Aujourd’hui, j’ai décidé de vous proposer quelques réflexions décousues, mais sans crêpes au sucre. C’est la crise, que voulez-vous. Et comme vous allez le constater, il va y avoir du contraste.
Commençons doucement.
Enfin, doucement, c’est façon de parler. Etant donné que la situation est, soyons franc, catastrophique, commencer sur du velours représente un vrai challenge que je ne relèverai pas. Je vais donc me borner à reprendre quelques éléments (déjà présents dans mon précédent billet).
Ce lundi risque donc d’être agité si l’on en croit les rumeurs de plus en plus insistantes concernant Moody’s et les banques françaises : l’agence de notation avait précédemment placé les établissement bancaires du pays sous observation négative et se préparerait — gasp, horreur, déhanchements et fourchettes en plastique — à dégrader leurs notes.
Pour ceux qui lisent les journaux traditionnels, c’est (un peu ?) la grosse surprise. Pour ceux qui écoutent Trichet, Lagarde ou Baroin, c’est encore plus fort de café et ça sent même une nouvelle opération fourbe de la perfide Albion et des vils Amerloques pour torpiller les fleurons de la Banque Fraônçaise.
Pour ceux qui se tiennent vraiment au courant, apprendre que Moody’s va dégrader la SoGé, la BNP et le Crédit Agricole est plutôt un soulagement : enfin, il était temps et peut-être cette petite claque va-t-elle réveiller les établissements qui ont eu, pourtant, tout le temps de se débarrasser des actifs pourris qu’ils avaient gobés comme des smarties pendant les années fastes.
Et pour le contraste, regardons ce que fait, justement, Christine Lagarde : elle arrondit les angles qu’elle avait pourtant taillés à la hache quelques jours avant, dans de grands mouvements amples et souples qu’une ex-championne de nage et de pipeau gouvernemental maîtrise parfaitement.
Nous avons donc d’un côté le FMI qui a dit “Oh, gosh, il faudrait 200 milliards de recapitalisation vite vite pour vos banques, là, elles puent un peu”, puis, quelques jours plus tard “Oh, gosh, on a des différends sur nos méthodes de calcul”. Et de l’autre, on découvre Moody’s qui nous explique que finalement, oui, nos banques, elles puent un peu.
Vous voulez un autre contraste ? Tenez, prenez la Grèce, qui sait que son heure est venue. Oui, elle n’a plus un rond. Oui, son état gratte les fonds de tiroir pour payer les salaires et a abandonné toute velléité de faire croire qu’il va trouver une solution. Tant et si bien que les Allemands, bientôt suivis des Néerlandais, planifient déjà leurs petite opération “Bye Bye Papandreou”. Ils ont compris qu’ils ne reverraient pas leur argent, que ce pays est foutu (comme un autre qui ne perd rien pour attendre, du reste) et qu’il valait mieux arrêter les frais.
Choc des contrastes, le gouvernement grec rassemble ses dernières énergies et dégote … une nouvelle taxe immobilière. L’Acropole s’écroule, les dirigeants grecs achètent du plâtre et un petit transistor pour travailler en musique. Car pour eux, cette taxe, “C’est la seule mesure qui puisse être mise en oeuvre immédiatement et produire des résultats rapides car elle ne dépend pas du mécanisme de collecte des recettes fiscales.” Parce que, comprenez-vous, diminuer immédiatement les dépenses d’un état obèse … Ce n’est pas possible.
On pourrait croire que l’Europe, malade d’un trop plein de Grèce, aurait la présence d’esprit de se recentrer sur son action intérieure et éviter d’éparpiller ses deniers à droite et à gauche. Rassurez-vous, il n’en est rien : on trouvera bien 38 milliards de dollar à la Libye. Qui a déjà coûté un pont à la Fraônce, éternelle et merveilleuse république qui n’a jamais fricoté avec les dictateurs et qui n’a pas du tout lancé une invasion terrestre pour récupérer une partie du pétrole qui sera produit prochainement par le nouveau gouvernement.
Mais au-dessus de ces bisbilles, de ces batailles de chiffre et de ces chicaneries de gamins, deux têtes se lèvent, fières et hautes, pour nous indiquer la voie à suivre en faisant bouger leurs lèvres et en émettant des sons.
La première tête, bien sûr, c’est celle de Jacattali. Il s’agit d’un bon client pour ce présent blog. Comme il pense très fort avec toutes ses neurones (mais vraiment très fort), il produit régulièrement des petites volutes de fumée que des journaux reproduisent religieusement. L’odeur complexe d’encens et de naphtaline que ses textes produisent a en effet un fort pouvoir anesthésiant sur les réflexions des politiciens qui les lisent et qui n’ont pas, il est vrai, toutes les capacités requises pour encaisser ce genre de vapeurs hallucinogènes.
La crise, Attali y a pensé. A de multiples reprises. La crise, il l’a vue venir. Il l’avait prophétisée. Il en a décrit, le premier, les symptômes et les causes. Il a aussi expliqué pourquoi c’était pas comme ça qu’il fallait faire. Il a tout capté, Jacques. Alors Jacques, dans un dernier sursaut, nous détaille un scénario, celui du pire.
Et comme une horloge arrêtée qui indique obstinément l’heure exacte deux fois par jour, le scénario du pire qu’il nous livre n’est pas dénué de fondement. Résumé, cela donne ceci :
- La Grèce fait faillite. Les banques prêteuses sont dans un gros caca chaud.
- Zut, les européens tergiversent et refusent de créer les Eurobonds. Qu’ils sont cons, ces européens !
- La Grèce est abandonnée à son sort. C’est très triste.
- Les autres pays qui se sont gavés de dette sont à leur tour dans un caca. Tiède.
- La France les rejoint. Oh. La piscine de caca s’agrandit.
- Les banques françaises barbotent dans le caca à leur tour.
- La BCE, paniquée, hélitreuille quelques banques hors du caca.
- L’Allemagne, qui paye pour le fioul et les pilotes de l’hélitreuillage, fait sécession de l’Euro.
- Explosion de l’Euro, mais les banques anglo-saxonnes, aussi mouillées que les autres, rejoignent la piscine de caca.
- Effondrement complet du système financier. Distribution de caca pour tous.
Comme on peut le voir, c’est, à quelques détails prêts, presque réaliste. Pour rappel, les Eurobonds seront créés bien avant que les sprinklers à caca se mettent en marche, et ces bons ne nous sauveront pas d’une inflation galopante.
Mais notre Grand Homme arrive tout de même, dans les dernières lignes de son scénario, à nous dévoiler le fond de sa pensée : pour éviter que ces 10 points arrivent, il suffit … de faire travailler le Parlement Européen sur une Constitution. Et zou, en voiture Simone pour le fédéralisme et le gouvernement global. Au moins, la vision est claire : puisque plein d’états foutent un bordel indescriptible, ajoutons une couche solide et bien épaisse … d’état. Après tout, ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, et nous ne sommes pas encore morts de nos états pléthoriques et obèses.
Violence du contraste, mais toujours sur le registre du n’importe quoi déguisé en pot de chambre : Ségolène Royal nous présente son Contrat avec la Nation. Je suis surpris de ne pas trouver de clause de non-concurrence dans son magnifique torchon communicationnel (trop anti-démocratique, je suppose), mais je regrette qu’une clause de dédit n’y soit pas : chaque euro de déficit ou de dette supplémentaire créé par la présidente ou les membres du gouvernement devrait être retenu sur leurs salaires et indemnités, par exemple. Rigueur budgétaire immédiate.
D’un côté, la France nous offre donc des Penseurs en Roue Libre, compulsifs d’un méta-gouvernement mondial, dont la solution n’est qu’une amplification monstrueuse des recettes déjà appliquées et dont on a pu mesurer la terrible efficacité. Et de l’autre, la classe politique nous offre du Clown À Roulette Qualité Las Vegas, dont les solutions se bornent à répéter de façon mécanique des mots-clefs comme des mantras d’exorciste, pendant qu’une tempête se déchaîne. C’est impressionnant.
Mais faisons-nous une raison. Tout ne va pas si mal.
Il pourrait y avoir une guerre thermonucléaire en plus.
Salut Hash,
je sais, Jaccatali est une lopette, mais il doit quand
même lui rester UN neurone, non ? 🙂
Bof, quand on s’est fait pincer les doigts dans le pot de confiture comme Jaccatali, je crois qu’on devrait perdre le droit de gloser sur la déconfiture des économies, non ?
Eh Oui !
Mais où est le désastre ? Qu’un système frauduleux dans ses fondements finisse par s’écrouler sous le poids de sa propre incohérence, n’est-ce pas au contraire intellectuellement très satisfaisant ?
Je ne vois aucune raison de pleurer.
Elisabeth Tessier fait, elle aussi, des prédictions sensationnelles mais. . . après coup. Madame Irma n’est pas mal non plus. Et ces présentateurs météo qui commencent leur bulletin en nous parlant du temps qu’il a fait aujourd’hui ! Personne ne peut prédire l’avenir et pourtant il n’y a jamais eu autant de gourous, de voyants ou de prévisionnistes de tout poil et qui font recette. Personne n’avait prévu la débâcle de l’armée française en 1940 ou celle de l’équipe Black-Black-Beur en Afrique du sud !
Normal ! “Le premier qui dit la vérité – il sera exécuté” (Chanson ancienne mais connue).
haha, helicopter BCE maintenant ?
La nouvelle bactérie dans le vent.
“Devant le peuple français, moi Ségolène Royal, je m’engage à construire avec vous la République du respect par l’ordre social juste et la participation active des citoyens.
La France a le devoir d’offrir à tous les siens l’espoir d’une ère nouvelle en demandant à chacun de donner le meilleur de lui même.”
Pour ceux qui en douteraient encore, c’est la preuve que Ségo fait caca comme tout le monde. Mais en plus mou.
Bullshit Bingo !
Une chose est sûre h16, cette fois tu n’a pas mis de Caca-light dans ton vise-qui…
Bref, quand tu es trop sérieux tu fais peur, et quand tu ne l’es pas, ça fait très mal aussi…
( À suivre aussi Dexia, pour une chasse d’eau belge…)
Vous auriez pu intituler cet article : Théorie du caca.
Vraiment hilarant cet article avec plein de caca dedans! Je me suis bien poilé malgrés les sujets dramatiques qu’il aborde.
Au point ou on en est, vaut mieux en rire.
Petite phôte d’orthographe :
quelques jours plus tard « Oh, gosh, on a des différenDs sur nos méthodes de calcul ».
très bon article ceci étant dit!
Corrigé, merci.
Vous avez avez raison. Nous n’en sommes qu’au début : des petits gouttes de caca qui tombent gentiment ploc ploc et qui annoncent le gros orage, avec des grêlons de caca gros comme le poing (comme ceux qui ont ravagé l’armée d’Edouard III en 1358).
Nos dirigeants en sont encore à nier la réalité (qui est qu’il n’y a ni peuple ni nation européens et qu’il n’est pas possible de les créer par décret). Ils en sont encore à dire que le fédéralisme est la solution alors qu’il est le problème.
Cependant, quand nous serons bien dans le caca avec faillites bancaires, inflation galopante et émeutes, ils reviendront au bon sens. D’ici là, de grosses bourdes auront été faites, par exemple l’armée aura disparu au nom des «ajustements budgétaires».
“ils reviendront au bon sens”
A mon avis, Franck, vous vous trompez. Il faudra virer tous ces tocards car ils ne feront rien pour réformer leurs Etats. Ils vont s’accrocher comme Gorbatchev qui pensait pouvoir réformer le communisme sans toucher à ses fondamentaux. Quand un système est mauvais, on le réforme pas, on le change.
“Ils nient ce qui existe et expliquent ce qui n’existe pas” (Rousseau)
Oui, vous avez raison : “ils” ne seront pas les mêmes que ceux de maintenant.
Mmmh! Tout ce caca va finir par susciter un trafic “juteux” bien que nauséabond. Je vote pour l’institution d’une Hadocaca pour régler le problème.
Rappelons que ces mêmes agences de notation qualifiaient Lehman-Brothers d’un AAA 24 h avant sa faillite!
http://www.reuters.com/article/2008/01/28/idUS212058+28-Jan-2008+BW20080128
Savoureux:
Mon Jan 28, 2008 3:48pm EST
NEW YORK–(Business Wire)–Fitch Ratings has affirmed Lehman Brothers Derivative Products
Inc.’s (LBDP) ratings as follows:
–Issuer Default Rating (IDR) at ‘AAA’;
–Counterparty rating at ‘AAA’.
The Rating Outlook is Stable.
Beau travail sur la photo de Ségo…
Nucléaire, nucléaire… un four de Marcoule a explosé, tiens…
Aïe !
http://lci.tf1.fr/filnews/economie/trichet-les-banques-centrales-pretes-a-fournir-les-liquidites-6686103.html
Il y a “illimitées” après “liquidités” dans la dépêche complète!
On a été lavés et rincés, maintenant on va être essorés.
Aaahhhh, la théorie du gouvernement mondial sous la plume d’H16, ça fait plaisir ! 😉
Attali raisonne selon la prophétie du “Ordo ab chao” : l’ordre (le gouvernement mondial avec pour capitale Jérusalem) naîtra du chaos (la crise financière mondiale qu’on espère bien violente, hein !).
Pas étonnant que le libertarien US Alex Jones ait pris pour cible cette clique mondialiste ennemie de tout homme libre.
Une petite lecture franco-française au passage : Pierre Hillard
http://www.amazon.fr/marche-irr%C3%A9sistible-nouvel-ordre-mondial/dp/2755401990/ref=sr_1_2?ie=UTF8&qid=1315837644&sr=8-2
En attendant la faillite planétaire du socialisme, les CDS de la France n’ont jamais été aussi haut :
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/afp_00378268-records-sur-les-cds-de-la-france-et-de-ses-principales-banques-217853.php
J’hallucine :
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/09/11/04016-20110911ARTFIG00238-les-francais-preferent-les-impots-aux-economies.php
On est mal barrés !!!
Après réflexion j’en conclus que ceux qui ont répondu pensent que ce seront “les riches” qui paieront les impôts
resume de l’article:
“À peine 10% de l’effort proposé pour réduire le déficit porteront sur des économies dans les dépenses publiques, les neuf dixièmes prenant la forme d’augmentations d’impôts.”
oh, non.quelle surprise.
Oui, les riches et puis un peu les jeunes au chomage, les vieux au chomage et puis tout le monde via la baisse de la croissance.
Les Francais sont des cons absolus en economie, croient toujours a la fable du gateau a taille constante que l’on partage.
Tiens d’ailleurs j’ai vu “Moi, Michel, Milliardaire etc…”, une daube comme seul le cinema francais est capable. On a meme droit a une tentative de simulation d’operation financiere a la fin, avec le CEO qui n’est pas au courant que les operations d’OPE qu’il realise font que sa part diminue dans son propre groupe…
Hash, ca serait un bon sujet de billet ce film tant il est plein des certitudes arrogantes des Francais a propos de tout.
“Les Francais sont des cons absolus en economie”
“en economie” est de trop.
Ce qui est incroyable, c’ests surtout que c’est non seulement faux, mais qu’un sondage sur la question a été fait quelques jours auparavant et qu’il dit exactement le contraire:
Sondage Harris Interactive (Le Parisien 8/10 août et Le Monde 13/08): 79% disent être inquiets de la crise et 85% se prononcent pour une baisse des dépenses plutôt que l’augmentation des impôts pour y faire face.
oh non, les journalistes seraient des gros cons?
impossible
lol paf!
Non, ce qui m’interpelle c’est cette totale absence de retenue (H dirait décomplexion) qui fait qu’ils ne se soucient plus même de vraissemblance.
Signe d’une décomposition avancée…
la Merdre et le Crochet à Phynances, ça ne vous rappelle rien, Messieurs les Palotins ? On a tort de négliger la Pologne…
Pourvu qu il ne pleuve Pas des pierres plates pour éclabousser tout le caca qui va nous tomber dessus …
On pourra écrire dans les livres d histoire avec quel brio les politocards socialistes ont réussi a nous mettre dans le bouzin, tout cela pour nous spolier notre dernier droit … Celui de choisir nous même qui va nous enfoncer la tête !
Dans tous les cas de figure, nous vivons des moments historiques qui nous conduiront irrémédiablement a … (au choix du lecteur)
a plus de socialimse
à le bon vieux “shit happens”
http://thejaywalker.com/pages/shit_happens.html
Mardi 13 septembre 2011 : l’Italie a lancé un emprunt à 5 ans. L’Italie a dû payer un taux d’intérêt de 5,60 %. Les taux sont en hausse : c’était 4,93 % lors de la précédente émission.
En outre, l’Italie a lancé un emprunt à 7 ans. L’Italie a dû payer un taux d’intérêt de 5,59 %. Les taux sont en hausse : c’était 4,95 % lors de la précédente émission.
Enfin, l’Italie a lancé un emprunt à 9 ans. L’Italie a dû payer un taux d’intérêt de 5,49 %. Les taux sont en hausse : c’était 3,58 % lors de la précédente émission.
Grèce : taux des obligations à un an : 134,585 %. Record historique battu.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB1YR:IND
Grèce : taux des obligations à 2 ans : 76,734 %. Record historique battu.
Grèce : taux des obligations à 10 ans : 24,478 %. Record historique battu.
Notons le taux de 134.585% à un an, qui est, soyons bien clair, absolument n’importe quoi. Et tout ceci va être noyé dans de l’Euro fraîchement sorti des rotatives.