Médias : un rapide déplacement de la fenêtre d’Overton

L’année 2025 n’est pas vieille mais elle donne déjà des gages de changements rapides dans différents domaines, et pas des moindres. En l’espace de quelques jours, les médias grands publics semblent pris d’une danse de Saint Guy, alternant entre leurs sujets de prédilection traités avec leur habituelle médiocrité et leur obligation d’aborder certains sujets nouveaux, résolument hors du champ du politiquement correct…

Certes, on pourrait arguer à raison que ce mouvement ne date pas tout à fait des premiers jours de janvier : certains noteront que la tendance devenait claire depuis l’élection officielle de Trump à la Maison Blanche, en novembre dernier. Néanmoins, l’accélération du déplacement de la fenêtre d’Overton semble visible pour un nombre croissant d’observateurs.

Pour rappel, la fenêtre d’Overton est ce concept qui permet de désigner les idées, opinions ou pratiques considérées comme acceptables par une société. Un déplacement de cette fenêtre revient à dire que quelque chose qui était préalablement du domaine de l’impensable passe doucement au radical, puis éventuellement à acceptable, raisonnable voire suffisamment populaire pour devenir appliqué effectivement.

En autorisant ou non certaines opinions dans la sphère publique, en ouvrant le débat sur certains sujets, on peut parvenir à déplacer cette fenêtre et ce pour n’importe quel sujet, à condition que les étapes ne soient pas brûlées et que l’opinion publique soit correctement « travaillée » par les événements, les informations disponibles.

Ce mécanisme n’est ni bon ni mauvais en lui-même, mais il participe de la formation des tendances sociétales et, une fois compris, est évidemment utilisé par les « faiseurs d’opinions », influenceurs et autres politiciens plus ou moins habiles avec leurs discours. En théorie, bien mené, un déplacement de cette fenêtre d’Overton permettrait par exemple de faire accepter le cannibalisme

Ces dernières semaines, on a ainsi pu observer un intéressant glissement de cette fenêtre (et pas vers le cannibalisme, hein, suivez un peu !) : le politiquement correct semble ne plus répondre à la même définition en ce début d’année 2025 que jusqu’à présent.

Ainsi, il apparaît que louanger le formidable travail des « fact checkeurs » et autres « décodeurs » de l’information ne soit plus tout à fait à la mode.

Il faut dire qu’au fur et à mesure que les complots et les théories labellisées « bidon » par ces derniers se révélaient exacts, leur superbe en avait pris un coup ces dernières années. Cependant, avec l’abandon récent et officiel de ces derniers sur les réseaux de Zuckerberg (Méta à savoir Facebook et Instagram essentiellement), la panique est palpable et visible chez nos « pourfendeurs de l’intox ». Leur essentialité et leur pertinence étant ici clairement ramenée à zéro (ils vont être remplacés par des notes de communauté et, assez probablement, par l’un ou l’autre moteur d’intelligence artificielle), les voilà qui s’agitent fébrilement dans les médias traditionnels pour tenter d’expliquer à quel point leur disparition signifie essentiellement une nouvelle apocalypse et la fin de la civilisation.

L’attaque de Zuckerberg sur le politiquement correct ne s’arrête pas là, ce qui donne une bonne mesure du changement sociétal qui s’opère outre-Atlantique avec l’arrivée prochaine de la seconde administration Trump : dans une annonce récente, le patron de Méta a ainsi expliqué laisser tomber les critères « DEI » (diversité, équité et inclusion) pour la gestion des ressources humaines de ses entreprises, rejoignant en cela de nombreuses autres compagnies – aussi bien américaines qu’européennes, du reste – qui avaient fait les frais de ces méthodes catastrophiques de gestion des ressources humaines avec notamment une baisse de niveau assez dramatique dans certains secteurs (l’aéronautique en étant un exemple particulièrement saignant).

La mue de Zuckerberg, qui doit bien plus à un minimum d’auto-préservation personnelle qu’un changement fondamental de vision du monde, ne s’arrête pas là puisque lors d’un entretien accordé il y a quelques jours à Joe Rogan, il a clairement admis avoir été forcé de saboter la liberté d’expression sur Facebook au profit de l’administration Biden, en parfaite violation du Premier amendement à la Constitution américaine, ce qui pourrait d’ailleurs lui valoir de féroces poursuites de l’administration suivante.

Peut-être sa pratique du MMA lui aura déclenché un salvateur retour de testostérone dans son flux sanguin ?

En tout cas, il marque ici un brusque déplacement de la fenêtre d’Overton puisqu’il permet de déplacer favorablement le curseur sur les sujets de DEI, de censure et de liberté d’expression.

Parallèlement, en Europe, les récents échanges entre Thierry Breton (qui n’est plus qu’un citoyen lambda) et Elon Musk (qui devient prochainement chargé d’un ministère au sein de l’administration Trump) illustrent une fois encore un déplacement palpable de la fenêtre d’Overton sur la quantité de bobards que les citoyens sont capables d’encaisser : il apparaît en effet de plus en plus clair que Breton outrepasse largement ses attributions (il n’en a plus aucune) et ses opinions, loin de renforcer l’état de droit en Europe, minent durablement la confiance des citoyens européens dans la capacité de leurs institutions à rester neutre et offrir un espace réellement démocratique.

Il suffira, pour se convaincre de ce dernier point, de lire les commentaires – tant sous les publications médiatiques relatives aux sorties de Breton – que sur le réseau de Musk pour comprendre que l’ex-commissaire européen enchaîne les âneries et les faux-pas très contre-productifs : s’il y a quelques mois, on pouvait encore croire naïvement à la relative neutralité des institutions européennes en matière d’ingérences politiques étrangères, il n’en va plus du tout de même ces derniers jours et ce changement doit en grande partie aux saillies de Breton.

Ce déplacement de la fenêtre d’Overton n’est même pas limité à ces espaces de débats et ces sujets.

Plus proche de nous, en France, on peut ainsi constater que le débat sur la façon dont sont gérés les retraites, les fonds qui y sont alloués, les éventuels privilèges des retraités, bref, ces différents paramètres déboulent effectivement dans la sphère publique où ils avaient été tenus soigneusement à l’écart.

Là encore, un petit exemple illustre bien la tendance : s’interroger sur la pertinence de l’abattement fiscal de 10% dont bénéficient les retraités sur leurs impôts au motif de « frais professionnels » est maintenant possible. Le discours médiatique ne refuse plus d’imaginer que remettre en cause cet abattement n’est pas exactement synonyme du pire des fascisme : on est passé d’impensable à sinon acceptable, au moins radical.

De la même façon, le récent aplatissement diplomatique devant l’Algérie (qui refuse de reprendre ses ressortissants toxiques et dont le discours vis-à-vis de la France ne laisse qu’assez peu de marge d’interprétation sur son aspect peu amène) fut si humiliant que certains s’en sont suffisamment ému pour que quelques politiciens en vue s’emparent enfin du sujet, Attal et Retailleau notamment. Bien évidemment, vu le calibre de ces tromblons, on peut très raisonnablement douter que ces gesticulations se traduiront d’une quelconque façon, mais là encore, on note le passage d’un discours général de fermeté d’impensable à radical.

Non vraiment, la fenêtre d’Overton se déplace assez clairement et, à l’analyse, on se rend compte que ce déplacement doit essentiellement à la disparition rapide des barrières de la censure (voire de l’auto-censure), la perte complète de crédibilité (puis de financement) des fact-checkeurs, la chute manifeste des audiences et des fréquentations des médias traditionnels et la possibilité grandissante d’exprimer les opinions alternatives sur les réseaux sociaux.

Il apparaît à la suite de ces éléments qu’en réalité, l’hégémonie de la gauche dans le discours public tenait surtout à leur mainmise des médias et des réseaux sociaux. Une fois cette emprise même légèrement moins forte, la gauche actuelle apparaît pour ce qu’elle est : complètement déconnectée et fondamentalement vicieuse.

L’année 2025 est jeune, mais si elle continue sur cette tendance, elle promet d’être fructueuse.

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Commentaires393

  1. CPB33

    il n’y a plus de peine de mort en France…..pierrecassen.ripostelaique.com/2025/01/16/nimporte-quel-francais-peut-aller-en-prison-comme-robin-et-y-mourir/

    1. Pierre 82

      L’ordre des médecins qui appellent au respect de la déontologie, c’est à peu près du niveau de Marc Dutroux animant un débat sur la protection de l’enfance (ou : comment j’ai évité le point Godwin)

  2. CPB33

    le petit-fils de MCA a été arrêté finalement : universfreebox.com/article/576047/piratage-massif-chez-free-le-tres-jeune-hackeur-mis-en-examen-pour-de-multiples-chefs-daccusation

  3. CPB33

    bientôt dans tous les pays de l’UERSS ??? en tout cas, Sam en a déjà commandé une palette sur Ali B pour les facturer 2 fois plus chers !!!
    sudouest.fr/societe/securite-routiere/pourquoi-il-faudra-bientot-etre-equipe-d-un-gyrophare-orange-pour-circuler-en-espagne-22842710.php

    1. Rick_Enbacker

      D’abord le triangle, puis le gyrophare. La suite c’est quoi ? le mégaphone et la sirène ?
      Qu’ils aillent se faire foutre. On n’a pas inventé les warnings pour faire joli

      1. sam player

        La dernière fois où j’ai déplié mon triangle bien comme le monsieur il a dit, il y en a un qui me l’a explosé et c’était en agglomération : donc oui le triangle ne sert à rien et ça serait été à 80-90kmh je serais mort

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