Sciences Po, ENA : ces fabriques d’élites déconnectées

Amusante actualité : alors que des soubresauts agitent l’Institut d’Etudes Politiques, un livre retraçant les 27 mois d’un élève de l’ENA permet de découvrir la face cachée d’une école publique aux enseignements délicieusement décalés avec le monde réel…

ena = aneDans « Promotion Ubu Roi », Olivier Saby décrit ce qu’il a vécu sur les bancs de l’ENA, école nationale d’administration qui forme ceux appelés à diriger la France, et ce n’est pas triste puisque cela vient confirmer les impressions qu’on a en regardant la fine équipe d’énarques actuellement en place au gouvernement, dans les coulisses du pouvoir ou aux échelons supérieurs des principaux partis politiques : l’ENA est une merveilleuse machine à formater jusqu’au dernier degré l’élève qui y rentre, afin d’en faire un parfait petit soldat de l’étatisme et de la réglementation. Comme dans d’autres écoles, on lui serine sans arrêt qu’il est l’élite, qu’il est destiné à diriger le pays et son économie et qu’il sera la référence que tout le monde devra suivre et écouter.

Évidemment, le fait que les enseignements soient de plus en plus en décalage total avec ce dont la France a besoin n’intéresse personne, et surtout pas ni enseignants, ni les élèves eux-mêmes, très majoritairement contents de trouver en ces lieux la confirmation de leur évidente supériorité morale et intellectuelle.

Ce comportement se retrouve à bien des égards dans d’autres « grandes » écoles françaises. Et dans celles qui formatent les intellectuels de demain, qu’on reverra tous à pantoufler à toutes les bonnes places de faiseurs d’opinions, on trouve bien évidemment l’Institut des Etudes Politiques (SciencePo pour les intimes). Ces dernières années, l’Institut aura bénéficié d’une couverture médiatique importante grâce aux (ou à cause des, c’est selon) efforts de son directeur, Richard Descoings, dont la mort en avril de cette année, aussi subite que sulfureuse, aura permis à pas mal de Français de découvrir qu’une généreuse portion de leurs impôts se transvasait dans les poches peu nombreuses de privilégiés aux manettes d’écoles prestigieuses.

sciences pipo

Et les conséquences du soudain décès de Descoings se font encore sentir plusieurs mois après, avec la nomination peu aisée de son successeur désigné, Hervé Crès. Progressivement, les Français découvrent la gestion toute particulière qui entoure les grandes écoles et SciencesPo en particulier. Mon confrère blogueur l’Hérétique en a assez régulièrement parlé dans ses billets, et se réjouit que le système Descoings soit enfin exposé au grand jour. Il n’est pas le seul.

Beaucoup de journalistes influents, commodément passés par SciencePo pendant leurs études, n’ont maintenant de cesse de minimiser les aberrations découvertes à la faveur du renouvellement de tête de l’école, l’esprit de corps n’étant mine de rien pas un vain mot en France ou piston et coterie sont devenus la méthode pour l’élite de s’auto-coopter discrètement. Cette minimisation, du reste, est aussi le cas des actuels étudiants de l’Institut, dont on peut lire la prose dans des journaux comme La Tribune.

Le plus intéressant dans cette histoire, c’est justement cette capacité à ne pas voir, ne pas comprendre qu’il y a, bel et bien, un décalage entre ceux qui font partie du système, le trouvent parfaitement idoine, et le reste du monde dont la mâchoire se décroche abondamment à chaque révélation. Ainsi, les réactions de Hervé Crès, actuellement administrateur provisoire de l’IEP, devant les poursuites engagées par la Cour des comptes, sont magiques de candeur :

« Mes deux prédécesseurs, Alain Lancelot et Richard Descoings, ont été poursuivis par la Cour des comptes pour gestion de fait. Et alors même qu’ils ont été condamnés, cela ne les a pas empêchés de diriger Sciences Po, avec le succès qu’on leur reconnaît… Des directeurs de l’enseignement supérieur [au ministère] ont également été incriminés à ce titre ; et au sein des cabinets ministériels actuels, certains fonctionnaires ont également été poursuivis devant une juridiction. Si je devais être poursuivi et démis de mes fonctions, j’aurais le sentiment d’un acharnement : pourquoi me serait réservé un traitement différent de mes prédécesseurs ? Mais je suis serein. Je n’ai jamais failli ou engagé des dépenses indues d’argent public. »

Que voilà bien résumée toute l’essence de la pensée actuelle d’une certaine élite : on se rémunère grassement, on loge à l’œil dans des appartements républicains, on gère l’école dans la plus parfaite opacité, on paye des enseignants qui ne viennent pas, mais on est tout étonné lorsqu’enfin une instance de la République sort de son habituelle léthargie pour engager des poursuites (dont on se demande pourquoi elles ne l’ont pas été plus tôt).

Et non, cette attitude n’a rien d’exceptionnelle puisqu’elle est le fruit d’une certaine éducation, d’une certaine vision du monde qui est passée, d’une génération à une autre, religieusement. On la retrouve dans tous les raisonnements que cette élite tient lorsqu’il s’agit d’expliquer la France au reste du monde (forcément) ébahi. C’est le cas, par exemple, des Suisses qui se demandent pourquoi cette élite a cette idée si stéréotypée (et assez ridicule) de leur pays. Pierre Chappaz l’évoquait dernièrement sur son blog en relayant les articles de l’AGEFI. Et on mesure le fossé qu’il y a à combler lorsqu’un Jacques Sapir, frétillant économiste, évidemment collectiviste, sorti comme par hasard de SciencePipo, intervient sur une radio Suisse :

Il suffit de l’écouter (à 2’03) déclarer, sans rire, que les règles qui s’appliquent à un petit pays ne s’appliquent pas à un grand (« c’est une évidence ») sans jamais expliquer ni pourquoi, ni s’apercevoir de l’absurdité de ce raisonnement, comme si la gravité ne pouvait s’appliquer à partir du moment où on n’y croit pas. De la même façon (à 2’54), la concurrence, c’est assez moche, surtout lorsqu’elle est fiscale ! « Si tout le monde joue de la concurrence fiscale, les Etats ne pourront plus se financer », pardi ! Comme si les États pouvaient se financer actuellement, peut-être ? Comme si, encore une fois, on collait des dettes et des déficits chroniques sur le dos commode des paradis et autres exilés fiscaux qui sont, comme chacun le sait, la raison principale des déboires actuels de l’Etat (c’est aussi une évidence, je suppose). Ah, oui, c’est vrai, j’oubliais : le credo évident, pour tout socialiste ou alteréconomiste, c’est que les problèmes rencontrés en France sont toujours de nature extérieure, provoqués par le reste du monde qui ne fait rien qu’à lui en vouloir (cf perfide Albion, cf Chinois fourbes, cf Suisses qui jouent la concurrence sans vergogne).

L’analyse, dans la même interview (7’30), de François Garçon, est sans pitié, et parfaitement lucide :

« Les grandes différences entre la Suisse et la France, elles ne sont pas structurelles au niveau géographique ou démographique. Elles sont une culture de la compétition et de la concurrence à opposer à une culture du monopole et de la rente. Deuxièmement c’est une culture de la décentralisation et de la cantonalisation à opposer à une culture de la centralisation à outrance. Et enfin une qualité suisse qu’on ne retrouve pas en France qui est la subsidiarité. En France, on a un empilement de structures redondantes à tous les étages qui entraîne une déperdition d’énergies que nous ne trouvons pas en Suisse. »

Mais voilà : ces évidences (pour une partie des Français, expatriés ou non) n’en sont pas pour celui qui sort de l’ENA et de SciencePo. L’autre évidence, celle qu’il faut en finir avec l’ENA et Science Po, n’est même pas envisagée, ou si rarement, qu’elle sera rangée bien vite au rang des lubies temporaires d’illuminés rigolos. Les « élites » de ces écoles ont, pour une bonne partie, développé les bons réflexes de raisonnement pour se couler dans le moule douillet de l’étatisme républicain : ne surtout pas se distinguer, ramer avec le courant et barrer le pédalo le sourire au lèvre.

Chaque jour qui passe, la fracture entre les élites françaises et le peuple dont elles se sont octroyées la charge se fait plus visible, plus claire : une classe de dirigeants complètement endogames, reproduisant fidèlement des schémas déjà vieux il y a 30 ans. Ceci explique l’absence de renouvellement des idées et des individus (éliminez des Parlements ceux qui sont passés par l’ENA et/ou SciencePo, il ne vous restera plus grand monde). Et ceci explique, au moins en partie, pourquoi les mêmes recettes idiotes seront scrupuleusement appliquées pour résoudre les problèmes qu’elles ont créés en premier lieu.

Partant de là, ce pays est foutu.

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Commentaires140

  1. Alexandre Gérard

    Place à la société civile ! Un gouvernement sans politiciens de carrière, comme en Italie. C’est un vrai bol d’air frais. De même que la campagne de Renzi, pourtant officiellement classé à gauche, qui me fait rêver d’un équivalent français. Zut de flûte, l’Italie va rapidement doubler la France, à ce rythme.

    1. Pandora

      Elle a fait des réformes, elle.

      Même si les « défenseurs de la démocratie » (ou de leur propre pouvoir), dénoncent un gouvernement de techniciens, non élu, donc forcément illégitime.

      1. Aristarque

        Ce gouvernement n’a peut-être pas été élu mais il a reçu l’onction des chambres des représentants du Peuple comme tel.
        Il ne peut donc être illégitime.
        On peut aussi voir sa non-élection comme un moyen de lui permettre de lancer des réformes sans que les parlementaires italiens en portent la moindre responsabilité si elles ne donnent rien pour s’en attribuer tout en leur permettant de s’attribuer tout le bénéfice si elles tournent à l’avantage du pays.
        Quant aux Belges qui n’avaient plus de gouvernement, on n’a pas eu l’impression que tout f…tait le camp dans le royaume…

  2. Pandora

    Bonne rigolade.

    Et la fin, magnifique : « si Hollande vient en Suisse, il s’arrêtera peut-être à Genève pour acheter des chocolats à ses deux épouses mais ça s’arrêtera là. »

    Il faut aussi citer la HESS (Hautes Etudes en Sciences Sociales) dont parle l’interview, autre fabrique d’élites formatées françaises.

  3. Higgins

    Ma fille prépare Sciences-Po par le biais d’une licence de lettres (elle est actuellement en licence). Choisis sur dossier, les étudiants qui composent sont groupe ont été choisis au vu de leur résultat au bac (à priori, minimum mention bien) et de leur dossier scolaire. Personnellement, rien qui me choque directement, la création de cette filière particulière ayant été possible grâce à la loi d’autonomie des universités (si ce n’est le paradoxe de cette filière dans le système étouffant qui est ce lui de l’Université française).
    Le conformisme de pensée est une réalité. Plus de 80% des étudiants (environ 25 étudiants), dotés d’une intelligence assez vive, font état sans vergogne d’un engagement très à gauche, faisant preuve d’une ignorance crasse et du plus absolu mépris des règles élémentaires de l’économie. Encouragés dans ce biais par une bonne partie des enseignants, ils voient, suprême paradoxe pour un enseignement destiné initialement à ouvrir les yeux sur le Monde, leur vision idéologique du monde confortés en permanence par leurs mentors d’un moment (qui font preuve, parfois, d’un népotisme surprenant), arrivant, pour certains, à tenir des propos qui renvoient sans rire aux HLPSDNH et pas du côté des gentils (des futurs Pol-Poth en puissance. Exemple: une camarade, très gauchiste, de ma fille trouverait « normal » de supprimer les vieux devenus une charge trop lourde pour la société! Ça m’a fait penser à une excellente nouvelle de Matheson sur ce sujet). La plupart se destine à une carrière de fonctionnaire n’ayant, de l’entreprise, que la vision qu’en a fait Marx. Inutile de préciser que le libéralisme, par ignorance et imbécilité, est tenu pour plus néfaste que le nazisme et que Mélenchon est considéré comme un héros. Quant à Bastiat, il est inconnu tant par les étudiants (à l’exclusion de ma fille, évidemment) que par les profs en charge de l’économie et des sciences dites politiques. C’est terriblement inquiétant et dérangeant d’autant. Le niveau de sclérose des futures élites politiques de ce pays est réellement impressionnant.

    1. Merci de ce témoignage qui ne me surprend pas du tout. Je peux du reste confirmer que l’ignorance crasse (en matière politique et économique) des Français à l’étranger ajoute une bonne couche de rigolade de leurs hôtes lorsqu’ils débarquent la gueule enfarinée et tentent d’expliquer aux locaux comment il faut faire. Les énarques et sciences pipo sont, bien entendu, dans le peloton de tête des sujets d’amusement dans ce cas.

      1. Higgins

        Pour schématiser grossièrement, on peut dire que la limite droite c’est Bayrou et qu’il n’y a pas de limite gauche. Ma fille a tenté, sans succès, d’ouvrir les yeux de certains de ses camarades sur la notion discutable de « réchauffement climatique » (sans faire de prosélytisme, juste en faisant valoir un autre point de vue que la doxa officielle). Autant essayé de convertir un musulman au culte mormon, ce sera plus facile. J’ajoute que les plus virulents sont déjà engagés dans le monde syndical étudiant quant ce n’est pas la vie politique (PS et affidés). Gare au déviationnisme. Les goulags vont recevoir du monde.

        1. dede

          Mais pourquoi voulez-vous convertir les musulmans au culte mormon? Au catholicisme a la rigueur (ils sont libres tout de meme), mais la, je ne comprends pas!

        2. Blueglasnost

          Je confirme totalement ce verdict en tant qu’étudiant dans un IEP de province. Point d’Ecole de Vienne dans les cours d’économie, mais le keynésianisme le plus cru et fade. Point d’Hayek, Bastiat et Friedman, excepté une brève mention pour les dénigrer, mais du Keynes, du Keynes et encore du Keynes avec son cortège de néokeynésiens et quelques néoclassiques pour la bonne mesure. J’étais identifié comme le « libéraliste » de service dès le premier jour et cela ne m’a pas rendu exactement populaire, d’autant que je n’ai pas coutume de m’en cacher. J’ai récemment suggéré de permettre l’exploitation de gaz de schiste en avançant des arguments scientifiques comme économiques, juste pour me retrouver face au dogmatisque pastéco-gauchiste. Ceci dit, là où j’étais encore le seul libéral de ma promotion en rentrant, nous sommes maintenant presque une dizaine…

        3. akaLeLoup

          Je ne comprends pas (ou alors je comprends trop bien) :
          – d’un côté vous expliquez que l’enseignement de Sciences Po est à l’image des étudiants : un patchwork gauchiste ne connaissant pas ou détestant le libéralisme.
          – d’un autre, le billet de l’ami h16 cite l’article « Il faut en finir avec Sciences Po » (http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/11/28/il-est-temps-d-en-finir-avec-sciences-po_1797068_3232.html), qui dit notamment : « J’ai étudié à l’IEP de Paris. J’en garde le souvenir de quelques enseignements stimulants, plombés par un tronc commun où prévalait une science économique recroquevillée sur le pilotage libéral des crises du capitalisme ».

          Alors où est la vérité ? Sciences Po nid à gauchistes ou à turbo-libéraux ?
          J’imagine que vous êtes dans le vrai (solution 1) puisque utiliser l’expression antinomique « pilotage libéral », c’est prouver qu’on a rien compris au libéralisme, et qu’on est aveuglé au point de ne pas voir que c’est un pilotage interventionniste public qui est à l’oeuvre (mutualisation des dettes, youpitralala on joue avec la monnaie…).

    2. pod

      Ma fille en terminale y pense aussi, avec d’autres alternatives hors France que j’espère fructueuses. De par la culture familiale, ça risque donc d’être bien compliqué à ScPo. Ceci dit, le syndrome est à globaliser sur n’importe quel établissement supérieur; dès lors que l’on a acquis le fait que le social-clientélisme est la seule doxa opérationnelle de ce pays, pas de choix, nivellement et socialisme.

    3. douar

      Ma fille y est également, ça nous valu quelques échanges musclés au moment des élections, Méluche étant leur chouchou. Ce qui est incroyable, c’est qu’ils ont l’impression que ceux qui ne sont pas passés par là, ne peuvent pas réfléchir. Mais bon, quelques mois passés à l’étranger leur ouvrent un peu l’esprit. Sinon, en regardant les stats de sortie après Sciences Po Paris, je n’ai pas trouvé les résultats fantastiques. Une école d’ingé offre de meilleurs débouchés.

    4. JS

      Franchement, si j’avais un enfant en age d’intégrer de genre d’école je l’enverrais à l’étranger à n’importe quel prix…

      1. vengeusemasquée

        Ecoutez, je pense qu’il ne faut pas totalement caricaturer non plus la nature de l’enseignement économique à Sciences Po. J’y ai suivi l’intégralité du cycle à partir de la 2e année et il n’y a pas si longtemps que cela. Le keynésianisme était certes fortement apprécié de certains de nos enseignants comme… DSK ou son ex-dir Cab Villeroy de Galhau mais ce n’est pas le cas de tous. Au contraire, les opinions politiques parmi les économistes sont assez bien réparties et Hayek n’était pas caché sous le tapis. Je me souviens d’avoir particulièrement cartonné mon partiel en dénonçant la facilité budgétaire, l’absence de réforme structurelle et la nature du soi-disant modèle social français.
        Cela dit, ces écoles restent des fabriques à crétins, j’en suis convaincue. 😉

    5. Thomas

      Nous avons des étudiants francais de pipo en échange dans mon école.
      Ca permet d’entendre des choses rigolotes :
      De »bah pourquoi tu n’aimes pas Krugman, moi je le lis tous les jours » à « science po est la meilleur école de fraônce »… c’est assez amusant d’entendre ca de gens ne sachant pas faire une intégrale mais baste.

      1. vengeusemasquée

        Ils ne sont pas tous comme ça.
        J’ai toujours été amusée de voir que la majorité des élèves se disaient de gauche alors que chaque matin, la pile de Figaro déposée à l’entrée partait en 10 minutes alors que la pile de Libé restait bien fournie à la pause de 10h.
        Je sais que c’est comparer la peste et le choléra mais bon, ça veut aussi dire quelque chose.

      1. Higgins

        Non. C’est une création d’une faculté de lettres en partenariat avec Sciences-Po. Recrutés sur dossier et après entretien, les élèves obtenant leur licence avec plus de 14 de moyenne sont dispensés de passer l’écrit du concours et accèdent directement à l’oral. Du coup, il faut noter que le rythme est un peu plus soutenu (voire franchement) qu’en licence classique et que les enseignants sont nettement plus exigeants. Si on sait se défaire de la doxa officielle, c’est extrêmement enrichissant. Mais mon impression est que ça reste assez conformiste. Jugement purement personnel, je trouve qu’en matière de culture générale et d’introduction de nouveaux paradigmes, c’est léger eut égard les ambitions affichées. J’ai cité Bastiat mais je pourrai également mentionner Ortega y Gasset (La révolte des masses: http://www.lesbelleslettres.com/livre/?GCOI=22510100498400. Celui-là, je vous le recommande chaudement), la science-fiction (anglo-saxonne et autres: http://www.tupeuxcourir.com/), des romans comme Grandoria (http://www.amazon.fr/Grandoria-Roman-Dominique-Raymond-Poirier/dp/1452841993. A lire également), etc… Enfin, tout ce qui aide à se construire.

    6. johnny_rotten

      J’ai un neveu qui a intégré Sciences-Po Paris, il y a deux ans, directement après bac, sans faire ni prépa ni une licence en université, et sans être un élève très brillant en terminales.
      Est-ce parce que le niveau de Sciences-Po a baissé ?

    7. marcus aelius aurelius

      Ah, Bastiat!
      C’était il y a 30 ans, en 1982, mon DESS en éco et une belle bourse d’études US en poche, je suis allé passer deux ans dans une université de la cote est en Amérique avec pour objectif de revenir avec une MBA. Pour me la jouer facile, j’avais décidé de choisir, pour commencer (vu mon niveau d’anglais c’était sage), un cours de difficulté moyenne sur l’histoire de la pensé économique. Fingers in the nose, me suis-je dis.

      Le premier jour, en cours, j’ai pris la plus grosse claque de ma vie: le prof, francophile convaincu, m’a demandé devant la classe assemblée, de leur dire ce que je pensais de Frédéric Bastiat. What? de Frédéric qui? Et de Hayek? Je me souvenais vaguement des deux trois minutes passées sur Hayek et en avais gardé, grace au prof de maîtrise, une image floue plutot négative. Et le prof, de continuer, qu’avec lui, on parlerait de Keynes mais aussi de Bastiat. Il est vrai, Ronald Reagan était Pdt des USA à ce moment là. Ont suivi deux années de pur plaisir d’apprendre, dont le point d’orgue fut d’assister à un cours d’Arthur Laffer. Ceux qui le connaissent comprendront.

      Je me suis alors aperçu, combien en France ce formatage gauchiste, ce lavage de cerveau continu pendant 5 ans de Sciences Eco (quel bel oxymore que « sciences économiques ») avait fait de moi un ignorant crasse, juste bon à recracher quelques idées collectivistes avec lesquelles j’étais, sans savoir pourquoi, en profond désaccord. J’ai par la suite lu, entre autres, « la route de la servitude » et surtout « l’Atlas Shrugged » de Rand. Je me demande s’il leur lecture est dans la liste des ouvrages de Sciences Po. Vous savez?

  4. Woodi

    Je me demande si le plus inquiétant, ce n’est pas le formatage et l’idéologie con-descendante dans lesquels sont formolés les futures zélites de ce pays, mais bien le fait que la majorité des français voient encore et toujours dans ces écoles le signe de la réussite pour leurs enfants.
    Bref, tant que les esclaves rêvent de leurs maîtres, le changement c’est-pas-maintenant.

    1. vengeusemasquée

      Bah en même temps, statistiquement, on réussit mieux quand on a fait sciences po ou l’ENA que quand on ne l’a pas fait. Cela ne veut pas dire que ce soit bon pour le pays mais c’est quand même plus facile de trouver du taf et d’assurer ses arrières. C’est un comportement assez logique en fait, même si on peut le déplorer.

      1. « on réussit mieux quand on a fait sciences po ou l’ENA que quand on ne l’a pas fait. »
        En France, oui. A l’étranger, ce n’est pas un marqueur pertinent.

        1. Aloux

          J’ai entendu que la Sorbonne jouissait d’un prestige supérieur à beaucoup de grandes écoles à l’étranger. Bon les Chinois c’est vrai j’ai vérifié moi-même, j’ai eu une anecdote dans ce sens-la sur les Japonais aussi, par contre les Américains j’en suis beaucoup moins sûr. Puis de toutes façons ça m’étonnerait que ce soit au point d’être un véritable atout pour chercher du boulot…

        2. Alex6

          @Aloux,
          La Sorbonne connue a l’etranger? wtf?
          Certains connaissent car ils ont un peu de culture de l’histoire francaise mais jamais par reputation. A juste titre par ailleurs.

  5. pod

    Concernant la centralisation forcenée et outrancière de la France, je l’ai toujours dit : la gestion de ce pays tient sur quelques rues de deux arrondissements parisiens : le 7e et le 8e. Le 7e est calme, et on mange bien dans le 8e. CPEF

  6. Le Diable probablement

    Une grande partie des gens qui travaillent dans la Silicon Valley viennent de l’X… Mais oui Sapir, mais oui. On sent quand même quand il sort cette énorme connerie qu’il pique une petite suée, c’est rassurant. En général, les gens qui ont fait l’X et qui travaillent dans la SV, c’est parce qu’ils ont fait un petit stage de correction à Stanford avant. La triste réalité, c’est que non seulement les bousins du genre ENA/SciencePo ne valent rien, mais que les grandes écoles d’ingénieurs produisent des ingénieurs de plus en plus mauvais, et encore une fois, si la France arrive encore à produire 2/3 grands scientifiques par-ci, par-là, c’est évidemment _en dépit_ de son système éducatif calamiteux.

    1. max

      Cet aspect d’une élite qui dirige le troupeau où pas une tête ne doit dépasser, on le retrouve aussi dans beaucoup d’entreprises françaises. Sorte d’autoritarisme borné qui explique une partie des problèmes de ces entreprises, faible niveau de qualité des produits, peu d’innovation…

      Maintenant, en France, le grand ennemi c’est l’Allemagne, où les boites sont mieux gérées, investissant mieux et plus donc plus performantes.

    2. Shnaffy

      hum …
      Autant l’X je dis rien car je connais pas,
      Autant les autres écoles d’ingénieurs « d’élite  » sont assez ouvertes sur le monde, avec 1 an dans une université anglophone par exemple

      Sans parler de Centrale Paris qui forme clairement à l’entreprenariat…

    3. Franz

      Je ne suis pas trop d’accord avec vous. Dans certains domaines (demandant peu de ressources car financement d’Etat et massification de l’enseignement combinés au fait que ce n’est ni SciencePo, ni l’ENA, ni la magistrature) la France reste une très grande nation, et sa formation est réputée dans le monde entier. Maths, physique théorique, économie même parfois. Mais un des grands défauts des formations scientifiques de haut niveau (X un peu, fac et Ulm beaucoup) c’est qu’elles ne visent qu’à la formation de chercheurs de haut vol quand l’industrie demande des ingénieurs au sens pratique aiguisé et ayant le goût de l’entreprise.

      1. max

        Je fais partie des ingénieurs au sens pratique, même si j’ai aussi de la théorie et que je peux créer des liens entre recherche publique et celle privée. Eh bien des gus dans mon genre n’ont rien à faire en France qui s’en fout complètement, tellement la connerie y est viscéralement installée.

  7. infraniouzes

    Mais je croyais que l’ENA servait uniquement à se faire un carnet d’adresses, à épouser une héritière bien en vue et à choisir la meute de loups avec laquelle on va hurler pendant 30 ou 40 ans ? On m’aurait donc menti à l’insu de mon plein gré ? On y apprendrait aussi à « penser » l’économie et à panser la fracture sociale ?

    1. Nocte

      Ca ne serait pas plutôt « panser » l’économie de l’Etat et à « penser » la fracture sociale ? 😉

    2. vengeusemasquée

      On apprend des choses à sciences po, des choses avec lesquelles on est d’accord et d’autres qu’on désapprouve (on apprend beaucoup à se révolter de manière permanente face à ce qu’on entend, en fait), mais on n’apprend rien du tout à l’ENA. C’est sûr et certain.

  8. Fwh

    Je suis pour l’interdiction totale des carrières politiques.

    Le raisonnement est simple : à partir du moment où une carrière politique est envisageable, les élus ne travaillent plus pour l’intérêt général, mais pour leur réélection. Si cette réélection est impossible, on élimine de facto les élus parasites, et s’il en reste, ils ne feront pas plus d’un mandat.

    L’inconvénient de limiter toute personne politique à un seul mandat dans sa vie est peut-être l’absence de suivi. Mais on peut imaginer que l’élu au bout de son mandat désignerait un candidat successeur, au peuple de faire son choix.

    Je suis également pour l’interdiction d’éligibilité des fonctionnaires. Ici également, le raisonnement est simple : on ne peut pas être juge et partie. On a le choix d’être fonctionnaire, et donc d’être payé par l’État. Dans ce cas, on n’a pas le droit de décider de ce que fait l’État.

    Si on applique ces deux interdictions, l’ENA et Sciences Po disparaîtront naturellement, pour le plus grand plaisir des contribuables.

    Et pour finir, il faudrait mettre en place un système tel que les votations en Suisse, pour chaque décision importante.

    Rien ne m’horripile plus que d’entendre la majorité ou le gouvernement nous asséner qu’on n’a pas le droit d’être contre telle ou telle mesure, car elle était inscrite dans le programme de François Hollande et qu’il a été élu par la majorité des Français (ce qui est faux, mais passons), et donc que la majorité des Français est d’accord avec cette mesure.

    Mais bon sang de bon soir, à quel moment a-t-on été consulté, en tant qu’électeurs, sur chacune de ces mesures, individuellement ? Jamais. Et si on prend le raisonnement à l’envers, il suffirait d’un engagement non tenu (ce qui est largement le cas) pour demander la destitution immédiate de cet indigne président.

    Mais je rêve, je rêve, et comme je sais que tout ceci n’arrivera jamais, je compte les jours restants avant mon expatriation.

    1. Blueglasnost

      Ceci étant, ce n’est pas forcément mieux dans d’autres écoles ; quand on projette et présente « Capitalism: A Love Story » de Michael Moore dans les amphithéâtres d’une ESC de province (chut !) d’une manière qui laisse penser que c’est le dernier mot en (non) pensée économique, c’est assez symptomatique du délitement intellectuel en France…

      Pour avoir fait un IEP de province, c’est effectivement ce que H16 en disait, évidemment, nous sommes encore quelques libéraux à résister, mais la plupart des personnes que j’y ai cotoyées correspondent parfaitement à la description. Je vais quand même nuancer un peu : la plupart des gens travaillent dans le privé à la sortie de mon IEP. Je suis moi-même sur le point de commencer une carrière en audit financier. Quand bien on castrerait le politique en France – et je suis certainement très favorable à l’idée – les IEP, en tout cas de province, continueraient d’avoir une raison d’être. Il faut juste les démarxiser, à l’instar du reste de l’enseignement supérieur français (et les privatiser, bien sûr).

    2. Pere Collateur

      Poussons l’utopie plus loin:

      On attribue les places de représentants diverses et variées par tirage au sort parmis la population.

      Inconvénient, on tombera souvent sur des toquards.

      Avantage: Comme actuellement on a systématiquement des toquards, il y aura au moins une chance de temps en temps de tomber sur un bon.

      1. Higgins

        Pour nourrir la réflexion, je suggère de lire « Principes du gouvernement représentatif » de Bernard Manin, récemment réédité chez ChamspEssais (9 euros).

    3. francoise

      La meilleure solution est encore celle des Américains : deux mandats et par ici la sortie ! Ca permettrait au moins le renouvellement.

    4. vengeusemasquée

      L’inéligibilité des fonctionnaires, oui ! Je l’appelle de tous mes voeux et depuis toujours. Ce mélange des genres doit cesser. C’est profondément choquant. A vrai dire, je pense que les fonctionnaires, tous les fonctionnaires, devraient être interdits d’affiliation à quelque parti politique que ce soit.
      Toute formation à l’administration doit être bannie, de même. Je ne vois pas en quoi gérer un pays devrait présenter des spécificités. C’est un vice !
      Les élus ne peuvent pas être des administratifs professionnels. En revanche, je pense extrêmement délicat de travailler en même temps qu’on est élu. Donc pour être élu, il faut avoir une carrière et la mettre en suspens.
      Pour moi, l’idéal se situe là.
      Le nombre des mandats devrait, bien sûr, être limité. De même, le nombre d’élus doit baisser drastiquement pour que la portée de l’onction populaire puisse encore exister.
      C’est beau de rêver…

      1. francoise

        Vengeuse masquée :

        l’inéligibilité des fonctionnaires : yes, mais qu’est-ce qui restera après ?

    5. Robert Marchenoir

      J’irais plus loin que vous : dans une société juste, les fonctionnaires, non seulement ne seraient pas éligibles, mais n’auraient pas le droit de vote.

      Dit comme ça, cela ressemble à une proclamation totalitaire. Et pourtant, quand vous réfléchissez, ça tombe sous le sens.

      Un fonctionnaire qui vote, c’est un fonctionnaire qu’on laisse se voter à lui-même des augmentations de salaire, des privilèges exorbitants, des augmentations d’effectifs pour employer ses enfants à ne rien faire, etc.

      Le fait même que cette proposition paraisse aussi extrémiste (c’est à dire en décalage total avec les mentalités actuelles) montre que c’est le système politique dans lequel nous vivons qui est extrémiste et dictatorial.

      1. Laurent

        De toute façon dans un pays « normal » il y aurais très peu de vrai fonctionnaire (avec emploie à vie) et donc leur influence sur les élections serait faible. Sans compter que dans un pays « normal » les pouvoirs de l’état serait également très faible et limité avec l’impossibilité de dépenser plus que certain montant inscrit dans la constitution donc hors de porté des délires démocratiques.

      2. Théo31

        J’ai lu que dans la république nationale socialiste du Canadistan, Suce Pipe Haut était la déchetterie de l’enseignement supérieur.

        Quant à l’ENA, on se souviendra de ce candidat ayant fait un exposé dans les règles de l’art sur le sujet suivant « Justifiez le totalitarisme ». C’est dans le moule gaucho qu’on fait les meilleurs fachos.

  9. Emma

    Excellent billet, cher H16. Merci de relever les propos de François Garçon qui dépeignent très bien notre situation par rapport à celle de la Suisse dont je suis toute proche. Un ami suisse me disait hier qu’en plus chez eux, ils travaillent plus et qu’ils n’ont que huit ministres au niveau fédéral donc moins d’occasions d’être embêtés par eux.
    L’esprit constructiviste de nos élites est notre maladie congénitale. Nous n’en guérirons pas facilement d’autant que le malade n’a pas conscience de sa maladie. Le verrouillage par ces mêmes élites de tous les leviers politiques est très inquiétant pour l’avenir de notre pays. Et je ne vois pas dans la nouvelle génération souffler de vent nouveau.

    1. Blueglasnost

      Le pire, c’est l’attentisme des gens dont l’immense majorité ne fait pas partie de cette caste, mais continuent à tout attendre de l’Etat comme si les gens aux manettes en avaient quoi que ce soit à faire. J’ai pris l’habitude de poser une question simple avant de commencer un débat : « faites-vous confiance aux politiciens ? ». La réponse est, bien sûr, systématiquement (ou presque) négative. A partir de ce point, je leur demande alors pourquoi ils laissent aux politiciens leur santé, l’instruction de leurs enfants, etc. Généralement, les réponses ne fusent pas.

  10. raimverd

    « déclarer, sans rire, que les règles qui s’appliquent à un petit pays ne s’appliquent pas à un grand (« c’est une évidence »)  »

    C’est très juste, mais exactement en sens inverse de ce que pense Sapir.
    Plus un pays est grand, plus il est complexe et moins on peut le diriger efficacement à partir d’un centre unique.

    En fait c’est ce qui est amusant et que fait si bien h16 avec son humour en prime : écouter et se dire « et si ce que l’on me dit n’était pas vrai/correct? et si même c’était le contraire? »

    C’est un bon point de départ pour vos filles à Sciences Pipo, Messieurs. Cela s’appelle l’esprit/le bon sens critique, mais qui ne leur facilitera pas la vie dans leur milieu.
    La règle, la même que pour le jeune homme (noname?) qui demandait comment faire : tirer le meilleur parti d’une situation pourrie, sans la malhonnêteté/bêtise/peur/envie trop ambiantes. Dur, dur.

  11. Mathieu

    Je ne comprends pas bien cet appel à fermer science pipo.

    Aujourd’hui c’est une école de management comme une autre, non ? Abreuvée d’argent public certes, mais bon.

    1. Abreuvée d’argent public, oui, ça on peut dire. C’est aussi, comme l’ENA, une fabrique de crétins petits robots ; certains en sortent, heureusement, pas trop reformatés, mais la plupart sont des reproductions à l’identique de la génération précédente, par exemple. Entre le panurgisme et une vision de l’économique qui est à pleurer de rire…

    2. vengeusemasquée

      Non ce n’est pas le cas. C’est bien plus pernicieux. Dans le discours, c’est une école de management mais dans les faits, cela reste l’antichambre de la reproduction politique à la française, laquelle se réalise ensuite pleinement dans les beautés strasbourgeoises de l’ENA et de l’INET.

  12. Aloux

    J’ai eu des échos assez semblable de la part de deux amis qui ont étudié à science po, l’un à Lille et l’autre à Paris. Mélange d’engagement politique à gauche toute, de suffisance et de nombrilisme. On pourrait parler de l’ENS aussi, j’ai fait un an à celle de Lyon et si il faut bien reconnaître que le niveau intellectuel y est très élevé, les élèves ont souvent, comment dire, un complexe de supériorité. Et encore, j’imagine qu’à Paris c’est bien pire.

    Mais je crois que ce qui me désole le plus c’est l’ambiance vraiment pensée unique qui règne dans ses établissements, de vrais nids de coco, avec des nuances certes. Mais bon quand quelqu’un de par ailleurs brillant intellectuellement me demande comment je peux soutenir le libéralisme qui est « le Mal qui ronge le monde » (c’était pas exactement ça mais vous voyez l’idée), je ne peux que trouver ça triste…

    Toujours concernant l’ENS, il serait peut-être temps également de remettre en question le statut de fonctionnaire des élèves : payés au smic pour étudier, qui dit mieux ?

    1. JS

      « payés au smic pour étudier, qui dit mieux ? »

      Tiens j’en apprends encore une bien bonne…

      Bon c’est pas tout çà faut encore que je trouve les sous pour la taxe d’habitation moi.

      1. Aloux

        L’idée, c’est que les normaliens sont déjà des fonctionnaires, et qu’ils sont engagés contractuellement avec l’Etat. Ce dernier les paye pendant leurs études, et en contrepartie ils doivent accomplir des missions à son service une fois diplômés. Je ne connais pas toutes les subtilités (n’étant pas rentré dans l’école sur concours, je ne suis pas « vraiment » normalien, et donc je ne suis pas rémunéré), mais je pense que les obligations ne sont pas hyper contraignantes non plus, surtout qu’en sortant de normale on vous proposera plutôt des postes de hauts-fonctionnaires a priori pas trop pénibles. Toutefois cette rémunération peut s’avérer être une entrave ou un moyen de pression pour les étudiants, et quand je vois les galères de certains j’apprécie de quand même pouvoir faire à peu près ce que je veux.

        Enfin bref peu importe je pense que ce principe, qui doit remonter au 1er empire, n’est pas ce dont la France a besoin aujourd’hui.

        1. Slevin

          Le salaire est 1350€ net / mois

          Le contrat globalement :
          Vous avez le droit à 4 ans de salaire
          Vous devez 10 ans à l’état sachant que les étude (dans l’ecole ,en doctorat , post-doc, ou année de césure ) comptent
          Les années restantes peuvent être faites dans la fonction publique, au sein d’une entreprises publique ou para-publique (EDF, SNCF …)
          Vous devez racheter vos années au pro rata du nombre d’années payées/ effectuées

          Don pour l’élève moyrn qui veut bosser dans le privé c’est :
          – 4 ans payes
          -3 ans doctorat (rémunéré aussi )
          – 1 an à tester un autre truc/ post doc style science po
          Donc il reste environ 2 ans ce qui ne fait pas un surcoût énorme pour les entreprises (qui embauchent après le doctorat passé Chez eux )

          Les autres c’est :
          Agrégation -> prof en prépa/ universités

      2. deres

        Encore plus fort que ce que l’on pense … Comme beaucoup de fonctionnaires, ils sont payés pendant leurs études et en conséquence leurs années d’études sont comptés pour leur retraite …

        En théorie, il est possible de devenir fonctionnaire à 18 ans (16 ans même en fait …), puis au bout de quelques années, de reprendre ses études avec des possibilités de financements ou même de continuer à être en partie salarié de la fonction publique et que ces années comptent pour le droit à la retraite. Le système est tellement complexe qu’il y a des milliers de possibilités de magouilles pour en tirer des avantages …

        1. vengeusemasquée

          C’est la même chose pour les étudiants de l’ENA. Ils sont énarques stagiaires.
          Cela dit, avec le gras système des bourses de sciences po, y’a moyen de bien vivre aussi mouahahah !

        2. ManInBlack

          Il faut un peu moduler cette attaque en regle contre l ENS. Et comme beaucoup commencent par « Moi, ma fille a fait ceci… », alors, je m y colle aussi.
          J ai passé le bac il y a 25 ans, j ai grandi dans une barre HLM de la cité du Luth a Gennevilliers (92) pendant les années 70 et 80.
          Interessé par les sciences je m aventure un peu par hasard a faire prepa scientifique. Je travaille pendant les vacances d été entre Sup et Spé pour pouvoir me payer les concours l’annee suivante (l inscription aux concours des ENS est gratuite, mais ce n est pas le cas de l X, Centrale et Mines).
          Au final, ayant reussi le concours de l ENS, j ai pu continuer mes etudes, car payé, alors que je n aurai pas pu le faire dans une ecole d ingénieur (les prets etudiants, ce n etait pas si simple a l epoque).
          Ma conclusion: payer les normaliens c est depenser de l argent avec un bon rendement car tous quasiment sortent avec Agregation et/ou Doctorat (contrairement aux etudes sans selection) et cela avait sa raison d etre lorsqu il y avait encore des enfants d ouvriers qui integraient ces ecoles.
          Il faut avouer qu actuellement, c est essentiellement la bourgeoisie qui se reproduit. Les ghettos scolaires et la déliquescence du système éducatif depuis 30 ans empechent les jeunes intelligents-mais-pas-nés-dans-un-bon-quartier d y acceder. D ou la tres forte concentration d enfants de profs ou de cadres sups a l ENS et à l X. On peut se demander si c est encore justifié de les payer.
          Malgré tout, cela m offusque nettement moins que la situation de l ENA et de Sciences Po. Car ceux qui sortent de ces deux dernieres ecoles, sont plus tard aux commandes du pays (ministeres, administration…)….ce n est pas le cas des X/ENS (a de tres rares exceptions type NKM, Wauquiez, Le Maire…)

        3. Higgins

          @Maninblack

          Ne vous méprenez pas sur la teneur de certains propos. Pour ma part, je suis également passé par un système très méritocratique qu’on peut comparer au vôtre par beaucoup d’aspect. J’ai complété par la suite ce parcours avec mes propres deniers et il n’est pas dit que je m’en tienne là. La déliquescence du système scolaire traditionnel ayant hélas gagné les sphères supérieures, j’ai bien peur qu’au Bisounoursland, ce système méritocratique ne devienne bientôt qu’un souvenir. Au sein de l’université française, le népotisme est en passe de de venir le mode de sélection par excellence. Gare aux déviants. A l’aune de mon expérience, je me crois autorisé à juger sereinement ce qui se passe actuellement. Au final, ce que je vois n’incite pas à l’optimisme.

  13. scaletrans

    Très bon article comme d’hab.
    Ces « écoles » ne seraient pas aussi nocives si les étudiants qui y rentrent n’étaient pas déjà complètement formatés par l’EdNat, et SURTOUT privés des moyens de discernement qu’une bonne formation du jugement leur aurait donnés.

  14. El Gringo

    Si je comprends bien, l’ANE c’est l’Administration Néfaste des Ecoles.

    A part ça, le masculin l’emporte toujours sur le féminin?
    « ou piston et coterie sont devenues » ==> où piston et coterie sont devenus

  15. peste et coryza

    Perso, j’avais tenté le concours ENS, mais je ne l’ai pas eu. provenir d’un BTS est un vrai handicap…

    Mis à part pour certains écoles comme l’ENS ou l’X, les ingénieurs français sont assez dénigrés à l’étranger, notamment sur leur connaissance de la science. Les universitaires master et surtout docteurs y tirent mieux leur épingle du jeu.
    La sélection se fait par bien sur par le réseau, mais aussi et parfois surtout sur le nombre de publications. Le brevet constitue le saint graal pour intégrer le privé.

    Ayant des ingénieurs dans mon labo, je peut grosso modo faire le constat suivant :
    – ingé : bon en management et gestion, naze en sciences
    – universitaire : bon en sciences, naze en management et en gestion.

    Une remise à plat de tout ce système serait le bienvenu.

    Les grandes écoles françaises sont surtout des machines de reproduction des élites, un peu comme les ivy league des USA, qui sélectionnent par l’argent.

    1. Alex6

      Pardon mais a l’etranger, personne ne connait ni l’X et encore moins l’ENS.
      Il n’y a vraiment que les Francais pour croire que le monde soit impressionne par les formations francaises. Issu d’une grande ecole d’ingenieur, je ne peux que confirmer le niveau tout a fait moyen en comparaison des autres formations universitaires dans le monde.
      Certes nous avons un meilleur niveau theorique, notamment en math mais c’est completement inutile a l’usage. L’unique avantage de la prepa est de structurer une rigueur de pensee et d’organisation. La, on fait effectivement la difference mais concretement ca ne permet pas franchement de briller.

      1. Félix

        « a l’etranger, personne ne connait ni l’X et encore moins l’ENS ».

        Pas vraiment.

        S’il est vrai que les spécificités de l’enseignement supérieur français (CPGE etc) compliquent sa visibilité au niveau international, les meilleures formations en science (mon domaine) jouissent d’une excellente réputation. En témoignent les nombreux élèves étrangers qui viennent y étudier.

        Je suis élève à l’X (je ne le cache pas) et un constat est clair : si l’école à une faible visibilité par rapport à son niveau réel il existe une reconnaissance des facultés étrangères. Une année de la formation se fait obligatoirement dans une autre école / fac ; un quart de chaque promotion passe cette année à l’étranger. Les constats des élèves sont unanimes : la formation à l’X est d’excellente qualité par rapport à celle qu’ils peuvent suire ailleurs.

        L’aspect théorique des formations est au contraire de ce que vous dites un avantage. Par exemple, les X dans les grandes facs américaines sont bien souvent beaucoup plus forts en math/théorie que les autres élèves de leur master. Évidemment ils ont moins d’expérience dans d’autres domaines (recherche p. ex) mais il faut voir ça comme « aspect théorique = un atout et une faiblesse » et non pas comme « aspect théorique = aberration française ».

        Quand à l’ENS, elle fait partie des meilleures formations théoriques au monde… Regardez les médailles Fields des années passées, le dernier prix Nobel de physique. Le nombre d’excellents anciens élèves est impressionnant, surtout au vu de la petite taille des promotions.

  16. Tomate

    Bonjour,

    en tant qu’étudiant à Sciences Po et -du moins à mon sens- libéral, je tiens à défendre dans une certaine mesure mon institution.

    Oui, nous sommes des petits bobos déconnectés, plutôt à gauche selon les fausses élections qui ont été organisées. J’ai envie de dire « et alors? ». Nous ne sommes en cela que le reflet de l’université internationale (plus que française, qui est encore plus à gauche). Oui, les matières économiques sont enseignées avec une perspective essentiellement keynésienne. Là encore, « et alors? ». Il s’agit du consensus universitaire dans le monde entier, que cela vous plaise ou non, que cela me plaise ou non. Sciences Po offre d’ailleurs, et c’est je pense tout à son honneur, des cours d’introduction à la pensée libérale (enseignés par Mathieu Laine, entre autres).

    En somme, le problème qu’il y a selon vous avec Sciences Po, c’est que c’est à la fois le reflet de son époque (cf. keynésianisme et étudiants plutôt à gauche) et qu’il s’agit d’une école sur les deniers de l’Etat. Je ne vous contredirai pas sur ce point: en effet, il est regrettable que nous soyons aussi dépensiers de l’argent public. Mais c’est plus le fait d’une culture de l’université, d’ailleurs attaquée par Descoings (je ne suis pas d’accord sur beaucoup de points avec l’homme, mais ce n’est pas non plus l’antéchrist!) qui était en train d’organiser la croissance de la part des donations privées dans le budget de la FNSP. En ce sens, pourquoi attaquer Sciences Po plus que l’X ou Ulm?

    Vous me direz sûrement que Sciences Po est, ou « médiocre », ou le terrain de jeu d’étudiants qui se préparent à devenir de gentils petits fonctionnaires bien déconnectés. Je plaide partiellement coupable pour la première accusation. On peut suivre des cours idiots et abrutissants à Sciences Po et être un crétin qui militera UNEF depuis l’appartement meublé Louis XVI de ses parents. On peut aussi être stimulé et Sciences Po peut être pour celui qui le souhaite le lieu d’une véritable maturation intellectuelle. Ensuite, dire que Sciences Po est le lieu de la préparation d’élites déconnectées est aussi faux. La vérité, c’est que Sciences Po devient, que ça plaise ou non, une business school. Moins d’un quart des étudiants finit dans le public à la sortie.

    Pour conclure rapidement, Sciences Po est très perfectible. Mais c’est aussi une de nos rares « success stories » universitaires. Et je ne pense pas qu’il faille la détruire pour quelques profs gauchistes, quelques élèves idiots et un salaire du directeur trop élevé.

    Maintenant, je sais que je vais me faire détruire ici. Mais j’aurais essayé, au moins.

    1. En préambule, notez que je juge bien plus l’institution et son état d’esprit que les individus, qu’on devra prendre au cas par cas.

      « Il s’agit du consensus universitaire dans le monde entier »
      Non. Cela tient au fait qu’une majorité d’enseignants sont plutôt à gauche donc plutôt sociaux démocrate, mais il n’y a aucun consensus.

      « d’ailleurs attaquée par Descoings »
      En parole seulement alors. Parce que dans les faits… La cour des comptes semblait peu convaincue.

      « pourquoi attaquer Sciences Po plus que l’X ou Ulm? »
      Pour le moment, pas de rapport de la cour des Comptes ni d’action en justice à leur sujet.

      « Sciences Po peut être pour celui qui le souhaite le lieu d’une véritable maturation intellectuelle. »
      Oui bon ça c’est vrai n’importe où. Comme ce n’est en rien spécifique à ScPo, la facture me paraît lourde.

      « une de nos rares « success stories » universitaires »
      Mais justement : ce n’est *pas* une success story. Si l’on juge l’arbre à ses fruits, y’a vraiment pas de quoi pavoiser.

      1. vengeusemasquée

        J’essaye de ne pas faire d’esprit de corps mais j’abonde un peu dans le sens de Tomate malgré tout. Même si l’école est très très perfectible, je pense qu’elle a véritablement progressé en termes de qualité d’enseignement mais aussi et surtout de diversité de vues enseignées. Il faut aussi savoir qu’à Sciences po, on peut pas mal choisir ses cours et qu’on connaît le nom des enseignants. Cela aide aussi à faire des choix éclairés sur ce qu’on va étudier.

        Je suis aussi d’accord sur le fait que Descoings n’était pas l’antéchrist. Certes il a beaucoup travaillé pour son propre prestige et, surtout, son porte-monnaie, mais malgré tout il a profondément transformé l’école. Dans un pays où le moindre changement s’apparente à une guerre civile, je trouve que c’est louable.

        J’ai toujours été en désaccord avec environ la moitié de ce qui m’était enseigné mais pas avec la totalité. Je pense que c’est déjà pas mal.

        Bon évidemment, il y a des cours à se pisser dessus de rire tellement c’est caricatural. Style, parce que j’aime bien amuser la galerie, un semestre entier de cours intitulé « Espace Mondial » et animé par l’impayable Bertrand Badie qui répète à longueur de cours que notre époque souffre d’un « déficit d’intégration sociale mondiale » et qu’on s’en sortira grâce aux ONG parce que les Etats, c’est complètement has been. C’était tellement drôle que même Védrine se foutait de sa gueule ! 😆

        1. « je pense qu’elle a véritablement progressé en termes de qualité d’enseignement »

          Comme je le disais plus haut, je juge l’arbre à ses fruits. Pour le moment, les petits pious-pious qui vont sortir ou sortent de ScPo ne font pas vraiment des étincelles. On regardera dans 5 ou 10 ans. En revanche, pour ceux qui sont, justement, sortis il y a 5, 10 ans et plus, le constat n’est pas très brillant.

          Je n’ai jamais marqué que Descoings était l’antéchrist. En revanche, il était très adepte de la compta créative. On en connaît d’autres, dans la Socialie française.

    2. LuciusT

      Science Po, comme l’ENA ou X ou HEC ou pleins d’autres « trucs » dans le genre, ne sont des « success story » qu’en France. Ceux qui en sortent décretent qu’il s’agit d’une success story, en aucun cas leurs pairs dans le reste du monde.

      Que l’enseignement ne soit pas dramatiquement mauvais est encore heureux. Mais rapport à d’autres écoles, bien moins connues (mais étrangement bien notées dans le Classement de Shanghai), le contenu est tout de même « léger » (prenons pour exemple l’Université de St Gall en Suisse pas particulièrement réputée en dehors de certains cercles mais formant parmis les meilleurs économistes du monde).

      La même chose vaut aussi pour les universités américaines qui fabriquent elles aussi des drones désormais (tout ce qui vient de la Ivy League ne fer&a rien de bon). Qu’il y ait un consensus n’est pas bon signe, au contraire. L’Histoire montre que les choses ont toujours avancées grâce à des gens à l’esprit « contrarien » et lorsque nos soit-disant élites sont formées sur une base consensuelle, je ne peux que m’en inquiéter.

    3. Elphyr

      Juste pour en revenir sur les « et alors ? »
      Cette expression est insupportable. Le « et alors » c’est la porte ouverte au laisser-aller, à l’imperfection, à la suffisance. Et la suffisance est l’ennemie du progrès (étant d’un esprit scientifique je ne supporte pas les régressions).

      Si vous laissez faire ces « et alors ? », vous succomberez à ce qu’ils veulent vous faire croire (non, le keynesianisme n’est pas international, il n’est pas appliqué dans les pays qui marchent…). Quand bien même certains points sont sont exacts (je suppose), ce serait faire preuve d’une fermeture d’esprit dans des proportions tout à fait épiques.
      Toute théorie/idée réfléchie mérite d’être testée ; mais il faut savoir rebrousser chemin quand les changements échouent.

      Voilà voilà juste une parenthèse…

  17. MIA

    L’enseignement supérieur, un éternel débat…

    Je n’ai pas fait Sciences Po mais suis diplômé de Dauphine. On avait quelques profs externes, celui de Sciences Po était libéral et ceux des grandes écoles d’ingénieurs étaient plutôt néo-keynésiens. Donc je ne pense pas qu’on puisse généraliser que l’ensemble du personnel éducatif soit de gauche même s’il est vrai que ces établissements ont une forte base militante (gauchiste). Mais après tout normal pour un institut politique. Et normal que les diplômés s’orientent vers des carrières politiques.

    Sinon, d’après les témoignages d’amis, Sciences Po délivre des diplômes de management et de finance intéressants. Les prix ont augmenté (10 000 euros l’année). J’ai l’impression que les élèves passent pas mal de temps à l’étranger grâce aux partenariats et autres stages (même si je n’en vois pas trop l’utilité, autant faire un bac+4 comme aux US).

    Je pense que l’évolution de Science Po renvoie à un débat plus fondamental sur le rôle de l’enseignement supérieur, (formation versus éducation), la démocratisation massive de l’enseignement supérieur et la faillite d’une partie de l’Université en France. Pour moi, il existe bien une distinction entre ce qu’on doit attendre d’une Université et de l’autre côté pour une business School, école d’ingé.

    Sinon, je ne suis pas d’accord avec la fin de l’article. Pourquoi reprendre la tribune d’une sociologue gauchiste de Paris 8? J’imagine que la solution et les reproches d’h16 be sont pas du tout similaires à ceux de l’auteur. (Enseignement public gratuit et non sélectif (gauchiste)// vs Enseignement libre et privé (h16).

    On a trop souvent tendance à tirer (trop) facilement sur l’enseignement supérieur français.

    1. Si je reprends la tribune de l’autre zigoto, c’est justement pour montrer qu’un type qui vient de ScPo a bien lui aussi remarqué le caractère « reproduction sociale » de l’établissement. Si même lui le note, …

    1. Porfirio

      En pleine taxtase, ce petit gars de la radio.
      Mmm ce genre de raisonnement, il me semble l’avoir déjà entendu quelquepart.
      [Flashback on]
      « Non, mais t’as vu l’aut’! Il a gagné un triple boulard avec la bille que je lui ai échangé contre un BN (et le BN ça vaut pas déjà la moité d’une bille hé). Et v’là kecétropajuste, le trip’ boulard il l’a donné à Sandie qui lui a filé son paquet de chips.
      Allez viens on va lui taxer pour la peine. »

      [Flashback off]

      Aaaaaaaaaah oui… Ok…
      Rien n’a changé donc

        1. Porfirio

          Ah là, j’avoue qu’il a marqué des points.
          Il aurait pu, soyons fous, évoquer une question de taxation plus propice sur un secteur (immobilier) qui a des échanges plus rares en fréquences, mais non moins en poids, que celles qui pèsent (et pas qu’un peu) sur les autres flux bien plus dynamiques, et parler d’éventuels rééquilibrages.
          Mais non, non, il faut taxer tout enrichissement. Et puis, il est bien connu que lorsque l’on cède une résidence principale, on a toujours une résidence secondaire (au chaud) ou l’impôt versé ne manquera assurément pas, ou qui de ne demandera pas de droits de mutations ni éventuellement de frais d’agence…

          C’est quand même marrant, je me dis que s’il y a bien une profession qui ne devrait pas explicitement donner des idées de taxe à tout va, c’est précisément les journalistes (abattement IRPP) et … les députés (avec leur histoire de double déclaration IRPP salement enfumeuse).
          Pétard, il manquerait plus que celui-là passe député.
          Avec une légère faute de frappe, ça ferait déput1 de Tarlé

    2. Before

      J’ai failli recracher mon café en entendant ça ce matin !
      Ce qui m’énerve le plus, c’est la justification de la taxation : augmenter les recettes de l’état (ben voyons), limiter la bulle immobilière (comment ? pourquoi ? est-ce le seul moyen ?) et, last but not least, « assurer la redistribution des richesses » !!!
      Mais bordel de m… ils sont tous fous dans ce pays ?

      J’avais pas entendu l’annonce, je croyais que c’était Eric Leboucher (qui est en général plus digeste) ce qui rends la suite plus étonnante : 20 mn plus tard, dans un autre édito, le même De Tarlé doutait de la pertinence de flanquer 400 Millions d’euros par la fenêtre pour « sauver » Floranges : http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Le-zoom-eco/Videos/Sauvetage-aux-forceps-1329003/

      1. Porfirio

        Aaaaah donc derrière le poing revendicatif du taxeur en manque, il y avait bien quelqu’intention cachée.
        Esbroufe: ∞+1, Porfi:0.

  18. skunker

    @ Père collateur :

    « On attribue les places de représentants diverses et variées par tirage au sort parmis la population.

    Inconvénient, on tombera souvent sur des toquards.

    Avantage: Comme actuellement on a systématiquement des toquards, il y aura au moins une chance de temps en temps de tomber sur un bon. »

    Purée les barres que je viens de taper x’D
    Les lecteurs de ce blog sont juste excellent!

  19. Pascale

    «  » » le credo évident, pour tout socialiste ou alteréconomiste, c’est que les problèmes rencontrés en France sont toujours de nature extérieure, provoqués par le reste du monde qui ne fait rien qu’à lui en vouloir (cf perfide Albion, cf Chinois fourbes, cf Suisses qui jouent la concurrence sans vergogne). » » »

    Et pour le gouvernement actuel, provoqués par le gouvernement précédent …

  20. Pascale

    Il y a quelques mois, sont passés sur BFM Business des reportages sur les manuels scolaires (cours d’économie en Terminale) français, allemands et américains. De nombreux passages ont été lus et comparés les uns aux autres à l’antenne. C’était catastrophique pour les manuels français surtout au niveau dogmatique, en particulier sur la vision du « patron » présentée aux élèves.

  21. Pascale

    Nous sommes dans une réelle soviétisation de la France, elle est bien avancée, mais tout le monde semble endormi, bercé par le ron-ron étatique.
    Je parlais il y peu de temps du Mur (de Berlin) en béton. Celui érigé autour de nous est fiscal, administratif et culturel. Nous sommes de plus en plus enfermés dans un monde étriqué, la mondialisation les terrorise (en dehors du fait c’est encore une des « raison » des échecs français invoquée par les gauchistes qui, paradoxalement rêvent d’un monde où il n’y aurait plus de frontières…).
    Oui, nous sommes l’exception, mais le Peuple la paye très cher cette « exception ».

    1. Nocte

      Les gens sont endormis, l’Etat veille pour eux… L’Etat est un père bienveillant qui ne veut que ton bien, que tu dois écouter sans poser de questions, et surtout sans TE poser de questions. L’Etat te donne du Travail avec des emplois d’avenir qui n’en ont pas, ou le protège en menaçant de nationaliser l’usine d’un horrible capitaliste venu d’Inde (peugeot, on s’en fout, 8k salariés sur le carreau, ca n’est rien comparé à 600), l’Etat veut réformer la Famille en l’élargissant pour tous (enfin pas tous quand même), l’Etat veut redorer la Patrie, en favorisant les produits « made in France » (même si ça n’est que l’emballage, c’est pas bien grave)…
      Un triptyque déjà utilisé dans le courant du 20è siècle est caché sauras-tu le retrouver ?

      1. Nocte

        Après relecture, je dois me fendre d’une petite précision, ça ne t’est pas directement adressé Pascale (loin de moi l’idée de te déconsidérer, bien au contraire)

      2. channy

        #l’Etat veut redorer la Patrie, en favorisant les produits « made in France » (même si ça n’est que l’emballage, c’est pas bien grave)…#
        Talonnette 1er avait bien lance une initiative fantastique: le label Export #so good, so french#pour les produits francais…bizarement cela ne marche pas( mais nous a coute un fric fou)
        Pour vous donner un exemple d export de produit made in france,qui m a consterne et prouve le genie francais dans le domaine des affaires,
        Il y a 2 jours avec mon epouse nous sommes alle au supermarche (Ex) Carrefour dans la banlieue de Kuala lumpur,et la immense surprise j ai vu un produit francais mis en avant(catalogue, tete de gondole):
        La biere 1664 de Kronenbourg
        Il fallait y penser,etre un fabriquant d alcool francais et se lancer a la conquete du marche d un pays musulman,je suis certain que Kronembourg va exploser toute la concurrence(avec des prix 2 fois plus eleve ) et redresser la balance commerciale de notre pays.
        Consternant la logique des affaires francaise

        1. Aristarque

          Cela peut être aussi Carrefour qui a décidé (de la France éternelle et über alles) de promouvoir des produits français…

  22. Lib

    Mouais, je suis beaucoup plus nuancé que toi sur Sciences Po.

    Certes, je n’ai jamais apprécié les dérives démago de Descoings sur le recrutement et il semble qu’il ait largement profité du système pour se goinfrer avec ses potes.

    Mais il demeure qu’il a considérablement ouvert Sciences Po en allant chercher des financements privés et des profs étrangers et en développant les liens avec le monde de l’entreprise. Ces évolutions me paraissent aller globalement dans le bon sens.

    Bien sûr, on n’attire pas des profs de niveau international avec des salaires de fonctionnaires et tout porte à croire que la bande a Descoings a été assez créative pour rendre compatibles hautes rémunérations et contraintes administratives.

    Je n’ai pas non plus la même perception que toi de la préférence des media sur cette affaire. Il me semble plutôt déceler une unanimité pour condamner la « gestion Descoings ». L’AFP se donne beaucoup de mal pour faire croire que l’opposition interne à la direction est puissante : une AG d’une centaine de personnes sur 15000 suffit à titrer « Le personnel demande la tête des 2 dirigeants » http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20121114.OBS9341/sciences-po-le-personnel-demande-la-tete-des-deux-dirigeants.html http://www.lemonde.fr/enseignement-superieur/article/2012/11/28/sciences-po-une-ag-demande-le-depart-de-mm-casanova-et-de-michel-pebereau_1796781_1473692.html
    Accessoirement, je crois que c’est la première fois que je vois un rapport de la cours des comptes avoir un tel écho dans la presse et aboutir à des poursuites judiciaires.

    Enfin, la tribune dans le Monde du gauchiste de service n’appelle pas à en finir avec l’ENA et Sciences Po, mais à en finir seulement avec Sciences Po. Ce n’est pas un hasard, surtout quand on lit les arguments.

    Au final, je pense que tu te trompes sur l’analyse politique de cet événement. Moi je vois une reprise en main par les énarques d’une école trop indépendante qui s’éloignait trop du moule étatique et qui avait du succès (crime inexcusable en Socialie).

    On peut même y voir un coup de semonce pour les présidents d’université qui auraient eu trop d’idée d’indépendance avec la réforme Sarkozy (un des rares trucs biens du précédent quinquennat). Voir le corps d’Hervé Crès se balancer au bout d’une branche risque d’en refroidir plus d’un.

    1. Lib

      Total disclosure, je n’ai jamais foutu les pieds à Siences Po, mais je connais bien quelqu’un qui donne des cours là-bas.

    2. « la tribune dans le Monde du gauchiste de service n’appelle pas à en finir avec l’ENA et Sciences Po »

      Ah je n’ai jamais prétendu ça. La suppression de l’ENA dans le package, c’est bien de moi 🙂

      « Au final, je pense que tu te trompes sur l’analyse politique de cet événement. Moi je vois une reprise en main par les énarques d’une école trop indépendante qui s’éloignait trop du moule étatique et qui avait du succès (crime inexcusable en Socialie). »

      Heu. Mais de quel succès parlez-vous tous ?

      1. Lib

        Tu sais, moi je suis libéral. Si les gens s’associent librement à un truc, j’appelle ça un succès.

        Or, j’observe que (i) des entreprises financent librement l’école, (ii) des profs de qualité, internationaux la rejoignent librement, (iii) les étudiants souhaitent librement y suivre leurs études malgré la hausse des frais de scolarité, (iv) les employeurs recrutent librement les diplômés.

        Tout ça pour un coût pour les finances publiques comparable à la fac de psycho-socio de base.

        Donc, à première vue, ça ressemble à un succès. As-tu de meilleurs critères à me proposer?

        1. Tu sais, moi, je suis libéral, et je crois que tu oublies un peu l’argent public déversé dedans qui a suscité un petit rappel à l’ordre de la cour des comptes (pas assez petit pour s’éviter d’ester en justice, cependant). Que des gens privés s’associent pour faire des cours privés à des élevés privés qui font tout ça en privé, banco, aucun souci. Mais là, y’a tout de même du bon pognon de l’état qui va dedans. Et apparemment, on parle de succès : je demande juste, de quel succès s’agit-il ? De la qualité de la formation ? Peut-être, mais elle ne convainc pas (ou pas plus que d’autres) dès qu’on sort du pays… De la bonne gestion ? Allons… Que reste-t-il ?

  23. peste et coryza

    Petite digression historique sur le travail et la rente :

    Pedro de Valence, en 1608 :
    « Le mal est venu de l’abondance d’or, d’argent et de monnaie, qui a toujours été le venin destructeur des cités et des républiques. On pense que l’argent est ce qui assure la subsistance, mais ce n’est pas le cas. Les terres cultivées de génération en génération, les troupeaux, la pêche, voilà ce qui garantit la subsistance. Chacun devrait cultiver son lopin de terre et ceux qui aujourd’hui vivent de rentes et d’argent sont des gens inutiles et feignants qui mangent ce que les autres ont semé. »

      1. peste et corriza

        Pas vraiement.

        L’or en question a été capté de celui des conquêtes de Cortez et Pizzaro.
        Il y a tellement eu que cela a causé une inflation et a nuit au développement des pays conquis, amis aussi de l’Espagne.

        Pour finir, cet or est allé dans d’autres poches…

  24. Marie

    C’est dans un IEP plus à gauche que la moyenne (imaginez !) que j’ai découvert, grâce à un excellent prof, Hayek et Von Mises. Nous les vilains libéraux de l’école, savions pisser de la copie keynésiano-marxiste pour rentrer dans les clous ; les nauséabonds à S-po sont beaucoup plus nombreux que vous ne le pensez (la plupart travaillent ensuite dans le -vrai- secteur privé).
    Mais malgré le gauchisme ultra de la boîte, mon expérience à s-po a été incomparablement plus riche que la fac « normale » (pas Dauphine qui est une exception et qui m’a aussi beaucoup apporté) pourtant moins politisée, où j’étudiais en parallèle.
    Il ne faudrait pas jeter bébé avec l’eau du bouillon de miasmes.

  25. ST

    Permettez moi de ne pas entièrement abonder.

    Je connais bien Sciences Po : j’en suis diplomé, et j’y ai enseigné pendant un certain nombre d’année, avant de tirer ma révérence (j’y reviendrai).

    Mon problème avec tous les articles qui attaquent Sciences Po aujourd’hui et en demandent la dissolution, c’est leur vision monolithique de cet établissement et déconnectée de toute évolution chronologique.

    Je m’explique : vous voulez détruire Sciences Po ? C’est inutile, c’est déjà fait. Il aura fallu moins de 15 ans à Richard Descoing pour fusiller cet établissement et son héritage. J’en sais quelque chose, j’ai été diplômé de Sciences Po un an avant son accession à la présidence de l’établissement (donc je connais le Sciences Po d’avant Descoing) et j’y ai enseigné régulièrement de 1998 à 2008 : j’étais aux premières loges pour voir les effets des réformes de Richard Descoing sur l’établissement. Les dérives de gestion ne sont qu’un aspect du problème : la casse systématique de tout ce qui faisait l’originalité, la spécificité de l’établissement est autrement plus problématique, car je ne suis pas sûr qu’on puisse aisément revenir en arrière, en aurait on la volonté. Richard Descoing a tué Sciences Po, je suis loin d’être le seul à le penser, et l’a transformé en une business school internationale de plus.

    Maintenant, si l’on veut critiquer Sciences Po (l’établissement historique, pas ce qu’il est devenu) comme une fabrique de reproduction d’élites déconnectés de la réalité, je me permet d’objecter. L’article du Monde cité en bas de votre post est en la matière une accumulation de poncifs erronés et de mauvaise foi qui déguisent assez mal une volonté constructiviste de détruire ce qui marche, de niveler par le bas, dans une pure logique pédagogiste que part ailleurs vous critiquez fort justement dans vos autres posts. J’en prend pour preuve la citation totalement sortie de son contexte d’Emile Boutmy, fondateur de l’établissement, que l’auteur voudrait lire comme une cynique rengaine aristrocratique d’élites qui ne voudrait pas céder leur place. C’est un contresens absolu : Emile Boutmy évoque clairement au contraire le fait qu’il faut remplacer l’ordre ancien des élites par héritage, par tradition, par une élite méritocratique. Sciences Po naît de cette volonté méritocratique.

    Je suis entré à Sciences Po par concours, pas par cooptation. Et s’il n’y a pas assez d’enfant issu des classes populaires à Sciences Po, c’est surtout parce que l’école a abdiqué depuis longtemps et ne cherche plus à faire sortir les enfants de conditions modestes en leur donnant accès à la culture et à l’instruction. Mon grand père était un paysan du sud-ouest de la France, et fut le premier de sa famille à obtenir le certificat d’étude, à l’école, exigeante, de la République. Son fils accéda à l’université et son petit fils entra à Sciences Po. Est ce là la reproduction des élites ? la cooptation d’une classe ?
    Il y a trop peu d’élèves issus des milieux populaires dans les meilleures formations supérieures ? Vous pouvez soit améliorer l’enseignement primaire et secondaire pour fournir l’opportunité aux enfants issus de tous les milieux d’acquérir les bases nécessaires pour accéder aux meilleurs établissements, soit détruire ces établissements d’élite en les fermant ou plus insidieusement, comme avait commencé à le faire Richard Descoing, en nivelant par le bas, et en mettant en place une politique de discrimination positive qui aura in fine l’effet inverse que celui escompté. La tradition française, celle de notre culture, c’est la première solution. C’est notre modèle social (oui, notre modèle social c’est la méritocratie républicaine, pas la « sécurité sociale et la fonction publique pour tous »).
    Si j’ai apprécié mes études au sein de Sciences Po, c’est que j’y ai appris comme nul part ailleurs à penser, à raisonner, à aborder des concepts complexes. Le coeur de l’enseignement de Sciences Po reposait (et j’emploie à dessein le passé) sur la transmission d’une méthode, d’une exigence, d’une rigueur qui fait tant défaut aujourd’hui.
    En outre, Sciences Po n’est pas l’ENA. Si la grande majorité des élèves de l’ENA ont fait Sciences Po, seule une infime minorité des étudiants de Sciences Po ont fait l’ENA. La majorité des étudiants font carrière dans le privé, beaucoup créent des entreprises. Moi, même, mon diplôme de Sciences Po en poche, je me suis directement installé comme indépendant, et créait ma première société 5 ans après. Sciences Po n’est pas un corps d’état comme l’ENA, X, les mines ou les ponts. Sciences Po n’est pas en soit une fabrique de fonctionnaires.

    Vous voulez tuer Sciences Po ? Sciences Po est déjà foutu. Et je ne crois pas que ce soit une bonne chose pour quiconque, à part les démagogues constructivistes qui rêvent de parachever leur travail de destruction de l’école.

    Vous avez probablement raison, ce pays est foutu.

    1. Higgins

      Merci pour ce témoignage. Au final, Sciences-Po (Paris) est devenu une sorte d’école de commerce et est vraiment un problème. Elle vit abusivement de sa réputation. Sa bien-pensance officielle me fait peur.

      1. Elphyr

        Le problème avec « l’élite », c’est qu’elle se complait dans sa condition et justifie tous ses comportements parceque, justement, c’est « l’élite ».
        Décision débile et contre-productive ? « Je suis l’élite, je sais mieux que vous ». C’est ce comportement qui est déplorable. Et ca se retrouve dans toutes les grandes écoles…

        M’étonnerait fort que monsieur ST ci-dessus se soit un jour retrouvé dans une situation similaire à celle que j’ai décrite, et je suis convaincu qu’il n’a jamais utilisé de ce joker. Mais malheureusement il n’est pas seul, et dans l’inconscient collectif il est notoire de croire que ceux qui nous dirigent savent ce qu’ils font (diriger au sens large, je ne ratisse pas que la politique).

        C’est peut être de la jalousie de ma part (je n’ai pas supporté la prépa et son rythme aussi débile qu’avilissant) car je ne pourrai jamais intégrer une de ces écoles, mais j’ai l’intime conviction qu’un système élitiste est, au final, voué à l’échec.
        A la fois pour l’élite qui s’enferme sur elle-même (c’est le cas aujourd’hui en politique par ecemple, il n’y a eu AUCUN renouveau depuis des décenies) et pour la plèbe qui grogne et qui subit ; monsieur ST parle très justement de la dépravation des écoles primaires/collèges qui abandonnent carrément l’idée de nivellement par le haut et d’ouverture d’esprit des élèves.

        Enfin, tout ceci est pondéré par le fait que chez moi le terme « élite » est péjoratif…

        1. Fergunil

          L’élitisme et la reproduction des élites sont deux systèmes opposés.
          Le système élitiste typique est l’école de Ferry : un fils de paysan, si il travaille bien, sera poussé à faire des études.
          Maintenant que l’école ne veux plus faire de discrimination entre les bons et les mauvais, d’autres critères se mettent en place, mais c’est bien la médiocratie qui entraine la reproduction des élites

        2. gem

          Toutes ces questions d' »élites » sont bien étudiées par la sociologie descriptive. Et, froidement, on sait que la reproduction des élites n’est pas un problème mais une solution pratique, qui évite le « syndrome de Peter », issu du principe du même nom. La sélection a priori (par l’école ou n’importe quoi) est bien moins efficace qu’une sélection a posteriori par la réalité, par conséquent l’injection dans l’élite par le hasard, plutôt que par le « mérite », n’a rien de débile. Et de tous les hasards, le hasard de la naissance est paradoxalement mieux toléré que le hasard construit par la Française des Jeux … ou l’EdNat !

        3. Fergunil

          @gem : le problème, c’est que le Principe de Peter est bien plus vrai dans le public que dans le privé. Un incompétent dans le privé ne garde pas son poste, il se fait virer assez rapidement, ou, si incompétent est patron, il coule sa boite.
          Le libéralisme, par sa dynamique, permet un renouvellement des entreprises : celles qui se sclérosent avec l’age disparaissent au profit de petites structures en croissances, plus à même de répondre aux besoin de leurs clients.
          Les énormes consortiums industriels n’existent souvent que par le soutient direct ou indirecte de l’état (un code du travail/fiscal incompréhensible sans une armée d’avocats, des commandes publiques, des monopoles légaux, des plans de relance, et compagnie.
          On voit bien cette différence entre la république socialiste française et ses « Champions industriels » et l’Allemagne avec sa myriade de PME/PMI innovantes.

    2. Robert Marchenoir

      « Moi, même, mon diplôme de Sciences Po en poche, je me suis directement installé comme indépendant, et créait ma première société 5 ans après. »

      Indépendant dans quel métier ?

      1. ST

        @Robert

        Décidément si l’on ne se croise pas sur ObLib, on se croise ici 🙂

        Alors pour répondre à votre question, je reformule un tout petit peu ma phrase un petit peu elliptique je l’avoue : « une fois mon diplôme de Science Po en poche, après un troisième cycle en Reseau et Système d’information en école d’ingénieur (1 an) et après mon service militaire (1 an), je me suis installé comme consultant indépendant en informatique, spécialisé dans les nouvelles technologies (internet/intranet) ». J’ai fait Sciences Po juste après le bac, sur concours, donc j’avais 21 ans quand je suis sorti diplômé. C’était d’ailleurs un des grands intérêt du Sciences Po d’avant Descoing d’avoir un cursus sur 2 ou 3 ans où se mélangeaient en 2eme et 3eme année des gens issus de l’année préparatoire (la première année, à laquelle on accédait avec le bac ou après un ou deux ans de fac ou de khagne), et des gens qui avaient déjà un bac +4 (maîtrise) ou +5 (diplômé d’une grande école de commerce ou d’ingénieur par ex). Du coup le diplôme de Sciences Po était vraiment un cas à part car il était pour certains un premier diplôme et pour d’autres un complément à leur formation initiale. Pour mon compte, à 21 ans, après seulement 3 ans d’étude supérieure, j’ai décidé de poursuivre 1 an de plus en tentant de rejoindre une formation de troisième cycle qui recrutait théoriquement à bac +5, un peu au culot, un peu en démontrant de réelles compétences en informatique que je pratiquais hors cursus scolaire depuis mon plus jeune âge. Puis un an de service militaire (je dois être la dernière année avant la réforme qui supprimait définitivement le service militaire). Et là, à 23 ans je me suis installé en indépendant, profitant de l’émergence des technologies de l’internet qui étaient suffisamment jeunes pour que mon inexpérience ne soit pas un handicap.

        Je travaille toujours dans l’informatique. Toujours à mon compte (j’ai une petite société de 5 personnes). Et quand on me demande ma formation, je dis sans hésiter « Sciences Po » car je n’ai aucun doute sur le fait que le coeur de mes compétences, de mon savoir, provient de ces 3 années à Sciences Po. J’y ai pour ainsi dire tout appris. Je dois énormément à cette école. Et à ma professeur d’histoire au lycée qui m’a convaincu de m’y inscrire (je ne savais même pas que cet établissement existait).

        J’admet volontiers qu’on puisse critiquer cet établissement. Moi même je suis un critique impitoyable de ce qu’il est devenu dans les 15 dernières années (c’est pour cela que j’ai arrêté d’y enseigner). Mais je ne pense pas qu’on puisse trouver dans cet établissement la moindre cause des problèmes de ce pays. Je pense en outre que la critique du contenu de son enseignement comme un art du « pipotage » est totalement erronée : je ne crois pas connaître aucun autre établissement en France où la rigueur de l’analyse, la discipline intellectuelle était aussi cultivée qu’à Sciences Po. Je pense malheureusement que ce n’est plus le cas, et qu’un des derniers vestiges de ce que l’école républicaine avait produit de mieux sombre doucement, dans le Trafalgar de l’éducation nationale (j’ai mes 4 enfants dans le système scolaire, je sais de quoi je parle).

        1. Robert Marchenoir

          Ah, tiens, ST, je n’avais pas vu que c’était vous. La photo, sans doute !… Merci de votre réponse…

  26. Robert Marchenoir

    « On peut pas comparer. »

    Je ne peux plus entendre cette phrase.

    Synonyme de « Fais-moi pas chier, je veux pas le savoir. »

    1. Thomas

      va sur forum.hardware sur un thread sur « faut il quitter la France »

      C’est l’objection (conne) de base ?

      « Comme seule la France est la France, alors on ne peut la comparer qu’a elle même »

  27. Robert Marchenoir

    « La France est un grand pays, on peut pas comparer avec la Suisse. »

    Ah bon ? Un grand pays, au sens de la superficie, c’est les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la Chine, l’Inde, la Russie… pas la France.

  28. Robert Marchenoir

    Jacques Sapir, phare français de l’économie mondiale, sommité universitaire de gauche, fait une erreur de raisonnement économique grosse comme la dette française.

    1. Certains pays ont des impôts plus bas que d’autres.

    2. Donc, les entreprises vont dans ces pays-là.

    3. Finalement, il ne reste plus assez d’entreprises dans les autres pays pour payer les impôts.

    Ce « raisonnement », digne d’un élève de CM 2, suppose que Dieu a créé un certain nombre d’entreprises, le sixième jour, et que ce stock est immuable jusqu’à la fin des temps.

    Le directeur du Centre d’études des modes d’industrialisation à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (ouf !…) omet juste de tenir compte du fait que, si la France, par exemple, baissait massivement les impôts, taxes et charges sur les sociétés, un nombre considérable d’entreprises supplémentaires y verrait le jour.

    Pour un socialiste, les entreprises suisses sont forcément des entreprises « volées » aux autres pays, les pays gentils, les pays de gauche, ceux qui entretiennent des tripotées de fonctionnaires payés par des impôts écrasants et chargés de déverser des âneries telles que celle-ci.

    Et Jacques Sapir est une référence intellectuelle.

    Le niveau baisse.

      1. vengeusemasquée

        Ouais et il y enseigne. Il est considéré comme une référence dans les cours d’éco pipotiens, ce qui est absolument et rigoureusement scandaleux.

  29. HR

    Ce fil résume une évidence. Ça ne sert strictement à rien de taper sur la fonction publique en France. Il ne peut pas y avoir la moindre réforme significative de la fonction publique en France.

    Je veux dire sans un préalable: la réforme de la haute fonction publique.

    Ça rend les choses plus simples: tout débat sur « léfonctionair » est condamné à enfiler les débilités, au mieux à sombrer dans l’impasse politique du poujadisme. Il ne sert finalement au fond qu’à noyer le débat.

    Il n’y a qu’un seul débat, le débat sur la haute fonction publique.

    1. Robert Marchenoir

      Mettons que c’est un système. Si vous pensez que votre problème, c’est l’éléphant qui est dans le salon, ça ne sert à rien de se battre pour savoir si c’est la trompe, les pattes ou la queue qui posent problème.

      Ma marotte personnelle consiste à dire que le problème, ce n’est pas seulement la fonction publique, c’est l’écosystème formé par la classe politique, plus la fonction publique (haute et basse).

      La fonction publique est souvent opposée à l’Etat (le « manque de moyens », le « mépris des personnels », la « privatisation rampante »…).

      Mais cela masque le fait que leurs intérêts sont fondamentalement les mêmes. C’est une mafia où chacun joue son rôle. Les politiciens professionnels protègent les fonctionnaires et s’appuient sur eux, et inversement. Chacune des deux parties a besoin de l’autre pour garder son pouvoir et ses privilèges.

      On peut ajouter, à cette mafia, les syndicats et les « assoces » subventionnées.

      1. HR

        Admettons. Mais ce n’est pas une analyse politique, « C’est une mafia », et je le répète, ça ne vous mène qu’à l’impasse du poujadisme.

        A moins d’analyser la mafia en termes politiques, comme un héritage de la République romaine. Mais même ça ne vous mènera pas bien loin.

        Les deux paragraphes « La fonction publique… » et le suivant montrent que vous n’allez pas assez loin dans l’analyse.

        C’est un peu plus compliquée que ça. En ne hiérarchisant pas les éléments constitutifs de la très grave crise de gouvernance politique que provoque notamment la crise économique mondiale, vous vous privez d’une vue d’ensemble.

        Or, la crise économico-financière que nous traversons provoque une crise structurelle du pouvoir politique.

        C’est une « crise de 1929 », et on se souvient comment la précédente avait provoqué une crise structurelle du pouvoir politique en France et en Europe…

        Et la précédente avait fini en 1949… Alors celle-ci, qui a commencé en 2008…

        1. Robert Marchenoir

          C’est bien joli, tout ça, c’est plein de mots ronflants : analyse politique, crise structurelle… Mais je ne vois pas où vous voulez en venir. Quelle est votre analyse à vous ? Quelles sont vos préconisations ?

          Toute « analyse » qui commence par : il y a un seul débat, c’est… n’est pas une analyse, c’est un propos de comptoir inopérant. Il n’y a évidemment pas un seul débat.

          J’en ai ras la casquette des étripages de blog qui consistent à dire : le problème n’est pas [xxx], c’est [zzz]. On peut tenir des décennies avec ça, sans aller nulle part. Des heures et des heures d’amusement en perspective. Evidemment qu’il n’y a pas un problème et un seul, ni même un problème majeur qui éclipse tous les autres.

          Quant au poujadisme, qu’avez-vous contre le poujadisme ? Le poujadisme est l’autre nom du libéralisme, du conservatisme et du bon sens. Tous principes dont nous avons rudement besoin.

  30. Aristarque

    « les gauchistes qui, paradoxalement rêvent d’un monde où il n’y aurait plus de frontières…). »
    Mais oui, il n(y a pas de paradoxe dans la mesure où le monde entier se conforme(rait) à leur Pensée…
    Toujours modeste en France.
    Par exemple, ceux-ci attendent que des pays normalement gérés et qui donc, ne se sentent pas tenus d’accabler les citoyens d’impôts et de taxes de justice sociale, mettent néanmoins des impôts équivalents aux nôtres pour ne pas nous faire ni d’ombre ni de peine.
    Ils ne le font pas ?
    Hou, les vilains paradis fiscaux!!!
    Résultat, à part désormais le Danemark, nous allons être en guerre fiscale avec tout le restant du monde…

    1. HR

      L’internationalisme gauchiste ne doit jamais faire illusion: ses aboutissement, que ce soit à Cuba, dans la Chine de Mao ou en Corée du Nord montre qu’il est construit sur un contrôle étroit de frontières hermétiques.

    2. Pandora

      Les Suisses aiment dire que s’ils sont un paradis fiscal, c’est bien parce qu’il existe des enfers !

      @HR J’aime a penser que l’internationale du capital a gagne la guerre contre l’internationale du travail et que la France n’y peux rien malgré les dénégations de nos dirigeants.

      1. Robert Marchenoir

        En fait, la Suisse n’est pas un paradis fiscal, sauf pour les 5500 très riches étrangers qui bénéficient du forfait fiscal. Régime de faveur que plusieurs cantons ont déjà supprimé, et que certains, en Suisse, voudraient supprimer au niveau de la confédération.

  31. Zebulon1962

    Bonjour,

    Je lis plus haut :

    « Ma fille a tenté, sans succès, d’ouvrir les yeux de certains de ses camarades sur la notion discutable de « réchauffement climatique » (sans faire de prosélytisme, juste en faisant valoir un autre point de vue que la doxa officielle). »

    Réchauffement climatique il y a bien, la Question est de savoir quelle Part est attribuable à l’Activité humaine, et si on peut faire l’Impasse sur ce Sujet et accepter un Réchauffement préjudiciable ou tenter de le minimiser, c’est tout ce qu’on peut encore espérer.

    Mais ceci est-il de la Compétence d’Élèves de Sciences Pipo 😉 ?

    1. Higgins

      « Les satellites qui observent la température de la Terre sont formels : elle n’augmente plus. On ne court pas à la catastrophe, et la priorité du gouvernement indien par exemple est que les 400 millions d’Indiens qui n’ont pas l’électricité aient l’électricité. Et pour ça, ils construisent des centrales à charbon. » (http://www.skyfall.fr/?p=1135). Y a même les courbes dans les commentaires.

    2. Fergunil

      @Zebulon1962 : Si ce n’est pas le rôle d’un étudiant de science Po d’y « réfléchir » en quoi ce serait le rôle d’un homme politique d’y « réagir » 😉

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