En attendant

En attendant la liste officielle des ministres du nouveau gouvernement dont Sarkozy va nous affubler, et qui devrait être publiée demain, on peut déjà se délecter des passions qui agitent le microcosme parisien et celui de la presse, notamment écrite, et surtout quand elle est clairement déclarée à gauche.

Et vu de cette presse, tout va mal ; déjà, la déculottée du PS n’en finit pas de faire leurs choux-gras tant le bourbier est visible par delà l’horizon de la rue de Solférino. Les lecteurs, effarés, assistent à un changement rapide d’ère : on passe de la période glaciaire, où les éléphants pouvaient encore trotter sur la glace rigide des idéologies momifiées du parti socialiste, à une période de réchauffement climatique rapide où la toundra collectiviste, imbibée d’un capitalisme pervasif et humide, se transforme en vaste marécage boueux où nos éléphants s’enfoncent mollement.

On peut les entendre barrir tout ce qu’ils peuvent au fur et à mesure que leurs jambes s’enfoncent dans le sol trop meuble, paniqués qu’ils sont de comprendre qu’ils iront enfin rejoindre les strates solides où les fossiles du PC les attendent.

Leurs longs cris sont toujours les mêmes. Et, au lieu de s’entraider pour rejoindre une terre plus accueillante et plus ferme, ils en profitent pour se pousser les uns les autres et pour couiner tout leur ressentiment vers ce monde qui ne les comprend pas. Monde De Merde[1], tiens !

Dans la peur et la panique, rien ne trouve plus grâce à leurs yeux. La démocratie, excellent vecteur du peuple quand ce dernier les porte au pouvoir, devient une abominable machination ourdie contre l’intérêt supérieur des pauvres et des malheureux dont ils sont les naturels représentants.

Evidemment, ce n’est pas dit comme ça. Mais ça revient au même.

Il en va ainsi de Bruno Julliard, fossile collectiviste à tendance grévoïde, qui estime que ce président Sarkozy, il est un peu moisi puisque, toujours d’après lui, il n’a pas été élu par « les jeunes » : en effet, cette année Nicolas Sarkozy ne recueille que 42 % des suffrages des moins de 25 ans. Vision caricaturale à souhait puisque, par définition, 4 jeune sur 10 ont tout de même voté pour lui. La question n’est donc pas aussi tranchée que semble le vouloir notre petit syndicaliste en herbe. De la même façon que toute une gauche revancharde sera rapide à pointer que Sarko ne dispose, finalement, que de 53% des voix (ce qui sous-entend donc qu’il va aussi falloir tenir compte des 47% restant), on aura donc beau jeu de notifier que de la même façon, tous les jeunes n’ont pas désavoué Sarko.

On notera d’ailleurs que dans son article, mis à part réclamer – comme d’habitude – des moyens supplémentaires, ici pour un « service public de l’orientation » qui vous dira donc vers quoi vous pouvez aller vous gameller ou sur quel banc de fac vous allez pouvoir échouer, le Julliard n’utilise guère son argument bidon. En revanche, il utilise bien la rhétorique habituelle du gréviculteur :

Notre Université a sans conteste besoin d’être réformée. Les acteurs de l’Université, dont l’Unef, sont prêts à s’engager dans cette voie. Deux écueils obèreront cependant toute chance de réforme. Le premier est la tentation de liquider, par une réforme libérale et dogmatique, le service public d’enseignement supérieur. Le second est le refus du dialogue et de la concertation, impossibles avec un tel calendrier.

Grâce au syndicalodécryptor, cette phrase donne :

Notre Université a sans conteste besoin d’être réformée. Les acteurs de l’Université, dont l’Unef, se prétendent prêts à s’engager dans cette voie, ça mange pas de pain. Deux obstacles seront cependant placés, collé à l’époxy et boulonnés sur place pour empêcher toute chance de réforme. Le premier sera la contrainte de ne pas libéraliser un système d’éducation tellement étatisé et égalitariste qu’il en est au point de rupture. « Le libéralisme ne passera pas par nous », repeat « le libéralisme ne passera pas par nous » over. Le second sera un refus catégorique de dialogue et de concertation avec grève préventive. Over and out, c’est plié les gars, on rentre au bercail.

En effet, d’un côté, le finaud syndicaliste déclare clairement qu’il faut une réforme, et une réforme rapide et visible dès la rentrée 2007. De l’autre, il admet qu’avec un tel calendrier, toute réforme (qui ne pourra être que libérale, puisque le curseur d’étatisme en la matière est à peu près à 100%) sera vouée à l’échec. On retrouve là les bons réflexes qu’une CGT, FO ou LO n’auraient pas désavoués.

Pendant que Julliard empile les menaces voilées, le PS continue ses couinements d’agonie : Kouchner, c’est caca, et Fillon, c’est pas bon.

Evidemment, Kouchner, figure historique de la gauche (à tendance boboïde), ralliant le gouvernement du président, cela revient à une véritable perte d’une partie de l’intégrité structurelle du KourPSk. On comprend les atermoiements, et les gémissements du pauvre Hollande, dont les cris d’orfraie de plus en plus aigüs sont maintenant passés dans les ultrasons tant les carottes semblent cuite pour lui. Factuellement, cependant, c’est très bien joué de la part du nouveau président : il se ménage des voies royales très larges et des coudées franches en brossant ainsi certaines sensibilités socialistes dans le sens du poil, et peut même s’offrir un film catastrophe en prime.

Quant à Fillon, ce qu’on (Hollande, encore lui en l’occurrence) lui reproche essentiellement d’être « tout sauf un homme neuf » et qu’il conduirait « une politique de droite ». Violent. C’est du Hollande, là encore, dans le texte : du gros, du moche, du lourd. Pas étonnant qu’avec des analyses aussi pertinentes et profondes, cet éléphant s’enfonce considérablement plus vite que les autres dans le marais en plein réchauffement.

Bref, et c’est, dans ce monde politique binaire et un peu fadasse, de bonne guerre : ce que fait le nouvel élu sera honni par toute une catégorie de personnes. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est que les reproches formulés semblent de moins en moins crédibles, et perdre de plus en plus de leur substance au fur et à mesure que les sondages montrent une bonne stabilité de la popularité du président. Force est de constater que sa stratégie paye pour le moment : l’incorporation des hommes à la valeur reconnue comme Védrine ou consensuels comme Kouchner rend la critique fort difficile.

Mais ne nous leurrons pas : pour le moment, Sarkozy n’est pas dans la phase la plus délicate de son mandat. Il n’en sera pas toujours ainsi ; gardera-t-il son sang-froid quand les menaces seront, n’en doutons pas, mises à exécution ?

Notes

[1] (c) Georges Abitbol

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Commentaires3

  1. Georges Abitbol

    Je déteste les animaux préhistoriques partouzeurs de droite, bordel ! C’est de la merde. Mélanger comme ça partouze et politique ! C’est mieux de faire les choses dans l’ordre !

  2. Chris

    Nous sommes servis… Juppé (chez les flics cette semaine, énorme) ministre d’état, et le très porté sur la bouteille cheveux dans le vent, tendance gocho, AKA BORLOO, ministre de… tout. Enfin de tout ce qui compte (emploi, éco etc.).

    Super. Je frétille.

    J’ai beau me répéter cent fois chaque soir avant de m’endormri : "sois patient, pas de procès de mauvaises intentions, reste zen et attends la suite des événements"…. je ne sais pas… pour le coup, j’ai du mal à m’endormir.

    La cerise sur le cake : au milieu d’une semaine de folie côté emploi du temps…. Sarko a trouvé le temps de recevoir à l’Elysée le bouc cubain JACK LANG, en tant que représentant du pas de calais, pour "un plan de remise a niveau du Pas de Calais" .

    Vous y croyez ? Eh bien c’est vrai. Mais bon… zen… soyons patients. Gloups.

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