France, 2024 : Bruno Le Maire découvre l’économie pour la première fois

Bruno Le Maire n’est pas n’importe qui : c’est le ministre des Finances et de l’Économie de la République Française, monsieur, ce qui veut dire que c’est du sérieux, du solide, du réfléchi, et ça veut aussi dire que lorsqu’il faut prendre des décisions importantes, on sait qu’il sera au rendez-vous, scrogneugneu.

Et pour être au rendez-vous, il l’a été tout au long de son parcours à Bercy qu’il occupe maintenant depuis plus de six années ce qui a permis à tous les Français de jauger avec précision de la solidité du gaillard. Solidité qui s’est une fois encore illustrée il y a quelques jours lorsque, accordant un entretien aux scribouillards subventionnés du Monde, il a clairement expliqué qu’il n’entendait pas s’arrêter aux économies budgétaires déjà envisagées…

Rappelez-vous, c’était il y a – pfiouu – déjà deux semaines (une autre vie, pour ainsi dire) et le frétillant quinquagénaire nous promettait alors que pour redresser un peu le budget de l’État français, il entendait lancer un plan d’économies de 10 milliards d’euros afin de compenser la baisse visible de l’activité sur le territoire.

Les médias se chargèrent ensuite de relayer ce chiffre en appuyant bien sur les différents secteurs et ministères touchés par la terrible vague d’austérité qui ne manquerait pas de les frapper. Pensez donc, 10 milliards d’euros à trouver, ce n’est pas une mince affaire !

Aucun de ces médias ne fera cependant l’effort de rappeler que le déficit du budget se situe autour de 170 à 180 milliards d’euros, très au-delà de la petite économie envisagée ce qui rend l’ensemble de l’exercice particulièrement mineur. Ce n’est pas pour rien que ces médias sont subventionnés, n’est-ce pas, et cela leur permet d’affoler les ministères et les Français sur ces services publics qu’on ne va pas manquer de martyriser à coup d’austérité.

Malheureusement – et les médias furent quelque peu discrets à ce sujet – deux semaines plus tard et au moment de présenter le détail des économies espérées, notre Bruno de Bercy s’est retrouvé confronté à un autre problème : les chiffres en provenance des recettes commençaient à remonter une information inquiétante. Apparemment, non seulement les caisses de l’État se vident toujours aussi vite – d’où l’appel quasi chamanique à de putatives économies – mais il apparaît à présent qu’elles ne se remplissent plus aussi gaillardement qu’auparavant.

Dans un article du Figaro largement passé inaperçu, on apprend ainsi que les recettes fiscales diminuent depuis plusieurs mois, provoquant l’anxiété du ministère.

Saperlipopette ! Se pourrait-il les idées économiques lumineuses de Bruno et de sa troupe d’énarques à la tête du léviathan fiscal français n’aient pas suffi à assurer les rentrées fiscales prochaines ? Se pourrait-il que lancer des petits coups de menton contre l’économie russe ne suffise pas à émerveiller les industries françaises et étrangères à se bousculer sur notre sol pour y faire des affaires et produire de la richesse dûment taxable ? Se pourrait-il que produire de la dette indexée à l’inflation comme d’autres des saucisses industrielles pour l’Oktoberfest finisse par se retourner contre l’endetté au moment où l’inflation remonte brutalement ? Se pourrait-il que continuer à embaucher des fonctionnaires, à hauteur de près de 60.000 postes en 2023, n’améliore en rien la mise à genou de l’économie russe française ? Se pourrait-il qu’augmenter encore les retraites – pour une population qui s’en sort maintenant mieux que les actifs – aggrave globalement l’équilibre budgétaire général, la récente revalorisation aboutissant à 14 milliards de dépenses supplémentaires ?

Oh zut alors !

Pas étonnant, pour un homme aussi sérieux que Bruno, qu’une telle succession de révélations lui impose alors une prise de conscience : sapristi, l’État dépense trop et il nous faut rétablir les finances publiques, pardi. On admirera la performance qui permet à notre athlète des finances d’arriver à cette conclusion après seulement six ans et neuf mois en poste, certains politiciens, dans le circuit depuis plus d’un demi-siècle, n’étant toujours pas parvenus à intégrer cette réalité…

Voilà donc déployée la nouvelle feuille de route de Bercy : ce ne sera plus 10 milliards qu’il va falloir trouver, mais bien 180 pour combler le déficit et assainir enfin les fi… Ah pardon non, on me glisse dans l’oreillette que la prise de conscience de Bruno ne va pas jusque là, ouh là malheureux comme vous y allez et faut pas pousser mon brave : on va se contenter d’un petit 20 milliards d’euros, emballage et frais de port compris, et encore, pour 2025 histoire de n’affoler personne.

Il n’en reste pas moins que, dans leurs discours, les énarques à la tête de l’usine à gaz de Bercy ne montrent pas toute la sérénité que devrait autoriser leur maîtrise précise et pointue de l’économie française : on sent nettement qu’il manque un peu plus que quelques petits sous ici et là pour colmater les trous de plus en plus inquiétants dans les finances de l’État. Il faut dire qu’avec ce mois de janvier qui marque un record de déficit mensuel à 25,74 milliards d’euros (soit 3,9 milliards de plus que le précédent record de janvier 2021), la direction générale laisse augurer d’une fin d’année en fanfare.

Sans surprise, les factotums et les macronettes du gouvernement se sont rapidement relayés sur les plateaux télévisés pour expliquer qu’il s’agissait d’une étape normale et logique vers la nécessaire reprise en main des finances du pays : « moui, m’voyez, il faut sortir de notre addiction à la dépense publique, m’voyez, enfin voilà quoi… »

Autrement dit, il s’agit de ressasser ce que tant d’autres politiciens ont déjà dit depuis des décennies (tout le monde se souvient encore du candidat à la tête d’un pays en faillite, n’est-ce pas) en espérant que tout le monde croit instantanément que, cette fois, c’est sûr, c’est la bonne et, enfin, oui, bien sûr, des coupes et des redressements budgétaires courageux vont être faits et que « tout le monde devra participer au redressement des comptes publics »

Bon, ne rêvez pas : l’Elysée conservera ses 11% d’augmentation budgétaire pour cette année, l’Assemblée nationale ses 6%, le Sénat ses 2%, le Conseil constitutionnel ses 34%. Les députés et les sénateurs conserveront leur rallonge mensuelle (respectivement de 300€ et de 700€). Zelensky continuera de toucher l’argent du contribuable français, européen et américain. Les ministères qui devront éventuellement faire des petits efforts seront ceux qui ne peuvent pas faire grève (le régalien, donc). Le reste continuera de s’enfoncer en rouspétant sur la terrible austérité qui les touche.

Quant aux impôts et aux taxes, ils sont actuellement si élevés que les augmenter, même d’un chouilla, revient à expérimenter un peu plus loin sur le mauvais côté de la courbe de Laffer et vu les bobines peu assurées des clowns à la tête de Bercy, on comprend que l’option sera difficile à pousser.

Les dépenses continueront donc d’augmenter. C’est mathématique. À mesure que l’activité française va se contracter, les rentrées fiscales vont continuer à se réduire. C’est là encore mathématique. Le leasing pour les gonades du gouvernement n’ayant pas été renouvelé depuis des lustres, elles ont été renvoyées au fabricant qui s’en est manifestement débarrassé.

Sans courage, avec des dépenses qui grimpent, des rentrées qui diminuent et une conjoncture générale qui tourne au vinaigre, l’odeur qui se dégage des dernières nouvelles économiques du titanic France est très claire : c’est celle d’une tutelle du FMI.

Et ça, c’est si ça se passe bien.

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Commentaires604

    1. Higgins

      Triste nouvelle. Je l’avais rencontré une fois. Il a un superbe parcours militaire. Pas facile tous les jours quand on est le fils de son père et que la Marine n’a jamais été particulièrement pro-gaulliste (on disait de Vichy que c’était la république des amiraux).

      1. Aristarkke

        Il n’y a pas eu beaucoup de bâtiments de guerre qui ont rallié la France Libre. Il n’y avait donc pas que les amiraux concernés même s’ils donnaient un la en la matière.

        1. breizh

          la discipline de l’époque n’était pas celle d’aujourd’hui : les ralliés à la France Libre (qualifiés souvent de déserteurs) étaient au mieux placés en retrait d’emploi (donc plus de solde pour leur famille restée en métropole dans un contexte très difficile), au pire, condamnés à mort (avec confiscation des biens…).

        2. Higgins

          Muselier est à ma connaissance le seul amiral qui a rallié la France Libre. Il se dit que c’est lui le père de la Croix de Lorraine pourra cette dernière.

          1. breizh

            il avait été placé en retraite par Darlan quelques mois avant son ralliement. Et c’est bien lui le père de la Croix de Lorraine comme insigne de la France Libre.

    2. Mitch

      Croix de guerre, grand-croix de la Légion d’honneur, il n’était pas compagnon de la Libération. Un « oubli » dont son père s’était justifié : « Naturellement, je ne pouvais pas, toi mon fils, te faire compagnon de la Libération. Sinon à titre posthume ou si tu étais revenu gravement mutilé, et encore ! » Avant d’ajouter sur le même ton : « De toute façon, tout le monde sait que tu fus mon premier compagnon. »

      Le mignon, et ceux qui l’ont précédé ne s’embarrassent pas de ce type de considérations, c’est même tout l’inverse (et ne ce serait pas embarrassaient de ce type de considérations)

      O tempora,O mores !

      1. Aristarkke

        Les ennemis politiques du Général ne se seraient pas privés de gloser à n’en plus finir si le fils avait été inscrit dans ce tableau. De même qu’il aurait dû être promu amiral bien avant que Pompidou le fasse, pour la même raison. La Gôche sait être virulente à propos des grands principes devant être appliqués par les Autres que de sa bergerie.

        1. breizh

          par ailleurs, son ralliement à la France Libre a forcément été une obéissance à Papa (comme pour l’amiral Chaline, car à l’époque les fils obéissaient à leur père), que sa propre initiative…

          1. Mitch

            J’ai lu que son père voulait qu’il se destine à la diplomatie et non à l’armée. Trop de militaires dans une famille n’était pas une bonne idée selon son père (cela s’entend). Il a donc ‘forcé’ le passage pour intégrer Navale. Les fils n’obéissaient donc pas toujours. J’ai aussi lu que quand il a débarqué à Londres en 40 il ne savait pas ou était son père. Je ne suis pas un spécialiste de cette partie de l’histoire comme tu peux l’être avec le Major, Ari et d’autres mais de ce que j’en vois je ne minimiserai pas la prise d’initiative du fils (et c’est pas un immense fan de De Gaulle qui écrit ça)

  1. Higgins

    HS mais Gerhardt sont deux : https:/ /www.opex360.com/2024/03/12/fuites-de-la-bundeswehr-le-chef-de-la-force-aerienne-allemande-a-aussi-utilise-une-ligne-non-securisee/

  2. Higgins

    Autre HS mais ce pays est vraiment foutu : https:/ /lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2024/03/12/la-cour-des-comptes-appelle-les-armees-francaises-appelees-a-24476.html

    1. breizh

      bel exemple d’inutile payé (grassement) par nos impôts : https:/ /www.defense.gouv.fr/sites/default/files/ministere-armees/esprit-defense-numero-4-ete-2022-nicolas-regaud-les-armees-doivent-se-preparer-au-changement-climatique.pdf

  3. Higgins

    Tout va bien en France, seulement 67 mn de tir à l’arme lourde : https:/ /www.francetvinfo.fr/faits-divers/criminalite-un-quartier-de-rennes-traumatise-apres-une-nuit-de-fusillade_6420427.html

    1. breizh

      le calibre de la kalachnikov tue (à la différence de celui du Famas)… Mais les tireurs étaient forcément en règle avec la législation sur les armes à feu. Un grand succès de notre minustre de l’intérieur.
      Bref, il vaut mieux fuir les métropoles dirigées par les écolo-gauchistes

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