Après un week-end chargé, on en est généralement réduit à régler au plus vite les affaires courantes avant de pouvoir reprendre le cours normal de ses activités. Et pendant que je croquais du bébé socialiste, je pensais qu’il se serait passé moult événements marquants. Stupéfaction : tout se déroule exactement comme d’habitude !
Et ça commence sur les chapeaux de roue de la normalité. L’actualité, en quelque sorte, est comme lancée sur des rails et suit son chemin (de fer) sans la moindre péripétie… au contraire des clients de l’entreprise ferroviaire monopolistique en France qui eux n’auront pas ce plaisir.
C’est Octobre, et avec la chute des feuilles, le retour des frimas et la hausse des taxes d’habitation, il fallait bien une petite grève SNCF pour ajouter la touche finale à cet automne décidément d’une normalité d’airain. Je ne sais pas si des stats existent, mais je crois qu’il ne doit pas y avoir un seul automne sans grève SNCF depuis des dizaines d’années.
Bon. Et cette année, c’est quoi, exactement, le prétexte des cheminots pour aller biner le carré de jardin plutôt que chauffer des locos ?
Ah oui : c’est le fret qui fait mal par où il ne passe plus. Ou du moins, comme le fret devrait putativement être potentiellement ouvert éventuellement à la concurrence peut-être, les fiers forçats du rail, les stakhanovs du charbon, les bêtes humaines au cœur tendre et à l’abnégation évidente, heureux de montrer au monde qu’ils aiment et entretiennent leur outil de travail et un rapport de tendresse avec les gens qui les payent, ont décidé de dire merde aux clients, va chier à leur encadrement et bande de lopettes au gouvernement (ce en quoi ils ont raison pour cette dernière interjection).
Et comme le fret pose problème, on va enquiquiner… pas le fret. Les clients usagés usagers.
Foin de balivernes et de langue de bois : je vous l’avoue, je suis pour cette grève. Il faut que les syndiqués SUD-Rail, les bas du front CGT et autres abrutis encartés NPA continuent leurs mouvements vexatoires et ridicules. Souvent, longtemps, et sans lâcher d’un pouce.
Allez-y, les gars ! Vous êtes, objectivement, les meilleurs alliés des libéraux et (plus tristement, mais c’est comme ça), ceux du gouvernement.
Eh oui : parce qu’à un moment ou un autre, quand le pays sera dans une merde noire et que tout le monde pleurera parce que – notamment – les syndicats l’ont foutu dedans et que la SNCF ne fait pas son travail, coûte cent ponts et continue la branlette à cadence accélérée, le peuple qui paye et ne gueule pas en aura assez de payer et de ne pas gueuler.
Comme un élastique trop tendu, il fera schpaf d’un coup. Ce jour-là, je ne suis pas sûr qu’être cheminot sera encore le gage d’une tranquillité assurée par un Etat en déliquescence qui n’aura plus du tout les moyens d’acheter la paix sociale sur le dos des moutontribuables.
Avant de m’étendre un peu sur les lubies péniblo-comiques des conducteurs occasionnels de train, j’ai mentionné l’extraordinaire normalité de ce mois d’octobre. Et comme tout mois d’octobre qui se respecte, il comprend lui aussi son affaire de dérapage budgétaire (on le sait déjà) et l’aveu, à mots gênés, d’une nouvelle fraude dans les retraites qui vient s’empiler sur une précédente erreur. A 400 millions d’euros la fraude et 300 millions l’erreur, cela nous fait donc 700 millions à trouver ou récupérer rapidement si on veut toujours pouvoir payer ces retraités qui, s’ils ne sont pour le moment pas trop méchants, pourraient néanmoins constituer un réservoir inépuisable de ronchons qui ne votent pas comme il faut.
Délicieux.
Pendant ce temps, le ministère de l’Education a, très discrètement, retiré le caractère obligatoire de la lecture d’un petit Môquet d’Octobre : outre l’assoupissement des gamins, il ne provoquait plus la subversion que l’introduction du texte avait pu fournir au nouveau président Sarkozy et qui lui avait permis, on s’en souvient peut-être, de passer pour un président aux valeurs républicano-resistantes poussées.
C’est une bonne chose. D’une part, le texte est très mauvais (notamment parce qu’il a très très peu de fautes d’orthographes et ne permet pas au jeune lecteur déchiffreur de s’identifier). D’autre part, lire la prose d’un gamin qui s’est fait entuber par le parti communiste n’a rien de nécessaire dans une France où, finalement, chaque gamin se fait déjà entuber par toute la clique solidaire, corporatiste, socialiste et communiste.
Et enfin, pour terminer en beauté cette rapide revue de presse, on pourra évoquer les petits couinements de souris repue émis par un Kouchner décidément en forme, au sujet de l’Afghanistan. Il avait manifestement revu sa copie, ce qui nous évite les pénibles digressions sur les Yogourts, et le voilà qui se fend d’une analyse géopolitique du tonnerre. En gros, et si on lit l’interview, la situation était bloquée. Les Américains, pauvres brutes sans finesses, ne pouvaient arriver à faire plier le terrible Karzaï. Heureusement, Bernard et ses diplomates de choc sont intervenus en mode ninja, et la situation s’est débloquée.
Car, et c’est important de le souligner, …
L’influence de la France est grande : c’est, en tout cas, ce que m’ont dit hier les Américains à Kaboul. Je crois que le monde entier reconnaît que la diplomatie française a reconquis toute sa place.
Eh oui : on n’a plus un kopeck, ça choppe la gale à l’Elysée, le monde se gausse du népotisme franchouille, notre armée fait autant pitié que rire, mais nous avons une diplomatie que le monde nous envie.
Il est vrai que nous avons su remplacer les bombes à sous-munitions et les mines antipersonnel dans nos arsenaux par des petits fours au caviar ou au saumon distribués avec prestance sur l’ensemble du globe.
En réalité, et comme d’habitude dans ce pays où, finalement, tout se déroule comme prévu, l’ancien soixante-huitard reconverti en diplomate, tout frétillant de gober l’argent public pour voyager en avion et profiter des extras qu’offrent la valise diplomatique, se gargarise de l’importance des missions bouche-trou qu’on lui a filées pour continuer le travail de vitrine, qui lui permet de donner la leçon à des Afghans, comme il le fit peu de temps avant avec les Irlandais qui votèrent de travers.
Démonstration éclatante d’une génération de dirigeants coincés en mode « enfant gâté », pouvant se permettre de distribuer des bons ou des mauvais points, du haut de l’exemplaire vie ascétique qu’ils mènent.
Bref.
Business as usual.
m’enfin
As-tu une recette préférée pour croquer « du bébé socialiste »? Si oui, je serai heureux de l’essayer.
Il faut qu’il soit enduit de moraline épaisse, pour être mangé bien gras, bien salé et bien sucré.
Tiens, polémique au sujet de Môquet : finalement, c’est obligatoire : http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jYeYl8gf2nNheOpG7vUweS8nvi2Q
La France dans toute sa splendeur : un pas en avant, un pas en arrière, moyennant quoi on mise sur le mouvement même s’il se résume à piétiner sur place.
Au fait, la petite « erreur » est en faveur des retraités si j’ai bien lu… Donc les 300 millions ont déjà été trouvés. Mais ceci dit on n’en reverra pas la couleur !
Oui, tout à fait ; mais si, aux caisses de retraite, ils couinent si fort actuellement, c’est qu’ils ont probablement du mal à joindre les deux bouts et que ces 300 millions mettraient du beurre dans les épinards…
Moraline épaisse (difficile à trouver) + sucre+ sel : l’alliance est originale. Je n’y avais pas pensé. A essayer.
Pauvre Guy Môquet, c’est comme si on le fusillait deux fois… Et je serais curieux de savoir ce que faisait la famille de Nicolas, dans sa branche paternelle à cette époque…
Sans oublier un zeste d’éco-bobo-logie en fin de cuisson pour ajouter un peu de verdure et être aux normes gouvernementales manger-bouger. Enfin pas trop quand même, ça ne facilite pas le transit (à l’instar de SUD-Rail).
la chair tendre et rose du bb socialiste (ou autre ) est en devenir de celle macérée et gavée du notable socialiste(ou autre ) parvenu à son paroxisme : « l’élu de proximité ». Aucun ne montre les cotes. ils sont tous gras à souhait. j’en ai croisé un hier matin, que j’avais connu quasi famélique et intraitable en diable. élu sous le signe du poing et de la rose (ou autre ) , il est gras, ventripotent et plein de mentons inutiles.nous pouvons avoir au moins cette petite satisfaction, c’est que nos élus profitent bien et rapidement.
Toujours ce discours populiste qui ressasse ses discours aux arguments bien rodés devant les comptoirs de café où els grévistes sont tous des feignants payés à rien fiche…
Allons allons, reste bien calme et relisons-nous avant d’appuyer sur le bouton « valider ».
Sauf que tu oublies un détail : quand ils font grève, les cheminots (comme les autres) ne sont pas payés,
Povtichous.
et ne font donc pas grève par plaisir ou pour des raisons fallacieuses comme tu le laisses supposer dans un moment de grande paresse intellectuelle, mais apr conviction, et pour défendre leur conditions de travail qui,
Je m’en tamponne. Complètement. Primo : ils sont une minorité à faire la grève, mais la minorité suffisante pour emmerder le plus de clients possibles. Secundo : leurs conditions de travail ne font plus pleurer personne, ce n’est pas la peine d’aller sur ce terrain, c’est indécent. Tertio : la paresse intellectuelle consiste à penser qu’une grève va améliorer la situation générale alors qu’elle ne fait que l’empirer, notamment pour les premières victimes de ces mouvements cacochymes.
avec l’orientation libérale qui dirige la SNCF vers la privatisation, sont de plus en plus difficiles. mais ça, dans ta tour d’ivoire bien verte, tu t’en fous…
Ah oui, la célèbre orientation libérale de la SNCF. Ah ah ah. Non mais franchement, qu’est-ce qu’il ne faut pas lire. Tout ça pour avoir trois pékins de plus à jeter un oeil sur ton blog. Allons. Un peu de sérieux.
la beauté du verbe ne dissimule pas toujours l’indigence de la pensée. Quant au reste de ton billet, je ne l’ai pas lu, c’est manifestement inutile… l’esprit partisan n’est pas qu’à gauche… Quant tu auras un père cheminot, tu sauras peut être de quoi tu parles….
Le « d’où tu parles » typiquement collectiviste. Ceci dit, c’est raté, j’ai effectivement eu des cheminots dans ma famille très proche. J’en parle donc en assez bonne connaissance de cause.
mais pour l’instant… Tu brasses du vent sur les rails de ton ignorance qui te mènent tout droit à un job à l’abri des contingences (trop) matérielles).
Mmmh, on sent l’aigreur d’un type qui en chie tous les jours … mais qui en redemande. Tu veux des impôts, de la solidarité, de la conscientisation citoyenne et de la redistribution ? Eh bien ça tombe bien, tu vas en avoir dans des proportions qui vont te ravir. Evidemment, ça va possiblement te mettre sur le carreau, mais à la limite, c’est ce que tu voulais. Faudra pas venir te plaindre, hein.
Merci pour votre billet H16. L’évocation de la lettre de Guy Môquet m’a à nouveau fait sourire. Grand moment de votre blog.
« Le peuple qui paye et ne gueule pas en aura assez de payer et de ne pas gueuler. » Malheureusement, le peuple qui paye n’est pas structuré comme le syndicat SUD et il est de plus en plus ponctionné sans qu’il lui soit possible d’inverser la tendance (voir le budget 2010). Le nouvel emprunt va même permettre de continuer la gabegie.
« Le gouvernement vient de décider d’investir 7 milliards dans le fret de la SNCF. Vous avez bien lu. La branche fret de la SNCF, en déficit permanent, régulièrement en grève, bastion de la CGT et de Sud, incapable de se restructurer, va toucher 7 milliards d’euros de l’Etat d’ici 2020 ! Les cheminots du fret de la SNCF, l’une des pires corporations que l’on puisse trouver en France, peut savourer sa victoire, ses avantages (25 heures/semaine, CE grassement doté, retraites très confortables) vont continuer à être payés par la collectivité. Et – cerise sur le gâteau – l’argent pourrait provenir du «Grand emprunt national» sensé financer les dépenses d’avenir, on ignorait que les bastions syndicaux acharnés à saboter toute réforme puissent représenter l’avenir de la France ! »
Philippe Herlin dixit.
pourquoi supporter gauchedecombat, c’est le maurice de gauche? le discours moisi du bobo cheminots qui ne sait meme pas ce que signifie « travailler dur » (4 jours en vadrouille, 5-8 a la maison, ca n’est pas franchement le bagne, rigolo) ca commence a bien faire. va moutonner dans les rangs syndiques, camarade.
Pourquoi ? Parce qu’il est rigolo, tiens pardi ! Et puis, c’est aussi pour prouver qu’il existe encore des olibrius de ce calibre. Sinon, on ne me croit pas.
Evidemment, s’il venait à tenter un caca sur la moquette, on agirait…
Il ne faut pas être trop dur avec GDC, il est déjà fâché avec les rares « camarades » qui venaient lire son blog et maintenant il s’aperçoit que le monde manichéen dans lequel les gentils gauchistes proches du peuple luttent contre les affreux (ultra)libéraux oppresseurs de ce même peuple n’existe pas, tout au moins de la façon dont il l’envisage. Difficile pour lui de comprendre pourquoi la politique du gouvernement actuel est conspuée jour après jour par des gens qu’il imagine être du même bord. Allez, un petit effort GDC, peut être que NS n’est pas le libéral qu’il a prétendu être? Peut être qu’il n’est qu’un collectiviste de droite face à des collectivistes de gauches? Peut être que sa politique est totalement exempte de libéralisme? Mais alors, qu’est-ce qui menace le peuple?
Il est au moins sûr d’une chose GDC: le syndicat défend le travailleur beaucoup mieux que les partis de gauche comme le PS qui pour lui est la gauche « libérale » (si, si, il l’a écrit…). Difficile, là encore, de réaliser que ce n’est qu’une maffia défendant ses propres intérêts avec ses méthodes maffieuses. A ce propos, il pourrait nous donner son opinion sur l’expulsion festive et néanmoins musclée de gentils sans-papiers squatteurs d’un immeuble de la CGT par les nervis de ce syndicat il y a de ça quelques semaines…
« la beauté du verbe ne dissimule pas toujours l’indigence de la pensée. » Très belle phrase de GDC. A la relire, je pense qu’il parle de lui, de ses combats (à gauche, tout est combat, colère ou consort) et de ses pensées ou croyances (dans son cas, je parie sur les croyances).
« Tu brasses du vent sur les rails de ton ignorance qui te mènent tout droit à un job à l’abri des contingences (trop) matérielles). » H16, tu vas rentrer à la SNCF et tu ne nous as rien dit? Petit cachotier!
Oooh, tu sais, c’est GdC. Faut pas trop se prendre le chou.
« Tu brasses du vent sur les rails de ton ignorance qui te mènent tout droit à un job à l’abri des contingences (trop) matérielles). »
C’est de George Abitbol ? :p
Rien à voir (mais presque)
Ce matin, aux infos de BFM-TV, un sujet sur les grèves. 2 phrases ont retenu mon attentions :
1- Un « usagé » de la SNCF (un usé, donc) parle de la grève et nous dit « de toute façon, tant que la SNCF ne sera pas privatisé, ça sera la merde comme aujourd’hui »…
2-Un syndicaliste de la CGT-Pôle Emploi « La concurrence, c’est ce qu’on a inventé de mieux pour tuer le service publique »
Le libéral kasher que je suis bois du petit lait à l’écoute de ces paroles. Le premier se demande si le « privé » n’est pas plus au service du public que le « service publique ». Quand au second, il nous dit texto (à condition de savoir lire entre les lignes ) que le « privé » fait mieux que le « public » et pour moins cher (donc plus rentable)
PS : A propos de GDC, je me suis toujours étonné de voir que, si la Gôche prétend avoir le monopole de l’humanisme et de la paix, elle n’en utilise pas moins le champs lexical de la guerre et des armées (on parle de « Lutte » parfois acharnée, de « Combat », de « Défense » des acquis, etc…)
@ Fersen
Pour l’utilisation d’un champ lexical guerrier par la Gôche et GDC en particlier, j’ai plusieurs explications possibles: vocation contrariée par des parents pacifistes, échec aux tests de sélection, niveau scolaire trop faible, condition physique déplorable (abus de pétard?), incompréhension de l’institution militaire face à des postures sociétales innovantes (j’en oublie forcément) ou alors un subtil mélange de ces paramètres. En tout cas, elle traduit des frustrations violentes pouvant être issues, nouvelle explication, d’une lecture trop appuyée et mal assimilée des récits de lutte du Che, de Fidel ou de je ne sais quel libérateur.