Gouvernement Borne 2 : l’ère des médiocres

C’est sans surprise mais avec une consternation toujours intacte qu’on découvre la liste des nouveaux ministres du gouvernement Borne 2. Il faut dire qu’après les législatives, un petit remaniement s’avérait nécessaire pour tenir compte de la nouvelle donne parlementaire…

Et c’est exactement pour cela qu’avec les choix posés dans ce nouveau gouvernement, Emmanuel Macron a clairement indiqué n’avoir absolument rien retenu de ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale ces dernières semaines : en reconduisant grosso modo la même équipe de comiques troupiers, en n’incitant pas le premier ministre à passer devant les députés pour un vote de confiance, il exprime ici le mépris le plus total des institutions et des Français qui ont largement modifié l’équilibre politique du pays.

Il suffit d’éplucher la liste des ministres et autres secrétaires d’État de cette seconde mouture du gouvernement Borne pour bien comprendre l’ampleur de la fumisterie minimaliste qui a mollement occupé les salles de rédactions le temps que tous les noms soient connus : quelques têtes partent, quelques autres arrivent, quelques mouvements style « chaises musicales » pour agrémenter le tout et voilà, vous avez votre nouvelle brochette de grosses légumes prête à partir aux fourneaux républicains.

La présomption d’innocence n’a pas joué pour Damien Abad, qui, après un mois de bons et loyaux services inexistants retourne donc à ses études ; la même présomption d’innocence a cependant joué pour Chrysoula Zacharopoulou qui, elle, conserve son secrétariat d’État.

Pour le reste, on gardera bien évidemment Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin et, fort de leur extraordinaire succès dans leurs prouesses respectives, le gouvernement Borne 2 leur donne même de nouvelles fournées de ministricules subalternes à gérer.

Ainsi, Bruno Le Maire a largement démontré sa nocivité aux finances du pays ; les chiffres d’absence de croissance, d’inflation stratosphérique, de déficits abyssaux et de dette colossale suffisent à illustrer le propos mais son extraordinaire bagout à nous vendre la destruction planifiée de l’économie russe, qui s’achève par une déroute totale de l’économie française, mérite sans doute une mention spéciale…

Et, apparemment, une promotion puisque Bruno Le Rigolo se retrouve flanqué d’une troupe de quatre clowns délégués, Gabriel Attal (aux Comptes publics), Roland Lescure (à l’Industrie), Jean-Noël Barrot (à la Transition numérique, ce qui en 2000 eut été avant-gardiste mais en 2020, nous a quelque chose de vintage) et bien évidemment Olivia Grégoire qui, après sa déplorable prestation comme porte-parlote, retrouve ses pénates à Bercy aux PME, au Commerce, à l’Artisanat et au Tourisme.

Pour le petit Gérald, le fiasco international lamentable du Stade de France, qui aurait valu une satellisation à coup de pied au cul dans n’importe quelle République responsable et propre sur elle, s’est bien évidemment traduit par – là encore – une promotion puisqu’il peut rempiler comme ministre de l’Intérieur et gagne, en surcroît, les Collectivités territoriales et l’Outre-mer.

Cela ne s’arrête pas là : alors qu’on pensait – naïvement, il faut dire – être débarrassé des encombrants après le passage des éboueurs parlementaires, revoilà Schiappa qui intègre des fonctions de secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative. On se délecte déjà des petites phrases finement ouvragées et des pensées fulgurantes qu’elle ne manquera pas de nous diffuser dans les prochains jours à un poste heureusement parfaitement accessoire.

Enfin, le ministère de la santé échoit à un certain François Braun, enragé de la picouse, urgentiste et confraternellement détesté d’à peu près toute la profession, qui trouve ici sa récompense à son allégeance gluante au macronisne pendant ces deux dernières années. Gageons que les prochains mois illustreront sans mal les meilleures performances de cet individu prêt à tout pour ce genre de postes, qui pourrait nous faire regretter un Olivier Véran dont la viscosité a été jugée plus utile comme porte-parlote du gouvernement. Reconnaissons du reste une certaine cohérence à Borne et Macron en plaçant ce menteur psychopathe invétéré à cette place où, on s’en doute, il saura faire des miracles.

Tout va bien : les plus nuls et les plus toxiques sont récompensés, les pitres et les incompétents sont redistribués à d’autres postes et tout le monde semble reparti pour un tour de manège gratuit et ce alors même qu’aucun n’a gagné la queue du Mickey. Les passations de pouvoir s’enchaînent et se ressemblent dans une vulgarité parfaitement en accord avec ce que fut le premier quinquennat de Macron, le parfum de déroute et d’improvisation gênée (et gênante) en plus.

Cependant, ce remaniement impose quelques réflexions.

D’une part, s’il semble assez probable que Macron, son égo meurtri par le désaveu législatif, a clairement choisi de continuer sur sa lancée d’emmerder les Français en reprenant ces individus peu recommandables, il apparaît aussi assez évident qu’un petit côté « faute de mieux » entoure les sélections faites. Eh oui, il faut se rendre à l’évidence : aucun politicien d’une intelligence normale, d’un calibre un tant soit peu important et un instinct de préservation sain ne rêverait de se lancer dans une pareille aventure ministérielle pour un gouvernement qui peut facilement sauter, dans un contexte économique et social quasiment prérévolutionnaire et à la veille d’une rentrée qu’on peut imaginer rocailleuse.

Il faut en effet être particulièrement nul ou déconnecté de la réalité, avoir un égo et un arrivisme surdimensionnés et être très arrogant pour accepter de tels postes dans une situation à ce point piégée.

Car d’autre part, il ne fait pas le moindre doute que ces épées, ces cadors de la politique ainsi promus vont se retrouver à la meilleure place pour affronter ce qui ne manquera pas d’être une période critique de l’histoire de France ; quelque part, on peut même se réjouir que de telles nullités vont ainsi se retrouver en première position pour se faire rôtir par les événements, assurant probablement une excellente démonstration au reste du monde de tout ce qu’il ne faut pas faire et comment saboter le peu qui continuait à fonctionner encore dans le pays. Puissent-ils tous servir de leçon et ainsi apurer le monde politique actuel…

Bien sûr, on regrettera les dégâts additionnels que leur incompétence va inévitablement causer mais c’est maintenant certain : avec un tel gouvernement, ce pays est foutu.

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Commentaires333

  1. Vauban

    Effectivement, il eut été consternant que les lampistes n’eussent pas été les responsables! Au moins là ils seront servis, et peut-on espérer, un jour jugés et condamner comme il était prévu par la Constitution et notamment pour y avoir porté atteinte au lieu de la protéger en l’appliquant.

  2. Laurent

    Il est encore possible de mettre l’économie russe à genoux avec Bruno le Rigolo : il suffit de convaincre Poutine de le prendre comme ministre de l’économie pendant quelques mois… un an ou deux maximum.

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