la production, il s’avère que ce pré-impôt sur les bénéfices déstabiliserait les entreprises en augmentant les prix et sans capacité de doter les citoyens. Les citoyens ne pourraient toujours pas acquérir les biens produits.

    Pareillement, taxer les revenus du travail ne permet pas à l’Etat d’engranger assez d’argent pour financer le Service Public et le Service Social, dont font partie les retraites. La raison est que le travail se fait de plus en plus rare à cause du progrès.

    La façon permettant de doter les citoyens consiste à faire tourner l’argent plus vite dans le cadre de leur consommation courante, avec des capacités d’achats constituées par des dotations mensuelles s’épuisant selon le phénomène connu de la cascade et redevenant possibles, toujours a minima, chaque mois.

    A l’analyse, LA SEULE façon de faire pour prendre en compte le progrès, c’est que les citoyens qui n’avaient rien puissent enfin consommer. Pour éviter injustice et difficultés, tous les citoyens, riches comme pauvres doivent recevoir SANS CONDITION ce dividende du progrès.

    En faisant tourner l’argent à la bonne vitesse, on en finit avec la crise et les difficultés des entreprises. Ce n’est pas seulement possible, c’est FACILE et démontré. Tous les pouvoirs d’achat augmentent, et l’Etat a les moyens de financer non seulement les services publics mais aussi les services sociaux DONT LES RETRAITES.

    Cette solution économique consiste à adopter la fiscalité d’Inoppression Active. Il s’agit d’une logique simple qu’un enfant de 6ème comprend très facilement !.

    Parole de VRAI Economiste

    Lundi 17 mai à 13h39”

    parole de vrai economiste! lol!

    1. bibi33

      J’ai rien compris.
      Mais c’est beau comme du Jacques Généreux avec l’argent des autres.

    2. C’est consternant de n’importe quoi en barre. Franco-français dans l’analyse, d’ailleurs.

      1. Flo

        Oui j’avais lu le commentaire de ce vrai économiste sur le Fig il y a quelques jours.
        Ca partait bien avec des images de piscines qui se vident plus vite qu’elles ne se remplissent et de tubulures plus ou moins grosses ici ou là et puis c’est parti en live dans le grand partage forcé et tutti quanti…

  11. Jack the Rabbit

    Le système de retraite par répartition, c’est vraiment l’un des plus infects avatars de l’Etat-Providence. La première fois que j’ai compris comment fonctionnait réellement ce système j’ai halluciné de voir les gens se laisser dépouiller à ce point toute leur vie sans avoir aucune garantie sérieuse de percevoir eux-mêmes une retraite décente. On est vraiment dirigé par des cons.

    1. edgar

      c’est sûr qu’en cotisant à un fonds de pension chez AIG on est sûr de revoir son argent.

      c’est sans doute dur aussi de gouverner des cons.

      1. Mais dis moi, si la répartition est un système si génial, donnons à chacun la possibilité de choisir entre lui et la capitalisation, pardi !

        C’est bizarre, mais dans les pays où la question s’est posée, les gens – les cons, comme tu dis – ont très très majoritairement choisi la capitalisation.
        Sont cons, les gens.

        Les socialistes ont bien raison de les mépriser, tiens.

        1. bibi33

          Comment ça h16 vous osez affirmé que quand on demande aux gens si ils préfèrent donner leur argent à l’état ou le garder pour eux, il le garde pour eux.

          Vous rendez vous compte de ce que vous dites, c’est troporible.

        2. daredevil2009

          Bonsoir Hash,

          Vous mettez justement le doigt là où ça fait mal! Car comment maintenir un système par répartition en place si on laisse le choix aux individus? Il est manifeste que beaucoup choisiront un système où ne règne pas l’opacité la plus totale… à partir de ce simple constat, il apparaît clairement qu’il ne pourra pas y avoir assez de cotisants pour maintenir en vie un système qui s’apparente à la fameuse pyramide de Ponzi… Cela explique, à mon sens, pourquoi les tenants de ce système ne peuvent pas se permettre d’autoriser un autre choix – tout parallèle avec le rideau de fer ou le mur de Berlin serait tout saut fortuit!

        3. daredevil2009

          Un autre point me titille : comment fait-on pour obtenir un taux de croissance à 5% minimum? On fait appel à Majax ou Garcimore?
          Il serait peut-être temps que les étatistes revoient leurs notions d’économie… la croissance ne se décrète pas!

  12. edgar

    Ben là je demande à voir.

    Par ailleurs il y a un biais car la plupart du temps les systèmes dits “privés” se retrouvent bénéficier d’une assurance de l’état (too big/useful/nice/connected to fail).

    On a donc les rendements du privé si ça marche et l’assurance du public si ça marche pas. c’est sur que vu comme ça…

      1. Théo31

        Meuh non, vous discutez bien avec un Français. :d

        @edgar : dites, s’il y a autant d’actifs que de retraités, comment faites vous pour payer EN MÊME TEMPS la retraite de ceux qui sortent et les cotisations de ceux qui rentrent, parce que c’est ça le noeud du problème ?

    1. Mr T

      Justement c’est un peu pour ça que les libéraux combattent les bailouts, stimulus plan et autres corporate welfare aussi dispendieux que destructeurs.

    2. alex6

      Edgar, sortez de votre trou et regardez comment fonctionnent les systemes de capitalisation a l’etranger. L’Australie par exemple que je connais bien. Encore plus interessant, regardez comment s’est faite la transition et le niveau de vie des retraites en con par raison.
      Meme a rendement faible 3-4% / an, cela rapporte bien plus au moment de la retraite, sans compter la disponibilite du capital engrange par rapport a la repartition.
      Enfin, et meme si l’inversion actif/passif reduit effectivement la performance de la capitalisation, le systeme est viable dans le temps, la repartition ne l’est pas.
      Quant aux faillites des fonds de pension, le risque est identique aux risques de faillite bancaire. Et la l’etat doit jouer son role en forcant les organismes a honorer les contrats. Exactement le contraire de ce qu’il a fait partout dans le monde en 2008 en recompensant les malhonnetes.

      Un bon francais arrogant et certain de son systeme foireux le Edgar, typique. Bien content de ne plus payer pour les retraites de ce genre de nantis du systeme.

  13. wakrap

    Edgar pourrait se renseigner sur le Chili qui a mis en place le passage vers la capit en 1980; passage facultatif qui fait qu’aujourd’hui la quasi totalité des personnes ont librement opté pour ce système.

  14. Jack the Rabbit

    Disons qu’avec le système par répartition qui arrive en fin de cycle tu es sûr et certain de ne rien avoir.
    D’ici très peu de temps, l’Etat ne pourra plus s’endetter donc il va être obligé d’augmenter massivement les cotisations ou de supprimer les pensions : le système va mécaniquement sauter ou s’assécher, pas d’alternative.

    Dans un système par capitalisation, 95% des gens obtiendraient de bien meilleures retraites (faut pas oublier que c’est un investissement sur une très longue durée, donc ça amortit les crises, crises par ailleurs souvent aggravées par les manipulations et magouilles étatiques de types monétaires ou autres) et tu auras peut-être 5% des gens qui se retrouveront sur la paille parce qu’ils auront tout investi sur un fond de pension qui saute (mais là ce sera aussi leur faute de ne pas avoir diversifié leurs placement) ou bien parce qu’ils n’auront pas investi pour leur vieux jours (mais là c’est 100% leurs responsabilité)

  15. rocardo

    C’est vrai, Edgar, que la faible croissance française depuis trente plombe les déficits. Mais c’est un problème français, hein, pas européen ! Certains pays avec l’Euro filaient de jolis taux à 5% avant la crise ; l’affffreux pacte monétaire n’avait pas l’air de les déranger. De plus, la zone euro est légèrement excédentaire en exportations (passée un peu dans le rouge en 2009, mais bon, une oscillation autour de l’équilibre), donc l’euro “fort” ne gênait en rien du tout.
    Alors, ça ne vous titille pas la cervelle, que pendant les vingt ans où la croissance mondiale faisait 5-6%et l’UE 3-3,5%, la Fraonce se trainait à 1,5%, 2 % c’était champagne à volonté ?
    Vous ne reliez pas ça à une dépense publique qui nous place en première place dans l’OCDE?
    Vous savez que depuis 2002, avec les socialistes de droite constamment aux manettes, les frais de fonctionnement de l’Etat et des administrations locales ont augmenté de 10 millards chaque année ?
    Et maintenant, on entend des “économistes” nous prévenir que la baisse des dépenses publiques va créer la récession! Il y a des balles qui se perdent.

    1. Joe

      La récession est mécanique si on baisse les dépenses publiques mais qu’on ne baisse pas les prélèvements. Il faut juste comprendre que la croissance réalisée sur fonds publics était en partie artificielle. Ce que les gens nomment récession dans ce cas n’est ni plus ni moins qu’un retour à la normale, d’autant plus douloureux que la baisse des dépenses est importante et donc que le niveau des dépenses était important. (Rappelez vous vos cours d’histoire et le fameux remède de cheval de Thatcher !)

  16. France libre

    Cela fait bientôt 14 ans que j’ai quitté la France, sa Sécu, ses caisses (vides) de retraite. Dieu merci! En plus, j’ai attéri dans un pays libéral (Taiwan) où l’Etat pèse moins de 20% du PIB! Il n’y a pas de système de retraite (sauf pour les fonctionnaires, peu nombreux heureusement), et les plus-values ne sont pas imposées. C’est donc la retraite par capitalisation libre. Le taux d’épargne est donc élevé. Or, épargne = investissement (cf les cours d’économie) si bien que le pays a la croissance forte qui fait défaut à la France et l’Europe.
    Merci pour ton blog rafraichissant!

      1. Allons. Tout le monde sait que Chavez est un père pour son peuple. Le petit père de son peuple, même, goulags compris (prochainement, sur vos feed RSS).

    1. Aaaah, je l’attendais, celle là. Tout le monde sait que les libéraux sont pinochetistes, voyons !
      Et puis bon, le Monde Diplodocus, tenu jadis par un type aussi intègre que Ignardo le Ramoneur, fidèle ami de Castro … Peut-on encore citer ce torchon sans faire rire ? L’article est une aimable plaisanterie pour bobos.

      Bon, c’est tellement éculé que ça ne mérite pas plus qu’un lien : http://www.contrepoints.org/2015/04/07/246303-comment-a-t-on-realise-la-reforme-du-systeme-de-retraite-au-chili

  17. edgar

    Ben ma foi, que les libéraux soient pinochetistes, c’est un fait en tout cas au Chili, comme celui que Ramonet est castriste. So what ?

    1. Bah non. A la limite, tu peux dire que les pinochétistes ont été libéraux économiquement, mais ça s’arrête là et ça n’entraîne pas la contraposée.

    2. Mr T

      1/ Si vous pouviez argumenter avant de mettre tout le monde dans le même panier… parce que moi je dis que tous les socialistes sont chavistes dans ce cas

      2/ Cette histoire des méchants libéraux anglo-saxons qui se sont emparés du Chili par la force, qui a vu le jour notamment à cause des Chicago Boys et du soutien supposé de Friedman et de quelques autres (et de l’analogie Américains = ultralibéraux putschistes), est éculée depuis longtemps.

      Et l’idée derrière cette belle fable marxiste teintée de nostalgie, que les pauvres socialistes n’ont pas pu créer le paradis sur terre à cause des méchants Américains est simplement risible. Le martyr Allende était une belle ordure qui aura eu le temps de saboter entièrement le pays avant d’être renversé, et on ne sait que trop bien ce qu’il en aurait fait ensuite.

  18. darius

    Et que dit on du regime public vs le regime privé?
    Va t on y toucher?
    Parce que la noblesse(politique) le clerge(fonks) commencent a faire suer le tiers état.

  19. edgar

    ce qui fait doucement rigoler c’est qu’apparemment sauf pour les militaires et les policiers, les contributions au système de capitalisation sont obligatoires.
    Bien peu libéral…

    1. Ah, recevoir des leçons de libéralisme de quelqu’un qui prône l’obligatoire retraite par répartition, c’est comique. D’autant que la répartition ne survivrait pas si elle n’était pas obligatoire, ce qui n’est pas le cas de la capitalisation, qui, outre le Chili, est utilisée dans près de 30 autres pays (et où ce n’est pas systématiquement obligatoire).

        1. Ce qui montre que ceux qui ont mis en place ce système de capitalisation obligatoire ne sont pas des libéraux. CQFD.

          Ça n’enlève rien aux qualités intrinsèques du système, ceci dit.

        2. alex6

          Allez Edgar, il y a ecole aujourd’hui, un bon cours d’eco marxiste pour changer?
          J’etais aussi inculte a votre age, il n’est pas trop tard!

  20. Théo31

    @edgar :
    Que pensez-vous de l’esclavage et du travail forcé des enfants ? La question vous paraîtra HS, pourtant elle a un rapport direct avec le joli système que vous défendez.

  21. adnstep

    Vous semblez n’envisager que deux solutions : retraite par répartition vs retraite par capitalisation.

    Vous oubliez une autre solution, que j’appellerai la Troisième Voie (si chère à la France) : plus de retraite du tout.

  22. Seb

    En France, il n’est pas possible de passer à un système par capitalisation !
    En effet, le système par répartition actuel est très fortement redistributif. Pas des riches vers les pauvres de bien entendu … mais vers les régimes spéciaux (versement moindre, droits plus élevés, départ plus tôt, Etat qui paie directement, etc). Le passage a une régime par capitalisation implique un fond de pension commun mais aussi des comptes personnels. On verrait alors clairement que certains piquent dans la caisse commune. La fraternité avec moi, ok mais pas l’égalité quand même !

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